La Gambie est « coincée comme une banane entre les dents du Sénégal », a écrit l’historien burkinabé Joseph Ki-Zerbo. De fait, ce long couloir de 300 km dans lequel coule le fleuve Gambie, et où la population parle anglais et pratique le cricket, contraste beaucoup avec le Sénégal francophone qui le prend en sandwich au nord comme au sud. 
Cette curieuse enclave née des partages hasardeux entre grandes puissances coloniales européennes au XIXe siècle est cependant devenue la coqueluche des estivants amateurs de belles plages et de soleils lointains pas encore trop déflorés. 

Des Anglais, des Scandinaves, des Allemands et quelques Français, prennent chaque année la direction de Banjul, admirablement située entre la côte atlantique et le bord de l’estuaire du fleuve Gambie. Banjul (anciennement Bathurst, 313 km au sud de Dakar, 200.000 hab.) est un port de commerce pour l’exportation de l’arachide, entre autres, situé au bout de l’estuaire de la Gambie, sur sa rive droite. 

La ville fait également office de porte d’entrée vers la Casamance au sud car la N5 est coupée par le fleuve qu’il faut passer par le bac. Ouverte depuis longtemps au tourisme, Banjul offre d’excellents équipements : restaurants et hôtels de tous standings, nombreux bars et dancings, marché et boutiques d’artisanat qui proposent de beaux batiks, de la sculpture sur bois et des bijoux d’or et d’argent filigranés. Dans les rues des quartiers populaires ont très souvent lieu des « tam-tams », réunions traditionnelles de danseurs parfois acrobatiques (des spectacles de danse sont également organisés dans les hôtels). 
De confession musulmane, les Gambiens ont bâti plusieurs mosquées dans la capitale et célèbrent avec pompe la plupart des grandes fêtes de l’islam, comme la tabaski (fête du mouton), commémorant le sacrifice d’Abraham. A la fin de l’année a lieu une manifestation non religieuse : la fête des fanals, sorte de carnaval où la foule en liesse promène des chars et des lanternes en papier. Tout le long de la côte, aux portes de la ville, s’étendent de longues plages : Cape Point, Fajara, Bijilo, Brufut et Kartung où grandes chaînes hôtelières et villages-clubs se sont implantés au milieu des palmiers, des résidences des diplomates et des belles demeures de style colonial britannique aux superbes jardins à l’anglaise. 

Les villages traditionnels de pêcheurs de Brufut ou Gunjur valent la visite. Dans les environs de Banjul, la réserve d’Abuko, près de l’aéroport de Yundum, ravira les amateurs d’hippopotames, crocodiles, phacochères, hyènes, singes et d’oiseaux (400 espèces). A Fajara, un grand parcours de 18 trous fera le bonheur des amateurs de golf. De l’autre côté de l’estuaire, en face de Banjul, Barra Point possède toujours les vestiges d’un fort britannique qui défendait l’entrée du fleuve. 
A 9 km de Barra, le village de Berending attire les curieux venus voir la mare aux crocodiles sacrés. Sur cette même rive droite, plus en amont, se trouvent les vestiges de l’ancien fort d’Albreda et le village de Juffure, où l’auteur noir américain Alex Healey – auteur du best-seller « Roots » (Racines), devenu une série télévisée dans le monde entier – situe le village de son ancêtre et héros de roman Kunta Kinte. 
En face, le fort Saint-James, fondé en 1660 par James, duc de Courlande et filleul du roi Jacques 1er d’Angleterre, en ruine, fut une des plaques tournantes du trafic des esclaves sur la côte de l’Afrique occidentale, tout comme l’île de Gorée, au large de Dakar. Pour faire tout le tour de la Gambie, si la route de ceinture longe les deux rives du fleuve, il est plus attrayant de remonter le fleuve en bateau jusqu’à Basse Santa Su, à près de 300 km en amont de Banjul. Dans le port de Banjul, voiliers et navires (notamment le « Lady Chilel Jawara ») proposent des croisières. 

Principales escales en remontant le fleuve Gambie 

– Tendaba, sur la rive gauche, sanctuaire d’oiseaux, 
– Farafeni et Mansa Kanko, embarcadères du bac de la route N4, « Transgambienne », 
– Wassu, sur la rive droite, près de Kuntaur, possède des cercles mégalithiques vieux de plusieurs siècles qui servaient autrefois de tombes royales pour des peuples restés inconnus, 
– Dankunku, sur la rive gauche, constitue un campement pour la moyenne et petite chasse (phacochères, gibiers à plumes), 
– Georgetown, sur l’île Mac Carthy, est une petite localité au charme désuet créée au siècle dernier par des esclaves libérés ou évadés des navires négriers, 
– Basse Santa Su et les rapides de Barrakouda. Ces croisières sont l’occasion de voir des crocodiles et des troupeaux d’hippopotames se baignant dans le fleuve ainsi que de nombreuses espèces d’oiseaux : aigles-pêcheurs, oies de Gambie, hérons, aigrettes, martins-pêcheurs, etc. Des singes patas, des phacochères et des antilopes viennent aussi boire dans le fleuve.

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