4 - Se déplacer de ville en ville


Le Grand Sud : Le Hoggar

Vue de l'Assekrem, Tamanrasset © Guillaume Lecoquierre

Des montagnes dans le désert ? Voici l'une des nombreuses surprises que réserve le Sahara, dont l'image est plutôt associée à une mer de sable. Conséquence d'une intense activité volcanique, le massif granitique du Hoggar est constitué de pics, de pitons et d'immenses coulées de laves figées dans leur ultime mouvement. Tout autour de cette zone s'étalent de vastes plateaux de grès aux formes surréalistes, les tassilis. Celui des Ajjers, qui recèle une multitude de dessins et de gravures rupestres, abrite le plus grand musée d'art préhistorique à ciel ouvert du monde. Le Grand Sud algérien allie harmonieusement nature et histoire et se découvre en compagnie des légendaires Touareg.

Le Hoggar

Situé tout au sud de l'Algérie, sur un territoire aussi vaste que la France, le Hoggar (ou Ahaggar en langue tamacheq) a surgi du désert à la suite d'importantes éruptions volcaniques survenues au tertiaire et au quaternaire. Le vent et le temps se sont par la suite chargés de sculpter toute cette masse rocheuse en un paysage fantastique. Pics rocheux, orgues basaltiques et dômes aux formes atypiques se dressent anarchiquement au milieu d'une nature totalement vierge. On apprécie le Hoggar généralement en fin de journée, quand les parois rocheuses se mettent à rougir à la lumière du soleil couchant.
En terme de randonnées, le Hoggar offre plusieurs possibilités. Si les parcours les plus appréciés mènent aux montagnes de l'Atakor, en vue de grimper au sommet du plateau de l'Assekrem, lieu de méditation du père de Foucauld, d'autres expéditions poussent encore plus au nord vers le Tedefest, pour des escalades un peu plus musclées, ou vers le sud, à travers les falaises ensablées du tassili du Hoggar. Que l'on parte en caravane, en véhicule tout-terrain ou à pied, le point de départ de toutes ces balades demeure Tamanrasset, porte d'entrée du Grand Sud algérien.

Tamanrasset
A 1 900 km au sud d'Alger (2 h en avion). Avec près de 120 000 habitants, c'est la plus grande ville du Sahara algérien. Ceux qui l'ont connue avant les années 1980 risquent même d'être surpris tant « Tam », comme on la surnomme dans le coin, a beaucoup changé ces derniers temps. Et dire qu'il y a seulement un siècle, elle ne comptait que quelques petites huttes en roseaux, près desquelles s'installa le père de Foucauld. Cet ancien officier de l'armée française devenu ermite y fit construire en 1905 la toute première maison en terre, au bord de l'oued Tamanrasset. Il édifia une dizaine d'années plus tard un fortin, afin de protéger la population locale des pillards. Après l'indépendance, Tamanrasset prend de l'importance et devient une préfecture que l'on relie au nord du pays par de nouvelles routes goudronnées. On y construit des écoles, des centres de santé, de nouveaux commerces, et la ville séduit les nomades touareg touchés par la sécheresse. Située sur les pistes de Gao au Mali et d'Agadès au Niger, elle développe ses échanges au point de devenir l'une des plaques tournantes du commerce transsaharien. Les années 1980 apportent quant à elles une nouvelle manne à la région : le tourisme. Des agences se créent un peu partout et les Touareg n'hésitent pas à mettre leur connaissance du désert au service des randonneurs.
Tamanrasset est aujourd'hui une ville marché qui ne cesse de s'agrandir. Cosmopolite, les Algériens du nord y côtoient Touareg et immigrés africains, pour qui « Tam » n'est qu'une première étape vers l'Europe. On y séjourne généralement une nuit ou deux, en arrivant ou en repartant de Tamanrasset, ce qui laisse assez de temps pour visiter les lieux de mémoire du père de Foucauld, arpenter les allées du marché africain ou encore se rendre dans les ateliers des maîtres forgerons où l'on produit des bijoux traditionnels.

La Frégate
Près du marché africain.
Ce petit édifice rectangulaire en terre rouge fut construit en 1905 et servait de chapelle au père de Foucauld. L'intérieur est très rudimentaire. Le décor comprend un autel, ainsi qu'une petite croix et un portrait accrochés au mur. Juste en face demeurent quelques sœurs appartenant à l'ordre des Petites Sœurs de Jésus, un ordre contemplatif s'inspirant de la spiritualité du père de Foucauld. Avec le frère Antoine, membre des Petits Frères de Jésus, elles entretiennent les lieux de mémoire de l'ermite.

Le Bordj
Rue Emir Abd el-Kader, près de la mairie. Ouvert tlj. Entrée libre.
Ce fortin de forme carrée a été édifié en 1915 par le père de Foucauld afin d'y protéger la population locale des attaques des groupes de rebelles senoussistes. On y pénètre par une petite ouverture dissimulée derrière un muret devant lequel l'ermite fut abattu en 1916 par ces mêmes Senoussistes. On aperçoit encore l'impact de la balle tirée près de l'entrée. A l'intérieur, la cour centrale dessert plusieurs pièces au rez-de-chaussée, dont une cuisine, une chapelle et une salle d'hôtes. Dans ces salles sont exposés de nos jours des photos et des textes retraçant la vie du père de Foucauld ainsi que le premier lexique français-tamacheq qu'il réalisa après plusieurs années de travaux. Aux quatre coins de la cour, des escaliers permettent d'accéder sur le chemin de ronde du fortin. Vue sur Tamanrasset et quelques montagnes à l'horizon.

Le père de Foucauld
Quatre-vingt-dix ans après sa mort, le père de Foucauld (1858-1916) reste l'une des figures les plus emblématiques du Sahara algérien. Après des débuts très mouvementés dans l'armée, Charles Eugène de Foucauld quitte la garnison de Mascara pour voyager. Au Maroc, il est marqué par l'attachement des musulmans à leur foi. C'est la révélation. Il se convertit au christianisme, puis se fait moine avant d'être ordonné prêtre à Viviers en 1901. De retour en Algérie, il part dans le Hoggar dans le but d'évangéliser les nomades. Installé parmi les Touareg, il consacre une grande partie de son temps à étudier leur langue et leur culture. Il meurt en 1916, assassiné par des rebelles opposés à la colonisation du Sahara. Son corps repose à El-Goléa.

Musée de l'OPNA
Rue Emir Abd el-Kader. Ouvert tlj sauf le vendredi matin. Entrée libre.
Le musée de l'Office du parc national de l'Ahaggar (OPNA) aborde à travers une demi-douzaine de salles la géologie, la biodiversité, l'histoire ainsi que le patrimoine humain et naturel du Hoggar. Une partie de l'exposition est consacrée à Tin Hinan, légendaire reine des Touareg. Reconstitution d'une kheima (tente traditionnelle nomade) dans la dernière salle.

Suivez le guide !
Chaque hiver à Tamanrasset a lieu l'Assihar, un important rassemblement où sont mis en avant folklore, traditions sahariennes et artisanat local.

Marché africain
Au centre-ville, au bord de l'oued Tamanrasset. Ouvert tlj, du matin jusqu'au soir.
Marché haut en couleur qui rappelle que les portes de l'Afrique noire ne sont qu'à quelques kilomètres de là. Les étals y abondent d'épices, de cacahuètes, de tissus bariolés, de vaisselle, de sacoches en cuir et de toutes sortes de marchandises rapportées du Niger, du Mali, du Sénégal ou du Nigeria.

Marché du centre-ville
Rue Emir Abd el-Kader, près du bordj. Ouvert tlj, du matin jusqu'au soir.
Galerie marchande rassemblant plusieurs boutiques où l'on vend un grand choix de pièces artisanales : tapisserie, bijoux, croix du Sud, objets en cuir, rose des sables, sans oublier les fameux chechs (foulards touareg traditionnels).

Atelier des Forgerons
Village d'Adriane, au sud de la ville. Entrée libre.
A l'intérieur de ces petits ateliers, il est possible d'observer les maîtres forgerons de Tamanrasset à l'œuvre. Ceux qu'on appelle les Maalmine réalisent à longueur de journée des bijoux touareg (croix, colliers, pendentifs, broches), des cadenas ciselés, des épées et toutes sortes d'objets décoratifs en argent. Leur production est ensuite mise en vente dans la boutique adjacente ou sur le marché du centre-ville. Non loin de là, sur la route qui relie le village d'Adriane à Tamanrasset, on peut apercevoir un vieux ksar abandonné. C'est hélas tout ce qu'il reste du tombeau de l'amenokal Moussa ag-Amastane(1867-1921), influent chef touareg du début du siècle dernier.

La route de l'Assekrem
Circuit d'environ 100 km au nord de Tamanrasset.
Le chemin qui mène au plateau de l'Assekrem, du haut duquel se perche l'ermitage du père de Foucauld, est parsemé de pics et de pitons rocheux très caractéristiques des paysages du Hoggar. On y trouve également de nombreuses sources d'eau, les fameuses gueltas, qui constituent d'agréables haltes pour les randonneurs.

Le pic Iharène
A 15 km au nord-est de Tamanrasset.
Ce pic basaltique en forme de pouce est le premier « monument géologique » que l'on croise en sortant de Tamanrasset. Il culmine à 1 732 m et ne se laisse escalader que par les alpinistes les plus expérimentés. On l'appelle aussi pic Laperrine, du nom du général qui fit découvrir le Sahara à Charles de Foucauld, son ami. Un peu loin, à droite de la route, on peut apercevoir son frère jumeau, le pic Adaouda.

La source de Tahabort (ex-source Chapuis)
A 5 km au sud du pic Iharène.
Mirage au milieu d'une contrée aride. Cette source qui jaillit d'une petite montagne produit une eau minérale gazeuse, réputée pour ses effets bénéfiques contre les rhumatismes. Son faible débit n'autorise pas une exploitation commerciale mais une fontaine installée à l'ombre de quelques palmiers permet aux touristes d'y goûter. On y a construit une charmante auberge.

Les gueltas d'Imlaoulaouène
A 5 km au nord du pic Iharène.
Plusieurs gueltas (bassins) superposés sur les flancs d'un petit canyon. L'eau, quand il y en a, tombe en cascade jusqu'au pied de la falaise et alimente une petite réserve très appréciée des dromadaires.

Les gueltas des Afilale
A 15 km au sud de l'Assekrem.
Cet ensemble de petits lacs autour desquels ont poussé arbustes et roseaux est un lieu idéal pour bivouaquer et reposer les organismes fatigués.

Le Tigamaïn
A quelques kilomètres à l'est de l'Assekrem.
Surnommé également le Trident, ce pic est remarquable pour la forme de ses coulées basaltiques, pétrifiées dans leur mouvement. Il est encadré par le col d'Oul, qui abrite quelques gravures rupestres à sa base, et celui de Tézouai.

L'Assekrem
A 65 km au nord de Tamanrasset.
L'arrivée au sommet de cette montagne mythique et mystique demeure l'un des grands temps forts d'un voyage dans le Hoggar. On y accède par un petit sentier escarpé ou par une route goudronnée, volontairement saccagée afin d'empêcher le va-et-vient incessant des 4 x 4. Au bout du parcours, un balcon aménagé offre un panorama exceptionnel sur la région. C'est alors que le Hoggar se dévoile dans toute son austérité mais aussi dans toute sa splendeur. Une forêt de pics, de dômes, de pitons et d'aiguilles s'offre à la vue. En fin de journée, ce paysage lunaire se met à rougeoyer au fur et à mesure que le soleil se couche à l'horizon. Un spectacle de toute beauté difficile à oublier.
Juste au-dessus, à 2 780 m d'altitude, se dresse l'ermitage du père de Foucauld, petit refuge en pierres construit par le père en 1910. Il abrite une chapelle ainsi qu'une salle de travail où l'on découvre quelques copies de lettres rédigées par l'ermite dans sa retraite. Au pied du plateau, plusieurs refuges en dur permettent de passer la nuit à l'abri du froid. Les nuits à l'Assekrem peuvent en effet être glaciales.

Suivez le guide !
Quelques frères successeurs du père de Foucauld vivent sur les pentes de l'Assekrem. N'hésitez pas à aller à leur rencontre, ils vous offriront le thé et vous raconteront la vie du père.

La route d'Abalessa
Circuit à l'ouest de Tamanrasset.
Sur plus de 80 km, cette piste est truffée de sites préhistoriques et historiques (gravures rupestres, tombeau) et de campements touareg.

Aguenar
A 2 km au nord de l'aéroport de Tamanrasset.
Au bord d'un oued asséché, site rupestre où certains rochers comportent des représentations d'hommes, d'animaux ou d'inscriptions en tifinagh, écriture lybicoberbère utilisée par les Touareg.

Otoul
A 20 km à l'ouest de Tamanrasset.
Charmant village pittoresque entouré de jardins et de vergers. Des nomades y ont installé leur campement permanent en bordure d'un ancien oued asséché. Le lieu se prête parfaitement au bivouac. A voir, de nombreuses gravures rupestres.

Tit
A environ 20 km d'Otoul.
Ce petit village d'artisans renferme de très beaux exemples de gravures rupestres, dont notamment une vache dotée de très grandes cornes.

Abalessa
A 85 km à l'ouest de Tamanrasset. Ce village renferme un petit fortin funéraire datant du IIIe-IVe siècle de notre ère. Il devait accueillir la dépouille de Tin Hinan, découverte en 1925 avec du mobilier funéraire et des bijoux. Le tout fut transféré au musée du Bardo d'Alger. La légende raconte que Tin Hinan, aïeule du peuple touareg, quitta les montagnes de l'Atlas pour aller s'installer dans le désert en compagnie de sa servante Tahama et de sa suite. Elles élurent domicile près d'un oued, que Tin Hinan appela Abalessa en hommage à son frère. Aujourd'hui, les tribus nobles revendiquent leur filiation à la légendaire reine alors que les tribus vassales prétendent descendre de Tahama, sa servante.

Le Tedefest
A 250 km au nord de Tamanrasset.
Orientée plein nord, la chaîne montagneuse granitique du Tedefest se dresse sur environ 120 km de longueur et 40 km de large. De couleur sombre, elle est recouverte en certains endroits de vagues de sable blanc. Cet immense rempart naturel est dominé par deux sommets majestueux, l'In Akoulmoun (2 370 m) et le Garet el-Djoun ou « Montagne des Génies » (2 327 m) qui fut escaladé pour la première fois en 1935 par l'explorateur Roger Frison-Roche et le capitaine Coche.
L'ascension du Tedefest est réalisable par son versant méridional, depuis Mertoutek, seul village permanent de la région. Ceux qui entreprennent cette expédition plutôt musclée sont récompensés à leur arrivée par un superbe panorama sur les montagnes de l'Atakor et le Tahat (2 918 m), plus haut sommet d'Algérie. Une fois en haut, le site permet de réaliser d'intéressantes balades, pour y découvrir notamment un certain nombre de gravures et de peintures rupestres. Assurément l'une des régions les plus dépaysantes du Sahara algérien.

Le tassili du Hoggar
A 300 km au sud de Tamanrasset.
Encadré par le Mali à l'ouest, le Niger à l'est et le massif du Hoggar au nord, le tassili du Hoggar, aux confins du territoire algérien, est un immense plateau effondré sur un océan de sable. Au fil du temps, l'érosion y a sculpté le grès à la manière d'un artiste. Au milieu des dunes orangées jaillissent ainsi d'étranges silhouettes rocheuses que l'imagination humaine a associées à des objets (tables, orgues, marmites, cheminées), des monuments (cathédrales, citadelles) ou encore des animaux (chameaux, chacals).
Dépourvu d'eau, le tassili du Hoggar a vu disparaître ses derniers nomades il y a une trentaine d'années, à la suite de violentes sécheresses. L'altitude y est beaucoup plus basse que dans le Hoggar et les températures nettement plus élevées en journée. Cette contrée aux paysages fantastiques se prête idéalement aux treks, aux randonnées chamelières et en 4 x 4. On y accède depuis Tamanrasset par la route qui la relie au village frontière d'In-Guezzam.

Suivez le guide !
Pour se protéger des vents de sable, les Touareg portent un chech (foulard). Pensez à en acheter un avant un trek dans le désert. On en trouve dans plusieurs boutiques de Tamanrasset ou de Djanet.

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