10 - Régions et Itinéraires

Le Golfe de Gabès

Port de pêche de Gabès

Gabès

A 138 km de Sfax, cette belle oasis maritime, port de commerce, fut longtemps le point d'aboutissement des caravanes transsahariennes à partir de laquelle les marchandises venues d'Afrique étaient transportées à travers la Méditerranée. La ville moderne ne présente guère d'intérêt. Chef-lieu d'un gouvernorat, elle a développé un port industriel négligeant totalement le tourisme. Sa plage, pas entretenue, est peu accueillante. En revanche, son oasis, qui s'étend jusqu'à la mer, mérite qu'on y fasse étape. Elle regroupe quatre villages Petite Jara, Jara, Menzel et Chenini.

A l'ombre des 300 000 palmiers mûrissent des olives, bananes, grenades, citrons, pêches, henné, tabac et légumes. Pour celui qui aime la promenade, la palmeraie peut être parcourue en quelques heures, au rythme doux et balancé d'une calèche. C'est le meilleur moyen de découvrir la beauté de cette oasis. Un Barrage romain, (il n'est pas sûr qu'il soit vraiment de cette époque) recueille les eaux de l'oued Gabès avant qu'elles ne soient redistribuées par un système de canaux à tous les jardins. Lui faisant face, un petit zoo présente quelques spécimens de crocodiles du Nil et des animaux des régions sahéliennes : autruches, fennecs, gazelles, etc...

Au Souk de Jara (tous les jours sauf le lundi) on trouve un bel artisanat de paniers, bijoux, cuivres, épices... La place, cernée d'arcades est un ancien marché aux esclaves. Dans la Petite Jara la Mosquée de Sidi Driss, remonte au XIe siècle. Les piliers de la salle de prière portent tous des chapiteaux antiques. Le Musée des arts et traditions populaires (ouvert tous les jours sauf le lundi, de 9h à 12h et de 14h à 17h, entrée payante) se trouve à 2,5 km du centre ville (prendre un taxi). Il a été aménagé dans une ancienne médersa du XVIIe siècle. La salle de prière présente un mariage traditionnel tandis que dans les différentes cellules des étudiants sont exposés des tissages, des tissus, des bijoux et des objets usuels du sud tunisien.

Jerba

L'agglomération principale de Jerba, Houmt Souk se trouve à 110 km de Gabès et à 90 km de Médenine. Un bac assure la liaison entre Jorf, sur le continent et Ajim sur l'île, toutes les 30 mn de 4 h du matin à minuit. Comptez 15 mn de traversée. Jerba dispose aussi de l'aéroport international de Jerba-Mellita à 9 km d'Houmt Souk.

Jerba ne se résume pas seulement à ses longues plages blanches bordées de palmiers et ponctuées d'hôtels clubs pour séjour balnéaires. Cette île connue dès l'Antiquité, identifiée comme l'île des Lotophages dans l'Odyssée d'Homère, a vécu une histoire tumultueuse, au cours de laquelle elle s'est forgée une personnalité propre.

En raison de la présence de murex, ce coquillage utilisé pour la fabrication de la pourpre, colorant très prisé dans l'Antiquité, les Carthaginois s'établirent à Jerba. Les Romains leur succédèrent, puis à la suite des invasions vandales, les Byzantins. Le Christianisme s'y épanouit, mais l'île est une des premières conquêtes musulmane puisqu'elle est prise en 667. En raison de son isolement elle accueille les partisans de la branche kharédjite de l'Islam, subit les invasions hilaliennes au IXe siècle puis devient l'objet de convoitise de toutes les puissances maritimes en Méditerranée. Au XVIe siècle, c'est un repaire de corsaires dont le célèbre Dragut, au service du sultan de Constantinople, contre lequel s'allient Français, Espagnols et Chevaliers de Malte en 1560. Les Européens essuient une cuisante défaite et l'île reste vouée aux écumeurs des mers jusqu'au XVIIIe siècle. Durant ces siècles de troubles, les habitants privilégient le centre de l'île où ils développent villages et cultures tandis que sur les rives s'élèvent tours de guets et fortins.

Houmt Souk

Souk de Houmt Souk - Djerba

On ne peut que céder au charme de la capitale de l'île avec son centre ville piétonnier, ses placettes reliées entre elles par des passages voûtés, son souk très coloré, ses maisons anciennes éclatantes de blancheur et ses cafés en terrasse où l'on peut se détendre en fumant une chicha (ou narguilé) et en sirotant un thé ou un café. Plusieurs foundouks (caravansérails) ont été aménagés en hôtels et ont ainsi conservé leur fonction de halte pour voyageurs. Les Souks couverts proposent des bijoux, des couvertures tissées et des vanneries tandis que l'avenue Bourguiba offre un grand choix de décors de céramique, qui exposés à même le sol, semblent émailler la rue elle même. Chaque matin sur le Marché central se tient la criée au poisson au milieu des guirlandes de piments rouges. Le Musée des arts et traditions populaires a été aménagé dans une ancienne zaouïa du XVIIIe siècle (ouvert de 9h à 12h et de 15h à 19h en hiver, de 9h30 à 16h30 en été, entrée payante). Bijoux anciens, poteries, et costumes traditionnels sont présentés dans une construction élégante qui abritait à l'origine les tombeaux de deux marabouts.

Le Bordj el Kébir un peu à l'extérieur de la ville appelé aussi fort Ghazi Mustapha, remonte au XVe siècle. Les Espagnols qui s'y étaient réfugiés en furent chassés par Dragut en 1560 après des combats d'une grande cruauté où 6 000 hommes périrent. Récemment restauré, il dresse ses murailles altières face à la mer, offrant une belle vue sur le port.

Jerba la Douce

160 km de petites routes et de pistes sablonneuses mais faciles ; compter une journée. Loin des fastes balnéaires, l'île de Jerba continue de vivre au rythme des travaux des champs. Les villages n'ont que peu d'importance, ils regroupent la mosquée et un ou deux cafés car l'habitat est dispersé sous forme de grosses fermes appelées menzels, aux toits voûtés en berceau et aux murs peints à la chaux. Quittez Houmt Souk en direction de l'aéroport. La route traverse de belles oliveraies avant d'atteindre Mellita dont la mosquée, située en dehors du bourg date du Xe siècle. Après l'aéroport, la piste en direction d'Ajim (sur la droite) mène au bordj Jillij, transformé en phare.

Ajim est le port principal de l'île, celui qui la relie au continent grâce au bac assurant la liaison. Sa principale spécialité est la pêche d'éponges ; la plupart des boutiques en proposent à la vente. Prenez la direction de Guellala en suivant la piste qui longe le golfe de Bou Grara. Ce village est réputé pour ses ateliers de poteries, aménagés dans des sous-sols qui gardent la fraîcheur. Dans une demi pénombre, l'artisan continue de façonner gargoulettes et jarres non vernissées. Cette poterie brute et un peu austère est la spécialité de l'île. Les touristes lui préfèrent souvent les poteries colorées et vernissées de Nabeul.

A El Kantara aboutit l'ancienne chaussée romaine qui relie Jerba à Zarzis. Longue de 7 km, elle a été élargie et renforcée dans les années 1970 pour permettre le passage de véhicules. Elle est longée par une importante conduite, provenant de Medenine qui approvisionne l'île en eau courante.

Il ne reste quasiment plus rien des ruines du comptoir phénicien de Meninx et le site ne mérite pas le détour. A l'extrémité d'une presqu'île s'élève le bordj Castille édifié au XIIIe siècle par les Espagnols. Son accès par une piste sablonneuse reste difficile.

A partir d'Aghir, en passant par le Cap Taguermess et jusqu'à Houmt Souk s'étend la zone touristique de Jerba. Un ruban continu d'hôtels borde les plages pour un tourisme exclusivement balnéaire. A la hauteur du phare de Taguermess, prenez à gauche en direction de Midoun. C'est la deuxième agglomération de l'île après Houmt Souk. Sa place centrale encadrée de boutiques, de cafés et de petits restaurants est généralement très animée, particulièrement le vendredi jour de marché.

Mahboubine, cerné par ses plantations d'oliviers, d'arbres fruitiers et de vignes, semble au coeur d'un luxuriant jardin. La mosquée El Kateb est coiffée de coupoles blanches. Pour apprécier le charme bucolique de Jerba, il faut continuer vers Cedouikech avec ses belles maisons blanches aux toits en berceaux, éparpillées au milieu de jardins. La mosquée d'El May dont évoque une petite forteresse.

Continuez vers Houmt Souk avant de tournez à gauche vers Er Riadh (anciennement Hara Srira) et encore à gauche vers la Synagogue de La Ghriba. Comme Hara Kebira, ce village était entièrement peuplé de juifs dont la tradition veut qu'ils se soient réfugiés à Jerba après la destruction du premier Temple de Jérusalem par Nabuchodonosor en 587 av. J.-C. Depuis la création de l'Etat d'Israël, la communauté va s'amenuisant mais la synagogue reste un lieu de pèlerinage qui a lieu 33 jours après la Pâque juive. Son sanctuaire abrite une des plus anciennes Thora du monde que la tradition fait remonter au premier Temple. Le bâtiment actuel date de 1920. Son décor à dominante bleue avec ses carreaux de faïences et ses vitraux exerce un charme véritable.

Le Jebel Dahar

Ksar de Médenine

Ce plateau rocheux, raboté par l'érosion s'élève à 600 m d'altitude et sépare en deux le sud tunisien, isolant les dunes du Grand Erg Oriental de la Méditerranée. Cette forteresse naturelle servit de refuge aux populations berbères confrontées aux invasions arabes. Pour protéger leurs récoltes des pillages, les Berbères s'abritèrent dans des villages fortifiés, ksour, ou se dissimulèrent dans d'ingénieuses habitations troglodytiques, réussissant ainsi à préserver leurs coutumes et leur langue. Aujourd'hui la plupart de ces villages sont abandonnés pour des agglomérations modernes où l'eau et l'électricité ont pu être amenées et les deux populations qui partagent la même religion se sont peu à peu confondues.

Medenine

Cette ville au pied du Jebel Dahar est accessible depuis Gabès par la P1 (76 km) ou Jerba (69 km de Jorf). En venant de Jerba, il est possible de faire une halte au site archéologique de Gighti qui fut un comptoir punique puis un port romain sur le golfe de Bou Grara. Les Byzantins le fortifièrent mais à la suite des invasions vandales le site fut oublié.

Les ghorfas de Medenine, du moins celles qui ont survécu aux destructions, entourent une place carrée au milieu de laquelle se trouve un puits. Ces greniers disposés sur deux niveaux ont été transformés en jolies boutiques d'artisanat. A 6 km de Medenine, le ksar de Métameur présente aussi des ghorfas disposées sur trois niveaux.

Zarzis

A 60 km de Medenine en allant vers la mer, on atteint la station balnéaire de Zarzis et sa palmeraie. Elle peut offrir un agréable lieu de détente après un circuit dans le Jebel Dahar. Zarzis est l'extension touristique de Jerba sur le continent et il est possible de rejoindre l'île par la chaussée romaine d'El Kantara.

Tataouine

En longeant le Jebel Dahar vers le sud on arrive à Tataouine (50 km) au charme tranquille. Son hôtellerie offre la meilleure étape pour la visite des ksours environnants. Fondée par les Français pendant le Protectorat pour assurer le contrôle du sud tunisien, elle recevait les bataillons disciplinaires. Le journaliste Albert Londres dénonça son bagne. Le fort qui la domine est toujours une caserne, occupée par l'armée tunisienne, et ne se visite pas. La place du marché bordée d'arcades blanches s'anime d'un marché très vivant chaque jeudi et lundi. Une des spécialités locales est la corne de gazelle, une délicieuse pâtisserie à base de pâte d'amandes.


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