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La côte est : sud

Parc national d'Andasibe, Vacona © insert_token

Route des contrebandiers

Voici une très belle randonnée d'environ six jours qui permet de relier le village d'Anjahambe aux rives du lac Alaotra. Ancien passage des contrebandiers qui introduisaient en fraude des produits venus de l'île Maurice ou de la Réunion, cet itinéraire est exigeant. Il reste réservé aux voyageurs en bonne condition physique et bien équipés. La piste passe de village en village et permet de découvrir de près la vie dans les hameaux malgaches. Longeant une rivière ou s'enfonçant sous le couvert de la forêt tropicale, elle place le visiteur en contact direct avec la nature.

Lac Alaotra
A 25 km au nord d'Ambatondrazaka.
Avec ses 22 000 ha (à peine 30 % de son étendue d'origine) et malgré la vase qui l'envahit, « la grande mer » est encore la plus vaste étendue d'eau du pays. Jadis, il était au cœur d'une vaste région de rizières. Aujourd'hui, le déboisement excessif, la chasse (qui menace le hapalemur gris, seul mammifère de la région) et l'utilisation abusive des pesticides chimiques ont causé bien des ravages. Seul un système d'irrigation que l'on doit aux colons français permet de maintenir une profondeur d'eau moyenne d'environ 2 m. Et l'on peut s'estimer heureux que plus de 70 espèces d'oiseaux terrestres et aquatiques résistent toujours aux pesticides.

Parc national de Zahamena
Entre Fénérive-Est et le lac Alaotra.
Bien que peu fréquenté en raison des conditions d'accès difficiles, le parc offre la possibilité d'observer une faune très diversifiée, dont 48 espèces de mammifères (dont 13 espèces de lémuriens), 46 espèces de reptiles, 112 espèces d'oiseaux, 29 espèces de poissons. Quant à la flore, les visiteurs seront surpris la grande variété de palmiers, d'orchidées ou de plantes ligneuses. Le parc de Zahamena, qui s'étend sur 64 370 ha, dont une réserve naturelle de 22 000 ha fermée au public, fait désormais partie des sites classés Patrimoine naturel mondial.

Ambatondrazaka
A 110 km à l'ouest de Mahambo.
Lorsque le lac Alaotra s'étendait encore sur plus de 75 000 ha, ce village se situait sur ses rives. Aujourd'hui, la « capitale » du grenier à riz du pays en est éloignée de plus de 20 km.

Andilamena
A 100 km au nord d'Ambatondrazaka.
Accessible par la rive orientale du lac, Andilamena est réputé pour la qualité de son bétail (des bovins et des volailles élevés au maïs, au manioc et… au poisson séché) mais surtout pour sa joie de vivre. Voici la « capitale de la joie de vivre malgache » ! Dans un pays où tout est réserve et retenue, cette gaieté est encore plus exceptionnelle et se traduit par les chants, les danses…
Les chutes de la Sahatsilo (à 15 km à l'est du village) sont régulièrement le théâtre de cérémonies rituelles.

Fénérive-Est (Fenoarivo)

A 58 km au nord de Tamatave.
De retour sur la côte, Fenoarivo (la « ville des mille guerriers ») fut la première capitale de l'ethnie betsimisaraka. Au cœur d'une région agricole, Fénérive-Est n'a pas grand-chose à proposer au voyageur si ce n'est, à 3 km du centre, le vieux fort Vohimasina, à l'intérieur duquel se trouvent des puits de forme triangulaire.

Mahambo

A 30 km au nord de Foulpointe ; 90 km au nord de Tamatave.
Le village de Mahambo est reconnaissable à ses cases aux toits en feuilles de ravinala séchées. La jolie plage incite au farniente et attire les surfeurs. La forêt touffue qui borde le lagon est un endroit rêvé à découvrir pour les amoureux de la nature.

Foulpointe (Mahavelona)

A 58 km au nord de Tamatave.
Ancien comptoir commercial, « Mahavelona » (« là où la vie renaît ») fait office de station balnéaire pour les habitants de Tamatave (à 58 km au sud). Il n'y aurait ces superbes plages de sable blanc protégées par une barrière de corail, Foulpointe serait resté dans un total anonymat. Autre centre d'intérêt : le fort Hova, d'origine merina, a été construit au XIXe siècle avec un curieux ciment composé de coquillages, d'œufs, de corail et de sable.

Fasandiana

A 30 km de Tamatave.
Ce petit village abrite de curieux hangars aux murs faits de troncs de palétuviers. Avec un rien d'indiscrétion, on y aperçoit des pirogues alignées sur le sol et se recouvrant par couples. Ce sont les cercueils des morts, exhumés cinq ans après le décès. Les corps sont méticuleusement nettoyés afin de les débarrasser de toute poussière charnelle puis enfermés dans leurs sépultures définitives.

Tamatave (Toamasina)

Premier port malgache, deuxième ville du pays et « capitale » de l'Est, Tamatave (« Toamasina » ou « eau salée ») vit au rythme des cyclones, des pluies de l'été austral et d'une activité portuaire modulée par une nonchalance toute tropicale. Tamatave accueille 75 % du trafic maritime marchand et un grand nombre de visiteurs.
S'étendant au long d'une agréable bande côtière, la ville souffre de son succès : les déchets de viande rejetés en mer par l'abattoir local attirent les requins, qui rendent toute baignade impossible ; le port attire une faune de matelots et d'aventuriers venus de tous les horizons, et une relative insécurité règne dans plusieurs quartiers de la ville dès la tombée du jour.

Rappel historique
Apprécié par les pirates, Tamatave connaît ses heures les plus marquantes à partir du XIXe siècle, époque à laquelle Napoléon dépêche Sylvain Roux, attaché commercial de France qui se fait vite une réputation de négrier. Quatre ans après son arrivée, en 1811, les Anglais basés à l'île Maurice s'emparent de la ville. Tamatave est placé sous la protection de l'île Maurice jusqu'en 1814, date à laquelle le traité de Paris rend la ville à la France. A cette époque, Jean René, interprète betsimisaraka, s'autoproclame chef de la côte orientale et s'installe à Tamatave avant de rejoindre la confédération du roi Radama Ier. Très attachés à leur ethnie, les habitants de Tamatave ont toujours soutenu « leur » président Ratsiraka, même pendant les périodes les plus troublées.

Grands boulevards
Tamatave est la cité côtière la mieux préservée du pays. Ses allures un peu grandiloquentes contrastent avec son ambiance parfois un peu encanaillée. La ville déploie de larges avenues bordées de palmiers et de flamboyants où se mêlent en une joyeuse pagaille vélos, pousse-pousse et piétons. L'avenue de l'Indépendance mène le promeneur tout droit vers le front de mer. Il débouche sur la place de la République et le boulevard Ratsimilaho qui, offrant une splendeur un peu fanée mais toujours séduisante, longe avec nonchalance le bord de mer. Pour poursuivre la flânerie, se diriger vers l'ancien quartier colonial et sa célèbre rue du Commerce.

Marchés
Le pittoresque n'a heureusement pas tout à fait abandonné Tamatave ! Près de la gare ferroviaire, le bazar kely (« petit marché ») s'adosse aux ruines d'un ancien centre commercial incendié en 1973 qui accueille principalement les étals de poissons.
Plus sympathique, le bazar be (« grand marché ») trouve refuge dans un immense hangar près de la rue Amiral-Billard. Divisé en plusieurs secteurs, il offre fruits et légumes, artisanat, épices et petites gargotes où se retrouvent dockers et tireurs de pousse-pousse.

Musée du Port
Ouvert tlj sauf le lundi de 9 h à 16 h.
Ce petit musée retrace au fil de quatre salles l'histoire de Tamatave entre 1900 et 1950. Photographies et coupures de presse sont exposées. Elles décrivent la construction du port ou encore la destruction de la ville par le cyclone de 1927, tandis que des objets de toute sorte témoignent de la richesse de la culture malgache.

Bain des Dames
A cause des requins, la baignade en mer est dangereuse. Un petit morceau de mer protégé par une barrière de corail a été aménagé dans l'enceinte du port. Peu attractif, le « Bain des Dames » n'attire que les familles nombreuses locales qui n'ont pas la possibilité de se rendre à Foulpointe.

Musée régional de l'Université de Tamatave
Centre d'étude et de recherche ethnologique et linguistique (CEREL). Ouvert tlj sauf lundi de 9 h à 16 h. Entrée payante, mais tarif laissé à l'appréciation des visiteurs.
Le musée présente une intéressante collection d'instruments de musique, d'ustensiles de cuisine et d'objets de chasse. Les commentaires des guides sont détaillés et agréables.

Les environs
Ile aux Prunes
A 1 h de vedette de Tamatave.
Une heure de bateau sépare Tamatave de Nosy Alanana, l'« île aux Prunes ». Protégées par un récif corallien, ses plages sont de toute beauté. L'île est aussi le refuge de chauve-souris et, malheureusement, de très actifs moustiques des sables.

Parc zoologique de l'Ivoloina
A 12 km au nord de Tamatave. Ouvert tlj de 9 h à 17 h. Entrée payante.
Accessible en taxi (40 minutes du centre-ville), ce parc zoologique mérite vraiment le détour. Soutenu par diverses organisations européennes et américaines, il abrite d'intéressants spécimens de la faune et de la flore spécifiques de l'est du pays, notamment des lémuriens et des tortues. Très bien balisé, il ne nécessite pas de guide.

Andasibe

Ancien centre du travail du bois, c'est le point de départ pour la visite de la réserve du Périnet.

Parc national d'Andasibe-Mantadia
Entrée à 3 km du centre d'Andasibe. Ouvert toute l'année. Entrée payante. Guides conseillés (tarifs affichés).
Sur plus de 12 000 ha, il est divisé en deux zones : le parc national de Mantadia et la réserve du Périnet.
Sur 10 000 ha, le parc national de Mantadia a pour but de protéger l'indri, le plus gros lémurien, au pelage noir et blanc, dépourvu de queue et qui peut vivre quatre-vingts ans. Sa principale caractéristique réside dans ses fameux cris d'effroi, d'amour ou de localisation. Ce parc recèle aussi quelques chutes d'eau remarquables.
La réserve spéciale du Périnet vise également la préservation de l'indri, de quelques autres espèces de lémuriens, de 24 espèces d'amphibiens et de plus de 100 espèces d'oiseaux. Deux sites méritent plus particulièrement la visite : un parc à orchidées encore plus somptueux en octobre et le lac Vert, qui se poursuit par un bassin de pisciculture.
Des circuits pédestres permettent de parcourir la réserve, avec une mention spéciale pour le « circuit nocturne », qui permet de découvrir quelques lémuriens nocturnes.

La Micheline des Pangalanes
Entre océan Indien et canal des Pangalanes, la mince langue de terre est barrée par le tracé d'une voie de chemin de fer. Le trafic ferroviaire régulier n'est plus qu'un lointain souvenir, mais un train privé parcourt toujours cette ligne Antananarivo-Tamatave, via Andasibe et Ambila-Lemaitso. Les deux Micheline, qui fonctionnent lorsque les conditions climatiques le permettent et que les réservations sont suffisantes, comportent un seul wagon et sont montées sur pneumatiques. Ce sont les deux derniers exemplaires du genre dans le monde. L'expérience vaut la peine d'être vécue !

Réserve de Vakôna

A 6 km d'Andasibe. Entrée payante.
Crocodiles, canards sauvages et lémuriens sont les attraits principaux de cette petite réserve simple et sympathique qui se déploie dans la forêt primaire autour d'un lodge-hôtel.

Moramanga

A 30 km à l'ouest d'Andasibe.
Le monument commémoratif situé au cœur de la ville rappelle à tous que Moramanga a été l'un des points de départ de l'insurrection anticolonialiste de 1947. Le musée de la Gendarmerie rassemble de nombreux costumes, véhicules anciens, armes artisanales et archives. Créé en 1967 sous Tsiranana, premier président de l'île à l'indépendance, il amène les visiteurs à comprendre ce mouvement nationaliste du milieu du xxe siècle. Par ailleurs, un pavillon chinois a été édifié en mémoire des ouvriers chinois qui ont construit la route.

Canal des Pangalanes

Sur plus de 660 km entre Tamatave et Farafangana, une mince bande de terre sépare l'océan Indien de cet extraordinaire canal constitué d'une enfilade de lacs artificiels, de lagunes et de cours d'eau naturels. Le tout au cœur d'une végétation exubérante. La plus grande partie (environ 400 km) est navigable, mais les visiteurs sont souvent cantonnés dans les premiers 60 km au sud de Tamatave. Il est possible et préférable d'organiser sur place sa propre descente, en plusieurs jours, au rythme des pirogues, des chalands et des haltes dans les villages.

Lac Ampitabe
A 75 km au sud de Tamatave.
Au bord du lac, la station d'Ankanin'ny Nofy (« le nid des rêves ») abrite une réserve privée : le Palmarium. On y découvre de nombreuses espèces végétales et des lémuriens, des reptiles et des batraciens. Des bungalows et un restaurant complètent ce site uniquement accessible de Tamatave en 2 h 30 de bateau.

Lac Rasoamasay
A 15 km au sud du lac Ampitabe.
Une belle halte pour les amateurs de sports nautiques, d'autant plus que les infrastructures de loisirs sont en train de s'étoffer.

Manambato
Pour une halte reposante, rien de tel qu'une virée dans ce village tranquille. Il est accessible par une route cahoteuse, qu'il est préférable d'emprunter en 4 x 4. Le lac Rasoabe, qui communique avec le canal des Pangalanes, offre une belle plage de sable fin faisant la splendeur du site. Les amateurs de kitesurf et de parapente trouveront ici leur bonheur. Les restaurants du coin proposent des plats de poissons particulièrement savoureux. Plus loin, le Palmarium, réserve privée, abrite près de 100 000 palmiers endémiques ainsi que des lémuriens en liberté.

Ambila Lemaitso
A 30 km à l'est d'Antananarivo.
La plage qui borde le village est particulièrement agréable, puisque très peu fréquentée. Le site est accessible par la route au niveau de Brickaville. Chaque jour, un taxi-brousse assure le transport depuis la capitale.

Nosy Varika
A 115 km au nord de Mananjary.
L'« île des makis », sur la rivière Sakaleona, permet de découvrir les makis, de la famille des prosimiens.
Accessibles seulement après des jours de marche, les chutes du Sakaleona (à 100 km vers l'ouest) sont les plus hautes du pays.

Mananjary
A 420 km au sud de Tamatave.
Divisée par le canal des Pangalanes, cette charmante localité est un important centre de production de girofle et de vanille.
Un peu au nord du village se dresse la statue d'un éléphant blanc - le « vatolambo », taillé en pierre-savon, encore vénéré par les habitants. Cette sculpture viendrait des descendants de Mahomet, qui auraient accosté à Madagascar près d'Iharana, avant de descendre vers le sud.

Suivez le guide !
Offrez-vous une liaison aérienne Mananjary-Manakara-Farafangana : le canal des Pangalanes vu du ciel offre quelques images inoubliables.

Manakara
A 150 km au sud de Mananjary.
D'un côté s'étendent les quartiers populaires, de l'autre le quartier Tanamboa, la gare et les stations de taxis-brousse. Cette coquette bourgade, partagée en deux par la rivière du même nom, possède encore quelque chose de sa splendeur passée. Celle de l'époque des grandes concessions de café. D'ailleurs, elle est toujours la « capitale » malgache du café. Les imposantes maisons coloniales auraient peut-être besoin d'une certaine rénovation, mais témoignent toujours d'un indéniable art de vivre.

Vohipeno
A 40 km au sud de Manakara.
Au bord de la Matitanana, cette calme petite cité a été influencée par les navigateurs arabes du VIIe siècle. D'ailleurs, ses habitants prétendent que les dignitaires locaux actuels sont les descendants directs de ces navigateurs venus d'horizons lointains.

Farafangana
A 110 km au sud de Manakara.
Calme et sereine, Farafangana marque l'extrémité sud du canal des Pangalanes. Après plusieurs jours de navigation sur ce dernier, l'ambiance sereine de la localité est une belle récompense pour le voyageur.

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