10 - Régions et Itinéraires

De Hammamet à Korbous : le Cap Bon

Hammamet - Medina

Hammamet

Ce qui est sans doute la station balnéaire la plus réputée de Tunisie n'a, malgré son succès, rien perdu de son charme. Cependant en raison de l'affluence des touristes en juillet et en août, mieux vaut éviter ces deux mois de l'année et préférer juin ou septembre. Lovée à l'abri d'un golfe, protégée par le Cap Bon, sa longue plage de sable s'étire baignée par une mer paisible. A l'arrière plan, les collines se coiffent d'orangeraies et d'olivaies tandis que l'ancienne forteresse de pierre blonde continue de s'illuminer des rayons du soleil déclinant à l'heure où chaque soir les pêcheurs remontent leurs barques multicolores sur le sable.

Dès les années 1920-1930 des intellectuels et des artistes comme l'écrivain André Gide et le peintre Paul Klee firent la renommée d'Hammamet. Ils étaient les hôtes d'un milliardaire roumain, Georges Sebastian, dont la magnifique villa allie architecture moderne et islamique. Cette maison, propriété de l'Etat tunisien depuis 1959 est devenue un Centre culturel international et le cadre du Festival annuel d'Hammamet.

La plupart des hôtels se trouvent dans la zone touristique en bordure de mer. Environnés de jardins ils se fondent bien dans le paysage et offrent un accès direct à la plage. En fin de journée il faut prendre le temps d'aller flâner dans la vieille ville. La voie principale de la médina est bordée de boutiques pour touristes : cuivres, vanneries, poteries de Nabeul...

La Kasba (ouverte tous les jours de 9h à 18h) remonte au XVe siècle. Dans la cour intérieure ombragée de tamaris se trouve le mausolée d'un pieux musulman, Sidi Bou Ali. Depuis le sommet des remparts, sur lesquels se trouve un agréable café, la vue porte sur les toits de la médina, la mer et le port de pêche. Entre la mer et la forteresse s'étend le cimetière marin avec son champ de pierres levées. En face de l'entrée de la médina, un porche s'ouvre sur le marché aux fruits, légumes et poissons tous frais pêchés. L'avenue Bourguiba qui monte vers la gare, de style colonial, est l'artère moderne de la ville. Les marchands de nougat, spécialité locale, se succèdent le long des trottoirs. Les amateurs y trouveront des nougats de toutes sortes : aux amandes, noisettes, pistaches, pois chiches etc.

Le tour du Cap Bon

Cet itinéraire de 230 km peut s'effectuer dans la journée indifféremment au départ de Tunis ou d'Hammamet. Il offre une agréable diversion au cours d'un séjour exclusivement balnéaire à Hammamet ou Nabeul. La douceur du climat a voué le Cap Bon à la culture de fruits et de vignobles créant des paysages harmonieux.

Nabeul

Elle apparaît un peu comme l'extension touristique, en moins élégante, d'Hammamet. Il s'agit en réalité d'une petite ville artisanale et industrielle dynamique. Chef lieu d'un gouvernorat, elle se trouve en retrait de la mer et doit sa réputation à la production de céramiques qui sont un des fleurons de l'artisanat tunisien, à la distillation de plantes odorantes comme le jasmin, le géranium ou l'oranger et à la fabrication de nattes en jonc tressé.

La ville est ancienne puisque les Romains fondèrent Neapolis sur l'emplacement d'une cité phénicienne. On peut voir les vestiges d'une villa romaine mais l'essentiel des objets découverts lors des fouilles est exposé au Musée Archéologique, avenue Habib Bourguiba. Le marché du vendredi matin est le plus important de la semaine. Le lieu bétonné dans lequel il se tient n'est guère accueillant mais c'est le meilleur endroit où se procurer des poteries tunisiennes.

A la sortie de Nabeul, on peut aussi s'arrêter à Dar Chaâbane, lieu d'extraction et de sculpture des pierres de linteaux qui surmontent la plupart des portes des maisons des médinas. A 20 km de Nabeul, Korba est une petite ville aux maisons blanches. Continuer vers Menzel Temime, bourg agricole pour arriver par une route environnée de cultures à Kelibia qui mérite une halte.

Kelibia

Fort de Kelibia - Tunisie

Dominé par une impressionnante forteresse, Kelibia est un port de pêche actif. Ses chalutiers sont spécialisés dans la prise de sardines, maquereaux et anchois.

Au dessus de la ville, s'élève une citadelle byzantine, (ouverte tous les jours de 8h à 18h). Bâtie au sommet d'une colline haute de 150m, elle domine le paysage environnant. On y accède par une route ombragée de pins d'Alep. Cette construction massive fut édifiée au VIe siècle par les Byzantins puis remaniée successivement par les Espagnols et les Ottomans. Sa position commandait un site stratégique sur le détroit de Sicile. Depuis ses remparts la vue est superbe sur les plages et le port. A 15 km de Kelibia, suivre un chemin à droite indiquant les ruines de Kerkouane.

Kerkouane

Ouvert tous les jours du lever au coucher du soleil. Ce sont les plus belles et les plus complètes ruines puniques de Tunisie. Une ville entière abandonnée et jamais réoccupée par une autre civilisation. Fondée au VIe siècle avant J.-C., elle était spécialisée dans la fabrication de la pourpre extraite d'un coquillage, le murex. Elle fut abandonnée en 146 av. J.-C., à l'issue de la troisième guerre punique. Le site lui même est resté sauvage et beau, entre forêt et mer, en bordure d'une côte rocheuse peu élevée, battue par les flots.

Seule la topographie générale a subsisté et en parcourant les ruines de la ville qui devait abriter 2 000 habitants, on découvre une cité fortifiée, aux rues pavées, avec des places et des boutiques. Les maisons étaient, presque toutes bâties sur le même plan autour d'une cour intérieure. Les chambres devaient se situer à l'étage et, au rez-de-chaussée, se trouvaient la cuisine, le four et la salle de bain avec d'étonnantes baignoires sabots taillées dans la pierre. Certains pavements de mosaïque sont encore visibles et portent le symbole de Tanit. A la périphérie de la ville, une nécropole a été découverte qui ne se visite pas. Tous les objets exhumés sont exposés au musée construit à l'entrée du site : amulettes, masques grimaçants, bijoux, objets de la vie quotidienne.

El Haouaria

Au pied du Cap Bon une agréable plage de sable fin, bien abritée s'étend à Rass Ed Drek. L'accès au sommet du Cap Bon (393 m) ne peut se faire qu'à pied par un chemin caillouteux. Mais la vue sur la mer et les îlots de Zembra et Zembretta vaut l'effort de l'ascension.

En bordure de mer, à 3 km d'El Haouaria, les carrières de pierre de Ghar el Kébir servirent à la construction de la Carthage punique puis romaine. Les blocs taillés étaient transportés par bateau jusque sur l'autre rive du golfe de Tunis.

El Haouaria est une petite ville paisible qui s'anime chaque année au mois de mai lors du Festival de l'Epervier. Cet oiseau niche dans les falaises du cap, au mois de mars les petits sont attrapés à l'aide de filets pour être dressés à la chasse aux cailles et aux perdrix.

Sidi Daoud

En dehors de la saison de la Matanza, ce petit village de pêche reste assoupi à l'ombre de ses conserveries de thon et ne mérite pas le détour. La Matanza est une forme de pêche au thon assez particulière : au mois de juin lorsque les bancs de poissons viennent frayer en Méditerranée, ils sont dirigés par des filets, adroitement disposés vers des casiers où ils sont mis à mort à coup de bâtons et de harpons ; la mer en devient rouge de sang.

Korbous

Korbous - Coupole

Après avoir traversé une région agricole riante, la route pour Korbous devient vertigineuse, comme suspendue entre le ciel et la mer. Ses détours à flanc de falaise révèlent des points de vue éblouissants sur la baie de Tunis qu'elle embrasse tout entière. Les eaux thermales de Korbous étaient déjà connues et appréciées des Romains ; les Beys leur redonnèrent de l'éclat et quelques hôtels pour curistes s'alignent le long de la rue principale. La route continue de descendre jusqu'à la mer et l'on peut faire halte à Sidi Raïs, un village de pêcheurs aux maisons de bois sur pilotis.


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