Ces Hautes Terres africaines ont fasciné les Européens qui, au siècle dernier, avaient peine à croire que des neiges éternelles couronnaient les sommets des montagnes d’Afrique, à la latitude de l’Equateur. Les premiers explorateurs y voyaient des paysages leur rappelant leur Europe natale, c’est ainsi que l’explorateur écossais Thompson baptisa la chaîne des Nyandarua, les « Aberdare ».
Le climat, particulièrement sain, est des plus agréables : journées chaudes et ensoleillées, nuits fraîches, absence de malaria et des autres maladies tropicales. C’est la région qui attirera le plus les montagnards pour l’ascension du mont Kenya. La végétation y est variée et, au fur et à mesure que l’on monte en altitude, la savane africaine laisse place à la forêt dense à laquelle succède l’herbe grasse, puis les rochers couverts de lichen et les glaces.
Samburu, Buffalo Springs et Shaba National Reserves
Ces trois réserves juxtaposées forment un magnifique ensemble. Elles se trouvent au pied des contreforts nord du mont Kenya, là où commence l’immense savane sèche qui s’étend jusqu’au lac Turkana. C’est le territoire des pasteurs Samburu, ethnie proche des Masaï.
La beauté de la Réserve Samburu (104 km²) tient à l’existence de la rivière pérenne de Uaso Nyiro. Le long de son cours, lent et sinueux, s’est développée une forêt-galerie d’acacias, palmiers doums et tamariniers, qui contraste agréablement avec la sécheresse environnante.
La Réserve de Buffalo Springs (194 km²) prolonge celle de Samburu vers le sud et lui ressemble. Les rivières Isiolo et Ngara Mara, qui y prennent leur source, offrent la même fraîcheur.
La Réserve de Shaba (130 km²) se trouve un peu à l’écart des deux autres, séparée par la route Isiolo-Moyale. Joy Adamson s’y était installée à la fin des années 70 pour tenter de réacclimater des léopards à la vie sauvage, lorsqu’elle y fut assassinée.
La faune est abondante et variée dans ces trois réserves. Girafes, zèbres de Grévy, oryx côtoient les autruches de Somalie, aux pattes bleues. Les éléphants sont nombreux avec les lions, les guerenouk et les buffles. On peut voir aussi des rhinocéros noirs, des léopards et des panthères. Dans les méandres de la rivière, barbotent des hippopotames et se dissimulent des crocodiles.
L’avifaune est, elle aussi, très nombreuse et variée. D’immenses vols de pintades d’Afrique et de pintades vulturines viennent chaque après-midi se désaltérer à la rivière. Le petit faucon nain est assez commun, plus rare est le géant parmi les aigles. L’aigle martial, perché sur une éminence, guette sa proie quotidienne.
Ces trois réserves sont à 343 km de Nairobi, à 53 km au nord d’Isiolo, par de bonnes routes. Une piste d’atterrissage se trouve à proximité du Samburu Lodge. Ce Lodge est bâti sur le site d’un campement de chasse d’un célèbre chasseur d’éléphants du temps passé, Arthur Newmann. Un autre Lodge confortable se trouve à Buffalo Springs. Plusieurs sites de camping ont été aménagés dans les trois réserves.
Le Meru National Park
A ne pas confondre avec le mont Meru en Tanzanie ! Situé au nord-est du mont Kenya, ce parc de 1 813 km² est connu pour être le pays d’Elsa, là où la lionne apprivoisée par Joy Adamson fut réacclimatée à la vie sauvage.
Joy Adamson est connue pour ses livres racontant la réadaptation à la liberté, d’Elsa la lionne, Pipa la guéparde et d’une léoparde, la reine de Shaba. La trilogie concernant Elsa a fait l’objet d’une adaptation télévisée sous forme d’un feuilleton.
Joy Adamson, d’origine allemande, était mariée à un riche aristocrate lorsqu’elle arriva au Kenya. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, elle fut internée par les autorités britanniques. Étaient ainsi maintenus sous surveillance tout ceux qui, par leur naissance, auraient pu être soupçonnés de sympathie pour le IIIe Reich et voulu communiquer des renseignements à l’Italie fasciste présente dans l’Ethiopie voisine. Joy Adamson raconte cette épreuve douloureuse dans son autobiographie en anglais « Searching the Spirit ».
Elle se replia sur elle-même et se consacra à la reproduction en aquarelle des différentes espèces de fleurs du Kenya. Sa misanthropie naturelle s’en trouva certainement aggravée. En 1942, elle rencontra George Adamson, conservateur de parc national et l’épousa. Ils restèrent sans enfants. En 1956, George tua une lionne mangeuse d’hommes qui laissa trois lionceaux. Deux furent confiés à des zoos et le couple adopta le troisième, Elsa. Leur passion commune pour les félins ne suffit pas à les unir, le couple se sépara en 1971. Tous deux connurent une fin tragique, Joy Adamson fut assassinée en janvier 1980 par un subalterne africain voulant se venger de son autoritarisme et George fut tué en 1989 par des contrebandiers, il avait alors 83 ans.
Le Meru National Park va d’une altitude de 1 036 m au pied des collines de Nyambeni sur sa limite nord, à 3 040 m sur la rivière Tana qui dessine sa limite sud est. Toute la région est bien irriguée, particulièrement par trois rivières pérennes, la Rojerwero, l’Ura et la Tana. Toutes trois sont bordées de forêts denses ou de palmiers. La brousse domine sur l’ensemble du parc, avec une densité variable. Au centre du parc, une zone entièrement protégée et sans aucun aménagement n’est accessible qu’à pied. Ailleurs un bon réseau de pistes permet l’observation des animaux : éléphants, rhinocéros noir, rhinocéros blanc (quelques spécimens ont été réintroduits récemment mais doivent être protégés des braconniers), hippopotames (très nombreux dans les rivières), zèbres et zèbres de Grévy, gazelles de Grant, guérénouks et petits koudous. On peut également rencontrer des lions, léopards et panthères.
Il est possible aussi de visiter le parc en naviguant sur les rivières. Chaque bateau à moteur emmène quatre personnes plus l’équipage. C’est le meilleur moyen d’observer les oiseaux. Les faucons à cou rouge nichent dans les palmeraies. La nuit, on entend la plainte gutturale de l’aigle pêcheur. Le resplendissant étourneau à gorge jaune est présent en bande mais difficile à approcher. Dans les bois d’acacias, à proximité des berges, niche le plus petit des Soui-mangas.
Le meilleure moyen d’accès au parc, depuis Nairobi, se fait en partant vers Thika, puis Embu et Meru, ainsi on entre par l’Ura Gate. Depuis Meru, il existe aussi une piste par Mathara et Kangeta, bien fléchée. Suivez la direction de Maua, 8 km après Kangeta, empruntez la route de Kinna qui mène à l’entrée du parc. Au retour, vous pouvez rejoindre Nairobi par Meru, Nyanuki et Nyeri. Il existe aussi des liaisons aériennes depuis Nairobi, les Leopard Rock Lodge et Meru Mulika Lodge disposent chacun de leur piste d’atterrissage. Le Bwathongen Bandas offre l’hébergement mais il faut préparer ses repas. Des sites de camping ont été aménagés à Leopard Rock et au bord de la rivière Tana.
Le Mount Kenya National Park
Ce parc de 588 km² fut fondé en 1949. Sa limite, à 3 364 m d’altitude, entoure la zone la plus élevée du mont Kenya. Elle comprend une partie de la forêt dense, la zone de forêt d’altitude composée de bambous et d’Hypericum, la lande alpine, de petits lacs d’altitude, des moraines et des glaciers. Les deux pics jumeaux qui forment le sommet dominent cet ensemble : le Batian à 5 200 m et le Nelion à 5 188 m.
Eléphants, rhinocéros noirs, léopards, buffles, guibs harnachés, céphalophes, suni, cobes à croissant sont communs dans la zone forestière. Plus spécifiques, l’hylochère et la grande mangouste grise. Les oiseaux sont nombreux : l’ibis Hagedash au plumage vert olive, le milouin d’Afrique, aigles et faucons, francolins, calaos et hiboux.
En véhicule tout terrain, il est possible d’accéder jusqu’aux landes d’altitude. Le Sirimon Track traverse de magnifiques bois de genévriers, puis la forêt de bambous, et longe des gorges grandioses et des rivières à truites. Il mène à une altitude de 3 930 m. La piste de Naro Moru s’arrête au niveau supérieur de la forêt, mais vous pouvez continuer à pied.
Ce parc attire aussi marcheurs et grimpeurs. La première ascension du mont Kenya eut lieu en 1899. Aujourd’hui les amateurs de sommets prestigieux tiennent à inscrire le Batian ou le Nelion à leur palmarès. Difficulté à ne pas sous estimer, l’altitude peut provoquer des malaises respiratoires. Si les sommets du mont Kenya exigent d’être familiarisé aux techniques alpines de l’ascension, le mont Lenana (4 970 m, ce qui n’est déjà pas si mal !) est à la portée de tout bon marcheur. Les établissements installés au pied du massif proposent guides, porteurs, etc. Vous pouvez également vous adresser au Mountain Club of Kenya.
On accède au parc soit par Nyanuki (198 km au nord de Nairobi), soit par Nyeri (257 km au nord de Nairobi). S’y trouvent un Lodge magnifiquement situé dans la forêt à l’intérieur du parc et le Mountain Lodge à 2 234 m d’altitude.
L’Aberdare National Park
Créé en 1950, ce parc de 590 km² porte actuellement le nom de Nyandarua National Park, nouveau nom de la chaîne des Aberdare. Cette appellation n’est pas encore passée dans le langage courant et sur de nombreuses cartes, vous trouverez encore son ancien nom. Ce parc protège les landes et une partie de la forêt de la chaîne de montagne des Aberdare (ou Nyandarua) pour la plupart au-dessus des 3 000 m d’altitude. Il est orienté nord-sud entre Nairobi et les Thompson’s falls. Ses pentes, en particulier les versants est et ouest, sont couvertes par la forêt dense qui laisse place aux bambous en altitude. Au sommet, la lande alterne avec la roche nue couverte de lichens. Dans les vallées abruptes et les ravins, courent des ruisseaux à truites et des cascades.
Le moment le plus favorable pour l’observation des animaux est le coucher du soleil. On peut alors avoir la chance d’observer le discret bongo qui habite la zone forestière des bambous. Dans la forêt, céphalophes, suni, guibs harnachés, éléphants, buffles, hylochères, léopards et singes colobes abondent. Les élands parcourent les landes en altitude. Les oiseaux sont nombreux et d’espèces variées, les soui-mangas dominent cependant, avec les francolins et les oiseaux de proie.
On accède facilement à ce parc depuis Nyeri et Naro Moru par la porte est (East Gate). Cet itinéraire traverse le parc et rejoint la route de Naivasha et de North Kinangop à l’ouest. On peut quitter le parc par la porte de la Reine (Queen’s Gate). Le camping est recommandé pour apprécier cette magnifique réserve. Il existe cependant deux Lodges, très bien conçus : le célèbre Treetops Hotel, cher au coeur de tous les Anglais puisque la princesse Elisabeth y apprit qu’elle était reine, et The Ark Lodge, admirablement situé à proximité d’un point d’eau vers lequel convergent les animaux pour se désaltérer.