10 - Régions et Itinéraires
Les sites romains de la steppe

Makthar
114 km de Kairouan par la P 3 puis la P 12, ouvert de 8h30 à 18h30, entrée payante. Située sur un plateau en altitude, à l'écart des grands circuits touristiques, Makthar impressionne par un charme un peu austère. La ville moderne se juxtapose au site antique dont elle n'est séparée que par un rond point. Elle ne dispose d'aucun hébergement correct, le restaurant local est tout juste acceptable et il est vivement conseillé de réaliser cette excursion dans la journée.
A l'entrée du champ de ruines, se trouve un petit musée où sont exposées les fouilles de Mactaris. A l'instar de Thuburbo Majus la cité connut son apogée aux IIe et IIIe siècles de notre ère. Elle fut définitivement abandonnée au IXe siècle après les invasions hilaliennes. A gauche de la rue qui conduit au centre de la ville antique, se trouvent les vestiges d'un amphithéâtre. Puis on atteint (également à gauche) le Forum dont le dallage est fort bien conservé. Au sud s'élève l'arc de triomphe de Trajan (116 ap. J.-C.). Plus au sud encore, la Basilique renferme des tombes byzantines.
Le decumanus maximus dessert le temple de Bacchus avec deux cryptes superposées, puis une place, l'ancien Forum qui constituait à l'époque des Numides le centre de la ville. En remontant sur la droite les Thermes du nord puis les Thermes du nord-ouest qui furent transformés en basilique chrétienne à l'époque byzantine. L'un des vestiges les plus intéressants de Maktar reste sans doute la Schola de Juvenes. Dans cette école les jeunes gens issus de familles locales recevaient une éducation romaine. A l'extrême sud-est du champ de ruines, les Grands Thermes comptent parmi les mieux conservés de toute l'Afrique du Nord.
Dans le musée sont exposées des pierres tombales à l'effigie des défunts, et des fragments de statues de dieux et d'empereurs romains. Depuis Makthar il est possible de rejoindre Sbeïtla. L'itinéraire de 197 km traverse un agréable paysage de collines élevées où alternent pâturages et forêts de pins.
Sbeïtla
117 km de Kairouan par la P 3, ouvert tous les jours de 8h à 18h. Le site de l'antique Sufetula n'est jamais aussi beau qu'en fin d'après midi lorsque le soleil décline et éclaire la pierre blonde des ruines.
L'histoire de la ville à l'époque romaine n'est pas très bien connue et son apogée se situe sous le patriarche byzantin Grégoire qui en fit, au cours de la première moitié du VIIe siècle, la capitale d'un empire indépendant de l'exarchat de Carthage. Sa prospérité se fondait sur la culture de l'olivier et la fabrication d'huile d'olives comme le prouvent plusieurs moulins présents dans les ruines. C'est lors de la première invasion arabe que Grégoire vaincu, trouva la mort et que la ville fut détruite.
Le vaste champ de ruines s'étend entre la route de Kasserine et l'oued Sbeïtla sur une surface de 1 200 m de long et 500 m de large. A l'extrême sud se dresse l'Arc de triomphe de Diocletien, de la fin du IIIe siècle ; plus au nord, trois Fortins byzantins, une Eglise à l'est les vestiges d'un Théâtre et les Thermes d'hiver. On pénètre ensuite, à travers la merveilleuse Porte d'Antonin le Pieux, autour de 150 ap. J.-C. dans le Grand Forum de 60 sur 70 m, ceint d'un mur de 4 m de hauteur. En face se dressent trois Temples dédiés à la triade capitoline, Jupiter, Junon et Minerve. Au nord du Forum se tiennent deux grandes églises du début de l'art chrétien : l'Eglise de Bellator et l'Eglise de Vitalis, dont les fonts baptismaux, dans le baptistère, sont revêtus de mosaïques. Plus au nord, un Aqueduc à trois arches passe au-dessus du fleuve. Tout près, se trouvent aussi les restes d'un Temple, de deux Maisons et d'un Amphithéâtre.
Face au site archéologique, un petit musée présente les objets découverts au cour des fouilles, dont une intéressante collection de pièces de monnaie ainsi qu'un historique de la ville.
El Jem

Situé à 60 km de Kairouan, 63 km de Sousse et 64 km de Sfax, El Jem est un des sites incontournables de la Tunisie antique. La silhouette massive et puissante de son amphithéatre apparait de loin, dominant de ses 36 m de hauteur, la petite ville qui s'est développée alentour.
La Thysdrus des Romains fondée sous César, devint au IIIe siècle, une des villes les plus prospères d'Afrique du Nord, grâce à la culture de l'olivier. En l'an 238 ap. J.-C., le proconsul Gordien y fut proclamé Empereur des Romains. C'est lui qui fit construire le célèbre amphithéâtre, qui, par ses dimensions, se place tout de suite après le Colisée de Rome, bien qu'il n'ait probablement jamais été terminé.
L'amphithéâtre d'El Jem pouvait contenir environ 35 000 personnes (le Colisée : 50 000). Il mesure 148 m sur 122 m, (le Colisée 186 m sur 156 m), l'arène a 65 m de long sur 37 m de large (le Colisée 78 m sur 46 m). Il présentait surtout des combats de gladiateurs ou des démonstrations de chasses aux fauves. On peut encore voir les galeries souterraines, fermées de lourdes herses où les bêtes sauvages (lions, sangliers) étaient enfermées.
L'amphithéâtre demeura presque intact jusqu'à la fin du XVIIe siècle, puis il fut utilisé comme carrière pour la construction de la ville.
A l'entrée d'El Jem, un musée, situé à l'emplacement d'un groupe de villas romaines mises à jour, abrite de belles mosaïques, d'une grande finesse de réalisation, évoquant de nombreuses scènes animalières.
Dans cette région côtière, le paysage épouse l'harmonie bien ordonnée des olivaies et des vergers d'agrumes. Cette région du Sahel qui s'étend de Sousse à Sfax est une des plus riantes de la Tunisie, autrefois parsemée d'importantes propriétés coloniales françaises. Le rivage a été le lieu d'implantation de villes fortifiées, les Ribats, défendues par des moines soldats contre les convoitises étrangères.