7 - Vie sociale
Coutumes et traditions de la Tunisie





La vie quotidienne
En Tunisie, tout est éclat et effervescence : les voix et les rires, le chant des grillons et des cigales, l'aboiement des chiens et le braiment des ânes, les klaxons et les youyous des femmes (à l'occasion des fêtes, mariage, naissance, circoncision); le chant des muezzins et des marchands ambulants, animent le quotidien d'un quartier, d'un village, de l'aurore jusqu'à une heure très avancée de la nuit. Le débordement de la fête emporte tout le monde, des voisins aux visiteurs égarés. L'éclat et la brillance des parures d'or pur et de vêtements pailletés s'étalent d'une façon si ostentatoire que le retentissement touche la saturation.
Quant au répit et au sommeil réparateur, la sieste en est l'élément clé. Seule la chaleur de l'après midi décourage ces forcenés de la fête lorsque le soleil transperce et annihile tout ce qui se dresse ; les plantes se ramollissent, les hommes s'abritent à la fraîcheur de l'ombre dans des chambres fraîches.
Ce répit de 14 à 17 h est nécessaire au Tunisien qui est par ailleurs très matinal. Si vous logez chez l'habitant, dès le point du jour, la maisonnée se livre à un remue ménage fantastique. Maîtresses comme gens de maison, tous sont à pied d'oeuvre car les intérieurs tunisiens sont lavés et lessivés chaque matin. S'ajoutent le babillement des enfants, les allées et venues des voisines, des marchands ambulants, des roba vecchia (littéralement vêtements usés c'est-à-dire camelots et fripiers) accompagnées d'une cacophonie de bruits et de musiques de transistors.
La Chéchia
La chéchia est une coiffe de laine cardée, couleur de garance. Le cheminement de sa confection se déploie exclusivement dans les villages andalous du nord de Tunis. A l'Ariana, on file la laine, on la carde et on la marine dans l'huile. A Tebourba, on la tasse dans un foulon, actuellement le seul en activité. On la renvoie enfin au souk pour la carder de nouveau et on la met dans un moule pressoir pour l'ultime mise en forme.
Le port de la chéchia a nettement décru. La modernité l'a balayée principalement chez les jeunes citadins dont l'élégance se passe de tout accessoire traditionnel ; il arrive tout de même que quelques personnes âgées, fidèles ou nostalgiques des valeurs du passée s'en coiffent, ainsi que certains officiants religieux. Là, il s'agit d'un signe de distinction sociale et de noble charge lors de la célébration des fêtes canoniques, celle de la fin du mois de Ramadan et celle du Pèlerinage et du Sacrifice .
Les gens de l'intérieur, habitants des steppes et des ergs, maintiennent le port de la chéchia sans se soucier des souffles modernistes ou intégristes. Mais restent surtout les Libyens et les musulmans d'Afrique Noire occidentale (Mali, Sénégal principalement). Pour eux, la chéchia perd sa couleur pourpre ou amarante ; elle devient bleue-noire pour les premiers et blanche pour les autres.
Hammam
Ces bains publics, ouverts tour à tour aux hommes ou aux femmes, fournissent l'occasion de se détendre, de se laver en profondeur et aussi de rencontrer ses amis. Ils se composent toujours de trois salles de plus en plus chaudes dans lesquelles on se laisse transpirer avant de se frictionner et de se rincer. Les femmes y enduisent leurs cheveux de henné ou de ghassoul (une argile tonifiante) et s'y font épiler. On peut aussi demander les services d'un masseur. On en sort avec le sentiment d'avoir fait peau neuve et d'être parfaitement détendu.
Médias
Trois quotidiens en langue française sont disponibles dans les kiosques : La Presse, Le Renouveau et Le Temps. Ils donnent les principales nouvelles nationales et internationales sans grande indépendance de ton. Les principaux quotidiens étrangers sont disponibles à Tunis le lendemain de leur parution en Europe. Il existe aussi cinq hebdomadaires francophones et un spécialisé : Le Sport.
La Télévision nationale diffuse quatre chaînes : Canal 7 et Canal 21 avec des programmes en arabe, France 2 et Rai Uno. Les abonnés peuvent recevoir Canal Horizon diffusé par Canal +. Les antennes paraboliques permettent de recevoir TF1, Arte et M6.
Café, jasmin et narguilé

Ce mode de vie prend une autre allure une fois les corvées quotidiennes et la sieste accomplies. D'autres plaisirs apparaissent comme celui très masculin et vécu religieusement de fumer le narguilé, chicha ou de boire du café avec un brin de jasmin piqué à l'oreille en causant avec les copains à la fraîcheur du crépuscule.
La durée du jour et de la nuit étant presque égaux en été, et jusqu'aux alentours de minuit, la vie se met à flamber crescendo, la fête se met en route avec l'éclosion et l'éruption de ses signes ; une fausse et brève accalmie apparaît entre 21 et 22 h, le temps de se restaurer et de se préparer à la veillée, la sahria. Tout le monde sort, si ce n'est dans la rue et dans les terrasses des cafés et des hôtels, c'est devant chez soi, à la véranda sinon au seuil de la porte d'entrée où chacun se met en patience de humer désespérément une bouffée du zéphyr, nisma, qui tarde à venir et n'apparaît qu'au versant de la nuit, après minuit, dans une ambiance animée.
Entre temps tous les plaisirs de la vie commune se déploient, éclat des voix, retentissement des rires ; toute la gamme y passe, les criailleries, les fanfares et le doum tak des darboukas (tambourin) envahissent l'atmosphère.
De même, c'est le moment idéal des exhalaisons de jasmin. La cueillette des boutons de ces plantes odoriférantes se fait au petit matin, à l'aurore. Radès, au sud de Tunis et Hammamet en possèdent les meilleurs plants. De jeunes garçons munis de couffins, s'agrippent, la saison durant aux barrières des villas et c'est le tribut des riches aux plus démunis. Tout un monde de petits marchands sillonne la côte. Brins et menus bouquets de jasmin, piqués autour d'une courge ou disposés en rond sur une couronne d'alfa, couverts de feuilles de figuier humectées jaillissent subitement de toute part. Ces petits vendeurs, proposent, aux badauds des colliers ou des brins que les fumeurs de narguilé « piquent à la corne » (machmoum fi garnou), entendez à l'oreille, pour se livrer au plaisir d'exister.
Autres marchands, autres plaisirs : les marchands de glibett (pépins de tournesol ou de potiron secs ou salés, amandes salées, cacahuètes) courent les plages et les terrasses. Pour les vieux, ce sera un étalage de fortune qu'accompagnent des cigarettes nationales ou américaines vendues au détail. Les marchands de beignets, de bambaloni, originaires de Ghomrassen, au sud de la Tunisie, jettent avec dextérité une pâte molle en forme de cercle dans un chaudron plein d'huile bouillante, la piquent de temps en temps à l'aide d'un masfoud (une longue et fine broche) pour rendre le beignet croquant, puis le roulent dans du sucre en poudre et le servent aux clients tout chaud.