Une terre à la fertilité ambiguë. Une industrialisation ponctionnée par l’économie parallèle. Mais des mœurs qui évoluent en restant fidèles au particularisme. A la condescendance du Nord, la Sicile riposte par ses contradictions. Un univers difficile à cerner et qui en est fier.
Economie
Retardée, c’est le premier terme qui vient à l’esprit au regard de l’économie sicilienne. Tout comme en Sardaigne, économie et autonomie sont intimement liées, mais le statut spécial octroyé à l’île, dès 1948, semble bien insuffisant pour sortir du marasme.
La terre est fertile, certes, mais des réformes agraires ratées ou sabotées en ont freiné l’épanouissement.
L’échec relatif de l’industrialisation des années 50 a tout de même légué à l’île une main-d’œuvre aussi nombreuse que qualifiée. Mais le chômage touche près de 30 % de la population (le plus fort taux d’Italie, après la Calabre), même si le travail non déclaré amènerait une révision de ce chiffre.
L’agriculture
Elle exploite 85 % de la surface de la Sicile, mais ne concerne que 10 % de la population et 20 % du PNB. Les cultures céréalières prédominent, blé et orge – en jachère biennale – en tête. A côté de cette production de quelque 9 millions de quintaux de céréales, se maintient une polyculture, intéressante, certes, mais insuffisante. Elle occupe 10 % de la surface cultivée et ne compte que pour 10 % dans la production de l’Italie.
Les vignobles se blottissent autour de Marsala, Tràpani, les flancs fertiles de l’Etna, et les îles comme Pantelleria.
Dans le nord et l’est de l’île, les agrumes répondent activement à la demande européenne. Le coton côtoie le fenouil et l’aubergine dans la plaine de Vittoria, les oliviers font la fierté d’Agrigente et les tomates rougissent tranquillement autour de Milazzo.
Malgré une irrigation bien pensée par les ingénieurs arabes et la mécanisation, la Sicile est concernée par le problème de la renaissance de l’esclavage dont fait les frais la main-d’œuvre débarquée clandestinement d’Afrique, voire importée des anciens « pays de l’Est ». L’éclatement de la grande propriété, qui a désorganisé les vieilles structures, et le manque d’eau privilégient l’élevage des moutons et des chèvres. Il existe cependant quelques troupeaux de bœufs, menés traditionnellement au sifflet et, en bons Italiens, les Siciliens ne sauraient se passer du porc et de la sacro-saintesalumeria.
L’industrie
Fragile, affaiblie, vieillie, déçue : les qualificatifs reflètent la désolante situation de l’industrie sicilienne. Lipari ponce toujours ses pierres ; dans la région de Catane, de petites entreprises de techniques avancées offrent une vitrine flatteuse, mais les chantiers navals sont en crise, le textile manque d’allant, les exploitations extractives (sel, soufre, potasse…) sont en perte de vitesse.
Un temps, le pétrole de Gela et le gaz d’Augusta ont fait rêver à un avenir plus dynamique : la main-d’œuvre ne rechignait pas à la tâche et la proximité de l’Afrique et du Proche-Orient fit même de l’île une base courtisée pour implanter raffineries et industries chimiques. Les problèmes de pollution, cachés par une administration corrompue, sont éventés par les prises de conscience écologiques, qui entraîne de coûteuses remises aux normes.
Goûtons voir…
Ils étaient trois sujets de la reine, Whitaker, Woodhouse et Ingham. Trois Anglais qui goûtèrent le petit vin local de Marsala, le trouvèrent bon, en améliorèrent la recette et, pour finir, l’exportèrent.
Le succès remporté fut tel qu’un Sicilien finit par s’y intéresser et créa une des plus grosses entreprises actuelles, Ignazio Florio.
Ce sont aujourd’hui 3 millions d’hectolitres qui sont exportés à travers le monde. Devenu appellation d’origine contrôlée, le cru a dû renoncer à ses variantes naguère fameuses : marsala aux amandes ou aux œufs.
La pêche
« Allons à Messine, pêcher la sardine », dit la chanson : la Sicile réunit à elle seule le quart de la flotte de pêche italienne et Messine chasse aussi l’espadon. Mais la légendaire tonnara (notre madrague), la pêche au thon rouge avec filet, disparaît.
C’était pourtant une source de revenus importants qui mobilisait tous les pêcheurs, entre mai et juin autour de l’île de Favignana. Mais ni la concurrence tunisienne, ni les pirates japonais qui braconnent les gros poissons en toute impunité, ne découragent les 30 000 pêcheurs de Mazara ou de Tràpani.
Les services
Occupant 70% de la population active, la Sicile semble avoir misé sur le tertiaire : le tourisme prend le chemin ensoleillé d’une première place en matière de revenus, grâce à une infrastructure routière moderne, pas moins de trois aéroports internationaux et des hôtels plus intimes, adaptés aux nouvelles demandes.
Combinant gîtes ruraux et découverte du monde rural de l’intérieur, l’agriturismo suit la mode. Il aide à une meilleure répartition de l’hôtellerie, trop longtemps l’apanage de la zone orientale.
Institutions politiques et administratives
L’Italie est une république constitutionnelle parlementaire. Le président et chef de l’Etat est élu pour un mandat de sept ans, renouvelable. Le pays est scindé en vingt régions administratives subdivisées en 103 provinces et 9 104 communes.
La Sicile fait partie du Mezzogiorno, le « Midi » italien, dans lequel on retrouve six autres régions administratives : Molise, Campanie, Pouille, Basilicate (ou Lucanie), Calabre et Sardaigne.
La Constitution
Monarchie ou république ? C’est en 1946 qu’une petite majorité d’Italiens, échaudés par le fascisme, rejetèrent le Statuto Albertino – qui avait ouvert la voie à Mussolini – pour élire une Assemblée constituante. Le dernier roi d’Italie, Humbert II, en exil, est remplacé par le premier président de la République, Enrico de Nicola.
Le texte de la Constitution, mis en vigueur le 1er janvier 1948, fut élaboré par 75 députés, représentant proportionnellement les différents groupes politiques. Il reflète des tendances socialistes et libérales, et il faut une sacrée motivation pour le modifier ! Le processus nécessite, en effet, une double délibération des Chambres, qui doivent, à trois mois d’intervalle, entériner chaque loi à la majorité des deux tiers ; à moins de ne laisser la vox populi décider par un référendum. Mauvais souvenir oblige, la Constitution interdit de concentrer le pouvoir entre les mains d’une seule personne.
Le Parlement
Deux assemblées le composent : la Chambre des députés (630 membres) et le Sénat (315 membres). Le Parlement exerce essentiellement des fonctions législatives. Il contrôle l’action du gouvernement par motions de censure.
Depuis 1994, un système électoral mixte prévaut : 75 % des sièges sont attribués au scrutin majoritaire et 25 % à la proportionnelle.
Les partis
Les principaux partis politiques italiens sont marqués par les alliances. A droite, la Casa delle Libertà (la Maison des Libertés) rassemble Forza Italia (Silvio Berlusconi), Allianza Nazionale (parti populiste et nationaliste) et des partis comme la Lega dal Nord, ligue réclamant la sécession d’avec la Sicile et le Mezzogiorno, en tout cas, le fédéralisme. A gauche, le PDS (ex-parti communiste) ou le SDI (socialistes-démocrates italiens), les écolos de la Federazione dei Verdi, et de petits partis communisants, telle Rifondazione Communista.
L’Unione est, comme son nom l’indique, une coalition de partis centristes, dont L‘Ulivo (l’Olivier), lui-même coalition regroupant le parti chrétien libéral La Margarita et d’autres partis « socialistes », « européens », « républicains » ou « démocrates ».
Le statut de la Sicile
Octroyé en 1948 – en même temps qu’à la Sardaigne, le Trentin-Haut-Adige et le Frioul -, le statut de la Sicile lui confère une large autonomie. La capitale régionale est Palerme, qui a sous sa coupe neuf provinces : Agrigente, Caltanissetta, Catane, Enna, Messine, Raguse, Syracuse, Tràpani et… Palerme.
Population
Cinq millions de personnes et une densité de 194 habitants au km2 : malgré ces chiffres impressionnants, l’île reste une championne en matière d’émigration.
Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, les Siciliens ont fui par milliers la pauvreté, pour traquer le rêve américain d’abord, puis un simple emploi en France ou en Suisse. Pourtant, de plus en plus nombreux sont ceux qui reviennent aujourd’hui au pays.
La population se partage entre une existence citadine dans les grandes agglomérations de Palerme ou Catane, et une vie regroupée dans de gros bourgs agricoles, conçus à l’origine pour s’unir face aux envahisseurs.
Souvent éloignés des champs, ces borghi contadini sont à l’origine d’une des plus anciennes traditions de l’île, les charrettes, moyen de locomotion privilégié pour gagner le lieu de travail.
La Sicile connaît un fort taux d’analphabétisation : dans les quartiers défavorisés de Palerme et de Catane, beaucoup d’enfants non scolarisés ne parlent parfois… que le dialecte de leur rue.
Religions et croyances
Hormis les minorités albanaises, qui ont gardé les rites byzantins depuis leur fuite devant l’avancée turque, au xve siècle, et une population immigrée à majorité musulmane, les Siciliens sont essentiellement de rite catholique.
Le prêtre conseille toujours sans vergogne les électeurs dans son sermon, mais les églises se vident. Si la Sicile a ses processions, elles sont loin d’atteindre l’exubérance de celles du Sud continental. Le Sicilien est réservé, et sa piété se manifeste de manière plus intime par un cierge, une image ou un ex voto.
Le saint patron de chaque bourgade est vénéré pour ses services, mais face aux catastrophes, comme les éruptions, il arrive qu’on en change !
Superstitions et traditions, d’origines immémoriales, ont justifiés 4 volumes de 500 pages du folkloriste Giuseppe Pitrè. Certaines se sont amalgamées avec les fêtes chrétiennes, tels les lâchers de pigeons ou la bénédiction des céréales germées.
La mort exerce une fascination complexe. On la retrouve dans les 8 000 corps momifiés du couvent des Capucins, à Palerme, ou à la Toussaint, quand les poupées que les enfants reçoivent sont offertes par les aïeuls disparus. Que ce soit un espadon ou un rival, lorsque le sicilien tue, c’est avec des rites dignes d’un sacrifice.
La Mafia
Cette organisation hiérarchique de coschi (clans, cosca désignant les pointes resserrées du chardon ou de l’artichaut) est née de l’incurie des gouvernements étrangers qui se sont succédé en Sicile. D’abord simple phénomène de rapports de force et d’intérêts, la Mafia devient vite un Etat parallèle, qui rend justice… et se sert au passage. Chevalerie du crime, cette Onorata Società (« Société honorée ») a ses propres valeurs et même sa patronne, Notre-Dame-de-l’Annonciation. Lors de l’intronisation, l’impétrant mafiusu prête serment sur son image.
Un parjure ne doit jamais échapper à la mort, même si c’est son frère qui doit être le bourreau : désobéir à un ordre est moins dangereux qu’impensable. Régnant par la terreur, l’organisation vit aussi des renvois d’ascenseurs, des achats forcés chez un fournisseur et d’un impôt, le pizzu. Un épicier ou un boucher palermitain peuvent ainsi s’entendre réclamer 300 € par mois ; mais un entrepreneur peut payer beaucoup plus pour obtenir des « services ».
Un temps dépassée par les mutations de l’après-guerre et les défections en chaine des « repentis », la Mafia s’occupe aujourd’hui des juteuses filières de la drogue et de l’immobilier, mais aussi d’investissements on ne peut plus légaux ! Fidèle à ses habitudes de souplesse, en dépit d’un conservatisme exacerbé, cette organisation européenne avant l’heure n’a guère vu dans l’U.E. que quelques subventions de plus à détourner. Cependant, avec l’entrée dans l’Union de pays de l’ancien bloc communiste, elle doit se battre contre les puissantes pègres slaves ou albanaises.
L’Umirtà
La loi vitale de la Mafia, c’est l’umirtà, déformation d’umiltà, la très catholique vertu d’humilité. Par ce mot, on entend la fameuse « loi du silence » ; mais c’est toute la Sicile qui adopte cette attitude, en ne parlant jamais que du strict nécessaire.
Fêtes et coutumes
Piété convaincue, croyances populaires, tout en Sicile contribue à célébrer un événement, des processions de la semaine sainte à la fête du saint patron, qui protège chaque bourgade.
Les jours fériés
Ils sont comparables aux jours fériés français (au passage, notons qu’en italien jour férié se dit giorno festivo, feriale signifiant… ouvrable !) :
1er janvier : jour de l’An.
6 janvier : Épiphanie.
Mars : Lundi de Pâques.
25 avril : jour de la Libération.
1er mai : fête du Travail.
15 août : Assomption.
1er novembre : Toussaint.
8 décembre : Immaculée Conception.
25 décembre : Noël.
26 décembre : Saint-Etienne.
Les fêtes et les traditions
6 février : Epiphanie à Piana degli Albanesi.
10 – 17 février : à Agrigente, fête des Amandiers, ponctuée de défilés de charrettes typiques, salués par des concerts.
27 février – 4 mars : l’un des carnavals les plus connus, à Acireale.
18 mars : saint Joseph, le patron de l’île, a droit à de nombreux feux d’artifice à l’occasion des vampe di San Giuseppe.
Semaine sainte : le jeudi, c’est Erice et Marsala pour leur impressionnant chemin de croix et, le vendredi, c’est Tràpani, pour admirer la non moins grande ferveur des Siciliens.
Avril : à Prizzi, les habitants se déguisent en démons prisonniers des anges. Excellent pour éloigner le mauvais œil ! A Scicli, reconstitution de la lutte du Normand Roger contre les Arabes.
23 avril : c’est la Saint-Georges pour toute l’île.
Fin mai : fête du Costume et de la Charrette siciliens à Taormine.
Juillet : festival de musique dans le théâtre antique de Taormine.
11-15 juillet : Palerme honore sa sainte patronne, Rosalie, qu’on promène d’un bout à l’autre de la ville sur un superbe char.
13-14 août : le preux Roger a vaincu les Sarrasins, et c’est une cavalcade en costume qui vous fait revivre l’histoire, à Piazza Armerina.
15 août : parmi toutes les processions, c’est à celle de Messine qu’il faut assister.
Août : on swingue pendant une semaine, au San Vito Jazz Festival.
4 septembre : les habitants de Palerme rendent une petite visite à sainte Rosalie, dans sa grotte du Monte Pellegrino.
8 septembre : la Madonna Nera, Vierge Noire forte de ses nombreux miracles, a droit à son pèlerinage, l’un des plus populaires de l’île à Tindari.
Art et culture
La peinture, la sculpture, l’architecture
Le style le plus typique de la Sicile se trouve indiscutablement dans le patrimoine laissé par les Normands, qui est le fruit de la collaboration d’architectes maures et de mosaïstes byzantins. Il s’exprime dans de nombreuses églises de l’île : Monreale, Cefalù, Agrigente… mais surtout à Palerme.
La Sicile n’a produit que quelques grands noms.
Le plus connu est sans doute Antonello de Messine (1430-1479), qui gâta Naples de ses peintures empreintes d’une grande douceur expressive.
En sculpture, on notera les personnages rococo de Giacomo Serpotta (1650-1732).
Détruites au XVlle siècle par des tremblements de terre, Raguse et Noto ont été rebâties dans un style baroque qui donne la primeur aux effets théâtraux des escaliers et des façades renforcées en douce, dans la crainte de nouveaux séismes.
Le style Risorgimento, issu de l’Unité italienne, a laissé quelques chefs-d’œuvre à Palerme ou Catane, et Mussolini a fait construire ici des exemples pittoresques de pesanteur monumentale.
La littérature
Elle se place dans la dynamique de la vieille langue sicilienne, et connaît dès le XIIIe siècle d’ardents défenseurs en la personne d’un Frédéric II (1194-1250), poète à ses heures, et Giacomo da Lentini, qui créa le principe du sonnet. Une poésie aussi rythmique que lyrique qui céda sa place, au XIVe siècle, à une inspiration dantesque avant de sombrer dans l’oubli. Si l’art poétique se fait discret, le sicilien poursuit son ascension à travers les tragédies baroques de Ortensio Scammacca (1562-1648).
Puis vient l’heure de l’histoire de l’île comme a pu la décrire l’abbé Giambattista Caruso (1673-1724) et de sa littérature détaillée par Antonio Mongitore (1663-1743). Le XIXe siècle s’ouvre au Risorgimento italien : un Eliodoro Lombardi (1843-1894) encense Garibaldi, tandis que Giuseppe Pitrè (1841-1916) étudie la vie et les mœurs de ses compatriotes. Le vérisme du XIXe siècle apportera une lumière plus sombre mais un regard bien plus franc sur la Sicile, notamment à travers l’œuvre de Giovanni Verga (1830-1922), qui retrace sans concession la vie locale. Pour autant, ce sont les auteurs du XXe siècle qui restent les plus lus.
Le littérateur le plus connu reste l’aristocrate palermitain Tommaso di Lampedusa (1887-1957), auteur du Guépard, immortalisé à l’écran par Burt Lancaster. Plus intellectuel, on ne peut passer sous silence Luigi Pirandello (1867-1936), le dramaturge d’Agrigente, fameux pour ses Six personnages en quête d’auteur ; mais le plus sicilien est sans conteste Leonardo Sciascia (1921-1989), qui a peint avec finesse les mœurs insulaires et leurs liens avec la Mafia.
Ses œuvres les plus appréciées sont Cadavres exquis et Du côté des infidèles, qui mêlent critique sociale et roman policier. C’est dans ce dernier genre que s’illustre Andrea Camilleri et son cher commissaire Montalbano (qui enquête dans la région de Géla), porté à l’écran dans une série de bonne tenue. Le dramaturge et acteur Spiro Scimone (né en 1964) s’est même essayé à des pièces en sicilien.
La musique
La siciliana, connue dès le xive siècle, était avant tout une danse de bergers, qui prit vite une forme plus urbaine et majestueuse. Il faudra attendre la fin du xviie siècle pour que cette canzonetta fasse son apparition dans les livrets d’opéras, les sonates et les concertos de Corelli ou de Domenico Scarlatti.
Le frère de ce dernier, le compositeur Alessandro Scarlatti (1660-1725) était de Tràpani ; Vincenzo Bellini, l’auteur de Norma, est né à Catane.
Mais ils ne doivent pas masquer Rosa Balestreri, diva de la chanson populaire sicilienne, ni peut-être Salvatore Adamo (né à Corniso, près de Raguse, et qui a refusé d’être nationalisé belge) : l’empreinte musicale se lit parfois dans la mélodie et surtout l’orchestration de chansons pourtant résolument internationales.
La musique traditionnelle a des accents aigres et envoûtants, ponctués souvent par un instrument inattendu… la guimbarde.
Appelée marranzanu, ses sonorités tragiques ont séduit Ennio Morricone et le Néo-Jersiais d’origine sicilienne Bon Jovi. Les fanfares (bbanni), rendues célèbres par le film Le Parrain, ont donné une identité auditive tout aussi forte à l’île.
Le cinéma
Si l’on ne peut guère parler de cinéma sicilien en matière de réalisateurs, l’île en elle-même a en revanche été le théâtre de nombreux films, élevés au rang de chefs-d’œuvre : ainsi, Stromboli, de Roberto Rosselini, montre une terre à la beauté aussi immatérielle que dure. Magistralement orchestré par Lucchino Visconti, Le Guépard évoque le passé féodal de la Sicile.
La manne cinématographique vient avant tout du sujet par excellence, exploité jusqu’à la caricature, de la Mafia sicilienne. On ne peut néanmoins pas passer à côté d’Au nom de la loi, de Pietro Germi, ni de Salvatore Giuliano (1961), de Cadavre exquis (1975) de Francesco Rosi, plus récemment (2003), de Secrets d’Etat (2003) de Paolo Benvenut.
Mais la peinture sait parfois s’adoucir, avec Kaos, contes siciliens (1984), des frères Taviani, Cinéma Paradiso (1989) de Giuseppe Tornatore, ou Respiro (2001), d’Emanuele Crialese, qui montrent la part plus intimiste de l’île.