
Lynx d’Espagne ou pardelle, Huelva
La chasse à outrance a anéanti une grande partie de la faune espagnole. Toutefois, il est fréquent d’apercevoir des écureuils roux, des chamois, des daims, des ibex, des marmottes, et de nombreuses espèces de reptiles.
Le lynx pardelle
Le lynx pardelle, ou lynx ibérique, est une espèce endémique à l’Espagne et au Portugal. Lors du dernier classement des espèces en danger d’extinction, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a placé ce félin au premier rang des espèces les plus menacées d’Europe. Emblème du parc de la Doñana, il peut également être entrevu dans le parc national Andùjar à Jaen. Hors de ces zones protégées, le lynx pardelle souffre de la destruction de son habitat et est souvent victime du braconnage. Plus petit que le lynx boréal, le lynx pardelle pèse, adulte, entre 8 et 15 kg. Son corps (40 à 50 cm au garrot) et sa queue sont courtes, ses pattes longues. Ses oreilles présentent les pinceaux caractéristiques finissant une petite tête. La robe, de couleur variant entre le rouge jaunâtre et fauve, est mouchetée de tâches noires ou marron foncé. Chasseur solitaire et généralement nocturne, ce lynx chasse des proies de taille moyenne à petite, dans les prairies et en lisière de forêt. Sa proie favorite est le lapin de garenne, mais au printemps il peut se contenter de quelques canards et rongeurs. L’hiver, certains jeunes daims ou cerfs peuvent aussi lui succomber. Les mâles et les femelles se rencontrent entre janvier et février pour la reproduction. Après 63 à 73 jours de gestation, la femelle met au monde un à quatre petits entre mars et avril. La longévité d’un adulte est estimée à 14 ans.
L’ours
Rarement observé, l’ours brun des Pyrénées espagnoles compte encore une centaine de spécimens. Il a quitté les contreforts pour les forêts d’altitude les plus inaccessible pour échapper aux chasseurs ; malgré sa protection, qui date de 1973, il continue à être abattu au nom de la légitime défense ou de la protection des agneaux. Les ours sont des omnivores qui ont toutefois une grande préférence pour les végétaux. Les repas sont composés d’herbes, feuilles, fruits, bourgeons et racines ; de temps à autres quelques insectes et encore plus rarement de la viande qu’il se procure le plus souvent sur des animaux morts. L’ours hiberne durant les dix semaines les plus dures de l’hiver. Dès l’automne, il constitue ses réserves de graisse qui lui permettront de survivre pendant cette période où son coeur bat à raison de 10 coups par minute. Sa température descend aussi de 38° à 32°C. A la naissance, au début de l’hiver, les oursons (un ou deux par femelle) sont aveugles et sans poil. La séparation intervient vers le 18e mois de l’ourson qui, atteignant environ 40 kg, va affronter son destin en compagnie de son frère (ou de sa soeur). C’est vers l’âge de 3 ans que l’ours devient un solitaire et c’est à 5 ans qu’il atteint sa taille adulte.
Le desman
Inconnu jusqu’au XIXe siècle, le desman des Pyrénées est un petit mammifère apparenté à la taupe, mesurant moins de 30 cm et pesant entre 50 et 80 g. Cet insectivore se distingue par une longue queue écailleuse et un museau terminé par une trompe flexible dont les narines peuvent se refermer en plongée. Son apparence est étrange ne s’arrête pas là : des pattes antérieures courtes griffues et partiellement palmées, des pattes postérieures palmées en font un excellent nageur. Avec son pelage brun sur le dos et gris argenté sous le ventre, il disparaît dans la nuit, moment favori de son activité solitaire. Le desman fouille avec sa trompe le sable et les graviers des lits des rivières pour se régaler d’insectes et de crevettes d’eau douce. Il se rencontre près des rivières d’altitude où l’eau est suffisamment pure pour ce gourmet exigeant.

Aigle Ibérique
L’aigle ibérique
Considéré jusque récemment comme une sous-espèce de l’aigle impérial (aquila heliaca adalberti), l’aigle ibérique est, avec son envergure de 190-210 cm, un des plus grands rapaces d’Europe. Ce magnifique rapace a frôlé la disparition au début des années 70 ; le territoire espagnol compte encore aujourd’hui au maximum 150 couples. Tout comme le lynx, l’aigle ibérique a trouvé refuge au parc de la Doñana où une dizaine de couple règnent sur l’espace aérien. Beaucoup de jeunes nés dans ce parc s’électrocutaient encore récemment sur les pylônes électriques. Depuis 1992, des milliers de pylônes ont été modifiés avec le soutien de fonds européens. Les chasseurs aussi demeurent leurs ennemis : les nombres de piégeages, tirs et cas d’empoisonnement ne sont pas négligeables. L’aigle ibérique occupe les plaines et piémonts avec une alternance de zones boisées (bois méditerranéen) où il niche, et dehesas (savanes à chênes-lièges). Il s’aventure peu en montagne où il est dominé par l’aigle royal. Pour se nourrir, il chasse au sol oiseaux, rongeurs et reptiles, mais apprécie également la charogne, comme la plupart des grands rapaces. La parade nuptiale est spectaculaire, car les couples se font la cour en plein vol, avec des figures qui rappellent les meilleurs duels aériens de la bataille d’Angleterre. Après un long chassé-croisé, l’un des partenaires se renverse parfois sur le dos et exhibe ses serres déployées. Accouplé, le couple se laisse tomber ensemble à la verticale pour ne se séparer qu’à quelques dizaines de mètres du sol. La femelle pond deux ou trois œufs. Dès l’âge d’un mois, les jeunes restent seuls au nid tandis que les parents partent chasser. A deux mois, ils apprennent à planer et à piquer, pour devenir des prédateurs autonomes vers leur premier anniversaire.
L’outarde barbue
Aussi appelée grande outarde, elle fait figure de géante parmi les oiseaux volants. Protégée en Espagne, elle demeure rare (quelques dizaines d’individus) et se laisse difficilement approcher. Le mâle porte un dessus roussâtre barré de noir et de grandes plumes blanches, semblables à des poils, des deux côtés du bec. Il est connu pour sa spectaculaire parade nuptiale où il se transforme en sculpture de plumes grâce au gonflement de son sac gulaire. En même temps, l’oiseau redresse sa partie postérieure puis retourne ses ailes, si bien qu’il ne forme plus qu’une boule. Conquise, la femelle construit son nid dans des herbes hautes ou un champ de céréales – sans défense contre les engins agricoles, de nombreuses couvées ne survivent pas.