10 - Régions et Itinéraires
Le Sud Ouest : les oasis et les portes du désert









Gafsa
De la Capsa antique il ne reste que les Piscines romaines, des bassins à ciel ouverts alimentés par une source chaude. Le Musée archéologique mérite aussi une visite pour sa figurine capsienne (8 000 av. J.-C) et sa superbe mosaïque représentant des jeux du cirque (IVe siècle de notre ère).
La ville, à l'architecture hétéroclite, domine une agréable palmeraie qui ombrage des cultures de figuiers, pistachiers, amandiers et oliviers ainsi que de petits champs de blé et d'orge. La Grande mosquée, dont la cour est accessible aux visiteurs, compte 120 colonnes toutes prélevées sur des monuments romains. De la Kasba il ne reste que l'enceinte, l'intérieur ayant été soufflé par une explosion. Depuis la fin du siècle dernier l'exploitation des gisements de phosphates assure une relative prospérité à la région mais Gafsa ne néglige ni son oasis, ni son artisanat de tapis, des kilims de couleurs vives réputés dans tout le pays.
Les oasis de montagne
A la frontière avec l'Algérie se dresse un Jebel peu élevé qui culmine à 900 m d'altitude. Cependant son relief abrupt, creusé de canyons, l'a longtemps rendu inaccessible. Aujourd'hui des pistes taillées dans la montagne permettent d'accéder à trois oasis, abandonnées par leurs habitants en raison de leur escarpement. Elles existaient déjà à l'époque romaine, derniers bastions de protection des frontières de l'Empire. De nouveaux villages, aux mêmes noms, plus faciles à équiper en eau et électricité ont été construits à proximité.
Cette excursion de 190 km peut s'effectuer dans la journée, indifféremment au départ de Gafsa ou de Tozeur. Les pistes de l'itinéraire sont praticables par toutes les voitures. Il est possible aussi de passer la nuit à Tamerza.
Le Lézard rouge
Quitter Gafsa pour Metlaoui par la P 3. 2 km aprés Metlaoui prendre à droite une piste de 5 km pour les gorges de l'oued Selja. Une voie ferrée, aménagée pour le transport des phosphates, est parcourue quotidiennement par un petit train touristique. Ce train, le Lézard rouge, transportait autrefois les beys de Tunis à leur résidence d'été de la Marsa. Restauré et équipé d'un wagon bar, il parcourt aujourd'hui cette gorge aux paysages saisissants avec des points de vue vertigineux. L'excursion de deux heures offre un certain charme à condition que le train ne soit pas en même temps pris d'assaut par un groupe de touristes bruyants... (départ tous les jours à 11h sauf le lundi).
De Metlaoui emprunter la C 122 qui traverse deux petites villes minières, Moularès et Redeyef. Le paysage s'élève progressivement pour devenir spectaculaire en arrivant à Midès.
Midès
Le vieux village est bâti sur un éperon rocheux sculpté par l'érosion, dominant une petite palmeraie. Les maisons presque toutes abandonnées par leurs habitants s'écroulent doucement. Il faut s'avancer jusqu'à l'extrémité du promontoire pour comprendre que Midès, isolée sur trois côtés par des falaises abruptes et fermée sur le quatrième par une muraille, était autrefois un ksar inexpugnable. Une promenade à pied permet de se rendre à la source qui alimente la palmeraie de l'oasis. La frontière avec l'Algérie se trouve à quelques kilomètres. Reprendre la route de Metlaoui et se diriger vers Tameghza (prononcer Tamerza).
Tameghza

L'oasis s'épanouit au fond d'une gorge, dominée par un promontoire rocheux et nu avec lequel elle contraste agréablement. Le vieux village, lui aussi abandonné, aligne ses maisons ocres. A deux kilomètres, une modeste cascade de 4 m de haut alimente un canyon taillé dans la falaise. A proximité, des petits étals, souvent tenus par les enfants du village, proposent des échantillons de pierres.
La route entre Tameghza et Chebika traverse la partie la plus escarpée de l'itinéraire offrant de très beaux panoramas. Elle suit une gorge creusée dans la montagne par les oueds, à son débouché la vue plonge soudainement sur une vaste plaine désertique.
Chebika
Ceux qui ont vu le film Le Patient Anglais, reconnaîtront peut être le vieux village en ruines de Chebika juché sur son arête rocheuse. A partir des boutiques et de la buvette, aménagées dans les maisons désertées, un sentier permet de remonter l'oued canalisé jusqu'à sa source. Il irrigue une palmeraie.
La route rejoint la plaine et longe la dépression de Chott el Gharsa. Aprés 56 km elle atteint une bifurcation qui permet d'aller à Tozeur (9 km) ou de retourner vers Gafsa.
Tozeur
Située en bordure du Chott el Jerid, bordée par une belle palmeraie, Tozeur est avec son intéressante architecture en briques crues, une des plus belles oasis de Tunisie.
Depuis quelques années le gouvernement tunisien en a fait un pôle de développement touristique d'hiver en créant une zone hôtelière entre la vieille ville et l'aéroport international. Sa situation lui permet d'être le point de départ d'excursions vers les oasis de montagnes comme vers les dunes du Sahara.
Le centre ville de Tozeur, avec sa mosquée, sa poste et son marché s'étend autour de la place Ibn Chabbat et de l'avenue Habib Bourguiba. L'avenue Ibn Chabbat mène à la médina. Il faut flâner dans les quartiers des Ouled Hadef, aux étonnantes maisons de petites briques crues, disposées selon un décor géométrique.
Au coeur de ce quartier très authentique un intéressant Musée des arts et traditions populaires a été aménagé dans une ancienne zaouïa (ouvert de 8h à 12h et de 15h à 18h). Il présente le mode de vie traditionnel des oasis à travers des objets usuels.
A l'extérieur de la vieille ville, à la limite de la zone touristique, se trouve un étonnant musée, unique en Tunisie. Le Dar Cherait (ouvert de 8h à 24h) présente le mode de vie de l'aristocratie tunisienne à l'époque du beylicat. Il rassemble des objets provenant des différentes régions de l'Empire ottoman. Cuisine rutilante de cuivres, chambre des femmes avec leurs accessoires de beauté et leurs coffres de vêtements, salons des hommes avec narguilé services à café ou à thé, ', sont reconstitués et à l'aide de mannequins, restituent cet art de vivre. De belles collections de bijoux, de verreries et de tableaux complètent cette présentation.
Dans le jardin, un parc d'attraction sur le thème des Mille et Une Nuits a été aménagé, pour frissonner de peur et d'émotion avec Aladin, Shéhérazade et Sindbad le Marin. Un restaurant, un café oriental et des boutiques viennent compléter ce complexe culturel ambitieux.
En venant de la zone touristique, le Belvédère, aménagé sur une éminence rocheuse à 200 m d'altitude permet d'apprécier la palmeraie de Tozeur dans son ensemble. Sous cette mer de palmes, l'eau glisse silencieuse, répartie dans de petits canaux d'irrigation. Sous cette ombre fraîche poussent arbres fruitiers, grenadiers, bananiers, figuiers et cultures maraîchères. La meilleure façon de suivre les chemins sablonneux qui sillonnent la palmeraie est d'emprunter une calèche depuis l'avenue Abou Kacem Chabbi, du nom d'un poète natif de Tozeur et mort à 25 ans. Le chemin passe devant une tour construite sur des fondations romaines. Prenez à droite de la tour pour aller au tombeau d'Ibn Chabbat, le savant qui, au XIIIe siècle, conçut le plan d'irrigation, toujours en usage, de la palmeraie. La piste continue de longer des cultures variées, méticuleusement entretenues, avant d'arriver au poétique Jardin du paradis. Là, plus de cultures utiles à l'ombre des palmes mais de nombreuses variétés de rosiers, des bougainvillées, des jasmins, qui côtoient grenadiers, bananiers, pistachiers dans une exubérance parfumée. Depuis 1934 ce jardin est amoureusement entretenu par la même famille qui produit aussi de délicieux sirops de fleurs. Un petit zoo presque aussi fantaisiste que le jardin permet de prolonger la visite.
En quittant la palmeraie on peut se rendre aux sources de l'oued Machra qui alimentent un bassin de leur eau à 30° dans laquelle on peut se baigner. Il reste à espérer que les nombreux hôtels qui viennent d'êtres construits dans la zone touristique ne détruiront pas, par une exploitation trop intensive de l'eau, le très fragile équilibre de l'oasis.
Nefta
A 23 km de Tozeur en direction de la frontière avec l'Algérie, Nefta, plus modeste et plus isolée que Tozeu,r apparaît aussi plus saharienne. Son oasis ne se remarque pas au premier abord car elle a la particularité de se dissimuler au fond d'une cuvette de 30 m de profondeur aux parois abruptes, d'où son surnom de Corbeille. La ville, qui compte de nombreux mausolées est un haut lieu du soufisme tunisien. Elle surplombe l'oasis et son quartier ancien se compose de maisons construites en brique crues desservies par des passages couverts qui conservent une bienfaisante fraîcheur. A 6 km après Nefta, en direction d'El Oued (Algérie) s'élèvent les premières dunes du grand erg oriental. Malheureusement le site est très touristique et les chameliers se précipitent pour proposer un petit tour à dos de chameau ou les enfants pour vendre leurs roses des sables.
Le Chott el Jerid

C'est la plus vaste dépression saline de Tunisie. Elle apparaît comme une mer intérieure au cours des hivers pluvieux ou comme un paysage lunaire recouvert de plaques de sel en période sèche. C'est le lieu idéal où voir des mirages. Une seule route longue de 80 km, bâtie sur une digue, le traverse du nord au sud. Kebili, chef lieu de la région ne présente aucun charme particulier mais est au centre d'une vaste palmeraie produisant d'excellentes dattes de qualité.
Douz
C'est la dernière véritable oasis avant le Sahara. Située au pied des dunes du Grand Erg Oriental elle ne cesse de lutter contre l'avancée du sable. Même si la plupart des nomades de Tunisie ont été sédentarisés dans les villages voisins, ils continuent de venir s'approvisionner au marché hebdomadaire du jeudi et d'y échanger des dattes et du bétail. Pour assurer sa survie économique Douz s'est développée depuis quelques années comme principal point de départ du tourisme saharien en Tunisie : méharées ou expéditions en 4x4. Une zone touristique a été aménagée, équipée de quelques hôtels avec piscine.
Au centre ville se trouve le petit marché, une place carrée bordée d'arcades. On trouve dans les boutiques des tapis tissés, des burnous, des bijoux d'argent, de la vannerie et surtout les jolies pantoufles de cuir brodées, spécialité locale. Chaque jeudi se tient en plus le marché au bétail. La palmeraie est modeste, abritant des carrés de luzerne, de blé et de légumes.
Les oasis du Nefzaoua
Elles forment comme un petit chapelet de villages sur le pourtour des dunes. Leurs habitants, se partagent entre l'agriculture et l'élevage. Chaque printemps, si les pluies ont été abondantes et ont permis l'apparition de pâturages suffisants, les oasiens plantent leurs tentes de laine brune dans le désert pendant trois à quatre semaines, renouant ainsi avec la tradition nomade. Zaafrane (12 km) est un petit bourg moderne aux maisons éparses, l'ancien village a été englouti par le sable. Nouil exige un détour de 6 km. Sa palmeraie est réputée pour l'excellence de ses dattes. A Es Sabria (10 km), on peut encore voir quelques maisons en pisé aux toits voûtés en berceau. A l'écart du village, accessible seulement à pied ou en voiture tout terrain, comme noyé dans les dunes, subsiste un petit fortin. El Faouar adossé à un paysage de dunes basses mais escarpées, est le dernier lieu habité avant la traversée du grand erg et l'Algérie.
Ksar Ghilane
Depuis Douz on peut effectuer une très jolie excursion saharienne jusqu'à l'oasis de Ksar Ghilane (125 km) au coeur des dunes du Grand Erg. La piste est praticable par une voiture de tourisme, mais l'itinéraire est plus beau par les dunes. Adressez-vous à un tour opérateur local à Douz pour réserver une voiture tout terrain avec chauffeur.
Un rideau très dense de tamaris protège l'oasis de Ksar Ghilane contre les vents de sable. Bien à l'abri une petite palmeraie et ses jardins sont irrigués par des sources chaudes. Un bassin rustique permet de se délasser dans une eau à 37°. A un quart d'heure en voiture à travers les dunes (4x4 indispensable) ou une heure à pied, s'élève un petit fort romain, défiant le sable et le temps. On peut regretter que ce lieu plein de charme, soit devenu un must du tourisme saharien en Tunisie et trop souvent envahi de véritables armadas de 4x4.
Ksour et Ghorfas
Les ksour (pluriel de ksar) sont dans toute l'Afrique du Nord, des villages fortifiés. Dans le sud tunisien, ils ne protègent pas les habitations mais les greniers collectifs composés de pièces appelées ghorfas. Leur architecture est caractéristique : allongées, elles sont couvertes d'un toit voûté en berceau et ne s'ouvrent que par une seule porte. Groupées autour d'une place elles se superposent parfois jusqu'à cinq niveaux. Chaque famille du village engrangeait ses provisions (céréales, fruits huile, réserves pour le bétail) et ses biens de valeur (armes, bijoux, tapis). En cas de razzia les biens se trouvaient ainsi à l'abri derrière les solides murailles du ksar.
Le Sahara

C'est le plus grand désert du monde (8 millions de km²) il s'étend de l'Atlantique à la Mer Rouge et sépare l'Afrique du nord de l'Afrique noire. Son aridité est due à l'absence de précipitations (moins de 100 mm de pluie par an) et toute agriculture est impossible en dehors des oasis, alimentées par des sources.
Contrairement aux idées reçues, les paysages sahariens sont très variés, les dunes du Grand Erg caractérisent le Sahara tunisien, mais il existe aussi les puissants massifs volcaniques du Hoggar et du Tibesti et les étendues de regs (plateaux pierreux).
1,5 millions d'habitants seulement occupent ce vaste espace ; de moins en moins de nomades, arrêtés par les frontières et des sédentaires, implantés dans les oasis.
L'oasis est une exploitation agricole intensive, le palmier dattier, en est la principale production. De cet arbre symbole du Sahara on utilise tout : les fruits, les fibres, le bois. A l'ombre des palmes poussent deux niveaux de cultures : les arbres fruitiers à l'étage intermédiaire et les cultures maraîchères, céréalières et fourragères au niveau du sol.