Le grand Nord, poumon du Brésil
Le nord du Brésil, c’est essentiellement l’Amazonie, la forêt humide la plus importante du globe, cette terre où la nature, fascinante et périlleuse, est reine. Sa superficie totale englobe 3,5 millions de km², soit plus de la moitié du territoire national. Cette vaste région s’étend principalement à l’intérieur du bassin de l’Amazonie. Le fleuve Amazone traverse le centre de la région de l’ouest à l’est, avant de se jeter dans l’océan Atlantique. Cette région est irriguée aussi par plusieurs autres fleuves. En volume, elle possède la plus grande concentration d’eau douce du monde, le bassin amazonien s’étendant sur 7,3 millions de km² ; ainsi que le cinquième des réserves forestières mondiales (3,3 millions de km²).
Les deux principales villes amazoniennes sont Manaus, capitale de l’Etat d’Amazonas, et Belém, capitale de Pará. La population, majoritairement composée d’Indiens et de « caboclos » (métissage entre Indiens et Blancs), vit au rythme du fleuve Amazone. Le grand nord brésilien est frontalier avec la Bolivie, le Pérou, la Colombie et le Venezuela, ainsi qu’avec les trois ex-Guyanes (Guyana, Surinam et Guyane française). Depuis sa découverte, le bassin de l’Amazonie offre aux Européens une vision idyllique de richesses et de générosité naturelle. Selon le traité de Tordesillas signé avec l’Espagne, la région d’Amazonas appartenait à l’Espagne. Néanmoins, dès le XVIIe siècle, les Portugais font des incursions dans la région et, dès 1671, ils érigent le fort de Sao José do Rio Negro, qui plus tard deviendra la ville de Manaus. Les affrontements entre Portugais et Espagnols vont durer jusqu’à 1750, lorsque le traité de Madrid attribuera au Portugal la possession définitive de la région. Sur le plan économique toutefois, la région stagna et ne s’imposa qu’à partir de la moitié du XIXe siècle, avec la demande croissante de caoutchouc. Sa population fut alors multipliée par six, et, entre 1850 et 1910, le revenu de la région augmenta de plus de douze fois. Ensuite, l’effondrement total du marché du caoutchouc entraîna avec lui, celui de la production amazonienne. Depuis 1960, on note un intérêt renouvelé pour les richesses minérales et agricoles de la région de l’Amazone.
Les changements dans la législation des concessions minières, et l’empressement des compagnies publiques à former des projets communs avec des entreprises étrangères, accélèrent l’exploration du sous-sol et son extraction. Le gouvernement devient ainsi le promoteur d’une infinité de programmes de colonisation, tous fondés sur la notion que les étendues non peuplées de la forêt amazonienne étaient une soupape de sécurité pour absorber la masse des paysans du Nordeste à la recherche de terres. En effet, cette région est la moins peuplée du pays, avec une moyenne de seulement deux habitants par kilomètre carré ! Autant dire qu’il reste encore des terres à défricher et des endroits où s’installer, ce qui est fait pour exciter les convoitises, en particulier, des 350 000 « garimpeiros », les nouveaux chercheurs d’or. Ceux-ci se sont installés depuis quelques années, dans un endroit nommé Serra Pelada, dans l’État du Pará, d’où ils expulsent Indiens et travailleurs du caoutchouc, les « seringueiros ». L’épisode le plus tragique de cette confrontation s’est produit lors de l’assassinat de Chico Mendes, leader des seringueiros, qui entendait défendre à la fois son travail et l’Amazonie toute entière. Tous les jours, la presse brésilienne publie des articles sur la violence qui y règne, d’où son surnom: « la terre de personne » ou « le western sud-américain ». Les primes du gouvernement, pour encourager la petite agriculture dans la région amazonienne, ont donc eu comme résultat l’aggravation des problèmes touchant à l’environnement local. Dans les années 70-80, des projets de développement et de migration intérieure provoquèrent la déforestation de plus de 400 000 km2 de la région, soit 13 % de sa superficie. La destruction de ce qu’on a appelé « le poumon de la planète » devient un problème non seulement brésilien, mais également mondial. Subissant des pressions de tous les côtés, le gouvernement revient alors en arrière, et met en place une politique de contrôle du développement.
Des primes fiscales et des crédits officiels pour des projets agricoles et d’élevage sont annulés. L’exportation de bois est également interdite. Depuis 1990, le rythme de déforestation s’est réduit de presque moitié. Aujourd’hui, la protection de l’Amazonie est suivie de près par les satellites et les efforts intérieurs sont appuyés par la communauté internationale, à travers le « Programme pilote pour la Protection de la forêt tropicale humide brésilienne », financé par l’Union européenne, les Etats-Unis et une douzaine d’autres pays. Mais la tâche est ardue. Seule récompense, la nature elle-même : la forêt amazonienne possède 2 500 arbres de types différents par kilomètre carré, 700 espèces de mammifères et 1 800 espèces d’animaux exotiques. En plus, dans le fleuve, vivent 1 500 espèces de poissons, certains inoffensifs, d’autres non. Quant aux Indiens, officiellement ils sont plus de 150 000 en Amazonie, et vivent dans des réserves indigènes qui ont une superficie totale d’environ 1 million de km².
Belém
Belém, se situe à l’embouchure de l’Amazone, à 145 km de l’océan Atlantique, là où le Rio Guamá bifurque vers le nord et devient la Baía do Guajará en direction à l’île de Marajó. Avec 1,15 millions d’habitants, Belém est la capitale de l’Etat du Pará, le deuxième plus grand Etat du pays en superficie. L’économie de la région est basée sur l’exploitation agricole. La châtaigne du Pará, connue en Europe comme la châtaigne du Brésil, est son produit le plus noble pour l’exportation. Son climat équatorial est tempéré par des brises agréables après les pluies quotidiennes, et toujours à la même heure, vers 14h. Loin de la vie agitée des grandes métropoles, cette ville coloniale portugaise bordée par d’immenses manguiers, captive les visiteurs non seulement par son architecture mais surtout par une délicieuse sensation de dépaysement. De surcroît, il faut savoir que les Belenenses, mélange assez sensuel de Portugais, Indien et Noir, sont extrêmement gentils, souriants et accueillants. La gastronomie locale est un autre bel exemple de ce que le mélange de différentes cultures peut produire d’exceptionnel. Le plat traditionnel du Pará, le « pato no tucupí », réunit les herbes et racines cultivées par les Indiens et le canard, introduit dans la région par les Portugais. Le résultat est exquis, essayez.
Un peu d’histoire
Lorsqu’en 1616, les Portugais débarquent dans la baie de Guajará, ils découvrent un endroit presque magique et déjà connu des Français, Hollandais et Anglais. Avec l’aide des Indiens, les Portugais les expulsent puis ils fondent la ville de Nova Lusitania qui deviendra plus tard Nossa Senhora do Belém do Grão Pará. Pour préserver la nouvelle possession des éventuels envahisseurs, ils font ériger une forteresse, le « Forte do Castelo ». Au XVIIe siècle, la région prospère grâce à l’agriculture (café, riz, canne à sucre et les épices de l’arrière-pays). Les missions jésuites s’y installent et fondent plusieurs villages dans la région. Puis, la vie stagne du côté de Belém. Au cours du XIXe siècle, plusieurs rebellions populaires ont lieu, la plus connue, celle de « Cabanagem », fut une insurrection contre le roi du Portugal, quand la ville de Para décréta son indépendance. Ce mouvement fut violemment réprimé en 1835. Vingt ans plus tard, avec le « boom » du caoutchouc, la ville connaîtra une brève période de croissance comme en témoignent l’architecture et les très beaux immeubles en style « belle époque ».
Visiter Belém
La visite commence par une promenade dans les rues étroites du vieux Belém, où on peut remarquer des maisons en style colonial avec de jolies façades en azulejos portugais. Dans ce quartier, se trouve la Cathédrale Sé (Praça Frei Caetano Brandão, tél 223-2362). En style roman, elle fut édifié entre 1748 et 1771 et possède un bel autel en marbre de Carrare. Nous conseillons un détour par le Fort du Castelo (Praça Frei Caetano Brandão, 117). Le fort, bâtiment de la fondation de la ville, fut construit par les Portugais en 1616 et restauré en 1878. La forteresse, qui abrite aujourd’hui un restaurant, permet une vue exceptionnelle de la baie de Guajará Non loin, se trouve le Musée d’Arte de Belém/Palais Antônio Lemos (Praça D. Pedro II, tél 242-3344, poste 249). Edifié en 1833, il fut restauré en 1993 et abrite aujourd’hui le musée d’art ainsi que la mairie de Belém. Le Palais Lauro Sodré, construit au XVIIIe siècle, comprend une chapelle, des étables et un donjon où jadis, on emprisonnait les esclaves. Ce palais est actuellement le siège du gouvernement d’Etat.
Le Théâtre de la Paz (Praça da Repú¬blica, tél 224-7355, ouvert du mardi au vendredi de 9h à 17h) construit entre 1868 et 1874 en style néo-classique, est situé au cœur d’un parc très agréable. Le Marché Ver o Peso (Cais do Porto, ouvert de 4h à 12h), très populaire et touristique, regroupe des marchands de poisson, viande, fruits et légumes de Belém mais aussi de l’artisanat local et des objets réservés aux cérémonies et aux cultes afro-brésiliens. Le Musée Emilio Goeldi (Avenida Magalhães Barata, 376 (Nazaré), tél 249-1233, ouvert du mardi au dimanche de 9h à 17h) est situé dans un parc d’environ 45 000 m². Il regroupe de riches et curieuses collections permanentes d’art populaire, d’archéologie, d’ethnologie, de géologie, de botanique et de zoologie. A noter, le bel aquarium avec les poissons de la région. La Basilique Nossa Senhora de Nazare (Praça Justo Chermont (Nazaré), tél 223-9399), construite en 1908 en style roman, serait la réplique de l’église Saint-Paul de Rome. La façade de la basilique est en marbre de Carrare avec un superbe balcon en bois. A l’intérieur, on peut admirer de belles mosaïques.
Manaus
Au bord du Rio Negro et à 14 km de la jonction des fleuves Solimões et Negro, se trouve la ville de Manaus. Avec plus d’un million d’habitants, elle est la capitale de l’Etat d’Amazonas. Située à quarante mètres au-dessus du niveau de la mer, Manaus est une ville chaude et humide. Pendant la saison des pluies, de janvier à juin, c’est la période des fortes averses, et la température oscille entre 230 et 30°C. En période sèche, de juillet à décembre, le thermomètre varie entre 260 et 38°C. A Manaus, toute la vie se déroule autour du fleuve. Le bateau est le premier moyen de transport. La ville a également un port flottant à cause des crues importantes du Rio Negro, ce qui lui donne un air de cité lacustre d’Asie, construite sur pilotis. Le long des chemins de pirogues, s’alignent les maisons en bois peintes aux couleurs lumineuses: vert, rose ou bleu, là où vit parfois dans une même pièce, une famille toute entière. Manaus est aussi la porte d’entrée de l’immense forêt amazonienne, où vous pouvez déjà avoir une approche de la flore et de la faune locales. Mais attention, les expéditions ne sont conseillées que si elles sont parfaitement organisées et guidées par des professionnels.
Un peu d’histoire
Manaus fut fondée en 1848, à l’endroit où les Portugais érigèrent, quelques années auparavant, le fort de São José do Rio Negro. La ville a connu son apogée avec le cycle du caoutchouc, au début du XXe siècle, et a réussi à entretenir un commerce intense avec l’Europe. Les « Barons du caoutchouc », européens pour la plupart, ont bâti des fortunes colossales, construisant de somptueuses demeures et des palais de style italien. Ils y ont installé le téléphone et l’eau courante et ont pavé les rues. La ville a vécu dans l’opulence jusqu’en 1915, au moment où le prix du latex s’est effondré devant la concurrence internationale, venue notamment d’Asie du Sud-Est. En 1967, Manaus a connu une nouvelle période d’expansion, elle comptait alors 200 000 habitants. A la fin des années 70, sa population fut multipliée par trois. L’établissement d’un port franc, la Zona Franca de Manaus, a ainsi réveillé ce géant endormi. Les usines et ateliers japonais, français et italiens trouvent là une main-d’œuvre bon marché. Le nombre de boutiques dépasse les 20 000. Conséquence, dans les rues, on voit apparaître toutes sortes de magasins : électroménager, télévisions, chaînes hi-fi, magnétoscopes, montres et appareils photo, qui monopolisent le commerce local. Ces dernières années, avec la libéralisation des produits importés, l’intérêt des entrepreneurs pour la Zona Franca de Manaus a diminué; la ville et ses habitants en supportent les conséquences.
Visiter Manaus
Le Teatro Amazonas (Praça S. Sebastião, tél 622-2420), érigé en 1896, est le reflet de la richesse de la région pendant le « boom » du caoutchouc. Monté en Angleterre, il fut transporté pièce par pièce. Le marbre avec lequel il fut construit a été importé du Portugal et d’Italie. Ses tuiles sont venues d’Alsace et ses meubles, rideaux et tapis parisiens sont inspirés du style « belle époque ». Restauré en 1990, il possède 700 places. Des opéras et des ballets y sont représentés toute l’année. L’Eglise São Sebastião (Praça São Sebastião, téI232-4572), construite en 1859 en style byzantin, fut elle aussi fabriquée en Europe et remontée à Manaus. Le Marché Municipal (Rua dos Barés, ouvert tous les jours de 6h à 18h) fut construit en 1906 sur le modèle des Halles de Paris. La visite est très intéressante, et doit se faire très tôt le matin, lorsque arrivent les poissons, les fruits et légumes et les cargaisons de produits régionaux.
A voir aussi, non loin du marché, dans la Rua Santa Cruz, les beaux bâtiments des douanes, l’Alfândega et le Cais do Porto, constructions anglaises datant de 1906. Le Museu do Indio (Rua Duque de Caxias, 356, tél 234-1422, ouvert du lundi au vendredi, de 8h30 à 11h30 et de 14h à 16h30) regroupe environ 1 600 pièces des tribus indigènes du Rio Negro et du Xingu. Le Museu de Ciências Naturais (Colônia Cachoeira Grande (Aleixo), 15 km, tél 644-2799, ouvert du lundi au samedi de 9h à 17h) s’adresse aux passionnés de la nature. Ce musée de sciences naturelles consacre son fonds aux collections de papillons, insectes et poissons d’Amazonie.
Encontro das Aguas
A 17 km de Manaus, le Rio Negro rencontre le Rio Solimôes. Les eaux noires, du premier, et celles jaunes du second coulent côte à côte sur 60 km avant de se mélanger pour former l’immense fleuve Amazone. Ce phénomène presque magique que chaque enfant apprend à l’école, s’explique par la différence de rapidité, de densité et de température de deux cours d’eau. Informations : Ena sa, tél 633-3280.
Praia da Ponta Negra
Située à 10 km du centre ville, cette jolie plage sur l’Amazone, est bordée de paillotes qui servent de bars et de restaurants. Aux environs, se trouvent de belles cascades, telles que Cascatinha do Amor et Cachoeira do Tarumã.