C’est la région la plus visitée de Croatie, sans doute parce que la plus facilement accessible en voiture d’Italie, de France ou d’Europe du Nord. Les stations balnéaires se succèdent le long de la côte. L’arrière-pays, avec ses collines plantées de cyprès, rappelle la Toscane.
La péninsule forme un large triangle dont la plus grande partie est aujourd’hui croate (la Slovénie en possède seulement l’extrémité ouest). Le massif de la Ćićarija, prolongement des Alpes, et ses plateaux calcaires la délimitent au nord, tandis que celui de l’Učka, qui culmine au mont Vojak (1 396 m), la borde à l’est. De l’Istrie-Blanche, au nord, vouée essentiellement à l’élevage, on passe aux collines de l’Istrie-Grise, au centre, avant de gagner les plaines couvertes de terra rossa de l’Istrie-Rouge, qui descendent jusqu’à la côte où sont implantées les villes.
Rappel historique
L’Istrie est l’une des plus anciennes régions peuplées d’Europe. Elle doit son nom aux Histres, tribu présente dès l’âge de fer. A la chute de l’Empire romain, l’Istrie est envahie successivement par les Wisigoths, les Huns et les Ostrogoths. Elle passe ensuite sous l’autorité de Byzance. Des tribus slaves s’y installent au VIIe siècle. Au VIIIe siècle, les Lombards prennent possession des villes de la côte. Les Francs leur succèdent et, au Xe siècle, l’Istrie entre dans le Saint Empire romain germanique. Au XIIIe siècle, la république de Venise, qui règne sur l’Adriatique, s’empare des villes côtières, tandis que le centre de la péninsule est soumis aux Habsbourg. Le traité de Campoformio cède l’Istrie aux Autrichiens en 1797. Elle devient française en 1805, pour revenir aux Habsbourg en 1815. Annexée par l’Italie en 1921, elle ne retourne à la Yougoslavie qu’en 1947. L’Istrie forme depuis 1991 l’une des 21 županija (régions) croates.
Pula

Pula Arena © Gruenemann / John
Rappel historique
Mentionnée déjà par les auteurs grecs, Pula prend son essor sous l’occupation romaine. Les vestiges de cette époque sont omniprésents dans la ville. Passée sous protectorat vénitien au XIVe siècle, la ville décline peu à peu jusqu’à ce que les Habsbourg entreprennent d’y construire un arsenal en 1848.
Les arènes
Au centre de la ville. Ouvert tlj de 9 h à 21 h. Entrée payante.
Construites sous le règne d’Auguste (31 av. J.-C.-14 apr. J.-C.), agrandies sous celui de Vespasien (69-79), elles figurent parmi les six plus grands amphithéâtres romains encore debout. Bâties au flanc d’une colline dont elles épousent le dénivelé (les rangées d’arcades mesurent 7 m en haut et 5 m en bas), elles jouissent d’un point de vue superbe sur le port. Jadis, elles pouvaient contenir jusqu’à 23 000 spectateurs et servaient de cadre à des combats de gladiateurs. Leurs tribunes ont été restaurées et accueillent aujourd’hui des spectacles ou des festivals. Leurs sous-sols voûtés abritent une exposition sur la culture de la vigne et de l’olive à l’époque romaine.
Augustor Hram
Sur le forum.
Il date du début de l’ère chrétienne. On y entre par un portique soutenu par six colonnes corinthiennes. La figure de l’empereur divinisé reposait dans la cella, dont il ne reste rien : à l’époque byzantine, le temple a été transformé en église.
Porta Aurea
Sergijevca.
Appelé aussi Slavoluk Sergijevaća (arc des Sergi), ce petit arc de triomphe, érigé vers 30 av. J.-C. en l’honneur d’une famille de citoyens romains, prolongeait les portes de la cité, démolies au XIXe siècle. Il marquait aussi l’entrée de la rue principale qui conduisait au forum. Il mène à présent à une rue piétonne, Sergijevca, la plus animée de Pula.
Cathédrale Sveti Toma
Trg Svetog Tome, 2. Visite sur rendez-vous, tél. : 052 240 62.
Elevée au IVe siècle sur les ruines d’un temple de Jupiter, la cathédrale Saint-Thomas a été depuis maintes fois remaniée. Sa façade, par exemple, date du XVIe siècle, et son campanile fut élevé entre 1671 et 1707 avec des pierres prélevées dans les arènes. En revanche, les fragments du pavement de mosaïques conservé derrière le chœur remontent au Ve ou VIe siècle.
Suivez le guide !
Le calcaire exploité dès l’Antiquité dans des carrières aux environs de Pula ou de Rovinj est à l’origine de la prospérité de l’Istrie.
Château
Gradski Uspon, 6. Ouvert tlj de 9 h à 20 h en juillet-août, de 9 h à 15 h de septembre à juin. Entrée payante.
Composé de quatre bastions reliés par une épaisse courtine, il abrite un musée d’Histoire de l’Istrie qui expose avec clarté les relations complexes de la péninsule avec l’Italie tout au long du XXe siècle.
Labin
A 43 km à l’est de Pula, dans la direction de Rijeka.
La bourgade, bâtie à flanc de colline, est protégée par un double cercle de remparts : l’un, roman, entoure le quartier médiéval ; l’autre, ajouté après l’annexion par Venise, contourne le faubourg de Dolica. On y voit des palais Renaissance ou baroques, comme le palais Battiola-Lazzarini, qui abrite un Musée archéologique (Ouvert du lundi au samedi de 8 h à 15 h. Entrée payante).
Pazin
A 64 km au nord-est de Pula.
Au croisement des routes de Trieste et de Poreč, conquise par les Habsbourg en 1374, la ville va, jusqu’à la fin de la Double-Monarchie, marquer la limite entre les possessions vénitiennes et autrichiennes. Le château de Pazin abrite un Musée ethnographique (Trg Istarskog Razvoda, 1. Ouvert du lundi au vendredi de 8 h à 18 h), qui expose une collection d’objets artisanaux, de costumes et d’instruments de musique.
Rovinj
A 43 km à l’ouest de Pula.
La vieille ville est repliée sur un îlot rocheux, qui n’est relié au continent que depuis 1763. Elle était ceinte de remparts, dont il subsiste encore trois des sept portes initiales. Ses rues étroites sont entrecoupées de passages couverts aux voûtes décorées de fresques.
Eglise Sveta Eufemia
Au-dessus de la vieille ville. Horaires variables.
Son clocher domine la vieille ville. C’est le plus haut campanile d’Istrie (61 m), on dirait une réplique de celui de Saint-Marc à Venise. L’église baroque a été bâtie au XVIIIe siècle sur les hauteurs de la ville. Elle est dédiée à la sainte patronne de Rovinj, Eufemija ou Fumija. Le 16 septembre, jour de sa fête, les pèlerins sont nombreux à se recueillir devant son sarcophage sculpté.
Les vins d’Istrie
L’Istrie, avec ses 10 000 ha de vignes et ses terroirs réputés (Poreč, Bujet, Buzet, Motovun, Novigrad), l’équivalent de nos appellations contrôlées, est un grand producteur de vin. Parmi les rouges, il faut citer le merlot de Buje et de Poreč (Porečki merlot), le teran de Beram et surtout le cabernet-sauvignon de Poreč (Porečki cabernet). Parmi les blancs, le malvazija jaune, vin sec qui se boit à l’apéritif ou au dessert, le malmsey blond de Buzet et le muscat momjanski de la région de Buje. Il convient aussi de mentionner un délicieux rosé, le hrvatica.
Suivez le guide !
Pazin fête chaque année Jules Verne. Le héros de son roman, Mathias Sandorf, s’est évadé du château de Pazin après bien des péripéties.
Les îles Brijuni
Excursions au départ de Pula, Rovinj ou Poreč. Accès en bateau au départ de Fazane (à 8 km de Pula) en 45 min.
L’archipel est composé de deux grandes îles et de 12 plus petites, toutes couvertes d’une végétation luxuriante. La plus grande, Veliki Brijun, a servi de cadre à des conférences internationales. Tito, Nehru et Nasser y signèrent en 1956, en pleine guerre froide, la Déclaration des non-alignés, invitant les pays du tiers-monde à les rejoindre plutôt que de suivre Moscou ou Washington. L’archipel a été classé parc national en 1983, deux ans après la mort de Tito. On peut apercevoir au loin Bijela Vila, la « Maison-Blanche » de l’ancien président yougoslave.
Poreč
A 58 km au nord-ouest de Pula.
Dès les premiers siècles de notre ère, Poreč s’enorgueillit d’un grand nombre de chrétiens. La construction de la célèbre basilique Euphrasiane, Eufrazieva Bazilika, remonte à cette période. (Ouvert tlj de 8 h à 19 h. Entrée libre). Chef-d’œuvre de l’architecture byzantine, elle figure depuis 1997 sur la liste du patrimoine mondial protégé par l’Unesco. Elle doit son nom à l’évêque Euphrasius, qui l’éleva au VIe siècle sur les ruines d’un sanctuaire chrétien. Les superbes mosaïques à fond d’or qui ornent les voûtes de l’abside sont pour une large part à l’origine de sa renommée.
Motovun
A 28 km à l’est de Poreč.
La bourgade, accrochée au sommet d’une colline, à 277 m de hauteur, est semblable à d’autres oppida, cités fortifiées construites par les Histres. On compte presque 400 villages perchés de la sorte. L’église Sveti Stjepan(Visite sur rendez-vous, tél. : 052 681 644), flanquée d’un clocher roman, domine la grand-place, sur laquelle trône un vieux puits orné des armoiries de la ville.
Suivez le guide !
Chaque année, à la fin du mois de juillet, un important tournoi de tennis se déroule à Umag. La ville est le Roland-Garros croate !
Novigrad
A 30 km au nord de Poreč.
La ville occupe depuis le VIe siècle l’emplacement d’un castrum romain, Æmona. Elle possède une cathédrale bâtie en bord de mer, Sveta Pelagija, dédiée à sainte Pélagie (ouvert tlj de 8 h à 20 h. Entrée libre). Reconstruite au XVe siècle, elle a conservé sa crypte romane du XIe siècle. Venise a laissé son empreinte dans les ruelles de Novigrad, bordées de maisons des XVIe et XVIIe siècles. Quelques palais subsistent, dont le palais Rigo, à la façade rococo.
Umag
A 62 km au nord de Poreč.
La ville a depuis longtemps débordé à l’extérieur de son enceinte médiévale. Les complexes hôteliers ont poussé par dizaines autour de la baie. C’est au cap Savudrija, au nord d’Umag, que les Vénitiens ont défait en 1177 la flotte de Frédéric Barberousse et du pape Alexandre III. Aujourd’hui, un phare, construit par les Autrichiens, surplombe à 36 m de haut les lieux où s’est déroulée la bataille.