Histoire

Longtemps soumise à des puissances étrangères, la Sicile tire d’une longue suite d’occupations une grande richesse culturelle, mais, surtout, un particularisme farouche, qui se défie du pouvoir officiel, fut-il celui de la République italienne.
Pays-phare du miséreux Mezzogiorno, elle s’éveille par à-coups d’une longue torpeur.

Premières civilisations (-10000 – 757)

En Sicile, la préhistoire a laissé peu de traces spectaculaires. Quelques gravures dans les grottes d’Addaura (au-dessus de Palerme) ou de l’île d’Ispica attestent d’une présence humaine, 10 000 ans avant notre ère. Seules des fouilles minutieuses ont pu dessiner un portrait plus net des premiers habitants : ils pêchent, élèvent des porcs et cultivent déjà activement les céréales.
En revenu d’appoint, ils s’adonnent au trafic d’obsidienne, éclats de verre volcanique qui font fureur comme pointes de flèche.

Des Sicanes aux Sicules

La première culture décrite par les Anciens est celle des Sicanes, peuple agricole venu, peut-être, de la péninsule ibérique. Ils sont évincés par les Sicules, qui vont donner à l’île son nom.
On connaît leur religion : en plus d’une déesse de la Fertilité – ce sont eux qui introduisent la charrue – ils vouent un culte craintif au dieu Adranos, personnification de l’Etna. Leur capitale est Pantalica, au-dessus de Syracuse, où affleurent toujours les ruines grossières d’un palais.
Vers -1000, les Sicules sont à leur tour mis sous le boisseau par des envahisseurs plus professionnels : flairant l’intérêt stratégique d’une île postée au centre de la Méditerranée, les Phéniciens, puis les Carthaginois, s’installent à Marsala et Solonte.
Ces ports deviennent les relais de leur négoce entre Cadix, Ibiza, Carthage et le Liban. Dès 757 avant notre ère, la puissance punique doit cependant compter avec la concurrence hellénique, qui prend le contrôle du détroit de Messine et essaime des bases côtières sur toute la partie orientale : Kephalê (Cefalù), Géla, Agrigente, sans oublier Syracuse, à qui sa splendeur vaudra le surnom d’« Athènes de l’Ouest ». Liées à celles de l’Italie continentale, ces cités composent « la Grande Grèce ».

 

Des Grecs… aux Grecs (-757 – 827)

Pendant que les Grecs couvrent de temples les collines, les Carthaginois gardent la main sur la partie occidentale. Ils comptent bien, à la première défaillance, grignoter le reste du territoire ; d’autant que la discorde sert leurs ambitions : la Grande Grèce se rebelle contre Athènes, qui entend fédérer ces colonies lointaines.
De plus, la mésentente règne entre les tyrans locaux, tel Phalaris d’Agrigente qui, affirme la mythologie, fait rôtir ses ennemis dans un taureau d’airain, ou Denys de Syracuse, celui-là même qui pendra une épée au-dessus du flatteur Damoclès, pour lui montrer que le pouvoir n’est pas toujours une partie de plaisir.
Les offensives et les contre-offensives se succèdent, sans pour autant départager les ennemis mortels. Mais Carthage commet une bévue. En s’attaquant à l’impitoyable République romaine, elle scelle sa propre destruction : elle est rasée par les légions. En -241, les nouveaux maîtres peuvent annexer la Sicile.

Cicéron pour avocat

L’île devient leur grenier à blé, grâce à une importation massive d’esclaves et un maintien des cours du grain au plus bas. A deux reprises, l’île se soulève contre ses administrateurs. Non sans raison, car leur honnêteté n’est pas à toute épreuve, tant s’en faut ! Cicéron en personne se fait l’avocat des autochtones, accusant le gouverneur Verrès de détournement de fonds. Le procès, un des plus retentissants de l’histoire judiciaire, débouche sur le versement de dommages et intérêts de 40 millions de sesterces – et sur le bannissement de l’indélicat.
Au début de notre ère, l’Empire traite les insulaires avec plus de sagesse. La Sicile voit les débuts du tourisme, et beaucoup de riches familles bâtissent sur place de somptueuses résidences secondaires, entourées d’immenses domaines agricoles, les latifundia.
Les mœurs évoluent. S’amollissent, pour tout dire.
Rome tombe en décadence, et la lointaine Sicile lui emboîte le pas dans une voie nouvelle : elle devient chrétienne. Lorsque se produit la scission de l’Empire entre Latins d’Occident et Grecs d’Orient, la Sicile subit un temps le joug des Ostrogoths, pour finalement se retrouver sous la coupe de Byzance.

L’âge d’or arabo-normand (827 – 1282)

Les Byzantins ne sont pas de mauvais administrateurs, mais Constantinople, toute à ses intrigues de palais, néglige d’envoyer en Sicile les renforts militaires indispensables car, tout autour, rôdent les peuples belliqueux.
Les Arabes tentent leur chance les premiers. Ils gagnent. En 827, ils sont les maîtres de la « Siqiliya », et fixent leur administration à Palerme. Les villes se couvrent de hammams et s’islamisent, mais le rite orthodoxe est toléré et des poches byzantines subsistent.
Se partageant les latifundia, les colons musulmans les bonifient par un réseau de puits et de canaux que l’on admire encore. Ils peuvent alors introduire le coton, le melon, l’orange, le citron, la canne à sucre… De grenier, la Sicile devient verger.

Normalisation normande

Une ère plus idyllique encore s’ouvre en 1061 : déjà maîtres de la Calabre, les Normands lancent une opération amphibie à travers le détroit de Messine, conduit par un audacieux, Roger. En un an, le quart de l’île est occupé. Noto ne tombera qu’en 1091, mais ces chevaliers rusés s’emparent vite de Palerme, d’où ils peuvent pacifier puis gérer tout le pays.
Leur âme aventureuse a conduit les Normands de Terre-Neuve à la Russie, de la Tunisie au Groenland. Cela donne les idées larges : bien que catholiques, les conquérants paraphent leurs décrets au nom d’Allah, ajoutant sans barguigner des prières grecques.
Leurs ministres s’appellent Abou-l-Tayyib Philippe ; leurs généraux Panhypersebastos : de leurs prédécesseurs, ils ont gardé le meilleur, construisant des palais dignes de Grenade, ornés de mosaïques que Constantinople ne renierait pas.
Jamais la Sicile ne connaîtra monarques plus séduisants. En 1189, l’empereur germanique Frédéric Ier Barberousse marie son fils avec l’héritière de leur trône. Le fruit de cette alliance, Frédéric II, va tourner le dos à l’Allemagne pour adopter les mœurs normandes. Devenu empereur, il encourage la science et les arts, bride les nobles, favorise les fermiers, limite le servage.

Rigueur angevine

Les papes prennent en grippe ce souverain baroque, qui s’est monté un harem et professe un athéisme mâtiné d’islam.
A sa mort, ils catapultent à sa place Charles d’Anjou (1266), le frère de Saint Louis. Il établit une féodalité pure et dure qui ne plaît guère aux Siciliens. Le lundi de Pâques 1282, devant l’église du Saint-Esprit de Palerme, les cloches des vêpres donnent le feu vert du massacre des Angevins.
Les survivants jugent plus sage de prendre le premier bateau. C’est la fin de la présence française sur l’île, aussitôt relayée, avec l’appui du pape, en quête de meilleurs gendarmes, par une domination hispanique.

Une Sicile vendue à l’encan (1282 – 1860)

Au gré des évolutions dynastiques, la Sicile passe aux Aragonais, puis aux Habsbourg, aux Bourbons de Naples, enfin. L’incohérence, la faiblesse et l’éphémère des gouvernements officiels deviennent une constante. Emaillée chaque fois de nouveaux impôts, cette suite d’occupations a roidi le caractère local, réfractaire à tout nouvel arrivant, et prompt à la résistance passive.
Depuis des siècles, les différends se règlent en boudant les tribunaux. D’abord en pratiquant la loi du Talion.
Puis en confiant les « dossiers » à des coqs de village qui savent jouer de la torche et du couteau. Pour intimider leurs paysans, les latifundistes recrutent parmi eux des camperi(gardes ruraux), qui finissent par pressurer jusqu’à leur maîtres ; ils s’imposent par un clientélisme étouffant et deviennent un rouage essentiel du fonctionnement de l’île. Au milieu du XIXe siècle, ces « hommes d’honneur », déjà constitués en clans très hiérarchisés, se fédèrent en une sorte de société secrète.
Elle a ses rites, elle a ses codes, c’est l’Onorata Società, le nom chevaleresque de la sordide Mafia. Prospérant comme une termitière dans le terreau qui l’a produite, la Mafia prend peu à peu l’extension d’un Etat parallèle. Elle devance le pouvoir légitime dans ses attributions, bloque toutes ses initiatives, ridiculise ses représentants. Les Angevins étaient haïs ? Les Bourbons sont maintenant célébrés… comme les dindons de la farce !

Entre Garibaldi et Mussolini (1860-1943)

Le 11 mai 1860, Garibaldi débarque à Marsala avec un millier d’hommes – les fameuses Chemises rouges, qui ont fait leurs armes dans les guerres d’indépendance de l’Amérique contre l’Espagne. Ils sont officiellement mandatés par Victor-Emmanuel, roi de Piémont-Sardaigne, pour chasser les Bourbons du Mezzogiorno pouraccomplir l’Unité italienne. En vue de plaire aux ruraux, Garibaldi a promis le partage des terres des latifundistes.
Mais rien ne vient. Normal : les troupes du Risorgimento enrôlent sans vergogne les hommes de main mafieux des grands propriétaires – qui redorent leur blason en épousant leurs filles ! Les masses se révoltent. Le « libérateur » répond par des pelotons d’exécution.
Si la Sicile dit « oui » au référendum qui la rattache à l’Italie, c’est que le grand bailleur de voix qu’est la Mafia répercute les souhaits des notables. Car toute l’île ne l’entend pas ainsi : avec l’unification, sa situation économique empire.
Les paysans déçus rejoignent les bandes de « brigands » qui opèrent dans les montagnes. Dans les solfatares, les grèves répondent aux salaires dérisoires et aux violences gratuites de contremaîtres véreux. En 1908, pour couronner le tout, un tremblement de terre balaye Messine, causant la mort de 50 000 personnes. Rome, siège du gouvernement depuis 1871, ne s’intéresse guère qu’à l’essor de la Lombardie…
En 1915, l’Italie entre dans la guerre mondiale. La Sicile n’a que faire des discours claironnants des chauvins du Nord. Des séries suspectes d’« accidents du travail » rendent des centaines de Siciliens inaptes à accomplir leur « devoir » de soldat.
Plutôt que de partir au front, des centaines d’autres prennent le maquis. C’est unbesoin d’indépendance qui s’exprime en réponse à cette « Unité » qui ne fait que souligner le fossé séparant Palerme de Milan.

Sous l’œil de Benito

En 1922, le fascisme triomphe et bétonne la cohésion du pays. Des travaux d’irrigation et d’assèchement des zones où règne la malaria donne le change au particularisme sicilien. Mais l’Etat dans l’Etat qu’est la Mafia n’est pas vraiment compatible avec une dictature.
Mussolini veut l’abattre. Il dépêche le préfet Mori, qui connaît bien la région pour y avoir eu son premier poste : « Les Siciliens ont peur des mafiosi ? Je vais leur montrer que je suis le plus fort de tous. » Mori déporte les chefs de « famille » aux îles Lipari, attise les rivalités entre capi pour qu’ils s’entretuent, fait égorger le bétail des récalcitrants.
Du coup, la Mafia s’exile aux Etats-Unis, qui vont bientôt entrer en guerre contre Rome et Berlin. Après avoir fait cesser les prétendus sabotages « nazis » dans le port de New York, les mafiosi séduisent le Pentagone avec leur carnet d’adresses. En 1943, quand les troupes alliées débarquent près de Syracuse, leur avance est facilitée par de mystérieux sabotages. En paiement de ses « services », l’US Army place des « hommes d’honneur » à la tête des municipalités.

Une île en Europe (1943-20…)

Le 2 juin 1946, l’Italie devient République. La Sicile va enfin obtenir un statut autonome. Mais, déjà, la Mafia élimine syndicats et partis de gauche, et calque ses structures territoriales sur celle de l’administration. Les subventions de la Cassa del Mezzogiorno sont une aubaine pour puiser dans les fonds publics.
La Démocratie Chrétienne, que Washington soutient, fait un excellent tremplin pour passer du lobby mafieux à la position de notable, voire de député. Des réseaux occultes créent un climat d’insécurité, en vue de rechristianiser l’Italie contre le « péril rouge ».

Le silence écorné

Se heurtant à l’inexpérience des petits paysans, la réforme agraire échoue. Les subventions se dissolvent.
La découverte de gisements pétroliers au large de Catane ne dope qu’un temps l’économie. La Sicile stagne, mais elle réfléchit. Les mentalités changent, en fait. Dans les années 80, c’est le coup de canif dans le contrat qui lie la Mafia à ses victimes. La loi du silence est brisée. D’abord par les femmes. Ensuite par les « hommes d’honneur » eux-mêmes. Sonne l’heure du juge Falcone : l’homme a grandi dans les quartiers miséreux de Palerme.
Il connaît, voire partage, les valeurs de ses ennemis. Jouant la carte de la confiance et du respect, il pousse à la confession les mafieux dégoûtés par les méthodes modernes de leur organisation. Falcone est assassiné, mais la Mafia a tombé le masque.
Dix ans plus tard, les commerçants des villes fondent l’association « Addio Pizzo » (Adieu l’impôt mafieux !), qui unit tous ceux refusent de verser à la Mafia des fonds qui serviront à diffuser le crack et l’héroïne.
Avec colère, la Sicile découvre les liens étroits de la Mafia avec la tête de l’Etat italien.
Les élections multiples du magnat de l’audiovisuel Silvio Berlusconi, qui fait classer lui-même les affaires judiciaires auquel il est mêlé, achève de plonger le Sicilien dans le découragement.
Mais le pire ennemi de la Mafia restent les pègres russes ou albanaises, qui se sont faufilées à la suite de la chute du rideau de Fer et de l’éclatement de la Yougoslavie.
L’entrée de l’Italie dans l’Union européenne est donc accueillie avec méfiance. Projet-serpent de mer ébauché en 1870, voire dans l’Antiquité, la construction d’un pont entre Messine et la Calabre est promise pour 2012 : 3 666 m de longueur et seulement deux piles. Sa réalisation n’est pas du goût de tout le monde – l’insularité avant la prospérité !

Repères chronologiques

10 000 : gravures préhistoriques dans les grottes d’Addaura.
2000 : débuts de la domination des Sicules.
1000 : les Phéniciens, puis leurs descendants, les Carthaginois, fondent des comptoirs dans l’Ouest.
757 : les colons grecs surnomment l’île Trinakria, le Tricorne, en raison de ses trois caps.
480 : défaite des Carthaginois devant les Grecs de Syracuse.
414 : les Syracusains défont les Athéniens.
241 : Rome met la main sur la Sicile.
535 : éclatement de l’Empire romain, Byzance contrôle l’île.
827 : les Arabes envahissent une partie des terres et les irriguent.
1061 : les Normands imposent leur domination aux Arabes et aux Byzantins.
1189 : la Sicile passe dans l’escarcelle de l’empereur d’Allemagne. Début de l’âge d’or sous Frédéric II.
1266 : les Angevins sont mis en place par le pape.
1282 : « Vêpres siciliennes », massacre de tous les Angevins. Les Aragonais en profitent pour se faire attribuer la Sicile.
1669 : une éruption engloutit un tiers de Catane. Quelques années après, Noto et Raguse sont détruites par un tremblement de terre. Reconstructions en baroque.
1734 : la Sicile est annexée au royaume de Naples par les Bourbons.
1860 : Garibaldi débarque en Sicile, qui se rallie au royaume unifié d’Italie.
1870 : opérations armées contre les « brigands », opposants à un régime qui ne tient pas ses promesses.
1908 : le tremblement de terre de Messine fait 50 000 morts.
1922 : le fascisme triomphe en Italie. Mussolini tente d’extirper la Mafia.
1943 : débarquement anglo-américain près de Syracuse et de Géla.
1946 : Rome proclame la République.
1948 : la Sicile obtient un statut autonome.
1986 : grands procès de la Mafia à Palerme. Les Siciliens rompent le silence.
2002 : avec le reste de l’Italie, la Sicile troque la lire pour l’euro.
2003 : double éruption du Stromboli et de l’Etna.
2004 : annonce du lancement du pont entre Messine et la Calabre.
2012 : inauguration promise du pont entre Sicile et Calabre (Ponte sullo di Messina)

Siciliens célèbres

On connaît souvent leur nom, mais l’on sait rarement qu’ils sont siciliens.

Polyphème

Fontaine Médicis – Polyphème, Galatée et Acis By: **Clio**CC BY-NC-SA 2.0

Fils de Poséidon et de la nymphe Thoosa, c’est le plus connu des cyclopes. Ermite et chevrier en Sicile, il tombe amoureux de la nymphe Galatée, qui fait les yeux doux à Acis. Pour résoudre le problème, Polyphème tente d’écraser l’odieux rival sous un rocher.
Cannibale à ses heures perdues, il déjeune de quelques Grecs, échoués avec Ulysse en Sicile. Mais le héros aux mille expédients parvient à enivrer le cyclope et crève son œil unique avant de s’enfuir avec ses compagnons en accablant de sarcasmes l’infortuné. Furieux, Polyphème jette à l’aveuglette et en vain des rochers contre le bateau des Grecs. Le cyclope, avec son œil qui rappelle un cratère, serait une personnification de l’Etna.

Archimède

Né en 287 avant notre ère, c’est un hellène… puisque Syracuse appartient alors à la Grande Grèce. Ingénieur de renom, il fut chargé des travaux navals et militaires du port natal. Il étudie ensuite la géométrie et l’astronomie à Alexandrie et publie de nombreux traités.
Mais c’est son « Eurêka » qui retient aujourd’hui l’attention des écoliers. C’est pour, dit-on, confondre un orfèvre indélicat qu’il découvre la poussée qui porte son nom. Ses machines de guerre diaboliques donnent du fil à retordre au romain Marcellus, venu assiéger la ville. Lorsqu’elle tombe enfin, en 212, un soldat rancunier capture le savant et l’égorge.

Cagliostro

Giuseppe Balsamo, prétendu comte de Cagliostro, naît à Palerme en 1743. De souche modeste, il entre dans les ordres d’où il est chassé pour vol. Il vit alors d’expédients, parcourant l’Europe en apprenant des rudiments de médecine, de symbolisme et d’alchimie.
Passant pour un guérisseur et un magicien, il vend ses tours de magie et son eau de jouvence à Strasbourg, puis à Paris. Mais il est impliqué dans l’affaire du Collier de la reine et doit fuir. Condamné à mort par l’Eglise pour sa qualité de franc-maçon, il meurt en prison en 1795.

Lucky Luciano

Né Salvatore Lucania en 1897, au sud de Cefalù, ce racketteur émigré aux Etats-Unis est condamné, en 1936, à 80 ans de prison pour meurtre et trafic de drogue – dont il est le véritable inventeur.
Il participe au débarquement anglo-américain en Sicile en 1943… en échange de sa libération. Il meurt en 1952 à Naples.

Giuseppe Impastato

« Peppino » est né en 1948, à Cinisi, province de Palerme, dans une famille liée à la Mafia. Adolescent, il se distingue en raillant le système mafioso par des actions symboliques, puis fonde une radio satirique qui décomplexe une Sicile bluffée par de telles audaces.
L’extrême gauche tente de le récupérer. Isolé, il est assassiné le 9 mai 1978. Mais l’île entière suit son cercueil.

Giovanni Falcone

Dans les années 1980, un groupe de magistrats palermitains commence un dangereux bras de fer avec la Mafia. A sa tête, un certain Giovanni Falcone, chevalier sans peur qui doit sa renommée à l’arrestation de nombreux mafiosi.
Sa méthode, faire parler les pentiti (« repentis »), aboutit notamment au retentissant procès de Palerme, en 1986.
Le procédé déplaît fortement à la Mafia, qui établit une longue liste de gêneurs à occire.

Parmi eux, Falcone, éliminé le 23 mai 1992, et Paolo Borsellino, qui meurt le 19 juillet suivant. Ces assassinats mobilisent fortement le grand public et modifient les rapports entre la « Pieuvre » et les institutions. Mais la crise et ses réflexes égoïstes a conformé l’emprise des forces occultes – qui, elles, ont su prendre le train de la finance moderne.

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