10 - Régions et Itinéraires

La côte : de Sousse à Sfax

Port El Kantaoui - Marina - Sousse

Port El Kantaoui

A 5 km au nord de Sousse, un grand complexe touristique, totalement artificiel a été réalisé dans les années 1970. Port El Kantaoui est desservi par l'aéroport international de Monastir distant de 20 km environ. Ce port de plaisance s'inspire du modèle de Sidi Bou Saïd avec des constructions blanches, aux toits en coupoles et aux portes bleues. Les bougainvillées et les jasmins égaient les terrasses. Villas, résidences hôtelières, hôtels de catégories variées, boutiques, restaurants s'articulent autour de la marina. L'ensemble est aussi équipé d'un terrain de golf de 18 trous qui s'étend sur 73 hectares. Ceux qui recherchent l'authenticité détesteront ce lieu voué aux loisirs et bien loin de la réalité tunisienne.

La route côtière

De Sousse à Sfax la route est très belle, surtout dans la première partie avec les deux villes anciennes de Monastir et Mahdia. Elle permet d'avoir un aperçu de la vie agricole du Sahel côtier : abricotiers, orangers, figuiers, céréales, etc.

Quitter Sousse pour le sud, par la route C 82 qui longe le port. Elle rejoint bientôt un grand lac salé, séparé de la mer par la Dhkila, une bande de terre sur laquelle ont poussé des palmiers. Du sel récolté est amassé en monticules ; la route traverse le lac salé sur une digue.

Peu après, la route passe par Skanès où le président Bourguiba avait fait construire un palais présidentiel d'été (le Syndicat d'Initiative de Monastir délivre des permis pour visiter les très beaux jardins du palais). Un jardin zoologique peut être prétexte à une visite. La route atteint, après 22 km, la ville de Monastir.

Monastir

L'antique Ruspina, déformation du nom phénicien de Rous Penna est devenue une ville moderne, propre et aérée, qui s'est développée en station balnéaire. Cette cité paisible où il fait bon vivre tant l'air est doux, le ciel bleu et la mer claire est devenue célèbre car elle est la ville natale du président Bourguiba. Cette renommée lui vaut un entretien soigné de ses monuments qui l'apparente à un décor d'opérette.

Du temps des Romains, sa position stratégique permit à Jules César d'organiser sa campagne africaine contre Pompée. Son nom actuel sonne un peu comme « monastère » ; il est plausible que cette appellation lui fut attribuée par les Byzantins. Comme toutes les villes de la côte, elle se développe à l'ombre des grandes civilisations punique, romaine et arabe. Les vestiges l'attestent amplement. Parmi les principaux monuments la forteresse du Ribat en est un excellent exemple. Pour les moines-soldats de l'Islam, tenir trois jours de siège à Monastir contre les Normands de Sicile, ouvrait les portes du Paradis. Après le ravage de Kairouan par les Beni Hilal au XIIe siècle, Monastir devint pour un temps la ville sainte de l'Islam de Tunisie car nombre de religieux s'y établirent.

Une ville présidentielle
Véritable point de repère, le Ribat élevé en 796 et à l'allure redoutable, domine la ville et le port. Dans l'angle sud est érigé le Nador, haute tour de vigie, d'où l'on jouit d'un panorama superbe sur la ville. Elle permettait de surveiller, outre la mer, la plaine du Sahel. L'ancien oratoire a été transformé en musée islamique d'oeuvres des Xe et XIe siècles.

Auprès du Ribat se trouve une mosquée construite au IXe siècle et dont l'aspect simple s'intègre parfaitement à l'édifice militaire mitoyen. A l'arrière, un second Ribat, plus petit, est aussi admirablement conservé.

La Médina entourée de murailles du XIIe siècle compte plusieurs mosquées et un souk. Construite en 1963 en hommage au président, la mosquée Bourguiba se dresse devant les remparts de la médina. Reproduction fidèle de la mosquée Hammouda Pacha à Tunis et magnifiquement décorée, elle se veut un modèle de l'art traditionnel tunisien. La superbe porte principale ne s'ouvre que rarement à l'occasion d'évènements exceptionnels. Le mausolée et la crypte de la famille Bourguiba sont à l'extrémité du cimetière. Devant le port s'étendent deux petites îles inhabitées ; une troisième reliée à la rive par une digue, est devenue un petit port de plaisance. Quitter Monastir vers le sud pour rejoindre la route C 82 et Mahdia à 41 km.


Mahdia

Cimetière marin - Mahdia

Cette ville fortifiée, chef-lieu d'une délégation, s'étend sur une presqu'île rocheuse, à l'emplacement d'une colonie phénicienne puis romaine. La ville actuelle doit sa fondation et son nom au premier des Fatimides, Obeid Allah el-Mahid, qui transplanta ici sa capitale. Cette situation stratégique, à l'extrémité du Cap Afrique fit que Mahdia joua au cours des siècles suivants un rôle important.

Lorsqu'en 912, le Calife Obeïd Allah dit el Mehdi (le sauveur) planta sa bannière, celle des descendants de Ali et de Fatima, fille du Prophète, il venait de vaincre les Aghlabides. Le nouveau calife, fondateur de la famille des Fatimides, réorganisa la presqu'île pour en faire sa résidence. Il en fit également une base militaire pour étendre son hégémonie sur l'Ifriqyya. Ses successeurs établirent ultérieurement leur capitale au Caire. Mahdia souffrit aussi des invasions hilaliennes au XIIe siècle puis des conflits entre les puissances méditerranéennes. En 1550 les Espagnols détruisirent ses remparts avant de céder la place à l'Empire Ottoman.

De la puissante forteresse fatimide, protégée d'une muraille de plus de 10 m d'épaisseur et gardée par sept portes ornées de lions de bronze, il ne reste que peu de choses et Mahdia présente le visage d'un paisible petit port de pêche. Son port moderne se trouve au centre ville et s'anime du va et vient des petits chalutiers spécialisés dans la pêche à la sardine et au maquereau. Les quais sont bordés de petits cafés et restaurants. On peut entrer dans la vieille ville par la Porte Sombre, la Skiffa el Kahla, seul vestige des fortifications. Il s'agit d'un véritable fortin renforcé de deux bastions. De la porte d'origine du Xe siècle il ne reste rien, elle a été réaménagée au XVIe siècle par les Ottomans. Elle dessert la rue principale du souk de Mahdia réputé dans toute la Tunisie pour ses vêtements brodés, ses rubans et tissus de soie très prisés pour les cérémonies de mariage.

La Grande Mosquée est une construction plate et ramassée dépourvue de minaret. Elle a été considérablement restaurée dans les années 1960 sur le modèle du bâtiment fatimide.

En dehors de la ville le bordj El Kébir, citadelle turque du XVIe siècle domine le cimetière marin. A l'extrémité de la route de la falaise une arche unique se dresse face à la mer, c'est tout ce qui reste de la Porte de la mer qui s'ouvrait sur un port phénicien creusé dans la roche, pareil à celui de Carthage.

Pour rejoindre Sfax, continuer par la route côtière C 82 (140 km) ou emprunter la C 87 vers El Jem puis la P 1 (106 km). Sfax est le point de départ des liaisons avec les îles Kerkenah.

Les Iles Kerkenah

Chott el Jerid en Gafsa ' Tataouine (Accès : deux allers-retours quotidiens par bac, durée : 90 mn). Situées à 20 km au large de Sfax, l'archipel dépourvu de reliefs émerge au niveau de la mer. Les deux îles principales, l'île Chergui (à l'est) et l'île Gharbi (à l'ouest), sont reliées entre elles par une chaussée d'origine romaine.

Les habitants des îles de Kerkenah vivent essentiellement de la pêche (éponges et seiches). Plus de 500 000 palmiers-dattiers sont en outre cultivés. Difficiles à aménager pour le tourisme en raison de l'absence de plage, les îles semblent continuer à vivre selon leurs traditions, comme hors du temps. Longues dans leur ensemble d'une cinquantaine de kilomètres et larges de huit, elles se parcourent depuis le débarcadère de Sidi Youssef. Sur l'ïle Gharbi, Mellita est le village principal. Il faut franchir la chaussée qui conduit à l'île Chergui pour trouver une plage, celle de Sidi Frej où sont les seuls hôtels de l'archipel.

197 km d'une bonne route goudronnée relient Sfax à Gafsa. La route P 14 traverse d'abord de vastes plantations d'oliviers avant de parcourir un plateau quelque peu monotone et aride.


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