10 - Régions et Itinéraires

Le nord de la Tunisie

Thuburbo Majus - Tunisie

Au sud de Tunis

Quelques importants vestiges romains peuvent être visités dans la journée. Quittez Tunis par Ben Arous et la P 3, à 63 km, peu avant la ville d'El Fahs se trouvent les ruines majestueuses de ThuburboMajus.

Thuburbo Majus

comptez 1h30, ouvert du lever au coucher du soleil, entrée payante, malheureusement pas de guide. Dans un lieu isolé au milieu des collines et des champs, il est difficile d'imaginer que ces ruines abritèrent jusqu'à 10 000 habitants et furent une cité romaine prospère. Sa fondation est antérieure à l'époque romaine, sans doute berbère puis punique. Durant les guerres opposant Carthage à Rome, Thuburbo resta fidèle aux carthaginois, ce que Rome, une fois victorieuse lui fit payer le prix fort. Ce n'est qu'en 127 après J.-C. que la ville, accédant au rang de municipe, pu redevenir une cité commerçante et prospère. Durant les IIe et IIIe siècles, elle se couvrit de monuments et de somptueuses villas. Détruite par les Vandales, elle se réduisit à un modeste village et ses bâtiments furent transformés en huileries. Abandonnée dès la période byzantine, elle fut redécouverte en 1857 par les archéologues et elle fait l'objet de fouilles depuis 1912. Les très beaux pavements de mosaïques découverts sur place se trouvent au Bardo.

Le Capitole est le bâtiment le plus impressionnant avec ses quatre énormes colonnes de 8,5 m de haut coiffées de chapiteaux et dressées vers le ciel. On y accède par un escalier de pierre. Il était probablement dédié à Jupiter dont une statue, exposée au Bardo, a été retrouvée dans les fondations. Le Forum qui s'étend devant ce temple est remarquable par ses proportions : long de 49 m il est dallé et était entouré sur trois côtés par un portique à colonnes faisant office de galerie marchande. Sa construction remonterait à la fin du IIe siècle. Deux temples plus modestes encadraient ce forum, le Temple de la Paix et le Temple de Mercure dans lequel subsiste un bas relief figurant Pégase, le cheval ailé.

A l'angle sud du forum se trouve le Marché qui se compose de trois cours. Derrière le marché se trouve une maison appelée Maison de l'Aurige puis les Thermes d'hiver dans lesquels une huilerie fut installée aux IVe et Ve siècles. Entre les thermes d'hiver et les thermes d'été est un autre bâtiment intéressant de Thuburbo majus, la Palestre des Petronii (225 ap. J.-C.). Offerte à la ville par cette famille de citoyens aisés, elle porte encore sa dédicace. Le portique à colonnes de marbre et chapiteaux corinthiens a été relevé. Cette salle permettait aux habitants d'aller pratiquer la lutte ou la gymnastique avant de se rendre aux thermes pour s'y délasser. Elle était ornée de mosaïques dont celle des Boxeurs Obèses transférée au Bardo. Dans les Thermes d'été (IIe-IIIe siècles) se distinguent encore les différentes salles : le frigidarium avec ses deux piscines tapissées de mosaïques blanches, le tepidarium où la chaleur se faisait déjà un peu plus élevée et le caldarium où l'on se faisait masser. La dernière salle contenait les piscines chaudes de forme semi-circulaire. Rejoindre la P 3 en direction d'El Fahs (3 km). Emprunter à gauche la C 28 en direction de Zaghouan. Traverser la ville par la rue principale qui devient une petite route, montant à travers la colline boisée, jusqu'au temple des eaux.

Le Temple des Eaux

Le Jebel Zaghouan à 1300 m d'altitude compte de nombreuses sources qui, captées depuis l'époque punique et conduites par un aqueduc, alimentaient Carthage. Le Temple des eaux, ou Nymphée, fut construit sous le règne d'Hadrien (120 ap. J.-C.). Cette charmante construction en demi cercle compte douze niches qui abritaient les statues des nymphes. Au centre un petit temple permettait d'honorer la divinité protectrice des sources. Une terrasse surplombe le bassin de décantation des eaux.

De Zaghouan prendre la C 133 puis la P 1 vers Tunis. L'aqueduc est bien visible à l'embranchement à droite en direction d'Oudna. Long de 123 km il est, lui aussi contemporain du règne d'Hadrien. Passer la gare d'Oudna pour atteindre Uthina.

Uthina

Ce lieu est connu et fouillé par les archéologues depuis longtemps. La plupart des mosaïques découvertes dans les villas romaines figurent au Bardo. Mais depuis 1993, de nouvelles campagnes de fouilles ont permis d'en dégager des monuments accessibles aux visiteurs. Cette ville fut fondée par des vétérans de l'armée romaine. Au IIe siècle aprés J.-C. elle devint très prospère mais ruinée par les invasions vandales, elle disparut peu à peu. L'imposant amphithéâtre pouvait accueillir 15 000 spectateurs. On peut voir aussi le Capitole, les Thermes et des villas dont les mosaïques n'ont pas toutes été transférées au Bardo. La Maison Tisserand à Houmt Souk sur l'île de Jerba d'Ikarios est impressionnante par ses dimensions, composée de plus de 30 pièces qui toutes étaient ornées de mosaïques (dont la mosaïque d'Ikarios, visible au Bardo). Elle est contiguë à un ensemble de thermes. La Maison d'Industrius compte encore de nombreuses mosaïques in situ. Quitter Tunis par l'Ariana (6 km) et suivre la P 8 en direction de Bizerte. La route traverse la vallée de l'Oued Medjerda, la plus fertile du pays. A 31 km de Tunis, après avoir franchi la Medjerda, une route à droite indique le site d'Utique.

Utique

Site d'Utique - Tunisie

Fondée avant Carthage elle fut à la fois vassale et rivale de la cité punique, qu'elle trahit lors de la dernière guerre punique en prenant le parti de Rome. En récompense, les Romains en firent la capitale de la Provincia Africa avant de l'abandonner au profit de Carthage au Ier siècle de notre ère. Les alluvions de la Mejerda ensablèrent progressivement son port jusqu'à faire reculer la mer à plus de 12 km, ce qui entraîna la disparition de la ville peu après les invasions arabes. (Ouvert de 8h30 à 17h30 en hiver et de 8h à 19h en été, le musée est fermé le lundi).

Les vestiges des deux villes successives, punique et romaine, se superposent. De la ville phénicienne, il reste surtout la nécropole, tandis que l'on a dégagé voies et villas romaines dont certaines ont encore leurs pavements de mosaïques. On peut aussi voir les quais de pierre du port qui donnent sur des champs. Utique n'a sans doute pas encore révélé tous ses secrets car il reste 80 ha qui n'ont pas encore fait l'objet de fouilles.

Une visite au petit musée où se trouvent les objets relevés lors des fouilles, notamment de ravissants bijoux phéniciens, complète utilement cette excursion. Rejoindre la P 8 en direction de Bizerte à 34 km.

Tabarka

L'histoire de ce très joli port de pêche à l'embouchure de l'Oued-el-Kebir remonte à l'antiquité phénicienne et romaine. Depuis son origine, il a bâti sa renommée et sa prospérité sur la pêche du corail et l'exploitation du chêne liège. Une petite île aride, portant les ruines d'un fort génois du XVIe siècle, protège la baie et en fait un havre sûr.

Pas de monument particulier à visiter à Tabarka, mais la petite ville coquette est agréablement située entre la côte rocheuse et un arrière pays de collines couvertes de pins, chênes-lièges, eucalyptus et mimosas. Il fait bon flâner dans la cité, s'installer à la terrasse d'un café ou admirer les vitrines des bijoutiers qui travaillent le corail. Tabarka et sa longue plage attirent de très nombreux estivants l'été, c'est pourquoi la station est plus agréable aux saisons intermédiaires. Son terrain de golf lui permet d'accueillir une clientèle d'amateurs de ce sport.

Sur le rond point, à l'entrée de la ville se tient chaque vendredi un marché en plein air. L'avenue Habib Bourguiba, la rue principale, est bordée de nombreuses boutiques de corail ainsi que de marchands de pipes de bruyère, autre spécialité artisanale locale. Elle est coupée à angle droit par l'avenue Hedi Chaker sur laquelle se trouve le joli Café Andalou, entièrement décoré de carreaux de céramique. A l'extrémité de cette rue, la Basilique est une ancienne citerne romaine transformée en église par les Pères Blancs. Désaffectée, elle accueille un petit musée lapidaire présentant des fragments de chapiteaux et de colonnes. Au centre d'un petit square ombragé se tient la statue de Bourguiba, qui en 1952 fut un temps exilé sur l'ilôt de la Galite (à 60 km au large).

Le port de pêche se double aujourd'hui d'un port de plaisance et une digue relie la ville à l'île surmontée du fort génois. La promenade du bord de mer conduit vers l'ouest aux Aiguilles, un groupe de rochers, haut d'une vingtaine de mètres, percé et sculpté par l'érosion de la mer et du vent. A l'est, s'étend une plage longue de plusieurs kilomètres de sable doré. Quitter Tabarka par la route P 17 en direction d'Aïn Draham

Les montagnes de Kroumirie

La route monte à travers une forêt dense de chênes-lièges, chênes-verts, châtaigniers et pins. La température y est plus fraîche et le climat a la réputation d'y être vivifiant. Aïn-Draham, à 800 m d'altitude, est une petite station de montagne créée par les colons français qui venaient y chercher la fraîcheur et organiser des parties de chasse, notamment au sanglier, dans la forêt giboyeuse. D'où l'architecture un peu surprenante des maisons avec leur toit de tuiles, leurs cheminées et leurs volets verts... Un embranchement avec la C 59 indique le site antique de Bulla Regia sur la gauche.

Bulla Regia - Ilot de la Chasse

Bulla Regia

Entouré de collines sèches le site de Bulla Regia peut décevoir, seuls les thermes monumentaux semblent avoir résisté au temps. Pourtant ces lieux sont uniques au monde parce qu'ils recèlent leurs vestiges en sous-sol. Sur ce plateau de la haute Mejerda, aux étés étouffants, les Romains, avaient fait construire des villas à double niveau ; ils vivaient au rez-de-chaussée à la saison fraîche et en sous sol le reste de l'année. Les fouilles archéologiques ont ainsi révélé de très belles villas souterraines, ornées de magnifiques mosaïques. Elles s'organisent autour d'un patio central qui distribue la lumière du jour. Elles démontrent aussi la prospérité de cette capitale d'un petit royaume numide, annexé par l'Empire romain, et qui se trouvait sur la voie reliant les cités de la Provincia Africa. Pour visiter l'ensemble mieux vaut demander un guide à l'entrée et fixer par avance avec lui le prix de la visite.

Revenir sur la P 17 et continuer en direction de Jendouba. Aprés 40 km tourner à droite sur la P 5 en direction du Kef.


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