4 - Se déplacer


L'Ouest : Morondava , Belo-sur-Mer, rivière Tsiribihina

Baobab à Morondava © Rita Willaert

Morondava

A l'embouchure de la rivière qui lui a donné son nom, face au canal du Mozambique, Morondava offre dix mois d'ensoleillement sur douze. La ville mérite l'escale ! Contrairement à ce qui se passe ailleurs à Madagascar, les pêcheurs ont conscience d'être des professionnels. Tôt le matin, on les voit revenir du large avec leurs prises : thons, merlans, parfois un requin. Sur les plages des environs, on peut tomber sur un campement de pêcheurs à côté duquel les pirogues à balanciers sont alignées, dans l'attente de la prochaine marée. Leurs filets mis à sécher, les marins utilisent des tiges de jonc pour se construire des petites cases qui les protègent des rayons du soleil. En ville, le quartier d'Avaradrova-Ambariotelo accueille également les pêcheurs. Ici, les gens vivent avec la mer, de la mer et par la mer.
Morondava doit cependant faire face à un réel danger : l'ensablement. La mer érode tout le littoral sablonneux de la région. Déjà, certains villages de pêcheurs ont disparu. C'est le cas de Bevondro, qui a été englouti vers 1820, et de Nosimiantroka, qui a été rayé de la carte quarante ans plus tard. Et la plage qui était large de près de 5 km au début du XXe siècle ne mesure guère plus de 100 m aujourd'hui. Techniquement incapables de résister aux attaques inexorables de la mer, les habitants de Morondava ont pris le parti de se déplacer régulièrement : des quartiers entiers migrent ainsi, au fur et à mesure de ce que la mer grignote.

Suivez le guide !
Embarquez à bord d'un taxi-pirogue pour relier Morondava au village de pêcheurs de Betania. L'ambiance du village est aussi intéressante que la traversée en pirogue.

Les environs
Allée des Baobabs
A 18 km de Morondava.
Un grand classique qu'il ne faut rater sous aucun prétexte ! C'est le plus grand alignement de baobabs de tout le pays. Ces arbres de toute forme et de toute taille, mais toujours dotés d'une minuscule frondaison en forme de parasol à leur sommet, sont fort nombreux dans l'Ouest malgache et constituent l'une des énigmes de la flore endémique : pourquoi trouve-t-on sept espèces de baobabs à Madagascar alors qu'il n'en existe qu'une seule sur le continent africain ? L'allée des Baobabs est constituée d'une vingtaine de ces arbres aux formes étranges. Une légende locale affirme qu'ils doivent leur forme générale, avec des branches qui ressemblent à des racines, aux dieux. Ceux-ci, en déracinant les arbres et en les replantant à l'envers, ont voulu les punir de vouloir pousser de manière si imposante.

Suivez le guide !
A 22 km de Morondava, sur la RN35, une pause romantique devant le fameux baobab amoureux. Deux troncs enlacés pour toujours.

Parc du Menabe
A 10 km de Morondova. Ouvert tlj de 7 h à 17 h. Entrée payante.
Ce parc privé permet de voir facilement des lémuriens en semi-liberté, des mangoustes, des boas, quelques crocodiles et même… des autruches.

Réserve forestière de Kirindy
A 60 km au nord de Morondava. Ouvert toute l'année. Entrée payante. Guide obligatoire non inclus dans le prix d'entrée.
Sur 10 000 ha, elle est gérée par des Suisses, d'où son surnom de « forêt des Suisses ». Les responsables des lieux poursuivent plusieurs buts : la préservation de plusieurs espèces de lémuriens diurnes et nocturnes, la protection de l'unique tortue d'eau douce de Madagascar, de 45 espèces d'oiseaux et de 32 espèces de reptiles, mais surtout l'exploitation rationnelle des ressources forestières en étroite association avec les villageois.

Réserve d'Analabe
A 55 km au nord de Morondova.
Cette réserve privée, qui s'étend sur 4 000 ha, ravira tous les ornithologues amateurs : dans un environnement de mangroves et de marécages, elle abrite plus d'une centaine d'espèces d'oiseaux. On y rencontre également quelques variétés de lémuriens, dont le maki à front rouge.

Belo-sur-Mer

A 93 km au sud de Morondava par la piste ; 90 min par bateau.
Au bout de plusieurs heures de piste, ce petit village côtier conserve une atmosphère aussi singulière que sympathique. Est-ce dû à sa luminosité, à l'activité du chantier naval ou à la beauté de la plage ? Les amateurs de loisirs nautiques s'y plairont : la marina locale propose pêche, plongée, snorkeling… Ce qui est sûr, c'est que tous les « vazaha » y sont les bienvenus : le sourire des enfants qui se bousculent autour des étrangers reflète la cordialité des habitants de ce petit coin de paradis.

Miandrivazo
A 532 km à l'ouest d'Antsirabe.
Un seul attrait à cette localité : elle permet de préparer la descente en pirogue de la rivière Tsiribihina.

Descente de la rivière Tsiribihina

Descente de 4 à 5 jours en pirogue non motorisée réalisable entre avril et novembre sur 140 km environ. Peut s'organiser à Antananarivo ou Antsirabe auprès d'agences de voyages, mais mieux vaut - pour des raisons de souplesse et de prix - s'organiser en indépendant. A Miandrivazo, on peut s'adresser à l'hôtel « Chez la reine Rasalimo » (tél. : 20 95 730 07).
Si l'est du pays possède le canal des Pangalanes, l'ouest a sa rivière Tsiribihina. Classique mais agréable, il est possible de la descendre de Miandrivazo à Belo-sur-Tsiribihina. L'idéal pour découvrir, avec pour seul bruit les rames qui fendent l'eau, des villages attachants et une faune fluviale intéressante : hérons, canards, cigognes accompagnent le voyageur.

Belo-sur-Tsiribihina

Point final de la descente en pirogue, la ville semble un peu perdue au cœur du delta de la rivière. Le paysage est particulier, fait tour à tour de récifs, de mangroves et de marais.
De Belo, on accède facilement aux fameux tsingy de Bemaraha ainsi qu'aux magnifiques tombeaux sakalava de Serinam.
Une fois tous les dix ans, une gigantesque cérémonie sacrée se veut être le reflet de l'ancienne puissance royale du Menabe. D'ailleurs, c'est ici que sont conservées les reliques sacrées (dady) des rois du Menabe.

Les environs
Tsingy de Bemaraha
A une dizaine de kilomètres de Belo-sur-Tsiribihina.
Une ambiance insolite, teintée de mystère : voilà les tsingy de Bemaraha. Le spectacle est saisissant, formé d'une forêt de pics karstiques qu'il est recommandé de visiter au fil de l'eau, en pirogue, sur la rivière Manambolo, qui se jette dans le canal du Mozambique au nord de Belo-sur-Tsiribihina. Sa descente permet de découvrir une multitude de paysages : depuis des bancs de sable qui encombrent la rivière jusqu'aux gorges encaissées du plateau de Bemaraha.
En cours de route, l'une ou l'autre plage permet de se reposer, de pique-niquer ou de bivouaquer, puisque le périple dure deux jours. En traversant le plateau de Bemaraha, le paysage change à nouveau : les falaises sont recouvertes d'une végétation luxuriante, toute trace de civilisation a disparu, la vie secrète de la rivière se révèle enfin. Les hérons, canards, flamants roses, mais aussi les autres oiseaux ou les lémuriens se laissent facilement admirer. Seul danger : les crocodiles sont aussi discrets qu'imprévisibles.

Gorges de Manambolo
Accessibles au départ de Bekopaka, à environ 50 km de Belo.
Elles sont réellement spectaculaires. Les pirogues remontent le fleuve, se faufilent entre une multitude de cavernes, dont certaines cachent des crocodiles. L'une d'entre elles recèle encore quelques ossements qui, affirme-t-on dans la région, sont ceux des Vazimba, les premiers habitants de l'île. En visitant cette grotte, il ne faut pas oublier de montrer son respect aux ancêtres : quelques pièces de monnaie glissées dans… un crâne feront l'affaire.

Andavadoaka
La visite de ce village d'environ 1 200 habitants donne l'occasion de rencontrer des pêcheurs malgaches qui utilisent toujours des techniques traditionnelles (harpons, filets, pirogue à voiles). La belle plage de sable fin et les eaux turquoise invitent au repos et au farniente.

Salary
A 100 km au nord de Tuléar.
Ce village de pêcheurs abrite l'une des plus plages de Madagascar. Ses plages de sable blanc et ses eaux turquoise qui s'étendent à perte de vue en font un endroit paradisiaque. Non loin de là, vivent les Mikea, ethnie qui continue de passionner les chercheurs. A l'abri des routes touristiques, dans des forêts épineuses, ils habitent dans des huttes rudimentaires et utilisent du silex pour faire du feu.

Mieux connaître les Sakalava
Le territoire de l'ethnie sakalava s'étend sur une très grande partie de l'Ouest malgache. Ses membres sont issus du mélange entre plusieurs autres groupes ethniques. Leur royaume, qui trouve son origine géographique dans la vallée de la rivière Mangoky, s'est assez rapidement étendu vers l'ouest. Au XVIIe siècle, le roi Andrianahifotsy en déplaça la capitale de Mahabo à Maneva. Parallèlement, il entreprit de conquérir les territoires environnants, son objectif final étant la création d'un gigantesque royaume sakalava englobant la majeure partie - sinon la totalité - de l'île. Après son décès, ses fils ne parvinrent pas à conserver l'unité du royaume, qui fut scindé en deux : le royaume boina au nord et le royaume menabe au sud. Un siècle plus tard, ces deux entités étendaient leur domination sur environ 30 % du pays. Affichant de manière prononcée leurs origines africaines, les Sakalava sont divisés en plusieurs sous-groupes, dont les Vezo, remarquables pêcheurs semi-nomades du Sud malgache.

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