Cette île déserte de 35 km2 n’est pas très éloignée de l’île de São Vicente : une dizaine de kilomètres seulement de Baia das Gatas. Mais les Capverdiens n’ayant pas vraiment le pied marin et l’océan étant plutôt capricieux, rares sont les pêcheurs qui s’aventurent sur cette terre oubliée.
Il est donc difficile de s’y rendre à moins de s’arranger, moyennant finance, avec un pêcheur ou de louer ou de profiter d’un bateau qui pratique la pêche sportive, tel le Nha Cretcheu du centre de pêche sportive de Mindelo. Les classes favorisées capverdiennes ne sont pas attirées par la plaisance. C’est néanmoins une escale idéale du fait d’un bon mouillage sous l’îlot de Guisinho (12 m de profondeur). Une belle plage de sable brun complète un tableau assez idyllique qui comblera les amateurs de sensations fortes, car les îles désertes et surtout aisément accessibles ne sont pas légion sur la planète. De plus, Santa Luzia n’est pas une île plate sans relief. Au contraire, elle possède une petite chaîne montagneuse en son centre et des falaises qui tombent dans la mer.
Longtemps ignorée, l’île échoit au XVIIe siècle au gentilhomme portugais Luis de Castro Pireira. L’absence d’eau potable s’avère un handicap majeur à la colonisation de Santa Luzia. Trois tentatives seront vouées à l’échec et malgré le débarquement de têtes de bétail, aucun peuplement durable ne s’y établira. Seuls quelques agriculteurs de São Nicolau tiendront quelques mois à la fin du XIXe siècle. Santa Luzia aura pourtant son « gouverneur », Francisco Antonio da Cruz, un original surnommé « l’ermite », un ermite un peu particulier puisqu’il y vécut avec sa femme et ses 19 enfants dans les années 1970. Auréolée de mystère, Santa Luzia suscite encore bien des fantasmes : elle serait courtisée par des promoteurs mais l’unique point d’eau saumâtre et l’absence de liaisons ne semblent pas encourager les initiatives. Quant aux rumeurs qui circulent arguant que c’est une plate-forme pour le trafic de drogue, seuls les oiseaux en seraient les témoins. Plusieurs colonies se sont établies sur Santa Luzia mais c’est surtout l’alouette de l’îlot de Razão qui intéresse les ornithologues. Cette espèce endémique est rarissime.

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