4 - Se déplacer de ville en ville


Le Nord-Est : Le Sétifois, Constantine

Arret à Constantine © Stefan Krasowski

Le Sétifois

Situé au cœur d'une haute plaine, le Sétifois ne possède pas les mêmes attraits naturels que la Kabylie voisine. Dotée de quelques sites archéologiques exceptionnels, cette région reste cependant incontournable pour les amateurs d'histoire.

Sétif
A 300 km à l'est d'Alger.
Derrière cette ville moderne et d'apparence plutôt banale se cachent les vestiges de l'ancienne Sitifis. Au Ier siècle, cette colonie romaine fut fondée par l'empereur Nerva pour y loger les vétérans de l'armée. Elle s'agrandit et finit par devenir, à la fin du IIIe siècle, la capitale de la province de Maurétanie sitifienne. Aujourd'hui, Sétif conserve encore les traces de son passé, disséminées en plusieurs endroits de la ville. A quelques encablures de la place de l'Indépendance, on retrouve les restes de l'ancien temple romain et les remparts élevés par les Byzantins. Le jardin d'Emir Abd el-Kader (ex-Jardin d'Orléans) sert de musée en plein air à de nombreux chapiteaux, colonnes, stèles et bas-reliefs. Un peu plus loin, les fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour deux basiliques, un ancien quartier d'habitation et quelques thermes.

Musée archéologique de Sétif
Avenue de l'ALN. Ouvert tlj de 9 h à 12 h et de 13 h à 16 h 30, sauf le vendredi matin et le samedi. Entrée payante.
Le musée de Sétif renferme quantité de pièces archéologiques réparties en plusieurs périodes. On peut y admirer notamment la mosaïque de la toilette de Vénus, où la déesse est entourée d'anges et de dauphins, ou encore celle représentant le triomphe de Bacchus. On y trouve aussi quelques éléments provenant de la Kalaa des Benni Hammad, première capitale des Hammadides, située à 130 km au sudouest de Sétif.

Djemila
A 50 km au nord-est de Sétif.
Etalée sur plus de 40 ha au pied de collines herbeuses, en pleine campagne, Djemila la bien nommée figure parmi les plus beaux sites archéologiques du monde romain. Inscrite depuis 1982 au patrimoine mondial de l'Unesco, elle conserve dans un état remarquable les ruines de l'antique Cuicul. A l'instar de Sitifis, cette colonie fut fondée par Nerva à la fin du Ier siècle pour récompenser les vétérans. Grâce au commerce du blé, la cité s'enrichit, s'agrandit et compta, à son apogée, plus 10 000 âmes. Les fouilles ont dégagé plusieurs quartiers d'habitation, des voies dallées, des maisons au sol recouvert de mosaïques, un marché, des bains, des basiliques, des fontaines, un château d'eau, etc. Le cœur de la cité est occupé par la place des Sévères, un forum bordé de monuments très bien conservés, comme l'arc de Caracalla ou le temple des Sévères. A l'est, le théâtre creusé dans la colline possède encore ses gradins de 3 000 places, et son mur de scène.
Le musée de Djemila (ouvert tlj sauf le samedi) abrite une prestigieuse collection de mosaïques.

L'autre 8 mai 1945 de Sétif
Alors que l'Europe récemment libérée fêtait la fin de la Seconde Guerre mondiale, à Sétif, mais aussi à Kherata et à Guelma, des milliers de musulmans descendirent dans les rues pour réclamer l'indépendance du pays. Les manifestations dégénérèrent rapidement en affrontements avec les autorités coloniales puis en attaques ciblant des colons français. La répression fut atroce et n'épargna personne : en quelques jours, entre 10 000 et 45 000 Algériens furent massacrés sans distinction. Cette tragédie est considérée par les historiens comme l'élément déclencheur de la guerre d'Algérie, qui débuta neuf ans plus tard.

Constantine

A 430 km à l'est d'Alger.
Perchée sur un plateau rocheux que les gorges du Rhummel séparent en deux, la capitale de l'Est algérien donne le vertige. Véritable nid d'aigle, Constantine est cernée de falaises abruptes. D'énormes travaux et la réalisation d'une série de ponts suspendus ont été nécessaires pour agrandir le site et lui permettre de s'étendre.
Sous l'Antiquité, elle était connue sous le nom de Cirta, capitale du royaume numide de Massinissa. Ruinée par une insurrection en 311, elle fut reconstruite par l'empereur romain Constantin dont elle prit le nom. Tout au long de l'époque médiévale, les dynasties musulmanes ne cessèrent de se la disputer. Sous la régence ottomane, elle rivalisa avec Alger et finit même par devenir une cité indépendante. Elle fut prise par les troupes françaises en 1837.

La vieille ville
A droite de la rue Larbi Ben M'hidi.
Avec ses ruelles pavées, ses minarets, ses petites échoppes et son souk grouillant de monde, la vieille ville, connue sous le nom de Souika, est une médina arabe typique. C'est là que réside l'âme de Constantine. Il faut la découvrir au petit matin, quand les marchands s'activent et que les artisans se mettent à l'œuvre. On observe avec intérêt les dinandiers exerçant leur art ou bien les couturiers confectionnant des robes en velours brodées de fil d'or que les Constantinoises portent les soirs de fête. Juste avant de rejoindre le pont d'El-Kantara, se dressent la Grande Mosquée et la medersa.

Palais du Bey
Place du Commandant-Si-el-Haoues. Entrée libre.
Achevé en 1835, deux ans seulement avant l'arrivée des troupes françaises, ce palais est l'un des derniers édifices laissés par les Turcs en Algérie. Il s'organise autour de plusieurs jardins et de cours intérieures décorées de colonnes en marbre et de portes en bois sculpté.

Suivez le guide !
Offrez-vous quelques sensations fortes et traversez à pied le pont suspendu de Sidi-M'cid. Il enjambe le ravin sur 168 m et s'élève à 175 m au-dessus de l'oued Rhummel.

Musée de Cirta
Rue Coudiat Aty. Ouvert tlj de 9 h à 17 h, sauf le vendredi matin et le samedi. Entrée payante.
Il abrite plusieurs collections de pièces archéologiques (mosaïques, statues, bronzes, monnaies) rassemblées par civilisations : numide, romaine, hammadide… Une salle est également consacrée aux peintures représentant des paysages et des scènes du pays constantinois.

Gorges du Rhummel
Véritable boulevard naturel séparant Constantine en deux, les gorges du Rhummel peuvent s'apprécier depuis les nombreux ponts suspendus de la ville, ou en empruntant les routes en corniche qui longent le ravin.

Tiddis
A 25 km au nord de Constantine.
L'antique Tiddis se distingue par son plan anarchique qui, terrain escarpé oblige, a été préféré à la logique romaine. Ce site, plutôt original, monte et descend à la manière d'une médina arabe. On y découvre notamment les restes de plusieurs quartiers de potiers, des sanctuaires, un château d'eau, des thermes, un forum et quelques habitations semi-troglodytiques.

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