De Grand-Gaube, la route s’enfonce à travers les champs de canne à sucre. Les planteurs, pour dégager leurs terres, amoncellent des blocs de lave noire en pyramides, que l’on croirait aztèques, et que l’on appelle ici les pyramides créoles. Après être passé par Goodlands, un gros bourg animé, la route rejoint la côte à Roches-Noires. Jusqu’au village de Quatre-Frères les agglomérations, fort rares, cèdent la place à des forêts de filaos qui ombragent quelques une des plus belles plages de Maurice. C’est ici qu’affleure la fameuse île aux Cerfs. Peu après, le paysage change du tout au tout. La plaine cède la place à de douces collines. Les champs de canne s’avancent jusqu’à la côte, tourmentée et parfois bordée de mangroves. Guère de plages, et donc encore moins d’hôtels si ce n’est le Domaine du Chasseur. Ses bungalows, blottis dans la forêt, accueillent les amateurs de chasse aux cerfs. Jusqu’à Mahébourg, les villages de pêcheurs se succèdent avec ici ou là un barachois, un vivier d’élevage de poissons ou crustacés. Des petites embarcations, toutes voiles dehors, croisent des pêcheurs qui s’avancent à pied fort loin dans le lagon où de minuscules îlots semblent flotter comme des épaves. Une vision de Maurice poétique et authentique. Prévoyez une journée si vous souhaitez faire halte sur une plage ou vous rendre à l’île aux Cerfs. 

Goodlands

C’est une grosse bourgade vivante où l’on ne fait que passer. La route rejoint la côte à Roches-Noires. A l’entrée de la ville vous remarquerez un barragistes, vivier, en eau vive que l’on distingue aux grosses pierres qui ferment une extrémité du lagon 

Belle Mare et Trou-d’Eau-Douce

La plage de Belle Mare qui s’étend sur plusieurs kilomètres est l’une des plus belles de l’île : sable blond, mer turquoise, forêt de filaos, bref, le bonheur. Ici, comme ailleurs, l’urbanisation est en marche et de nouvelles constructions voient le jour régulièrement. Elle reste pourtant l’une des plus « nature » et les Mauriciens l’apprécient tout particulièrement pour leurs week-end. Lors de la fête de Ganga Asnan, des milliers d’hindous viennent se purifier dans ces flots, offrant un spectacle grandiose. Le joli petit village de Trou-d’Eau-Douce est réputé pour ses huîtres. N’hésitez pas à les goûter. Elles n’ont pas tout à fait la même forme que celles que nous connaissons, mais elles sont tout aussi bonnes bien qu’un peu moins iodées. Le départ et le retour des pêcheurs offrent également un spectacle coloré. Juste à côté de Trou-d’Eau-Douce se trouve le Touessrock, hôtel qui a la concession de l’île aux Cerfs. 

L’île aux Cerfs

Autrefois, il y a un siècle dit-on, les cerfs fréquentaient l’île. Après lui avoir donné leur nom, ils ont disparu, se réfugiant dans des forêts moins fréquentées. Aujourd’hui, tous les hôtels proposent des excursions à l’Île aux Cerfs qui est devenue, en l’espace de quelques années, l’un des lieux les plus fréquentés de Maurice. On vous proposera de vous y conduire à partir de tous les villages situés autour. Cela en vaut-il la peine ? A notre avis, si vous résidez dans un hôtel disposant d’une belle plage, vous avez tout intérêt à réserver vos journées d’excursion pour découvrir le sud de Maurice, nettement moins fréquenté et beaucoup plus intéressant. Après tout, l’île aux Cerfs n’est qu’une Île avec un magnifique lagon, des filaos et des eaux turquoises, la foule et les vendeurs en plus. Si néanmoins cette excursion vous tente, évitez de vous y rendre le week-end et aux heures de pointe. Partez tôt le matin ou tard le soir si la marée le permet. A ces heures là, l’île garde une certaine magie. 

Deux-Frères et Quatre-Soeurs

Il semble que tout le monde ait oublié l’origine du nom de ces deux hameaux mitoyens. Toujours est-il qu’ils marquent le début d’une succession de petits villages de pêcheurs sagement alignés le long de la route répondant aux appellations poétiques de Bois-des-Amourettes et Bambous-Virieux. Outre un arrêt dans l’un de ces villages pour observer les pêcheurs hisser leurs voiles ou s’enfoncer à pied dans le lagon, vous pourrez déjeuner au Barachois, un authentique vivier situé dans un site sauvage, ou au domaine des Chasseurs. Les amateurs de parfums s’intéresseront au domaine de l’ylang-ylang. 

Les îlots de la Côte Est

Tout au long de cette côte des îlots ponctuent le lagon : île Marianne, île Camisard, ou encore île aux Fouquets où le malheureux François Leguat et ses compagnons furent internés pendant trois ans, le gouverneur hollandais de Maurice leur reprochant d’avoir ramassé de l’ambre à Rivière-Noire alors qu’ils l’avaient rapporté de Rodrigues. Pendant ces trois ans ils se nourrirent d’œufs de fouquet. un oiseau marin qui niche dans l’île. Un petit peu plus au sud, au large de Mahébourg, l’île aux Aigrettes abrite la dernière forêt côtière d’ébéniers. Elle fait l’objet d’un programme de protection. 

Le domaine du Chasseur

Perché sur une colline et enfoui sous les arbres, ce domaine se destine principalement aux chasseurs. Un millier de cerfs, des macaques et quelques sangliers gambadent sur ces contreforts plantés d’ébéniers, d’eucalyptus et d’arbres du voyageur. Pour certains créoles ce superbe palmier, aux feuilles en éventail qui contiennent de l’eau potable et appelé arbre du voyageur symbolise l’ultime voyage. Il a été introduit de Madagascar à Maurice. On peut dormir dans des petits bungalows, ou tout simplement déguster un repas de gibier ou encore partir en randonnée dans les massifs boisés pour y rencontrer les cerfs de Java introduits dans l’Île Maurice par les Hollandais. 

Le domaine de I’Ylang-ylang

L’ylang ylang est un petit arbuste à fleurs jaunes que l’on distille et qui servent comme fixatif dans presque tous les parfums. Cette espèce n’existait pas à Maurice. Elle a été introduite des Comores où elle constitue l’une des principales richesses de l’archipel. Dans le domaine, situé dans les hauteurs en retrait de la route côtière, on verra une plantation de ces arbustes ainsi qu’une distillerie située en contrebas. Vous pourrez acheter des huiles essentielles. Ne vous étonnez pas du prix d’un flacon d’ylang ylang, ce produit est fort coûteux. Mettez en deux gouttes dans votre bain et tout votre appartement embaumera. Situé entre un petit ruisseau et une mare avec des lotus, un restaurant accueille des groupes sur réservation. Au menu cochon de lait grillé au feu de bois et superbe vue sur l’océan. 

La plaine Champagne et les gorges de Rivière-Noire

La montée depuis Casa Noyale vous réservera de superbes points de vue sur le mont Brabant. Un restaurant, le Chamarel , vous attend pour profiter depuis sa terrasse de l’océan et du morne. Non loin se trouve un autre restaurant, Varangue sur morne qui constitue l’un des rares endroits de Maurice d’où l’on ne voit aucune habitation. Après être passé aux terres de couleurs de Chamarel, rendez-vous aux gorges de la rivière noire. L’une des dernières forêts originelles de l’île s’accroche aux parois du cratère. La route traverse ensuite ces forêts jusqu’au temple de Grand-Basin. Difficile de croire lorsqu’on y arrive que près de quatre cent mille personnes s’y rassemblent en février pour le fête de Maha Shivaratri. En continuant, vous passez Bois Chéri qui a donné son nom au thé le plus populaire de l’île. Les plantations grignotent les collines. En redescendant vers Mahébourg, vous vous dirigerez vers Quatre-Bornes et Port-Louis en passant par la mare aux Vacoas, un immense réservoir qui alimente une partie de l’île en eau potable. Prévoir une demi-journée pour cette ballade. 

Les terres de couleurs de Chamarel

Après avoir payé un petit droit d’entrée à l’entrée de la plantation, vous prendrez une route sinueuse jusqu’à ces mamelons appelés autrefois les côtes du melon. Il s’agit en fait de monticules qui présentent toute une gamme de couleurs : ocre, rouge, jaune , bleu, vert, orange, violet… Ce phénomène naturel serait dû à la présence de cendres volcaniques contenant des oxydes minéraux que l’érosion aurait mis à nu. Pour apprécier ce spectacle, il est conseillé de visiter ce site par temps lumineux, au lever ou au coucher du soleil. 

Chamarel

Ce village est un fief créole où on rencontre des rastas. Il est aussi réputé pour sa production de café. Si vous y passez le 15 août, vous assisterez au pèlerinage qui mène les fidèles jusqu’à la chapelle Sainte Anne. Chamarel est aussi le berceau de la famille de l’écrivain Malcom de Chazal. Son ancêtre, capitaine au Régiment de Provence, y vécut. Tout autour, vivent des cerfs. Après quinze minutes de marche, on accède aux cascades de Chamarel. 

Le parc des Gorges de La Rivière Noire

Ce parc de six mille hectares a été créé pour préserver les dernières forêts originelles de Maurice qui aujourd’hui représentent à peine 3% du territoire. Ces arbres tropicaux ont pour nom le tambalacoque, le colophane, l’ébène, le camphrier, le bois de natte. Les oiseaux chassés par la colonisation s’y sont réfugiés. Parmi eux la très rare crécerelle, ou encore le pigeon des mares et le merle « cuisinier ». Vous pourrez peut-être les voir voleter parmi les pailles en queue et les chauves-souris depuis le site des gorges de la Rivière-Noire. Après avoir garé votre voiture (ne rien laisser à l’intérieur) un sentier d’une centaine de mètres vous mène jusqu’aux gorges qui s’avèrent être un immense cratère. On reste là un certain temps à contempler la végétation luxuriante et le ballet des oiseaux. Il est également possible de parcourir les sentiers de randonnées. 

Grand-Bassin

Situé à l’écart de toute habitation, au cœur de la forêt, Grand-Bassin est au centre de la vie religieuse hindoue de Maurice. Pourtant, en dehors de la fête de Maha Shivaratri, le site est pratiquement désert mis à part quelques macaques qui risquent de vous courir après si, par malheur, vous avez une banane ou une mangue sur vous. Quinze à vingt mille de ces singes hantent les forêts environnantes. Ils sont frugivores mais, méfiez vous, ils peuvent être agressifs. Les hindous tolèrent parfaitement ces animaux dans leurs temples. Ils les laissent batifoler parmi les bâtiments éparpillés autour du grand bassin, le Ganga Talao. Celui-ci est censé être en relation avec les eaux du Gange, fleuve le plus sacré d’Inde. Pour le rendre encore plus saint, on y a même déversé un peu d’eau provenant du fleuve. Il constitue le cœur du sanctuaire autour duquel se sont élevés plusieurs temples en béton dépourvus de charme. C’est bien sûr en février à l’occasion de la fête de Maha Shivaratree que Grand Bassin présente le plus d’intérêt. Sinon, on en appréciera le calme. 

Bois-Chéri

Introduit par Pierre Poivre, le thé fut vraiment cultivé à partir de la fin du XIXe siècle. Sa culture allait se développer au siècle suivant principalement à partir de variétés rapportées de Ceylan. Des plantations se trouvent à Bois Chéri. Les Mauriciens apprécient particulièrement le thé vanillé. Avec son nom délicieux, c’est une idée sympathique de cadeau. 

Mare aux Vacoas

Sur la route du retour vers Quatre Bornes vous longerez cette immense retenue d’eau. En 1996, l’île a connu une grave sécheresse, provoquant des difficultés pour les industries du tourisme et du textile, grandes consommatrices d’eau. 

Le Val nature park

En dehors de tout circuit, perdu dans la nature à la hauteur de Vieux Grand Port, ce parc ne reçoit presque jamais la visite des touristes. A dire vrai, mis à part le site enchanteur dans un val entouré de collines boisées où se faufilent des champs de cannes à sucre, il n’y a pas grand chose à voir. C’est pourtant l’occasion d’y rencontrer des Mauriciens en week-end qui viennent jouir de la campagne. Après avoir payé un modeste droit d’entrée, on peut profiter des pédalos, jeter un oeil aux cultures d’andréanums ou aux bassins où s’épanouissent d’énormes carpes du Japon. Un malheureux léopard et un zèbre se lamentent dans leurs cages exiguës. Mieux vaut regarder les amoureux qui se tiennent tendrement par la main.

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