6 - Religions
L' Islam, religion de la Tunisie

L'Islam en Tunisie
La Tunisie est un pays de confluence des civilisations, un carrefour où tout se croise, un pays de conciliation. Le Malékisme et le Hanéfisme écoles d'interprétation de l'Islam sunnite coexistent avec le Kharéjisme, branche schismatique musulmane.
Ces trois branches correspondent à trois rites qui s'opposent et se complètent. Le Malékisme, école juridique fondée au VIIIe siècle par Ibn Malik, se distingue par son rigorisme lié à des positions traditionalistes, rejetant toute réflexion et tout amendement qu'aurait nécessité le cadre social, Mahomet étant l'incarnation de la perfection et de l'excellence. Cette école joua un rôle important pour contrer l'implantation chiite des Fatimides et des Zirides. Le Malékisme demeure prédominant au Maghreb. Les Tunisiens d'origine arabe de Kairouan et de Tunis sont malékites.
Le Hanéfisme fut créé également au VIIIe siècle par Abu Hanifa. Cette école est moins rigoriste que les autres. Ses docteurs accordent une place prépondérante au jugement personnel et à l'examen des faits sociaux non présents dans le Coran. Aussi favorisent-ils l'utilisation et le recours au « subterfuge » permettant en certains cas d'interpréter et de modifier les prescriptions coraniques primitives. Enfin, ils introduisirent l'innovation en matière de théologie, ce qui les met aux antipodes des thèses traditionalistes. Les Tunisiens d'origine turque sont hanéfites
Les kharédjites, très minoritaires au sein de l'Islam sont issu d'un schisme. Ils ont adopté une doctrine rigoriste (austérité) et égalitariste (solidarité), insistant sur la possibilité de choisir tout musulman pour devenir Calife dès lors qu'il réunit les qualités requises. De même un Calife serait destitué s'il ne remplissait pleinement, en toute impartialité sa tâche. Les kharidjites se déclaraient opposés aux ambitions politiques de la famille du Prophète et de l'aristocratie arabe, ralliée à l'Islam tardivement. Cette attitude fut suivie par nombre de Berbères d'Afrique du Nord, qui résistaient, tout en s'affirmant musulmans, à la domination arabe. Les kharédjites sont connus pour leur puritanisme intransigeant ; le luxe et ses fantaisies, la musique, le tabac et le jeu sont prohibés. On les rencontre surtout à Jerba. Ils sont également connus, aujourd'hui, sous le nom d'Ibadites. On les retrouve aussi dans le Mzab algérien et au Sultanat d'Oman.
Les schismes dans l'Islam
C'est le problème politique autant que religieux de la succession du Prophète à la tête des croyants qui est à la base des schismes de l'Islam. Les trois premiers califes (littéralement, successeurs) sont des compagnons de Mahomet. A la mort d'Othman dernier des trois, seul Ali cousin et gendre du Prophète, dispose de suffisamment de légitimité pour lui succéder. Devenu calife, il s'oppose à Moawiyyah, gouverneur de Damas qui refuse de reconnaître son autorité. La confrontation a lieu à Siffin au sud de la Syrie. Alors qu'il est sur le point d'être battu militairement, Moawiyyah demande une médiation, acceptée par Ali qui en sort vaincu. Une partie de ses alliés ayant refusé le principe même d'une négociation s'est retirée du conflit et a pris le nom de Kharédjites, « ceux qui sortent ».
Moawiyyah devenu calife installe son gouvernement à Damas et fonde la dynastie des Ommeyades. L'orthodoxie musulmane appelée sunnisme, (du mot arabe sunna, « la tradition ») reconnaît la transmission héréditaire du pouvoir spirituel et temporaire. Quatre écoles juridiques coexistent pour l'application du dogme. Ali, avec ce qui lui reste de partisans, les Chiites, (de l'arabe chi'a, « parti ») se retire en Iraq. Pour les Chiites, seuls les descendants d'Ali peuvent prétendre à la direction de la Communauté musulmane. Les Kharédjites, traqués tant par les Chiites que par les Sunnites, se réfugient dans les régions les plus inaccessibles du monde musulman. C'est ainsi qu'on les retrouve aujourd'hui à Oman, à l'extrémité de la Péninsule arabique, dans le Mzab algérien et dans l'île de Jerba. A leurs yeux, seul le mérite et la piété justifient l'accession au pouvoir. Leur tradition respecte un islam strict, avec des tendances ésotériques, mais tolérant vis à vis des autres religions du Livre comme les Juifs, toujours présents dans l'île. Leur isolement les a entraînés dans l'échange commercial qu'ils pratiquent avec art.

Mahomet, Prophète de l'Islam
Si l'Islam signifie stricto sensu « la résignation à Dieu », il ne se déploie en code que grâce au Coran. Ce message divin fut révélé à Mahomet vers 610 dans un moment de retraite érémitique, la khalwa. C'est là que les paroles de Dieu lui ont été transmises par l'archange Gabriel. Troublé par de telles visions, il en fit part à ses proches qui d'emblée accréditèrent ses dires. Ils devinrent ainsi les premiers muslim, « celui qui remet son âme à Dieu ».
Cette nouvelle religion rapidement propagée, trouva un écho favorable auprès du peuple. Mais ce succès fulgurant ne manqua pas d'inquiéter l'oligarchie mercantile de la Mecque, alors centre économique et de pèlerinage de toute la Péninsule arabique. Cependant le nombre de croyants ne cessait d'augmenter, principalement dans les classes défavorisées. Les intérêts de l'oligarchie mecquoise s'en trouvaient menacés et la persécution obligea le Prophète à se réfugier à Yathrib, oasis située à 350 km au nord-ouest de la Mecque, le 16 juillet 622 ; l'an I de l'Hégire (fuite, émigration). Aussi cette oasis fut-elle appelée Madinat el Nabi (Médine, ville du Prophète). L'Hégire marqua le commencement du calendrier musulman.
Mahomet accorda aux Juifs, la liberté de culte et s'inspira de certains de leurs rites. Les Juifs se tournaient vers Jérusalem pour prier et jeûnaient le jour de l'expiation, de même agirent les Musulmans. La Qibla, ou direction, ne prit le cap de la Mecque ou plus exactement de la Kaaba, temple cubique attribué à Abraham, qu'en réaction au refus des Juifs de reconnaître le Coran comme livre révélé. Mahomet saisit l'opportunité pour rattacher l'Islam à des origines plus spécifiques à l'Arabie. Après plusieurs expéditions militaires, Mahomet domina toute la péninsule arabique ; la nouvelle législation éthico-religieuse se substitua à l'ordre tribal et les anciennes religions polythéistes furent abolies. Le Prophète mourut en 632.
Le Coran
C'est le livre par excellence, El Kitâb et les versets qui le composent sont paroles de Dieu, transmises par Jibrail (l'archange Gabriel) à Mahomet.
La tradition orale, dont la mémoire est le nerf principal, était la voie royale du savoir. La récitation par coeur étant la règle du temps du Prophète ; le Coran ne fut écrit que plus tard. Les omoplates et la peau des chameaux constituèrent les premiers supports. Curieusement il ne fut que très rarement transcrit sur papyrus.
C'est sous Othmân, le troisième Calife (troisième successeur de Mahomet à la tête de l'Islam), qu'une recension systématique fut réalisée mais le problème de l'unité textuelle persista. Il faudra attendre le Xe siècle pour que tous les docteurs de la foi se mettent d'accord sur le texte définitif. Le Coran se compose de 114 sourates, classées par ordre de longueur décroissante, forme de classement utilisée en Orient, en dépit de toute chronologie. Le Coran traite des thèmes suivants : les noms et les attributs de Dieu, la création ou la genèse, la révélation (les prophètes, les lois essentiellement axées sur la vie quotidienne et l'organisation sociale), le jugement dernier et la vie future.
Les cinq piliers de l'Islam
Les musulmans sont tenus à observer cinq obligations connues sous le nom de Arkân, (piliers) :
La Shahada ou profession de foi. Le musulman doit proclamer qu' « il n'y a de Dieu qu'en Allah et Mohamed est son prophète ». '
La Salât, la prière cinq fois par jour, ordonnée par le cycle de la terre autour du soleil, u lever au coucher. Le croyant doit, après s'être purifié, la réciter individuellement et n'importe où, 5 fois par jour en se tournant vers la Mecque. L'heure de la prière est annoncée par les muezzins du haut des minarets. Le vendredi est le jour de la prière collective à l'intérieur des mosquées.
Le Sawm, le jeune durant le mois de Ramadan (9e mois du calendrier musulman où eut lieu la descente des versets du Coran). Pendant ce mois, les musulmans doivent s'abstenir de manger, de boire, de fumer... et ce, du lever au coucher du soleil.
La Zakât, l'aumône et la charité, au profit des pauvres.
Le Hajj, le pèlerinage à la Mecque.