4 - Se déplacer de ville en ville.

La péninsule du Yucatán : Campeche & environs

 

 

Pyramide de Kukulkan, Chichen Itza - Mexique © Carlos Sanchez

Campeche

Tranquille ville-étape entre Villahermosa et Mérida, la première cité portuaire fortifiée du Nouveau Monde était autrefois ceinte de hautes et épaisses murailles pour se protéger d’incessantes et meurtrières attaques de pirates. Elle a perdu la plupart de ses baluartes, mais quelquesuns sont encore debout, marquant son ancien périmètre. Le Baluarte San Carlos accueille un petit musée des fortifications et son donjon offre un parfait premier regard sur la ville. Au centre, le Baluarte de la Soledad est adossé à la Plaza Moch-Cuouh : elle est trop vaste, trop peu ombragée, pour se mesurer à l’accueillant Parque Principal voisin, le centre névralgique, historique et poétique de Campeche. Ce parc est entouré de la Catedral de la Concepcion, du Palacio de Gobierno et de tranquilles cafés et restaurants sous les arcades.

 

Chichén Itzá

Ouvert tlj de 8 h à 17 h. Entrée payante.

Proximité de Cancún oblige, Chichén Itzá est le site archéologique le plus visité du Yucatán. Mais c’est aussi le plus complet, le mieux préservé et le plus riche des ensembles architecturaux que nous a légués la civilisation maya.
Ses temples immaculés, au milieu d’un parc méticuleusement entretenu, lui confèrent une atmosphère proprette, bien éloignée des rêves cosmiques et belliqueux qui avaient motivé sa création. Mais les fresques et les sculptures de ses temples, de ses murs et de ses pyramides ont permis d’élucider bien des mystères du calendrier maya.
Fondée au VIe siècle, cette imposante cité maya règne pendant plus de trois siècles sur le nord yucatèque, avant d’être brusquement abandonnée après 900. La ville se repeuple deux siècles plus tard, sous l’influence d’un groupe toltèque venu de Tula, au centre du Mexique. Quetzalcóatl rejoint alors le panthéon des dieux mayas, et les traits architecturaux puuc fusionnent avec le symbolisme guerrier toltèque. Après le XIVe siècle, elle perd son rôle politique et commercial au profit de Mayapán, mais demeure longtemps, bien après la conquête espagnole, un important lieu de pèlerinage maya.
La plupart des édifices les plus impressionnants du site se répartissent dans la « nouvelle » Chichén Itzá, autour du Castillo.La plus photographiée des pyramides mexicaines est un condensé de symboles cosmologiques : neuf terrasses pour les neuf mondes célestes, quatre façades pour les points cardinaux, 365 marches pour les jours de l’année solaire. Les architectes-astronomes ont poussé leur talent jusqu’à figurer, sur les bords des marches, dans un jeu d’ombre, un serpent ondulant au cours des équinoxes de printemps et d’automne. A l’est, le templo de los Guerreros (temple des Guerriers) et sa statue de Chac-Mool, personnage assis tenant sur son ventre une coupe, sans doute destinée à recevoir des offrandes sacrificielles, domine la forêt de colonnes du grupo de las Mil Columnas. Derrière, subsistent les ruines d’un bain de vapeur, véritable hammam maya sous lequel étaient installés un four et des canalisations d’eaux chaudes et froides. Au-delà de l’esplanade centrale, le Tzompantli, mur sculpté de crânes évoquant les sacrifices humains pratiqués ici, ainsi que les bas-reliefs montrant des jaguars et des aigles agrippant des cœurs d’hommes entre leurs griffes, rappellent la nature violente des rituels mayas. Ces décors semblent préparer le visiteur à la découverte du juego de pelota, un lieu particulièrement chargé de symbolique et de mystère. Le plus grand terrain de jeu de balle du Mexique est dans un état de conservation tel qu’on pourrait imaginer le déroulement d’un match. Les fresques sur les murs révèlent des joueurs harnachés tel des footballeurs américains, mais rappellent aussi le sort de ces malheureux, avec des scènes de décapitation. Qui, des vainqueurs ou des vaincus, étaient ainsi sacrifiés ? Les chercheurs demeurent partagés…

 

Grutas de Balankanché

A 6 km de Chichén Itzá. Ouvert tlj de 9 h à 17 h. Entrée payante. Visite guidée obligatoire.

Ce complexe de grottes, découvert en 1959 par un guide local, est autant une curiosité géologique qu’un ancien site cérémoniel toltèque : on y retrouva des effigies de Tlaloc, le dieu de la pluie (équivalent de Chac pour les Mayas), et des offrandes, qui ont été remises sur place, permettant d’imaginer le lieu lorsqu’il était utilisé par les prêtres indiens. Un spectacle de son et lumières fait partie de la visite. A l’entrée des grottes, un ravissant jardin botanique fait l’inventaire de nombreuses espèces de plantes et de cactus du Yucatán.

 

Les fourmis ailées et la rébellion maya

La petite ville de Valladolid, non loin de Chichén Itzá, fut le point de départ de la rébellion maya, connue comme la guerre des Castes. Après l’indépendance mexicaine en 1821, les riches propriétaires terriens yucatèques rêvèrent de créer leur propre Etat. En prévision d’un soulèvement contre le pouvoir central de Mexico City, ils armèrent et entraînèrent leurs paysans mayas. Oppressés par leurs maîtres, ceux-ci prirent les armes : la petite ville de Valladolid tomba vite entre les mains des rebelles, qui réussirent à prendre le contrôle de toute la péninsule, sauf des villes de Mérida et de Campeche, mieux protégées militairement. Au bout d’un an, les blancs étaient acculés de partout, et prêts à abandonner leurs ultimes bastions, lorsque l’arrivée des fourmis ailées bouleversa la donne : suivant les traditions mayas, qui exigent la plantation du maïs à l’apparition des premières fourmis ailées, les guerriers rejoignirent leurs champs. Un répit inattendu qui permit aux blancs et aux métis de recevoir des renforts militaires de Mexico. La révolte fut bientôt écrasée dans le sang et la population indigène yucatèque fut réduite de moitié…

 

Le sacrifice humain, moteur de la course du Soleil

Selon les croyances mayas, la Terre était le centre de l’univers, autour duquel tournait le Soleil. L’astre devait s’élever au-dessus des 9 voûtes célestes, puis, au cours de la nuit, franchir les 13 mondes souterrains. Pour poursuivre sa course dans l’obscurité, sortir vainqueur de son combat contre le Jaguar, souverain de la nuit, et réapparaître le lendemain, il devait prendre des forces. Il les puisait dans le sang, offert quotidiennement par le prêtre. Quelques gouttes suffisaient parfois, extraites d’un doigt piqué par une aiguille d’agave. Mais certaines circonstances exigeaient plus. Des dizaines d’hommes, de femmes, parfois d’enfants, passaient alors sous la lame d’obsidienne du grand prêtre, le buste ouvert, le cœur arraché et offert à l’astre solaire.

 

Le Saint-Trop’ mexicain

Officiellement, le naturisme est interdit sur les plages mexicaines. A Cancún cependant, et sur plusieurs plages de la riviera Maya, la police locale ferme les yeux - façon de parler - lorsque quelques touristes occidentales pratiquent le monokini. C’est le cas des plages moins fréquentées d’Isla Mujeres et de Playa del Carmen. Quant aux innombrables discothèques de Cancún, elles s’adaptent à tous les goûts. Certaines penchent pour les rythmes tropicaux, avec des orchestres latinoaméricains pleins d’énergie, d’autres s’adressent à une jeune clientèle nord-américaine désireuse de s’encanailler, avec des concours de bikinis ou de tee-shirts mouillés et des soirées « mousse ».

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