Knossos
Palais minoen ouvert du mardi au dimanche de 8 h à 17 h (19 h 30 en été). Entrée payante.
Si l’on ne désire visiter qu’un seul site minoen au cours de son séjour en Crète, il faut sans aucun doute choisir Knossos, le plus ancien des palais, le plus grand et le plus émouvant.
Rappel historique
En 1900, l’anglais Sir Arthur Evans met au jour les premières pierres de l’édifice. Il multiplie ensuite les fouilles, allant jusqu’à 7 mètres de profondeur et réussit à reconstituer les temps forts de l’histoire de la civilisation minoenne. Tout commence vers 1900 av. J.-C., date à laquelle le premier palais est bâti. Ce vaste édifice réunit alors des salles de réception, des lieux de culte, des appartements privés, des magasins et même des ateliers. Et, tout autour, de multiples maisons témoignent de l’importance du nombre d’habitants. A l’évidence, Knossos assure alors un véritable pouvoir centralisateur. C’est là que sont stockées les réserves d’huile, de vin, de céréales destinées à approvisionner la région entière. En 1700 av. J.-C., le palais est détruit, vraisemblablement par un tremblement de terre, mais un second palais, plus vaste et plus luxueux encore, est reconstruit à la même place. Les relations avec les régions avoisinantes (Egypte, Proche-Orient…) deviennent alors plus actives que jamais. Knossos semble au zénith. Selon les théories d’Evans (souvent dépassées), la ville couvre une vaste superficie et la population atteint 80 000 habitants ! A Knossos, cependant, la fin de la prospérité n’est pas loin. Vers 1400 av. J.-C., un nouveau tremblement de terre détruit la ville et le palais. Pour toujours cette fois. A partir des premières fouilles, en 1900, Evans et son équipe travailleront durant quarante ans sur le site, réalisant notamment une série de restaurations aux endroits où ils jugeaient les données suffisantes. Parfois critiquées, elles permettront toutefois de donner une meilleure idée de l’architecture des lieux, de la hauteur des constructions, du faste des décors. Bref, de redonner vie à ces lieux…
Quarante années d’un travail acharné
Nous sommes en 1878. En suivant les indications présentes dans les textes d’Homère, l’aventurier Henri Schliemann vient de découvrir les sites de Troie, de Mycènes et suggère également l’existence de Knossos.
Le Crétois Minos Kalokairinos localise alors le fameux palais, et très vite l’Anglais Sir Arthur Evans se rend sur les lieux. Durant six ans, il travaille à exhumer la quasi-totalité du site. A partir de là, il s’attachera à sa reconstitution (aujourd’hui très discutée) avec des équipes de maçons, de charpentiers, de forgerons… Il n’hésite pas à employer du béton, nouveau matériau choisi pour sa résistance.
Jusqu’à sa mort, en 1941, il continuera à consacrer son temps et sa fortune à Knossos. Il a publié l’ensemble de ses découvertes dans un ouvrage intitulé Le Palais de Minos.
Suivez le guide !
Avant de vous rendre au site de Knossos, repérez sur un plan les différents bâtiments afin de mieux comprendre l’esprit des lieux. Pour éviter la chaleur, préférez la visite tôt le matin.
La visite
Elle se commence par l’entrée ouest et traverse, tout d’abord, une route dallée qui devait jadis conduire au port. Le visiteur arrive alors devant la façade ouest, dont le soubassement demeure d’une hauteur d’un mètre environ. On pénètre ensuite dans le corridor des Processions, dont les murs étaient revêtus, des deux côtés, par des fresques représentant de longues rangées de porteurs d’offrandes : on estime à 800 le nombre de personnages convergeant vers une femme mystérieuse, reine ou déesse…
Ce corridor se poursuit par celui du « Prince aux fleurs de lys », nommé roi-prêtre par Evans. On y trouve une copie de la fresque du même nom, dont l’original est à Héraklion. On rejoint l’étage supérieur pour atteindre la salle du trône. Les bancs qui courent le long des murs, le trône élevé sculpté dans l’albâtre et la fresque monumentale soulignent le caractère royal de l’endroit. Dans l’aile occidentale, une série de pièces qui étaient entièrement dévolues au culte : un sanctuaire avec cinq colonnes en façade, les chambres du trésor cultuel et ses fosses souterraines, où étaient réunis de précieux objets, comme les fameuses déesses aux serpents, elles aussi désormais au musée d’Héraklion.
A l’ouest du corridor, on atteint les 22 magasins, où l’on conservait l’huile, le vin ou le grain. Dix-huit d’entre eux abritaient de grandes jarres qui sont, encore, en partie en place. Au fil de quelques degrés, on descend de la cour centrale vers les appartements royaux. Ceux de la reine, éclairés par deux puits de lumière, étaient décorés de très belles fresques, dont le Bain au Dauphin et la Danseuse aux cheveux flottants.
Dans la salle de bains se trouvait une baignoire en argile peinte, tandis qu’une petite pièce en retrait était munie de toilettes dotées d’une… chasse d’eau ! Une porte mène au mégaron du roi en passant par le corridor des Doubles Haches. Un trône placé là indique que le souverain donnait parfois des audiences dans cette salle. De ce mégaron partait un portique couvert qui dispensait ombre et fraîcheur. Au nord du corridor est s’étend ensuite le quartier des artisans. Potiers, polisseurs de pierre et orfèvres possédaient leurs ateliers, et quelques magasins.

Crête Heraklion Port Vénitien © phileole
A l’extérieur du palais
Les fouilles ont révélé d’autres bâtiments de grande importance, mais ceux-ci ne sont pas ouverts au public. Faute de pouvoir les visiter, une promenade autour du site permettra d’apercevoir le caravansérail, sorte de maison de réception avec une salle, ornée d’une ravissante fresque, La Frise aux perdrix. C’est sans doute là que les voyageurs, arrivés de Libye ou de la plaine de Messara, venaient se rafraîchir aux fontaines et abreuver leurs bêtes. Plus au nord, une villa royale, jadis richement décorée et dotée d’un premier étage, dominait la vallée de Kairatos. Elle masque en partie l’un des bâtiments les plus originaux de cet ensemble : un théâtre en plein air, composé de deux volées de gradins et bordé par une esplanade. Cette scène accueillait probablement des danseuses chargées d’exécuter les danses sacrées, mais aussi des spectacles de tauromachie. Ces derniers sont représentés de façon très brillante sur une fresque du palais de Knossos.
Des matériaux très pauvres
Très riches sur le plan de la conception architecturale, les constructions minoennes se caractérisent, en revanche, par une relative pauvreté dans les matériaux choisis. Une simple maçonnerie de moellons liés à un mortier de terre, de grandes poutres de bois, un sol dallé de gypse et non de marbre…
Ce sont les artisans de l’époque qui sauront donner au palais son luxe et sa magnificence en décorant les murs de multiples fresques, véritables œuvres d’art !
Archanes
A 16 km d’Héraklion.
Ce village s’étire doucement au milieu des vignes, qui produisent un excellent raisin de table, le rozakia. Ses tavernes et ses inévitables cafés sur les places ombragées en font un lieu de villégiature très agréable, mais Archanes doit surtout sa réputation aux nombreux sites archéologiques découverts aux alentours. Avant de s’y rendre, les amateurs visiteront le Musée archéologique.
Installé dans l’ancienne école du village, il regorge de petits trésors : amphores, métiers à tisser, coupelles… On y apprend également comment les Minoens enterraient leurs morts : à même le sol, dans des sarcophages ou encore dans des pithoi (de grandes urnes).
Suivez le guide !
Selon la légende, le mont Jouchtas, qui domine Archanes, serait le tombeau de Zeus. Observez, depuis la route, la silhouette du mont, qui évoque une tête d’homme endormi.
Dans le village
Les archéologues ont mis au jour un bâtiment de trois étages très bien conservé, sans doute un palais,comme en témoigne la qualité de sa décoration, les subtiles couleurs de ses fresques et sa taille : quasiment celle de Knossos ! On peut toujours y admirer deux chambres aux superbes pavements. Tout proche, un second bâtiment est actuellement en cours d’excavation.
Colline de Fourni
A 2 km du village, route indiquée à l’entrée d’Archanes. En été : ouvert de 8 h à 14 h 30, du mardi au dimanche, fermé le lundi. En hiver : ouvert de 8 h 30 à 15 h, du mardi au dimanche. Entrée libre.
Tout près du village de Fourni a été découverte une immense nécropole minoenne avec des sépultures d’enfants et d’adultes ainsi que de nombreux sarcophages. L’un d’entre eux contenait des objets d’or, de bronze et d’ivoire. Les autres abritaient statuettes et pierres semi-précieuses, révélant ainsi le haut rang tenu par les défunts.
La nécropole renferme également le premier cercle de tombes mycénien trouvé en Crète.
Suivez le guide !
Pour les amateurs d’équitation, le club équestre installé sur la plage d’Amnissos organise de nombreuses balades dans la campagne crétoise.
Anémospilia
A 3 km d’Archanes. Prendre la rue Georgios Vozos, passer une rivière souvent à sec et emprunter la piste qui grimpe tout droit vers les ruines. Ouvert de 8 h à 12 h. Entrée libre.
La montée est rude, mais la vue se révèle très belle et les ruines passionnantes. On se trouve là devant un vaste sanctuaire, mais c’est dans la pièce occidentale que les archéologues firent une incroyable découverte : trois squelettes humains dont la présence de deux d’entre eux semble liée à l’écroulement du toit suite à un tremblement de terre. Le troisième est celui d’un individu poignardé juste avant la catastrophe. Sans doute sacrifié, afin de conjurer les dieux de renoncer au séisme. Il s’agirait du seul sacrifice humainconnu dans cette partie du monde…
La liberté avant tout !
« Je n’ai peur de rien, je n’espère rien, je suis libre ! » Ces mots gravés sur la tombe de Nikos Kazantzakis à Héraklion sont un peu devenus le symbole de la Crète, farouche et irréductible. Très célèbre dans l’île, Kazantzakis est l’auteur de Alexis Zorba – qui a inspiré Zorba le Grec – La Liberté ou la Mort, Le Christ recrucifié, qui est devenu au grand écran Celui qui doit mourir, de Jules Dassin, avec Melina Mercouri. Il a également écrit La Dernière Tentation, repris au cinéma par Martin Scorsese, et sujet de nombreuses controverses et troubles dans les salles où il a été projeté.
Site d’Amnissos
A 10 km au sud d’Héraklion.
La cité balnéaire d’Amnissos fut à l’époque minoenne le principal port de Knossos. On y a retrouvé une villa dotée de très belles fresques mais surtout de nombreuses installations portuaires.
Aujourd’hui, il faut s’arrêter dans l’une des tavernes pour goûter d’excellents poissons grillés et fruits de mer. Hélas, le lieu est désormais trop proche de l’aéroport.
Grotte d’Eileithyia
Au sud du village d’Amnissos.
La grotte d’Eileithyia constitue un haut lieu de la mythologie, car Zeus y aurait perdu son cordon ombilical. Eileithyia, fille de Zeus et d’Hera, fut très souvent invoquée lors des accouchements et, durant une longue période, la grotte fut un sanctuaire reputé. Egalement appelée la « caverne des Nymphes », elle est aujourd’hui fermée au public mais on peut facilement en obtenir la clé auprès du gardien du site de Nirou Chani, à 4 kilomètres. A l’entrée, une stalagmite aux formes rondes évoque le ventre d’une femme enceinte…
Anogia ou le culte de l’entraide
Comme dans toute la Crète, les jeunes d’Anogia devaient avoir une dot pour se marier. Les villageois étant très pauvres mais toujours solidaires, la coutume voulait qu’avant un mariage toutes les familles d’Anogia participassent à la constitution de la dot en offrant un mouton de leur troupeau. Ainsi, les jeunes mariés possédaient au moins une vingtaine de bêtes au moment où ils s’installaient. Cette entraide devait également s’appliquer à tous ceux qui avaient été emprisonnés en luttant pour l’indépendance de la Crète. Dès leur liberté retrouvée, les amis du village arrivaient en grand cortège suivi d’un véritable troupeau…
Tylissos
Ouvert tlj (sauf lundi) de 8 h 30 à 15 h. Entrée payante.
Dans un site idyllique à la lisière du village de Tylissos, les archéologues ont retrouvé trois demeures minoennes conçues sur le même plan. Au rez-de-chaussée, les vestibules, les magasins et les ateliers. Au premier étage, les appartements des propriétaires, comprenant 3 ou 4 pièces. Encore peu visité, le site de Tylissos offre une promenade fraîche et agréable, au milieu des pins et des cyprès.
Sklavokampos
A partir de Tylissos, la route serpente vers l’ouest pour atteindre un autre site minoen, appelé Sklavokampos, « a vallée des esclaves », où aurait été élevé Zeus. Les fouilles, terminées juste avant la Seconde Guerre mondiale, ont permis de découvrir les ruines d’une grande villa, centre d’un important village qui fut sûrement détruit par un incendie. A l’écart des sites très connus, ces vestiges oubliés se révèlent plein de charme.
Kamariotis
Calme et agréable, ce village de montagne ne possède pas de site vraiment spectaculaire mais il demeure très connu des Crétois en raison d’Evgenia Voria, une fillette qui naquit là en 1642. Fille du pope du village, elle fut enlevée par les Ottomans à l’âge de 3 ans et emmenée à Istanbul. Installée au harem de Topkapi, elle devint la favorite du sultan Mehmet IV et lui donna deux fils. Jamais elle ne revit la Crète.
Anogia
Juché à 800 mètres de hauteur, ce gros village de montagne, tout en longueur, est sans conteste l’un des plus attachants de Crète. Nid de la résistance durant la Seconde Guerre mondiale, Anogia fut, en représailles, rasée par les Allemands et une partie de ses habitants fusillés le 15 août 1944. Une plaque apposée sur une façade commémore l’événement. Aujourd’hui paisible, la petite cité offre encore quelques belles maisons ayant échappé au désastre. Mais on vient surtout ici pour goûter l’ambiance d’une Grèce rurale et vraiment authentique. En effet, Anogia a su garder son identité et reste fidèle à son héritage. On parle encore ici le dialecte ancien, et c’est en toute simplicité que les habitants revêtent le costume traditionnel, notamment durant les grandes fêtes folkloriques qui se déroulent aux alentours du 15 août. Il faut absolument prendre le temps de goûter le calme et l’hospitalité de ses tavernes et de ses kafeneio,tous regroupés le long de la rue principale. Anogia est également réputé pour ses tapis, ses jetés de lit, ses panneaux muraux et ses nappes de grande qualité, réalisées par les femmes du village. La plupart étalent leur production devant leur fenêtre et, pour les choisir, il suffit d’entrer dans la maison !
El Greco n’est pas à vendre
Né en 1541, El Greco a vécu en Crète jusqu’en 1568, date à laquelle il décide de rejoindre son frère, collecteur d’impôts à Venise. Dans la Sérénissime, il travaillera dans l’atelier du Titien et du Tintoret avant de se rendre à Tolède, en 1577. Il y restera jusqu’à la fin de sa vie. Dans son livre, La Lettre au Greco, l’écrivain crétois Nikos Kazantzakis raconte que le peintre avait une telle conscience de la valeur de ses toiles qu’il ne les vendait jamais. Il les mettait simplement en gage chez des particuliers, se réservant le droit de les récupérer à tout moment. Selon lui, ses œuvres « dépassaient les moyens de n’importe quelle bourse ».
Fodélé
La route traverse une série de vergers regorgeant d’orangers et de citronniers avant d’arriver à Fodélé. Ce village, d’origine vénitienne, s’étire de part et d’autre de l’église de la Panaghia, qui abrite de très belles fresques datant du XIIIe siècle. Jusqu’à une époque très récente, les historiens s’accordaient à penser que le peintre Domenikos Théotokopoulos, connu sous le nom de « El Greco » était né à Fodélé. Selon la théorie plus couramment admise Image typique avec son aujourd’hui, il serait plutôt originaire d’Héraklion.
Rogdia
A 17 km environ d’Héraklion. Accroché à flanc de montagne, le petit village de Rogdia domine la baie d’Héraklion à 300 mètres d’altitude.
Après avoir savouré la beauté du panorama, on visite le monastère Savathianon, un havre de paix délicieusement fleuri qui abrite toujours une vingtaine de religieuses. A 200 mètres, on rejoint ensuite une chapelle encastrée dans une paroi rocheuse et contenant de très belles icônes, en l’honneur de Agios Antonios.
Myrtia
Empli de fleurs, ce village plein de charme réunit quelques belles placettes où les hommes se retrouvent pour bavarder et jouer au jacquet. Mais la visite indispensable reste le musée consacré à Nikos Kazantzakis(ouvert tlj de mars à octobre de 9 h à 19 h et le dimanche de novembre à février de 10 h à 15 h. Entrée payante), situé dans l’ancienne maison familiale. Outre de nombreux souvenirs et documents, on peut y découvrir un film remarquable présentant le personnage et son œuvre.