Région de la Casinca
Au sud de Bastia, cette région belvédère surplombe la plaine côtière et ses riches cultures. Ses villages s’accrochent aux pentes, couronnant des pitons étroits. On y accède par des routes tortueuses, qui se faufilent entre maquis et châtaigniers.
Vescovato
Petite capitale de la Casinca, Vescovato déroule d’étroites venelles en escaliers, où se pressent de hautes et sévères maisons, qui paraissent en équilibre sur le rebord de la crête. L’église baroque San-Martino renferme un beau tabernacle en marbre blanc.
Loreto-di-Casinca
Le village ressemble à un véritable nid d’aigle, avec son campanile construit sur une terrasse à pic, qui offre un panorama prodigieux sur les autres villages de la Casinca, l’étang de Biguglia et, parfois, les îles toscanes.
Depuis Loreto-di-Casinca, une promenade facile conduit au sommet du mont Sant’Angelo (1 218 m). Compter 3 h aller-retour.
Réserve de Biguglia
Au nord-est de la Corse, l’étang de Biguglia occupe près de 1 500 ha et n’est séparé de la mer que par un étroit lido.
Plus de 120 espèces d’oiseaux s’y rassemblent. La foulque macroule, le fuligule morillon, le grand cormoran y vivent, le martin-pêcheur et la lusciniole à moustaches viennent hiverner sur ses rives.
Mouettes, goélands, sternes et guifettes d’Europe centrale y font également escale. Un écomusée a été installé dans un ancien fortin génois et un projet de sentier botanique est à l’étude.
Région de la Castagniccia
A seulement une heure de la mer, la Castagniccia est une région austère, qui se cache dans ses montagnes entre les fleuves Golo, au nord, et le Tavignano, au sud. Jusqu’au début du XXe siècle, ce « désert vert » était un jardin opulent, comme en témoignent les champs en terrasses qui encerclent les villages en nids d’aigle. Il devait sa richesse au châtaignier, introduit par les Génois et providence des paysans : le fruit nourrissait les hommes et les bêtes, le bois était utilisé pour la fabrication des meubles, de tonneaux, de paniers, l’écorce fournissait la matière première pour les usines de tanin.
Puis, la région connut un déclin à partir des années 1970.
Des villages, perdus dans les châtaigniers, s’égrènent entre 300 et 800 m d’altitude, avec leurs maisons hautes, aux murs de pierre apparente et aux toits d’ardoise grise, serrées les unes contre les autres.
Piedicroce
Village-balcon posé sur le flanc de la montagne, au-dessus des châtaigniers, il expose majestueusement son église Saint-Pierre-Saint-Paul, dont la façade baroque témoigne d’une richesse passée.
A l’intérieur, un bois peint d’un primitif italien représente une Vierge à l’Enfant.
Randonnées
Du village partent des sentiers de randonnée vers Campana et le couvent d’Orezza, pour s’élever ensuite sur la crête, jusqu’au sommet du monte San-Petrone(6 h de marche à pied aller-retour).
La Porta
Ce gros bourg, planté sur le flanc de la montagne, offre des belles vues sur les vallées couvertes de châtaigneraies et jusqu’à la mer, qu’on aperçoit parfois entre les arbres, au loin. Il a le privilège de posséder la plus belle église baroque de l’île.
Depuis qu’il a été restauré, le campanile à cinq étages a perdu un peu de son cachet, mais demeure de toute beauté. L’église possède un orgue de style italien qui date de 1780, magnifiquement restauré.
Le couvent d’Orezza
De ce lieu saint, il ne reste que des ruines couvertes de lierre, dont émerge un clocher.
Pourtant, il fut pendant la guerre d’Indépendance un bastion de la résistance à Gênes. En effet, c’est ici qu’en 1735, l’Assemblée d’Orezza proclama la Corse indépendante. Elle plaça le peuple corse sous la protection de la Vierge et adopta comme hymne national le Dio vi salve Regina.
Désaffecté à la Révolution française, le couvent abrita ensuite une gendarmerie avant d’être transformé par les Italiens, pendant la Seconde Guerre mondiale, en dépôt de munitions. Il fut finalement détruit par un bombardement allemand…
La tradition des armes à feu
Pour un Corse, porter une arme au poing n’est pas signe de menace. Dans la campagne, on sort volontiers son fusil pour tirer les merles, tirer une salve lors de la fête religieuse du village. A la fin de la procession, des coups de feu sont tirés sur le parvis de l’église pour signifier la fin de la cérémonie.
Morosaglia
Au cœur de la microrégion du Rostino, Morosaglia est habitué à la vie âpre de la montagne. Avec ses hautes maisons de pierre désertées par leurs propriétaires et perdues dans les châtaigniers, le village est d’une mélancolique beauté.
A l’entrée, une statue de Pasquale (Pascal) Paoli rappelle que le héros de la Nation est d’ici.
Ses cendres, ramenées de Londres en 1889, reposent dans la chapelle familiale. Sa maison, transformée en musée, est, comme toutes celles du village, coiffée d’un toit de lauze.
Musée départemental, maison natale de Pascal Paoli
Les souvenirs du Babbu di a Patria (Père de la Patrie) y sont rassemblés. Au mur, les portraits de famille et, dans une vitrine, l’acte proclamant Paoli général de la Nation, des lettres manuscrites et le premier livre sorti de l’Imprimerie nationale : La Justification de la Nation corse.
Plaine orientale
Rectiligne, plate, la côte orientale est totalement différente du reste de l’île. De Moriani-Plage à Solenzara, il n’y a pas de golfes, de rochers, ni de côte échancrée, mais des plages qui se succèdent sur des dizaines de kilomètres.
Parsemée d’étangs, couverte d’innombrables plantations de fruits et de vignobles à perte de vue, la plaine orientale offre aussi les meilleures terres cultivables de l’île.
Aleria
Au milieu des cyprès, il ne reste de l’antique Alalia que quelques ruines d’un forum, d’un capitole et d’un temple, au sommet d’une colline.
Pourtant, la ville, fondée en 555 av. J.-C. par les Phocéens, était comptoir important.
Tombée aux mains des Phéniciens avant de devenir une riche colonie romaine, elle est ensuite dévastée par les Vandales et se vide de ses habitants.
Les marécages prennent la place des cultures et ce sont les Américains, après la Seconde Guerre mondiale, qui redonneront vie à la région en éradiquant les moustiques.
Depuis le vieux fort Matra, où est installé le musée, la vue s’étend sur toute la plaine orientale.
Site antique et Musée archéologique départemental Jérôme-Carcopino
Le musée est l’un des plus riches sur l’Antiquité méditerranéenne et renferme une collection d’objets découverts sur le site, notamment des objets usuels, une collection de céramiques, de vases et de plats étrusques.
On ne manquera pas, dans la salle n° 7, deux rhytons attiques (des vases à boire) en forme de tête de chien et de mulet, et un petit buste en marbre de Jupiter Hammon.
Fouilles
Un sentier part du musée (billet d’entrée commun. Pour la visite s’adresser au musée). Il aboutit au cardo (l’axe nord de la cité antique) et au forum. On gagne ensuite le prétoire, organisé autour d’une promenade.
Aux environs
Tout le long de la côte, les stations balnéaires se succèdent de Moriani-Plage jusqu’à Solenzara, où l’on peut pratiquer toute la panoplie des sports nautiques. Les étangs d’Urbino et de Diane, déjà réputés sous les Romains pour leurs élevages d’huîtres, de moules et de clovisses, sont les plus vastes de toute la Corse.
Aleria maudite ?
Semée d’étangs et coupée d’embouchures marécageuses, la côte orientale est colonisée à l’époque romaine, puis délaissée pendant de longs siècles. Elle est infestée jusqu’à la Libération par les moustiques anophèles porteurs de la malaria.
Les Américains répandent des tonnes de DDT, pour la débarrasser de ce fléau. Les vignes et les agrumes y sont ensuite plantés grâce à l’action de la Somivac, chargée de la mise en valeur agricole de la Corse. Au cours des années 1960, de nombreux rapatriés d’Algérie s’y installent grâce à des aides conséquentes de l’Etat. Certains exploitants corses ressentent alors l’arrivée de ces pieds-noirs comme un phénomène de colonisation.
En 1975, un scandale portant sur des vins trafiqués éclate. Un groupe d’autonomistes de l’Action régionaliste corse (ARC), sous la direction d’Edmond Simeoni, occupe symboliquement la cave incriminée. Gendarmes et CRS donnent l’assaut. Deux gendarmes sont tués. « L’affaire d’Aleria » déclenche la naissance du mouvement autonomiste. L’ARC est dissoute par le gouvernement. En avril 1976 naît le Front national corse de libération (FNLC).
Solenzara
Cette petite station balnéaire, qui s’est installée à l’embouchure d’une rivière, marque la frontière entre la côte plate du nord et celle rocheuse du sud. Hier plaine infestée de moustiques, elle est aujourd’hui réputée pour ses plages, ses hôtels et son petit port de plaisance.
Bassin du Nebbiu
Les brumes marines ont donné son nom à ce bassin entouré de montagnes, qui s’ouvre en éventail depuis le golfe de Saint-Florent. Son climat doux et son sol fertile lui avaient valu le surnom de Conca d’oro (Conque d’or). Ses riches vergers étaient réputés et son miel, ses châtaignes et ses olives exportés vers l’Italie.
Patrimonio
Les vignobles qui encadrent le village se sont fait une solide réputation dans le monde entier. L’endroit est idéal pour déguster la production locale de blancs, rouges, rosés et muscat, et les sollicitations ne manquent pas.
Les ruelles pentues conduisent à de jolies places et de hautes maisons grises qui cachent quelques palazzi (« maisons des Américains »), aux belles volées d’escaliers. A l’écart, perchée sur une butte, une imposante église flanquée d’un monumental clocher.
Des panneaux signalent l’emplacement d’une statue-menhir, Nativu, exhumée d’un champ voisin en 1964. Datée du 1er millénaire av. J.-C., elle est en calcaire, et mesure près de 3 m de hauteur.
De Patrimonio part une route en lacet, en direction de Bastia, offrant de très beaux panoramas depuis le col de Teghime (536 m), sur le golfe de Saint-Florent, et le désert des Agriates.
Saint-Florent
Au creux d’un golfe magnifique, le petit village de pêcheurs de Saint-Florent s’est transformé, au fil des années, en une station balnéaire très cotée et les bateaux des plaisanciers viennent mouiller dans son joli port de plaisance. La place des Portes est le centre le plus animé et donne sur la vieille ville, resserrée autour de l’église. La citadelle génoise domine le port et sa longue jetée, où déambulent les vacanciers.
Santa-Maria-Assunta, la « cathédrale » du Nebbiu
De style roman, elle est construite en blocs de calcaire blanc, qui tempèrent l’austérité de son architecture. Sa façade est pisane et comporte deux étages d’arcades. A l’intérieur, une statue de saint Flor, en bois doré, et les reliques de ce soldat romain martyrisé au IIIe siècle.
Aux environs
Aux environs de Saint-Florent, on découvre les deux statues-menhirs du IIe millénaire av. J.-C., situées devant l’église de Piève et l’église de San-Michele, à 1 km de Murato.
Ce bâtiment de style roman du XIIe siècle joue avec subtilité la carte des couleurs avec ses murs de marbre polychrome, vert, rose, jaune et blanc. L’étonnante variété de décors sculptés, qui encadrent les fenêtres de l’église, lui confère une aura superbe.
Entre Murato et le village d’Oletta, perché au milieu des châtaigniers, tel un balcon au-dessus du golfe de Saint-Florent, le col de San Stefano (349 m) offre des vues magnifiques sur les deux versants de l’île, le Nebbiu d’un côté, l’étang de Biguglia de l’autre.
Désert des Agriates
Au Moyen Age, c’était un vaste territoire agricole, parcouru par les bergers. Aujourd’hui, la route qui relie Saint-Florent à Lozari traverse un monde austère, une vaste étendue de collines pierreuses, où le maquis est roi, le paysage sans arbres, lunaire.
Pas moins de 13 000 hectares de broussailles, de rochers, d’étangs, parcourus par les sangliers, les troupeaux de chèvres et les oiseaux. Quelques rares « paillers » (bergeries) se cachent au creux de collines pelées. Casta est le dernier hameau encore habité.
Les virages qui émaillent la route sont redoutables et il vaut mieux rouler lentement et s’arrêter, de temps en temps, pour profiter du panorama : 40 km de plages et de criques, de Saint-Florent à l’anse de Perajola.
Les maisons des Américains
Les Cap-Corsins sont de hardis marins et ont toujours été attirés par les terres lointaines. Nombre d’entre eux sont partis au début du siècle dernier faire fortune en Amérique du Sud, surtout au Venezuela et en Argentine. De retour dans l’île, ils se sont fait construire de somptueuses maisons, que l’on a appelées les palazzi (les palais). Certaines sont abandonnées, d’autres ne revivent que l’été, lorsque les descendants de ces « Américains » reviennent pour les vacances.
Suivez le guide !
A la fin du mois de juillet, les « Nuits de la guitare » de Patrimonio rassemblent pendant trois soirées les plus grands virtuoses de la guitare classique, du rock ou du flamenco, dans un cadre magique, près de l’église Saint-Martin.
Anse de Perajola
A l’embouchure de la rivière Ostriconi, elle ponctue le littoral des Agriates. C’est la seule plage à proximité d’une route nationale. On y accède par un sentier de chèvres pentu qui serpente dans le maquis (10 min de marche). Après la plage de l’Ostriconi commence le pays de l’olivier : la Balagne.
Suivez le guide !
Faufilez-vous dans le Nebbiu, en faisant une boucle par Oletta, Murato et Santo Pietro Di Tenda.
Plages
Au bout de ce tumulte de roches, sur le littoral, une surprise inattendue : des plages paradisiaques, comme celle de Mafalco, où des vaches s’installent volontiers sur le sable, à l’ombre des eucalyptus et des oliviers, ou celle de Saleccia, au sable blanc fin comme du talc.
Pour la petite histoire : le film Le Jour le plus long fut tourné, en partie, sur ces plages.