
Semaine Sainte, Mula, Murcia
L’Espagne de la Reconquête, celle des rois catholiques, de Philippe II, de l’Eglise triomphante du Siècle d’or et militante des XIXe et XXe siècles, est restée dans les esprits une Espagne pieuse et pratiquante. Les grandes manifestations religieuses, la vivacité des fêtes locales dédiées aux saints patrons, les dévotions andalouses à la madone, etc., entretiennent cette image. Les Espagnols désertent pourtant les bancs des églises. Les dernières statistiques font état de 30% de participation assidue à la messe dominicale tandis que la moitié des catholiques n’y vont jamais. La monumentale fête de Saint-Jacques-de-Compostelle accueille chaque année des milliers de pèlerins et la Semaine sainte à Séville, sans égal avec son cortège de pasos argentés, de cierges blancs et d’étoffes scintillantes, célèbre le sacrifice du Christ et les larmes de Marie (du dimanche des Rameaux à celui de Pâques). Mais loin de réunir les seuls fidèles, la route de Compostelle porte des randonneurs épris de nature, des passionnés d’art roman, des curieux de l’Espagne, et Séville loue ses balcons pour voir défiler les pénitents. Tous ces participants sont avant tout des Espagnols qui s’enivrent des joies de la fête. Dans la tradition, le profane et le religieux se confondent souvent. C’est ainsi que le grand sud andalou (Arcos de la Frontera, Vejer de la Frontera) fête le Taureau de la Résurrection par des courses de taureaux le dimanche de Pâques, que saint Firmin, patron de Pampelune, donne à la ville ses plus grandes festivités et que saint Isidro inaugure la saison tauromachique madrilène.