Giardini Naxos
A 7 km au sud de Taormine et 51 km au sud de Messine.
C’est l’ancienne colonie grecque de Naxos (il en reste quelques ruines, près du musée, en suivant le promontoire Schiso), convertie en station balnéaire, avec ses marchands de ballons et de raquettes de badminton, de bouées et de souvenirs aux tons voyants. Plus au nord, l’Isola Bella laisse paraître ses rondeurs sur les vagues du golfe de Taormine.
Le baron et les bergers
Herr Baron von Glöden est tuberculeux. On lui conseille de prendre le bon air de Taormine pour soigner son mal. Il n’y oublie pas pour autant ses manies et son penchant pour la jeunesse : ici, pour quelques pièces, les fils de pâtre se déshabillent et prennent la pose devant l’objectif du nobliau allemand, passionné de photographie et de formes juvéniles.
Ses nombreux clichés dénudés et érotisants circulent sous la redingote dans tous les salons d’Europe. Taormine devient ainsi à la mode. Aujourd’hui, ses photos ont été montées en vidéos, et sont vendues en librairie aux amateurs – aux motivations diverses…
Messine (Messina, Zancle)
C’est le point où la botte italienne shoote dans le triangle sicilien à la manière d’un champion de calcio. A vrai dire, trois kilomètres les séparent, mais quels kilomètres! Ils sont le repaire des deux monstres antiques Charybde et Scilla – celle-ci plus redoutable que le premier. Se jouant des légendes, les pêcheurs d’espadons vont à la pêche d’autres monstres, en prenant soin, à chaque capture, de les énucléer pour se protéger du mauvais œil.
Mais leurs embarcations qu’on reconnaît de loin à leur mât de vigie, cèdent le pas au flux incessant des compagnies maritimes, qui traversent le canal comme au temps de Roger, le conquérant normand surgi de Calabre. Berlusconi a décidé la construction d’un pont entre les deux rives, gage de quelque désastre économique et de la fin d’une insularité.
Un port en demi-lune lui donne son premier nom, Zankle (« Faucille »). Les Grecs ne s’y étaient pas trompés en adoptant ce refuge naturel. Après eux, la cité reste le passage de guerriers, de Richard Cœur-de-Lion, en route pour la croisade, aux Anglo-Américains, qui lâchèrent leurs cargaisons de bombes sur la ville.
Port
On y accède par une porte monumentale dont les bas-reliefs chantent encore les mérites de Mussolini. Une haie de voitures en stationnement interdit garnit les quais, desquels on peut observer l’activité portuaire, du trafic voyageur de Villa San Giovanni et Reggio, en Calabre, aux simples barcasses de pêcheurs. Un fort espagnol rondouillard ferme l’entrée, revêtu d’une inscription de bienvenue que seuls comprendront les latinistes : « Nous vous bénissons, ainsi que la cité elle-même ».
Cathédrale (Messina, Zancle)
Piazza del Duomo. Ouvert de 9 h 30 à 12 h et de 16 h 30 à 18 h 30. Entrée payante pour le trésor.
Elle a dû être reconstruite après le terrible tremblement de terre de 1908, et une fois de plus après le passage des bombes incendiaires, en 1943. Résultat, seul reste d’origine le beau portail central, protégé par des lions. Le clocher porte une magnifique horloge astronomique, achevée en 1933, qui offre un défilé de personnages dorés toutes les heures. Le trésor compte une intéressante collection d’objets sacrés.
Eglise de la Sainte-Annonciation-des-Catalans (Santissima Annunziata dei Catalani)
Piazza Lepante.
C’est, avec la cathédrale, le monument le plus réussi de l’ingrate Messine. Un style normand incontestable qui mêle les éléments arabes, byzantins et romans dans une superbe harmonie. Elle a pour éternelle admiratrice la statue de Don Juan, toute raide avec son bâton de maréchal. Rien à voir avec le légendaire séducteur : ce Don Juan-là est le bâtard de Charles Quint qui, parti de Messine, remporta la bataille de Lépante (1571) contre les Turcs.
Le rire des Juifs
Durant la semaine sainte ont lieu, à San Fratello, les fêtes des Juifs (feste dei Giudei). Censée représenter la joie de ces compatriotes à la mort de Jésus, cette manifestation puise ses origines dans le vieux fonds antisémite de l’Eglise médiévale.
Le temps aidant, elle est devenue un carnaval plus innocent : vêtus des costumes jaune et rouge qu’on imposait autrefois aux israélites, des masques aux allures de pénitents défilent dans la ville en faisant hurler leurs trompettes, provoquant sur leur passage des débordements beaucoup moins tolérés au cours de l’année.
Eglise Sainte-Marie-des-Allemands (Santa Maria degli Alemanni)
Derrière la via Garibaldi.
Elevée à l’époque souabe, elle appartenait à l’Ordre des Chevaliers de Jérusalem. Sa restauration – elle fut très abîmée par les tremblements de terre de 1783 et 1908 – laisse deviner sa belle architecture gothique d’origine.
Musée régional (Museo regionale)
Viale Libertà, 465. Ouvert tlj de 9 h à 14 h (13 h le dimanche) et de 16 h à 19 h les mardi, jeudi et samedi (15 h à 18 h l’hiver). Entrée payante.
C’est le musée à visiter en Sicile : il présente des collections de l’époque byzantine pour s’achever au xviiie siècle et expose, au fil des salles, des chapiteaux et des sculptures du Moyen Age ainsi que des œuvres d’Antonello de Messine ou du Caravage
Brucoli
Réputé pour ses grottes, typiques abris ou lieu de culte du néolithique, où l’on trouve trace d’un village datant de la même époque. A voir également le château de la reine Giovanna. Sans oublier, surgissant d’un oasis de verdure, le couvent et l’église de la Madonna Adonai qui fut construit au flanc d’une cavité naturelle sur les parois de laquelle on peut admirer une représentation de la Madone avec l’enfant Jésus qui aurait été peinte par un ermite qui s’y serait réfugié pour échapper aux persécutions des Romains.
Les monts Peloritani (monti Peloritani)
Au-dessus de Messine, en direction du nord-ouest, commencent les monts Peloritani. Les premiers contreforts sont un relief à la fois doux et alambiqué, coiffé de pins parasols, puis la montagne devient plus âpre. Leur roche cristalline, peu résistante, favorise la formation des torbide, des torrents au cours irrégulier qui forment des gorges aux pentes raides. Le massif s’arrête à Francavilla di Sicilia.
Milazzo
A une trentaine de km à l’ouest de Messine.
Un lungomare élégant, des installations pétroléochimiques, des pêcheurs qui tentent de maintenir un niveau de vie précaire… Voici la ville moderne, d’un intérêt médiocre. Au-dessus se dresse le château. Il se compose de deux constructions majeures, l’une de l’époque de Frédéric II, l’autre aragonaise, du XVIe siècle. On admirera sa position sur les rochers, qui fait oublier une structure massive, faite pour résister à tous les assauts. Les passionnés trouveront aussi à Milazzo des nécropoles grecque et punique.
Suivez le guide !
A Bronte, près de Catane, un monument évoque les sept révolutionnaires fusillés sur ordre de Garibaldi, pour avoir pris au pied de la lettre ses promesses de réforme.
Caccamo
Coiffant une forteresse carthaginoise, ce château normand (XIIe siècle) cubique et presque cubiste est l’un des plus beaux de Sicile. A ses pieds, le joli village de Caccamo descend la colline en serrant ses maisons comme les mailles d’une traîne.
Etna
Fiumetraddo di Sicilia, ses maisons blanches et endormies. Un bruit sec et sourd. Si court qu’on n’y croit pas. Interminable minute de silence. Plus de doute : le grondement vient de loin, des entrailles de la Terre : les bouches de l’enfer ont parlé. On ne voit pas encore l’Etna – pourtant haut de 3 345 mètres – mais il est bien là, quelque part et partout. Antre des Cyclopes et de Vulcain, feu divin dans lequel Empédocle se jette pour dépasser la condition humaine, on ne compte plus ses coups de colère.
Une jeunesse explosive et sous-marine, il se fait cracheur de bombes depuis le Trifoglietto et le Mongibello, avant de devenir effusif. Sans pour autant perdre son féroce appétit : il engloutit une partie de Catane en 1669 et se nourrit depuis lors de la terre qui le fait vivre.
D’abord, la route serpente entre forêts de châtaigniers et de bouleaux, suit un réseau inextricable d’agglomérations et de vergers. Çà et là des fermes de tuiles, brûlées par les laves : à la prospérité assurée par une réforme agraire, la Sicile préfère des vignes en sursis, sur les flancs fertiles et incertains de son cher volcan. Le changement est brutal : le paysage devient lunaire.
Enfin c’est le face à face inéluctable : il se dresse grandiose et noir, il Monte, comme on dit ici. Depuis juillet 2001, on ne peut plus emprunter le téléphérique, seul un bus cahotant entre deux cuvées de coulées de lave et les restes calcinés d’un remonte-pente, permet d’atteindre les 2 608 mètres. Il est interdit de parcourir, sans l’aide d’un guide habilité, les derniers mètres pour admirer la bête.
La fumée est blanche ? Le maître soupire. Elle vire au noir ? L’Etna prépare probablement une nuit de pleurs rougeoyants.

Etna volcano By: marco_pozzo – CC BY-NC-SA 2.0
Roches voisines
Un petit port de pêche qui regarde d’énormes rochers de lave noire, c’est Aci Trezza. Qui devine, derrière ce charmant tableau, la terrible légende ? Le berger Polyphème, le plus hargneux des Cyclopes, aime Galatée, qui lui préfère Acis. Pour se venger, il tente d’écraser son rival sous un roc. Lorsque, après une tempête, Ulysse et ses compagnons trouvent refuge dans sa grotte, l’indélicat commence par dîner de quelques Grecs.
Ulysse, profitant du sommeil du monstre, crève son œil unique et s’enfuit avec ses derniers camarades. Le Cyclope, un tantinet coléreux, jette en vain quelques rocs en direction du bateau des Grecs. L’incident provoque alors le ressentiment de Poséidon envers Ulysse.
Acireale
A 16 km au nord de Catane.
Station thermale dans l’Antiquité, elle s’élève sur un promontoire volcanique. Rayée de la carte lors du séisme de 1693, Acireale a été totalement reconstruite. C’est dire si elle se complaît dans le baroque !
Eglise de Saint-Sébastien (San Sebastiano)
Corso Vittorio Emanuele. Ouvert tlj de 7 h à 12 h et de 16 h à 19 h.
C’est la plus imaginative des églises d’Acireale, avec son extraordinaire façade surmontée, au centre, par le clocher. On notera aussi la balustrade richement ornée de statues.
Cathédrale (Duomo)
Piazza del Duomo. Ouverte tlj de 7 h à 12 h et de 16 h à 19 h.
Dédiée à l’Annonciation et à Venera (dont on admire la statue d’argent dans la chapelle), la sainte protectrice de la ville, elle présente une singulière façade néoclassique au très beau portail de marbre.
Basilique des Très-Saints-Pierre-et-Paul (Santissimi Pietro e Paolo)
Un haut et unique campanile et encore du baroque pour la superbe façade de cette église.
Tyndaris (Tindari)
A 100 km à l’ouest de Messine.
Sur une colline penchée sur la mer Tyrrhénienne, devant un sanctuaire fort laid où des femmes en deuil viennent prier une Vierge Noire, une triple arcade s’ouvre sur le rectangle des fouilles de Tyndaris : presque un escalier taillé dans la montagne herbeuse.
Le vestige le plus intéressant est la basilique romaine, bâtie en moellons cubiques aux angles élégamment arrondis par les pluies, et à laquelle appartiennent les arcades déjà citées. On verra également un joli théâtre grec, tout au bout du Decumanus au pavement usé. En contrebas s’étendent les bancs de sables fugitifs des lagons de Marinello (laghetti di Marinello).

Basilica – Tyndaris By: Ivan Iraci – CC BY-NC-SA 2.0