Syracuse

Syracuse (Siracusa)

S’il est un point commun à tout le sud-est de la Sicile, ce sont les mystères du sous-sol : de Syracuse, que catacombes et latomies percent comme un gruyère, à Ispica, chef-lieu d’une région aux mille nécropoles souterraines, sans oublier Raguse, reine d’une poignée de villes baroques ressuscitées d’un lendemain de terremoto... de tremblement de terre !

A 60 km au sud de Catane ; 260 km au sud-est de Palerme.
Ce sont les gens de Corinthe, dans le Péloponnèse, qui fondent ce port, au VIIIe siècle avant notre ère, mais les Phéniciens avaient déjà donné son nom à ce site stratégique, « Roche-aux-Mouettes » dans leur langue.
Syracuse entame son histoire glorieuse en tentant de faire autour d’elle l’unité de toute la Sicile. Prenant le contrôle de la cité, Gélon, le tyran de Géla, fait le pas décisif : après avoir conclu une alliance avec Agrigente, il défait les Carthaginois à Himère, en 480.
Syracuse devient la ville la plus influente de l’île, battant à plates coutures les Athéniens jaloux, avant de trouver son apogée sous le tyran Denys. Elle ne peut pourtant résister aux troupes du Romain Marcellus, qui la pille, en 212 avant notre ère. Rome lui redonne sa prospérité. Mais les Byzantins s’y intéressent peu, lui préférant Taormine. En 878, les Sarrasins s’en emparent et la rasent, mettant fin à treize siècles de prééminence.

Nostalgique de l’âge d’or, le tissu urbain s’étire entre une ville XIXe taillée au carré, qui sacrifie le quart de sa surface aux sites archéo-logiques, et la charmante île d’Ortygie, aux décors pittoresques et aux mille sens uniques.

La ville moderne

Sillonnée en tout sens par les voitures et les scooters, elle dissimule, sous sa banalité, quelques curiosités archéologiques et deux hauts lieux de la ferveur chrétienne.

Clinton Square – Syracuse By: Joe ShlabotnikCC BY-NC-SA 2.0

Nouveau Musée archéologique (Nuovo Museo Archeologico)

Viale Teocrito. Ouvert du mardi au dimanche de 9 h à 14 h. Entrée payante.
Classés chronologiquement, on y présente tous les trésors volés au sol syracusain. Le fleuron est cette Vénus anadyomène : une femme sans tête et toute trempée, qui cache timidement sa toison de marbre.

Eglise Sainte-Lucie (Santa Lucia)

Piazza Santa Lucia.
C’est Naples qui la chante et Venise qui accapare ses reliques, mais sainte Lucie reste la patronne de Syracuse. On la fête par des processions, chaque 1er mai et 13 décembre. La jeune vierge aurait été égorgée au bout de l’esplanade frangée d’arbres qui porte son nom – après que des bœufs aient vainement tenté de la traîner vers un lupanar. Les Byzantins élevèrent une église sur les lieux du crime, reprise par les infatigables maçons normands, avant que l’ère baroque ne la dote d’un beau portail. Au sud-est trône un pesant monument polygonal (capella del Sepolcro), qui n’est pas sans rappeler les mausolées romains. Lucie y était enterrée. Les Arabes vendirent ses ossements à Constantinople, où ils seront volés par les Vénitiens.
Ne reste dans le sépulcre qu’un précieux linceul. Sous le sanctuaire s’étendent les catacombes de Sainte-Lucie (catacombe di Santa Lucia). On visitera aussi en ville les vastes catacombes de Saint-Jean (catacombe di San Giovanni, dans lavia de même nom).

Nous entrerons dans la carrière…

Situées dans la ville même de Syracuse, les latomies sont des carrières (latomia, en grec) qui ont fourni de la pierre à tous les urbanistes antiques. La plupart de ces galeries étaient couvertes lorsque le tremblement de terre de 1693 les transforme… en exploitation à ciel ouvert. On y laisse alors pousser les arbres plus ou moins librement, jusqu’à en faire des lieux de promenade interlopes, précieux alliés des amours clandestines. Des cinq latomies que compte Syracuse, la plupart sont, hélas, fermées pour raison de sécurité… et de morale.

La Madonnina (Santa Madonna delle Lacrime)

Via del Santuario, par la via Teocrito.
Elevé par deux architectes français, ce vaste sanctuaire contemporain à l’esthétique discutable, abrite une vierge miraculeuse drapée à l’espagnole, dans son cône d’habits précieux.

Arsenal antique (arsenale antico)

Via dell’Arsenale, au niveau de l’embarcadère de Santa Lucia.
On scrutera à travers le grillage des portions de cales sèches où les bateaux de guerre étaient halés pour l’hiver après leurs campagnes contre Carthage ou Athènes.

La zone archéologique

Ouvert tlj de 9 h à 18 h l’été, jusqu’à 16 h l’hiver. Entrée payante.
Elle recouvre l’ancien quartier antique de la Neapolis (« nouvelle cité »). S’y enchevêtrent des latomies, des tombeaux et des monuments publics.

Tombeau d’Archimède

En bordure de la nécropole des Groticelli (via Romagnolli), on remarque cette tombe hellénistique, la plus belle de toutes, dont le vrai locataire est inconnu.

Amphithéâtre romain

Il est construit… à la grecque, en économisant sur la maçonnerie en mettant à profit le relief naturel.

Autel de Hiéron

C’est là que le tyran faisait procéder à d’immenses orgies sacrificielles. Ses 200 mètres de longueur permettaient d’égorger 450 taureaux d’un coup.

Théâtre

C’est l’un des plus grands théâtres du monde grec. Eschyle y a fait jouer ses meilleures pièces. Les deux excavations où coulent des sources, au sommet des gradins, auraient servi de haut-parleurs.

Latomie du Paradis (latomia del Paradiso)

On croit pénétrer dans un jardin public cerné de falaises. A gauche en entrant, se tend l’Oreille de Denys (Orecchio di Dionisio) : une anfractuosité en forme d’escargot, dont la forme amplifie le moindre chuchotement.
Selon le peintre Caravage, le très paranoïaque Denys se plaçait à l’entrée pour savoir ce que pensaient de lui ceux qu’il avait mis aux travaux forcés.

Castello Eurialo

A 10 km du centre, par la via Forlanni.
Sur la colline qui surplombe Syracuse veille la plus géniale forteresse de l’Antiquité. Elle fut construite au IVe siècle avant notre ère par Denys, et remaniée par Byzantins et Normands.
Un escalier s’ouvre sous ses trois tours survivantes : il mène aux souterrains, qui permettaient de faire circuler en quelques minutes les troupes vers tout point menacé. Sur le chemin du castello, on traverse les magnifiques remparts de Denys, dont les dimensions dépassent de loin le noyau urbain actuel.

Suivez le guide !

Les années paires, a lieu en mai et en juin le festival de Syracuse, qui met en scène les plus fameuses tragédies et comédies antiques.

Suivez le guide !

A l’est de Syracuse, sur la route de Caltagirone, 10 km d’autoroute oubliés permettent de gagner du temps pour rallier Noto.

Ortygie (Ortigia)

Un pont enjambe la Darsena, canal en chevron qui sépare Ortygie de la terre ferme et relie les deux ports (porto Piccolo et porto Grande).
L’île a conservé sa voirie du Moyen Age, enrichie par les palais de la via Maestranza, et quelques églises baroques, comme celle de l’Immaculée (L’Immacolata).

Temple d’Apollon (Tempio di Apollo)

Ce sont les dimensions de ce temple qui en font l’intérêt : le lieu sacré s’est entre-temps plié aux caprices de tous les cultes, avant de finir en caserne pour les soldats espagnols. Sur le mur nord, on reconnaît des éléments de l’ancienne mosquée.

Fontaine d’Aréthuse (Fonte Aretusa)

Lungomare Alfeo.
L’originalité est d’être au niveau de la mer… et de donner de l’eau douce. Selon la légende, elle ne serait que l’embouchure d’un tunnel inondé, relié au Péloponnèse. Il aurait été creusé par Artémis, déesse de la chasteté, pour sauver la nymphe Aréthuse des assiduités d’Alphée (le fleuve qui coule à Olympie), qui voulait prendre la nymphe contre son gré.
Beaucoup de visiteurs – et de guides touristiques – confondent ce bassin planté de papyrus avec la beaucoup plus esthétique fontaine d’Artémis, située à quelques rues de là.

Fontaine d’Artémis (Fonte Artemide)

Piazza Archimede.
Servant de rond-point au ballet des quads, la déesse bienfaitrice d’Aréthuse est plantée sur sa fontaine, l’arc au dos, entourée de cochers de tous âges qui tentent de maîtriser des chevaux à queue de poisson.

Cathédrale (Duomo)

Piazza Duomo. Ouverte tlj de 7 h 30 à 12 h 30 et de 16 h à 19 h.
Bien campée sur sa place élégante, la cathédrale a été élevée au VIIe siècle en récupérant la structure du temple d’Athéna – que Gélon avait financé avec le butin de la victoire d’Himère. On en repère facilement les colonnes dans le sombre intérieur, qui renferme également quelques trésors d’orfèvrerie et de sculpture.
Le XVIIIe siècle a plaqué le tout d’une façade aux puissantes colonnes surmontées de pieuses statues bénissant une foule aujourd’hui rare.

Palais Bellomo (Palazzo Bellomo)

Via Capodieci. Ouvert tlj sauf dimanche de 9 h à 14 h. Entrée payante.
Il est le siège de la Galerie régionale et s’enorgueillit de l’Annonciation d’Antonello de Messine et de l’Enterrement de sainte Lucie, du Caravage. On y admirera aussi quelques intéressantes crèches, dues à des artistes moins médiatisés.

Castello Maniace

Pointe d’Ortygie
Il porte le nom du général byzantin Maniakès, qui s’en empara en 1038, et prit Syracuse. Le fort actuel est dû à Frédéric II. Naguère classé terrain militaire en raison de sa position stratégique, il est aujourd’hui ouvert au public.

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