9 - Villes
Tunis, capitale de la Tunisie







Tounes, terre de sérénité
Tunis dispose d'un site éblouissant, dominant une magnifique rade. A partir du noyau ancien de la Médina différents quartiers se sont juxtaposés et le tissu urbain ne cesse de s'étendre, absorbant les faubourgs. L'agglomération compte actuellement un million et demi d'habitants. De Bab Alioua jusqu'aux confins de l'Ariana, tout l'espace est occupé, bâti. Peu d'espaces verts ont été préservés et la contiguïté des lieux industriels et d'habitation est fréquente. Le cas de la banlieue de Ben Arous en est l'exemple. Radès, banlieue de la côte nord, suit la même évolution en raison de l'aménagement d'un port pour soulager le trafic du grand port de Tunis-Goulette.
Même la B'hira ou la petite mer, cette lagune que les chaleurs de l'été rendaient fétide, est devenu l'artère principale, un lieu d'excellence dont les berges actuellement reçoivent une mise en valeur sans précédent. Hôtels de luxe, résidences de choix, centres commerciaux. Situé à la croisée de la bretelle de l'autoroute, et de la route de l'aéroport de Tunis-Carthage, ce complexe urbanistique puise également sa valeur dans sa proximité de Carthage, de Sidi Bou-Saïd et de la Marsa, lieux où le charme a élu domicile.
Les portes de Tunis et la médina
Comme un fanal, la Médina de Tunis veille sur les faubourgs situés au pied de la butte et les enveloppe dans sa conque.
Côté nord-ouest, Bab Souika, quartier pittoresque, est aujourd'hui défiguré par des aménagements urbains effectués pour faciliter la circulation en direction du nord du pays.
Côté sud, Bab el Djazira a connu le même sort mais a été essaimé de logements sociaux à proximité de l'échangeur de l'autoroute et du grand cimetière El Jellaz.
Bab Saadoun indique la direction de la Manouba, Medjez el Bab et les villages andalous de El Alia, Raf Raf, et Ghar el Melh (Porto Farina) ainsi que Bizerte et Tabarka.
Bab Alioua s'ouvre sur le littoral, du Cap Bon (Kélibia) à Jerba.
La Mosquée Ez-Zitouna, coeur de la Médina, se situe au sommet du flanc nord de la butte. Autour de cette mosquée, tout s'ordonne, du sacré au profane dans un mouvement ondulatoire. Se nichent dans ses dômes extérieurs les métiers nobles, tels les tisserands, « les soyeux » comme on se plaît à les appeler, les parfumeurs, les chapeliers, les marchands d'encens. Un peu plus bas, on découvre les orfèvres, les bijoutiers, les drapiers, les pâtissiers et les libraires.
Et en s'éloignant de ce lieu, les métiers deviennent de plus en plus usuels et pratiques. Les ciseleurs du bronze et du cuivre constituent l'annonce du glissement vers le fourmillement et le brouhaha des souks populeux. Le souk des tanneurs se reconnaît par ses relents putrides émanant des peaux fraîchement écorchées ou à peine salées, celui des forgerons par des odeurs de fumées, de fer étamé et de cuivre embouti. Le martèlement scandé des enclumes et les volées d'étincelles éclairent fugacement les visages au fond des échoppes noircies.
En amont, s'égrène un chapelet d'édifices publics. Se succèdent la Présidence de la République, le ministère des Affaires Etrangères avec une superbe porte cloutée en voûte et le ministère des Finances à l'architecture ottomane.
Les souks
Ils s'ordonnent par métiers, autour de la Mosquée Ez-Zitouna, la Mosquée de l'olivier. Célèbre et légendaire, elle connut un tel rayonnement qu'elle supplanta celle de Kairouan, l'un des premiers signes de l'Islam en Ifriqyya et porta même ombrage à celle d' El Azhar au Caire. Cette mosquée très ancienne date de 732 mais elle connut par la suite de nombreux ajouts ; chaque dynastie voulant y apporter sa transformation. Au XVIIIe siècle, un soin particulier fut apporté à la rénovation de la salle de prière. Les dernières restaurations datent des années 60.

Le souk des parfums
Le plus proche de la mosquée, le souk el Attarine se reconnaît par ses étals et ses échoppes qui dégorgent des monceaux d'encens, en feuilles sèches, en terre, en poudre. Tout y est disposé par l'alchimie de l'harmonie. Les parfumeurs proposent des essences pures, des bougies, des encens, des cierges simples ou torsadés, décorés de papier glacé rouge, vert ou bleu ; des rangées de fioles et de pyxides disposées sur les étagères des niches ou dans des vitrines de fortune. Marchands et clients sont assis sur des banquettes que couvrent de modestes tapis et que sépare une table rabattable, surface sur laquelle se répandent toutes ces petites merveilles.
Quant aux herboristes, ils emmagasinent leurs produits bruts ou distillés dans de grandes couffes vannées, des bombonnes recouvertes d'osier, dans des sacs de meunier et dans des jarres. Les touristes ont droit de palper, de toucher, d'essayer de déplier et bien sûr de humer.
Le souk de la soie
En suivant la ruelle, cette fois vers l'amont, le souk el Kemache qui se prolonge dans le souk de la laine, est plutôt calme. Des artisans travaillent pour les grands grossistes ou distributeurs car la vente à l'étal ne se pratique plus, sauf à l'occasion de fêtes familiales ou traditionnelles. Une nuée d'ateliers s'étire de part et d'autre du dôme, des artisans assis en tailleur ou debout, de l'apprenti au maître, démêlent les toisons, enfilent les fibres, cardent et peignent les écheveaux et les fils, les autres préparent la soie grège, la dévidant et la tirant pour fabriquer le brocart à ramage doré dont raffolent les jeunes mariées. Les hommes aussi en sont friands pour garnir leur burnous ou leur jebba d'été. Des écheveaux de toutes les couleurs sont suspendus sur le fronton des magasins, aux arceaux se balancent les vêtements finis. Tout est soie, draperie, tapisserie. En ces lieux, tout est soyeux et l'air y est propre car tout le monde est soucieux du parachèvement. De tels articles appartiennent plus à la noblesse de l'artisan qu'à la richesse du client. Le patron se comporte comme un hôte à l'égard du client indécis. Sous la canicule, il vous désaltère par une limonade (citron pressé coupé d'eau avec un zeste de menthe), et par temps doux, vous offre un café turc ou un thé à la menthe fumant. Autour de vous, s'affairent des apprentis, pliant et dépliant, roulant et déroulant tapis sur tapis, du plus sobre, le margoum au plus riche, alloucha. De vitrines de bijoux anciens, des armes ouvragées, des boléros, des sarouels brodés', la panoplie est interminable.
Le souk des orfèvres
Ici, les touristes ne font que passer mais les autochtones y rôdent des heures durant. C'est le défilé permanent de la promise, de sa mère et du fiancé à la recherche d'une parure, prélude obligatoire des unions. Souvent désargenté, le jeune soupirant négociera longtemps le paiement à terme de la parure choisie par la belle-mère.
Le souk des femmes
Egalement appelé souk Enissa, il était le lieu où se déroulaient les échanges de toute nature. C'est devenu une sorte de friperie qui s'étend entre le souk de la laine et Dar Zarkoun, le marché aux Masques funéraires carthaginois, derrière l'Ambassade d'Angleterre.
Le souk el Trouk
Appelé aussi souk des Turcs, il est moins spécialisé que les précédents. On peut y trouver un beau choix de tapis. L'une de ces boutiques dispose d'un agréable toit en terrasse décoré de céramiques et qui offre une belle vue sur l'ensemble de la médina.
Le souk des chéchias
Le souk des chapeliers, souk ech Chouachia où il règne une euphorie nonchalante, nostalgique, l'expression sereine des artisans qui défie le changement. En enfilade, légèrement incliné, soigneusement pavé, ce souk qui date du XVIIe siècle est serti de loges d'artisans. A la devanture, au bas de la porte, le maître artisan, assis sur une chaise basse, travaille, carde, peigne les chéchias en prenant appui délicatement sur son genou.
Palais et mosquées
En partant de la Mosquée Ez-Zitouna par la rue Jemaa Ez-Zitouna on passe devant une grande porte cloutée, peinte en jaune, celle de la Bibliothèque Nationale, vieille caserne turque transformée. Des manuscrits de grande valeur de l'époque des Hafcides y sont conservés.
A rebours, cette rue s'étend vers la ville haute, échoppes, boutiques, bazars animent la promenade à l'ombre des voûtes. Au terme de cette montée sur les dalles d'anthracite polies, se trouve l'entrée de la Mosquée de Sidi Youssef. Un léger détour vers souk El-Bey et la perspective s'ouvre sur un minaret octogonal. L'édifice, de forme carrée, est couvert de tuiles vertes vernissées. Il est garni d'arcs outrepassés posés sur des piliers à chapiteaux corinthiens. Le tombeau de son fondateur le Bey Youssef, est relié à cet ensemble par une galerie. Ce lieu se distingue par l'enseignement de la méthode du rite hanéfite, legs des Turcs, dont la particularité est l'initiation à l'interprétation et à la tolérance. Cette mosquée fut fondée en 1716 tout au début de l'avènement de la dynastie husseinite, héritière des Turcs, les anciens maîtres du pays. Plus de 15 000 croyants se réfèrent à ce rite.

Une fois dépassée cette côte à l'ombre, l'Hôpital Aziza Othmana était lui aussi, à l'origine, une caserne. Dar el Bey, le Palais du gouvernement, se trouve à proximité. Cette ancienne résidence beylicale est le siège du gouvernement tunisien. La place de la Kasba, n'est plus qu'un espace désolé flanqué à gauche, de la Mosquée de la Kasba du XIIIe siècle au remarquable minaret, et à droite du Collège Sadiki. Cette institution, destinée à la scolarisation des enfants des familles défavorisées, était devenu, au temps de la lutte pour l'indépendance, la pépinière des intellectuels. Il attire le regard par la galerie ou portique qui anime sa façade. Au pied de cette célèbre institution, la tombe du syndicaliste Farhat Hached.
Au carrefour des rues de la Kasba et Sidi Ben Arous s'élève la Mosquée d'Hammouda Pacha construite en 1655 et dans laquelle repose son fondateur. Tout proche se trouve le tombeau d'Aziza Othmana, cette princesse qui vécut au XVIIe siècle célèbre pour sa charité.
Par la rue souk el Belat on peut rejoindre le quartier sud de la médina et visiter le ravissant palais de Dar Othman du XVIe siècle. Ses dimensions modestes et son jardin intérieur en font tout le charme. Le Dar ben Abdallah, un palais du XVIIIe siècle a été aménagé en musée des arts et traditions populaires présentant le mode de vie des familles de la bourgeoisie de Tunis du XIXe siècle. Au Tourbet el Bey reposent les beys de Tunis avec leurs épouses et certains de leurs ministres. Construit au XVIIIe siècle pour la dynastie husseinite, il est entièrement décoré de marbre et de céramiques.
Par la rue Tourbet el Bey on peut remonter vers le Dar Hussein un des plus beau palais de la médina, aménagé pour le ministre d'Hammouda Pacha. Devenu, depuis l'indépendance, le siège de l'Institut national d'Art et d'Archéologie il n'est en principe pas ouvert au public. Le visiteur curieux pourra tout de même admirer le patio et sa jolie colonnade. Non loin la Mosquée El-Ksar date du XIIe siècle avec un minaret du XVIIe siècle. Rejoingnez la Mosquée Ez-Zitouna et quittez la médina en descendant la rue Djemaa Ez-Zitouna, jusqu'à la porte de France. Dans cette rue, se trouve la première église de Tunis, dédiée à la Sainte-Croix, édifiée en 1662 et aujourd'hui désaffectée.
Depuis la place de la Victoire, derrière l'Ambassade Britannique, entre la rue des Glacières et la rue Zarkoun, s'étend un marché aux puces où antiquaires, camelots, quincailliers, et pickpockets font bon ménage. Sur la place de la Victoire s'élève la Porte de France, estampillée aux armes de la République et qui relie la médina à la ville moderne.
La ville moderne
En occupant la Tunisie, la France a voulu préserver le mode de vie traditionnel tunisien en juxtaposant à la médina une autre ville conçue d'après les standards coloniaux : des voies rectilignes et un espace aéré. C'est donc une ville nouvelle, tracée selon un plan en damier qui s'amorce depuis la Porte de France et s'étend par l'avenue Habib Bourguiba jusqu'au port et au lac.
Depuis la Porte, la petite avenue de France mène à la place de l'Indépendance et constitue un quartier spécifique avec les deux voies perpendiculaires de la rue El Djazira et la rue Mongi Slim. Plus au nord vers Bab Souika, se trouvaient les anciens quartiers juifs et maltais aujourd'hui habités par les populations issues de l'exode rural.
Sur la place de l'Indépendance, se dressent les monuments européens, signes de l'ancienne présence coloniale : la Cathédrale et la Chancellerie, résidence de l'ambassadeur de France, se font face, séparés par la statue en pied d'Ibn Khaldoun, natif de la Médina. La tombe du soldat inconnu est là, paisible, sous le regard de l'historien du XVe siècle.
Le long de l'avenue Habib Bourguiba se succèdent magasins, banques, hôtels, cafés, restaurants, salles de cinéma. Le tempérament effervescent des gens qui sillonnent les trottoirs de cette avenue est communicatif, contagieux. Joviale et hâbleuse, gesticulant et s'esclaffant, la foule se déploie comme un raz de marée qui vous emporte à votre insu. Le café du Maghreb, la librairie Ennajah, le magasin général, les boutiques de prêt-à-porter et les étals de camelots sous les arcades, tout grouille et fourmille. Tout est de plain-pied, la vie en plein air étale une vitalité surprenante, les terrasses de café, lieux de palabre et de repos, s'alignent, toujours animées. Au milieu, une allée piétonnière ombragée, garnie de kiosques à journaux et de débits de tabac offre un simulacre de délassement. De part et d'autre, en filigrane, des étals de fleuristes garnissent les bordures sous un doux et agréable ombrage de ficus où des tables de fortune autour desquelles s'affairent des jeunes gens à préparer les menus bouquets de fleurs d'oranger, et de jasmin pour les vendre le soir.
L'art de vivre méditerranéen
Avec son café Ben Yedder (l'expresso y est de qualité) et son Monoprix, la rue Charles de Gaulle, dont la Grande Poste marque la limite, s'affaire intensément.
Tout près, rue de Yougoslavie, allez flâner à l'exceptionnel Marché Central de Tunis. La halle aux poissons, au choix étonnants côtoie celle des légumes, des fruits et des épices. Les étals des bouchers voisinent avec ceux des volaillers où l'on vient choisir son poulet sur pattes avant qu'il ne soit égorgé et plumé.

Un monument a échappé à la démolition qui a trop souvent frappé Tunis, le Théâtre Municipal. De cet édifice Art Déco, le cachet italianisant demeure et n'a pas été modifié au goût du jour. Les marches en marbre blanc lui donnent la splendeur d'un vaisseau sur les écumes. La silhouette en corbeille que soutiennent des grandes portes, en ordre pyramidal discrètement ouvragées, accentue le charme suranné. On y accueillait les troupes du Français (la Comédie française), les solistes et les orchestres symphoniques et, bien entendu, les opéras italiens.
Les terrasses de café s'alignent jusqu'à la place du 7-novembre 1987, date de l'avènement de Ben Ali (certains l'appellent encore place d'Afrique). De part et d'autre de l'avenue Bourguiba, quelques endroits retiennent l'attention, et les cafés accueillent surtout les étudiants des facultés proches.
A partir de la place du 7-novembre deux voies latérales se dessinent, l'une plus cossue, l'avenue Mohamed V, qui conduit vers l'aéroport, l'autre industrieuse, la rue de Turquie qui donne accès au port. Le port de Tunis se compose de trois unités, un avant-port à la Goulette, le grand port et un port à Radès, destiné à accueillir les passagers des ferries trans-méditerranéens.
Principal poumon vert de la ville le parc du Belvédère s'étale sur une colline au bout de l'avenue de la Liberté. Il abrite un petit zoo, l'hôtel Hilton, et, à son sommet, la koubba, un petit pavillon turc joliment décoré qui offre un beau panorama sur la ville de Tunis.
Le Bardo
Cette petite banlieue à 4 km à l'ouest de Tunis dispose d'un des plus intéressants musées d'antiquités romaines. Les mosaïques relevées dans les villas des colons romains y sont exceptionnelles par leur nombre et leur beauté.
Au XIXe siècle les beys husseinites avaient fait du Bardo leur lieu de résidence et le siège du gouvernement. C'est là que fut signé le traité du Bardo, instaurant le Protectorat français sur la Tunisie en 1881. L'Assemblée nationale siège dans une partie du palais accessible par des marches flanquées de lions de pierre et gardée par des hommes en uniforme beylical. Dans le parc se dresse une modeste mosquée. L'autre partie du bâtiment beylical est voué au Musée du Bardo. Il fut créé en 1882, juste au lendemain du Protectorat comme musée des Antiquités. A l'Indépendance en 1956, il garda sa vocation.
Le Musée national du Bardo
Compter 2 à 3 heures de visite. Ouvert de 9h30 à 16h30 en hiver, de 9h à 17h en été. Fermé le lundi. Accessible en TGM depuis le centre de Tunis, descendre à la station Bardo ; en voiture, quittez la ville par l'ouest et la place Bab Saadoun.
Le musée compte six départements aménagés sur trois étages, dans les salles richement décorées du palais des beys : le département de la préhistoire tunisienne, le département punique, le département romain, le département des bronzes et des marbres grecs, le département chrétien byzantin et le département arabo-musulman. Deux salles sont particulièrement consacrées aux fouilles sous-marines de Mahdia sur une épave d'un navire grec naufragé entre le 1er et le 2ème siècle de notre ère.
Dans le département romain la thématique des mosaïques s'étend de la vie quotidienne à la mythologie. De ces merveilles en abondance, on peut admirer : la mosaïque du Seigneur Julius, le triomphe de Neptune, Orphée charmant les muses et le prince des poètes, Virgile et les deux muses. Ce sont des pièces uniques et admirables. Le département arabo-musulman comprend des costumes, du mobilier, des armes et des bijoux du XIXe siècle mais aussi de très beaux Corans enluminés dont l'exceptionnel Coran bleu de Kairouan du Xe siècle et une superbe collection de céramiques.
Bien vivre à Tunis et dans ses environs
Office National du Tourisme Tunisien, 1 avenue Mohamed-V, ouvert de 8h à 18h.
Circuler : A part dans la médina où la circulation automobile est impossible, il est facile de se déplacer en voiture dans Tunis. La ville est victime des embouteillages à certaines heures comme toute métropole et connaît des problèmes de stationnement. Les Petits Taxis jaunes sont bons marchés. Ils peuvent vous conduire jusqu'aux stations balnéaires des environs. Le métro de Tunis (SMLT) est en plein air et ressemble plutôt à un tramway. Il se compose de cinq lignes. La N°4 a pour terminus le Bardo. Le TGM est un train navette qui permet de rallier la banlieue (La Goulette, Carthage, Sidi Bou Saïd, La Marsa). Le départ se trouve à la gare de Tunis-Marine, en bas de l'avenue Bourguiba.
La Goulette

Ce petit port développé par des pêcheurs italiens, arrivés à la fin du XIXe siècle tire son nom du mot Goleta, prononciation déformée de l'arabe Halk el Oued, bouche de l'oued. Un canal artificiel la rattache au port moderne de Tunis.
La citadelle hispano-mauresque qui la domine évoque les batailles entre Charles Quint et Barberousse, l'un espagnol, l'autre turc.
Depuis plus d'un siècle, la Goulette s'est trouvée une vocation de villégiature populaire en particulier jusque dans les années 1960 pour les juifs tunisiens. Malgré le départ de cette communauté vers la France, la tradition continue. On vient toujours y déjeuner en famille d'un « complet poisson », du thon ou du mulet servi grillé avec un oeuf, des frites et une salade cuite, de tomates et poivrons. Le soir des guirlandes de lampions éclairent les tables installées en plein air. L'ambiance est toujours là, on peut seulement regretter le manque d'entretien des lieux et le trop grand nombre de détritus qui les jonchent. Le poisson est toujours à l'honneur à la Goulette et son marché mérite sa réputation pour sa grande fraîcheur et son choix varié. Il se situe au début de l'avenue Franklin-Roosevelt, et draine de nombreux acheteurs (tous les jours, sauf le lundi).
Carthage
Brûlée, éclatée et réduite à une carrière au bénéfice des bâtisseurs de Tunis ou de Kairouan du VIIIe siècle, Carthage réapparaît tout de même grâce au travail des archéologues dès le XIXe siècle. Depuis, les fouilles n'ont jamais cessé.
La ville fut fondée en 814 av. J.-C. sous le nom de Qart Hadasht (« ville nouvelle ») par des Phéniciens venus de Tyr, menés, selon la légende par la reine Didon. Au cours des siècles suivants, les Phéniciens étendirent leur puissance maritime sur tout l'ouest de la Méditerranée jusqu'au déclenchement d'un conflit avec Rome qui, au cours de trois guerres successives, entraîna la chute de l'Empire carthaginois. En 146 av. J.-C., la ville fut complètement détruite par les Romains. Durant 17 jours, un immense incendie fit rage puis du sel fut répandu sur les champs et les jardins afin que plus rien ne puisse y pousser. Un siècle plus tard, César, puis Auguste, entreprirent la reconstruction de la cité, qui devint rapidement la deuxième ville de l'Empire romain et connut ainsi une nouvelle prospérité. Plus tard, les Vandales et les Byzantins s'y établirent. En 697, la ville fut conquise par les Arabes et une nouvelle fois complètement détruite. Le vaste champ de ruines constituait alors une véritable carrière de pierres pour la nouvelle ville de Tunis. En route pour la croisade, le roi Saint Louis mourut à Carthage, le 25 août 1270. Devenue banlieue résidentielle des hauts fonctionnaires nationaux et internationaux, le style architectural est régulier, géométrique et d'allure cossue. Toute nouvelle construction y est interdite depuis que le territoire de Carthage a été classé en un parc archéologique de 545 hectares, inscrit au patrimoine mondial culturel et naturel de l'Unesco.
Les différents sites archéologiques à visiter sont extrêmement dispersés. Devant la gare de Carthage- Salammbô des calèches à louer, ou des taxis attendent les visiteurs. Les cochers connaissent bien les lieux et vous déposent sur chacun d'entre eux. Compter une bonne demi-journée, voire la journée entière si vous êtes passionné d'archéologie. (Ouvert de 7h à 19h en été et de 8h à 17h en hiver)
Le Tophet
Ce sanctuaire à ciel ouvert était dédié aux deux divinités principales de Carthage, Tanit et Baal Hamon. La première est la déesse nourricière, associée à la lune. Elle est parfois représentée schématiquement par un trapèze signifiant le corps, des bras levés vers le ciel et un cercle pour la tête. Quand elle est associée à Baal Hamon dans un même v'u, figure un disque solaire surmonté d'un croissant de lune renversé. Baal Hamon est le dieu suprême, il exauce les voeux et protège la ville.
Cachées sous la végétation luxuriante de ce lieu paisible, de nombreuses stèles ont été relevées par les archéologues. Selon des sources historiques romaines, les Carthaginois avaient pour coutume de sacrifier par le feu, à Baal Hamon, les enfants premiers nés des grandes familles pour obtenir son soutien dans les guerres. Flaubert s'est emparé de ce thème pour son roman Salammbô et l'a magnifiquement mis en scène. Les historiens sont aujourd'hui beaucoup plus réservés à l'égard de ces holocaustes. Ils estiment qu'il ne faut pas comprendre au sens propre les inscriptions portées par les urnes, dont certaines contiennent les cendres d'animaux sacrifiés à la place des enfants. Il ne fait cependant pas de doute que les enfants décédés en bas âge étaient voués aux divinités protectrices.
Les ports puniques
A deux pas, au niveau de la mer, deux lagunes rappellent l'existence des deux ports puniques : l'une longiligne concerne l'ancien port marchand et l'autre, en forme de croissant très refermé côté mer, était le port de guerre. Au milieu se tenait le palais de l'amiral carthaginois qui pouvait surveiller la flotte entière. Non loin, le Musée paléochrétien est un peu décevant ; mieux vaut réserver son temps pour le Parc Archéologique d'Antonin.

Les Thermes d'Antonin
Construits de 145 à 162 ap. J.-C. sous Hadrien, ils symbolisent la renaissance de Carthage à l'époque romaine. Ces thermes, de par leur étendue, viennent tout juste après les thermes de Caracalla et ceux de Dioclétien à Rome. Les Vandales avaient décidé de leur démolition par crainte de les voir s'ériger en forteresse. Mais leurs colonnes, tronquées ou brisées qui font face à la mer expriment toujours la grandeur du passé. L'ensemble du site s'étend sur 4 ha et jouxte le palais présidentiel. Pour une bonne compréhension des lieux il est conseillé de demander un guide assermenté aux caisses.
De ces thermes gigantesques, il ne reste qu'une partie du rez-de-chaussée et quelques colonnes qui ont été relevées. Leur dimension permet d'imaginer la grandeur des bâtiments. Autour des thermes s'étend un vaste musée en plein air avec les vestiges d'une basilique byzantine, de tombes puniques, de chapelles souterraines, de sols en mosaïque, de sarcophages, de stèles et d'une villa romaine. Les allées suivent le tracé des anciennes voies romaines qui quadrillaient la ville.
Les Villas romaines
Le Parc Archéologique des villas romaines se trouve sur la colline dominant les thermes. Il s'agissait du quartier résidentiel romain et la vue y est superbe sur Carthage et le golfe de Tunis. Les maisons dont il ne reste que quelques vestiges devaient être très luxueuses. Les mosaïques qui y ont été préservées sont d'une grande finesse d'exécution.
Le Théâtre est contemporain des thermes (IIe siècle) et fut lui aussi saccagé par les Vandales en 439. Entièrement restauré, il reçoit les spectateurs du festival de Carthage. L'Odéon, bâti en 207 sous le règne de Septime Sévère, était destiné aux cérémonies pythiques en l'honneur d'Apollon. Les grandes citernes visibles à la Malga, autrefois alimentées par un aqueduc depuis Zaghouan, prouvent l'importance de la population de la ville.
Vestiges Chrétiens
Damous el Karita et la basilique de Saint Cyprien quoique très ruinées comptent dans l'histoire du christianisme en Tunisie, terre natale d'un des pères de l'Eglise, Saint Augustin. Les deux églises ne diffèrent dans leur architecture que par quelques détails : Damous el Karita (la maison de la charité) compte neuf nefs et Saint-Cyprien, sept. Toutes les deux abritent des tombes de martyrs chrétiens.
Au sommet de la colline de Byrsa, lieu de la fondation de Carthage, trône la Cathédrale Saint-Cyprien et Saint-Louis, édifiée par le cardinal de Lavigerie en 1890 et désaffectée depuis l'indépendance. Siège des Pères Blancs d'Afrique, elle affirmait par son architecture écrasante le triomphalisme de l'Eglise catholique.
A côté de la cathédrale s'étend le quartier punique d'Hannibal où sans doute les derniers carthaginois luttèrent contre la destruction de leur ville par les romains. Les plans des maisons carthaginoises ont été dégagés ainsi que quelques pavements puniques. Plus sobres que les mosaïques romaines, ils présentent des compositions géométriques ou le signe protecteur de Tanit.
Saint Augustin
Né en Afrique du Nord en 354, d'un père païen et d'une mère chrétienne, Sainte Monique, il se convertit au christianisme après une jeunesse dissipée passée à Carthage. Il en fait le récit dans ses Confessions. Moine puis prêtre à Hippone (Annaba en Algérie) il est acclamé évêque de cette ville en 395. Docteur de l'Eglise, il combat toutes les hérésies, sans abandonner l'idéal monastique. Il élabore une règle de vie monastique, dite de Saint Augustin dont s'inspira Saint Benoît et les ordres mendiants. Il meurt en 430, lors du siège de Genséric.
Le Musée national
Ce musée entièrement rénové est consacré à la civilisation carthaginoise. Il comprend trois grandes époques : l'époque punique, l'époque romaine et la période paléochrétienne dont Saint-Augustin est le point de mire.
Dans les salles Carthaginoises (VIIe au IIe siècle av. J.-C.) la sculpture est riche de stèles votives, de stèles funéraires et sarcophages. Le mobilier funéraire punique, composé d'objets en usage dans le quotidien, apporte beaucoup d'informations sur le mode de vie carthaginois. De nombreuses amulettes, figurant des dieux égyptiens ont été retrouvées dans les tombes signifiant le syncrétisme religieux des Carthaginois. Les collections romaines sont bien plus monumentales, elles se composent de statues colossales de Victoires, d'un Silène porté par des satyres et d'un sarcophage garni de plusieurs Eros.
Sidi Bou Saïd

C'est un village enchanteur, en raison de sa position au sommet d'un promontoire dominant la mer et de l'harmonieuse unité architecturale de ses maisons. Les façades blanches s'ouvrent par des moucharabiehs finement ouvragés et de lourdes portes en bois clouté peintes en bleu. Le long des murs cascadent des girandoles de jasmin qui viennent se mêler aux bougainvillées tandis que les géraniums en pots exhalent leur parfum suave. A l'intérieur, jardins et fontaines entretiennent la fraîcheur du patio dallé de marbre ou de céramiques. La rue principale monte entre les boutiques de souvenirs où l'on peut acheter les belles cages à oiseaux en fer forgé, spécialité locale. A l'extrémité, l'escalier monumental conduit à l'incontournable Café des Nattes où l'on déguste le thé vert à la menthe et aux pignons, tout en fumant un narguilé. Les joueurs de dominos, un brin de jasmin à l'oreille semblent appartenir au décor. Le thé peut aussi être accompagner de délicieux banbalounis, des beignets en forme de rondelles.
Dans le haut de la ville un marabout à quatre dômes doté d'un gracieux minaret abrite la tombe d'Abou Saïd, fondateur du village et mystique musulman adepte du soufisme.
En descendant par les ruelles, le Dar Nejma ez Zohra, palais du baron Erlanger est aménagé en musée des instruments de musique. C'est l'occasion d'entrer dans un palais de Sidi Bou Saïd et d'apprécier l'architecture intérieure et l'art de vivre qu'elle exprime.
Sidi Chebbaâne, un autre café, celui-ci encastré dans la falaise au pied de splendides demeures, offre une vue splendide sur la baie de Carthage. En bas se trouve le petit port de plaisance bordé de restaurants de poissons. La rançon de ce charme et de cette renommée de Sidi Bou Saïd réside dans la foule qui envahit le village, chaque week-end, dès les beaux jours et durant l'été. Pour l'apprécier dans sa quiétude et son harmonie mieux vaut y venir hors saison.