Les provinces atlantiques : Nouveau-Brunswick
Elles sont quatre, dont les côtes battues par l’océan rappellent la Bretagne et l’Irlande (voir lors d’un circuit privatif Canada). Avec, en plus, la démesure américaine et les souvenirs des Acadiens français qui pendant des siècles luttèrent pour leur survie.
Nouveau-Brunswick
L’esprit de l’Acadie continue d’imprégner cette terre montagneuse aux côtes découpées, colonisée dès 1604 par Samuel de Champlain. Passée à la Grande-Bretagne en 1713, elle devint après le Grand Dérangement le refuge de milliers d’Acadiens. Leurs descendants constituent plus du tiers des 757 000 habitants de la province. Comptant la plus forte proportion de francophones hors Québec – environ 35 % de la population –, le Nouveau-Brunswick est devenu avec sa première loi sur les langues officielles de 1969, la première et l’unique province canadienne officiellement bilingue. D’une superficie de 73 500 km2, dont 85 % couverte de forêts, elle est bordée par le Québec au nord et l’Etat américain du Maine à l’Ouest en plus d’être reliée à la Nouvelle-Ecosse par l’isthme de Chignecto.
Moncton
Des traces de ces Acadiens, on n’en trouve guère dans cette classique petite ville à l’américaine, la seule reliée chaque jour par avion au reste du monde. Elle n’en fut pas moins, il y a quelques années, le siège d’une conférence de la francophonie. Excursion de rigueur : Magnetic Hill, au nord-ouest de la ville(passage payant). Les voitures montent sa pente en roue libre et ne peuvent la descendre que moteur embrayé. Illusion d’optique ? Apparemment, personne n’en connaît la raison, mais plus de 250 000 automobilistes par an constatent le phénomène.

Moncton, Canada © Graham-H / Pixabay
Shediac
A 18 km à l’est de Moncton. Bref arrêt pour admirer le homard en acier et béton, long de 10 m et pesant 50 t, qui trône sur la place de ce petit port de pêche. Un hommage justifié. Autrefois nourriture des pauvres, c’est en partie grâce à lui que les Acadiens ont survécu. Des restaurants en proposent d’énormes rations à des prix fort raisonnables, spécialement début juillet, pendant le festival du Homard.
Lieu national du Canada du monument Lefebvre
A 22 km au sud-est de Moncton. 480, rue Centrale-Memramcook. Ouvert tlj de juin à mi-octobre de 9 h à 17 h. Entrée payante. Le site se trouve dans la vallée de Memramcook, symbole de la renaissance de l’Acadie contemporaine. Le monument abrite l’exposition « L’Odyssée acadienne » qui explore les jalons de la renaissance acadienne, notamment l’éducation, la religion, la politique, l’économie et des aspects culturels du passé comme du présent.
Cap-Pelé
A 35 km de Moncton. Village côtier pittoresque, Cap-Pelé vit quasi exclusivement de la pêche. Il doit sa notoriété à sa trentaine de « boucanières », ou fumoirs, dispersés un peu partout dans le village et surtout utilisés pour fumer le hareng. 95 % du hareng vendu à travers le monde est fumé dans la région. Les plages sablonneuses de Gagnon, Sandy et de l’Aboiteau, situé à 500 m du port de pêche, raviront les adeptes du farniente.
Parc historique national du Fort de Beauséjour
A 55 km de Moncton par l’autoroute 2. 111, chemin Fort-Beauséjour à Aulac. Ouvert tlj de juin à mi-octobre de 9 h à 17 h. Entrée payante. Situé au fond de la baie de Fundy, le Fort Beauséjour rebaptisé Fort Cumberland dispose d’un beau panorama sur les marais environnants ainsi que sur le bassin de Cumberland, pointe de la baie de Chignecto. Construit par les Français en 1751 afin de défendre leurs intérêts dans la région, il tomba aux mains des Britanniques en juin 1755 au terme d’un siège de deux semaines. Puis le fort joua un rôle dans la déportation des Acadiens entre la fin des années 1750 et le début des années 1760. Refortifié pour la guerre de 1812, il fut abandonné en 1835.
Baie de Fundy
Cette baie, qui borde la côte sud du Nouveau-Brunswick, détient le record mondial de la hauteur des marées, jusqu’à 15 m certains jours. On peut admirer l’effet de cette force colossale au parc de Hopewell Rocks (47 km au sud de Moncton. Ouvert tlj de mi-mai à mi-juin et de début septembre à début octobre de 9 h à 17 h, de mi-juin à mi-août de 8 h à 20 h, 18 h jusqu’à début septembre. Entrée payante), quand la mer découvre des « pots de fleurs » de 10 m de hauteur couronnés de verdure, des formes fantomatiques sculptées dans les falaises rouges et des grottes inquiétantes ciselées par les glaciers du quaternaire. On se promène alors dans ce parc magique en toute sécurité, mais attention à ne pas négliger les signaux sonores de remontée des eaux.
Saint John
A 163 km au sud-ouest de Moncton. Premier campement établi par Samuel de Champlain en Nouvelle-France (1604), puis terre de refuge en 1783 de loyalistes américains restés fidèles à la Couronne britannique, « la cité du brouillard » est aujourd’hui le plus grand port du Nouveau-Brunswick. Une ville très active, dont le centre adossé à une colline aligne de vieilles maisons joliment restaurées. Face à l’embouchure de la St John River, le Market Square englobe les deux édifices les plus évocateurs du passé : le musée du Nouveau-Brunswick et ses collections illustrant l’histoire de la province (Ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 17 h, jeudi jusqu’à 21 h, samedi de 10 h à 17 h, dimanche de 12 h à 17 h. Accès payant), et le Barbour’s General Store, petit bâtiment de bois construit en 1867, qui continue de vendre des objets et des produits de l’époque (Ouvert de mi-juin à mi-septembre tlj de 10 h à 18 h, entrée libre). Le lieu historique national de la Maison loyaliste (120, rue Union. Ouvert en juin du lundi au vendredi de 10 h à 17 h, tlj aux mêmes heures en juillet et août. Entrée payante) constitue la plus ancienne bâtisse de Saint John. Construite en 1810, elle est décorée d’un élégant mobilier. La maison est l’un des rares bâtiments du centre-ville à ne pas avoir été détruit par le Grand Incendie de 1877.
Fredericton
A 197 km à l’ouest de Moncton.
Joliment située sur le bord de la paisible rivière Saint John, la capitale de la province mérite une visite pour sa Beaverbrook Art Gallery (Ouvert tlj de 9 h à 17 h 30, jusqu’à 21 h le jeudi. Entrée payante). En plus d’une immense toile de Salvador Dalí, Santiago el Grande, on peut y voir une belle collection de peintres européens classiques (Botticelli, Cranach, Turner, etc.) et canadiens modernes. Joyau de la place du Parlement, l’édifice de l’Assemblée législative (Ouvert tlj de juin à mi-août de 9 h à 17 h et jusqu’à fin mai du lundi au vendredi de 9 h à 16 h. Entrée libre) est le siège du gouvernement depuis 1882. La tour centrale surmontée d’un dôme – d’une hauteur de 41 m à partir du toit principal – et le grand escalier en colimaçon en bois qui mène à la bibliothèque valent le détour.
Suivez le guide !
Ne manquez pas la cathédrale Christ Church, l’un des plus beaux joyaux d’architecture gothique en Amérique du Nord (168, rue Church. Ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 18 h, 17 h le samedi et de 14 h à 15 h le dimanche. Entrée libre).
Le littoral acadien
De Campbellton à Bathurst
Sur la baie des Chaleurs, à l’embouchure de la rivière Restigouche, Campbellton est réputée pour la pêche et particulièrement celle du saumon. A tel point qu’un festival lui est dédié chaque année entre la fin juin et le début juillet avec plusieurs activités familiales comme le tournoi de quilles, la gigantesque parade et le feu d’artifice. A 3 km de Campbellton se dessine le parc provincial Sugarloaf (596, chemin Val-D’Amour, Atholville. Ouvert tlj, nuit et jour. Entrée gratuite) avec son mont de 305 m. Du plateau d’observation, la vue panoramique englobe la ville de Campbellton, la rivière Restigouche, la baie des Chaleurs et, au loin, les collines de la Gaspésie, au Québec. De mi-décembre à mi-avril, le parc provincial offre 9 pistes de ski. Découverte par Jacques Cartier en 1534, Dalhousie (A 25 km à l’est par la 134) est la communauté la plus au nord du Nouveau-Brunswick et sert de point d’entrée aux Maritimes. A 85 km au sud-ouest par l’autoroute 11, Bathurst est le plus important centre urbain de la région. Là aussi la nature a toute sa place.
La République du Madawaska
Nichée dans le creux des Appalaches longeant la vallée du fleuve Saint-Jean, cette enclave fut colonisée par les Acadiens à partir de 1785. Aucune frontière officielle ne délimitait le territoire. Mais en peu de temps, cette région fut revendiquée par le Québec, le Nouveau-Brunswick et le Maine. Ces deux derniers eurent gain de cause, la colonie fut coupée en deux en 1842 à leurs profits. Mais la profonde unité de cette population francophone, séparée entre le Canada et les Etats-Unis, amena en 1949 deux citoyens d’Edmundston à lancer le concept de la République du Madawaska. Ils créèrent donc des armoiries, un drapeau et même un « Ordre des Chevaliers de la République » dont le maire d’Edmundston, capitale de la République, est le président.
De Bathurst à Grande-Anse
Au nord-ouest de Bathurst, la réserve faunique de la Pointe Daly, avec ses 40 ha de marais salants, forêts et sentiers de marche, est un véritable paradis pour les naturalistes. Les nombreuses espèces d’oiseaux, notamment les outardes qui viennent par milliers en automne pour la migration, raviront les ornithologues. A quelques kilomètres au nord de Bathurst, sur la route 180, les chutes Tetagouche sont appréciées par les locaux qui aiment venir y pique-niquer. Trois sentiers conduisent au lit de la rivière. Autre village côtier,Grande-Anse coiffe les falaises et offre un joli point d’observation sur la baie des Chaleurs et le littoral gaspésien. On trouve dans ce petit village francophone surnommé « la porte de l’Acadie », outre la jolie plage de Ferguson, le musée des Papes (184, rue Acadie. Ouvert de mi-juin à début septembre, tlj de 10 h à 18 h. Entrée payante). En plus d’une maquette réduite de la basilique vaticane de Saint-Pierre de Rome, il expose de nombreux articles de culte ayant appartenu à des personnages de l’Eglise catholique acadienne.
Village historique acadien
A 11 km à l’ouest de Caraquet. Ouvert de début juin à début septembre de 10 h à 18 h, 17 h le reste de l’année. Entrée payante. Un village d’autrefois saisissant de vérité a été reconstitué dans une vaste clairière avec d’authentiques bâtiments du xixe siècle, sélectionnés dans toute la région et remeublés à l’ancienne, matelas de paille compris. Des artisans en costumes traditionnels ont réappris les mots et les gestes de leurs aïeux. Au bistrot baptisé La Table des Ancêtres, on partage la soupe aux pois avec le cordonnier, le forgeron et l’institutrice en chapeau de paille. Le temps s’arrête ici, miraculeusement.
Caraquet
A 23 km au nord de Grande-Anse. Le cœur culturel de l’Acadie. Avec ses maisons de couleurs vives éparpillées au bord de la baie des Chaleurs, ses bateaux de plaisance échoués sur le gazon, son port de pêche qui fournit chaque jour des montagnes d’araignées et de homards, Caraquet est l’étape la plusdécontractée de la côte.
Tracadie-Sheila
A 35 km de Caraquet.
Bordées par deux rivières, la Grande Tracadie et la Petite Tracadie, ces deux villes ont fusionné en 1992. Tracadie, qui signifie « lieu de campement » en micmac, fut utilisé par les indigènes comme refuge lors de leurs expéditions de chasse et de pêche. Unique en son genre, le musée historique de Tracadie (222, rue du Couvent, unité 399. Ouvert de juin à août du lundi au vendredi de 9 h à 17 h, et les samedi et dimanche à partir de 12 h. Entrée payante) donne un aperçu de ce qu’était une léproserie au xixe siècle. On peut y voir des photos, une pharmacie et divers objets ayant appartenu à des lépreux et aux médecins traitants.
Parc national de Kouchibouguac
Ouvert toute l’année. Centre d’accueil, ouvert tlj de mi-mai à début juin et de début septembre à mi-octobre de 9 h à 17 h ; de 8 h à 20 h entre juin et fin août. Entrée payante. D’origine micmac, le nom Kouchibouguac signifie « rivière aux longues marées ». Ce parc, qui possède la deuxième plus grande colonie de sternesd’Amérique du Nord, offre une mosaïque de tourbières, de marais salés, d’estuaires et de lagunes abritées. Autre attrait : les 25 km de dunes de sable qui servent d’habitat au pluvier siffleur, un oiseau dont l’espèce a été classée « en péril ». On peut aussi apercevoir des colonies de phoques gris et communs faisant un brin de sieste au soleil.
Bouctouche
A 160 km de Tracadie-Sheila.
Bouctouche est une paisible communauté qui domine une large baie. Au sud de la ville, il faut découvrir le pays de la Sagouine (57, rue de l’Acadie. Ouvert tlj de fin juin à début septembre de 9 h 30 à 17 h 30, 16 h 30 le reste de l’année. Entrée payante), un parc touristique inspiré d’un roman d’Antonine Maillet (dont une adaptation télévisée fut réalisée en 1977), originaire de Bouctouche. On y trouve des acteurs en costumes d’époque et des spectacles qui font revivre l’esprit de l’Acadie du début du xxe siècle.
Suivez le guide !
Visitez l’Eco-centre Irving de la Dune de Bouctouche : de la passerelle, on observe dans son élément naturel le grand héron solitaire (1932, Route 475 Saint-Edouard-de-Kent. Centre d’information ouvert tlj de fin juin à début septembre de 10 h à 20 h. Entrée libre).