Les Kikuyu

Les Kikuyu constituent le plus important groupe ethnique du Kenya. Ils arrivèrent à la suite de migrations, il y a plus de 400 ans dans la région du Kenya qu’ils occupent actuellement, la Province Centrale. Leur plus illustre représentant fut bien évidemment Jomo Kenyatta, leader de l’indépendance, premier Président du Kenya décédé en 1979. Il publia en 1938, un ouvrage ethnographique sur son propre peuple « Au Pied du Mont Kenya » qui fit connaître la culture Kikuyu. Leur organisation tribale repose sur la famille, et plusieurs familles réunies forment un clan. Le gouvernement était assuré par le conseil des anciens, issus du groupe des guerriers, initiés à leur statut au cours d’un rituel de circoncision.

Les Kikuyu sont restés des éleveurs et des agriculteurs ingénieux utilisant les peaux de bêtes pour la literie, la confection de sandales, sangles, lanières. Ils cultivent traditionnellement la banane, la canne à sucre, les ignames, les haricots, le millet, le maïs, les patates douces. Ce sont aussi des artisans habiles qui ont toujours pratiqué les échanges. Ils confectionnent des paniers et des plateaux en fibres diverses et autrefois leurs forgerons, qui fabriquaient les pointes de flèches, javelots, épées, avaient la réputation de posséder des pouvoirs magiques. En 1929, les missions chrétiennes au Kenya entrèrent en conflit ouvert avec les Kikuyu en s’opposant à la clitoridectomie. Pour les Kikuyu, ces rites initiatiques étant le fondement de leur culture, les interdire conduisait à sa disparition. Ils fondèrent en réaction des églises basées sur la lecture de l’Ancien Testament qui ne condamne ni la circoncision, ni la polygamie. Ils créèrent aussi des écoles, telle la Kikuyu Independant School Association où enseigna Jomo Kenyatta après 1946. Le but était de créer une élite africaine, capable de succéder aux Européens mais non « désafricanisée ». Les Kikuyu prouvaient ainsi qu’ils savaient s’adapter aux défis et exprimer leur conscience politique.

Les agriculteurs kikuyu surent adopter les techniques modernes agricoles ou les cultures d’exportation telles que le café, le thé, le pyrèthre et devenir la première communauté agricole du Kenya. Ils sont aussi présents dans le commerce, les affaires, la politique, à travers tout le pays. Ils forment la plus importante communauté de Nairobi où ils sont au nombre de 600 000.

Peuple masaï

Peuple masaï

Les Masaï

Parce qu’ils ont traversé la colonisation et l’indépendance en restant farouchement attachés à leurs traditions, les masaï sont, en quelque sorte, l’ethnie symbole du Kenya. Ce peuple à l’allure de grands seigneurs batailleurs, s’il ne s’est pas plié aux règles du travail salarié et de l’urbanisation, a subi pourtant bien des avatars.

Aujourd’hui, les masaï résident dans les districts de Narok et de Kajiado, ils ont été déplacés entre 1910 et 1914 par les colons qui convoitaient leurs terres situées entre le mont Kenya et le mont Elgon. Ils ont longtemps terrorisé leurs voisins, menant des raids militaires meurtriers. Leur nom de masaï est dérivé de la langue Maa qu’ils parlent. Ce sont des pasteurs semi-nomades ne se déplaçant que dans un faible rayon. En saison sèche, ils installent leur campement à une dizaine de kilomètres du puits auquel vont, dans la journée, les animaux. Ils reviennent vers le campement le lendemain. Les bergers passent une nuit sur deux dehors. Pendant la saison des pluies, il leur suffit de se déplacer vers une mare temporaire. Les campements sont ceinturés d’épineux pour protéger le bétail des fauves, les huttes sont de forme rectangulaire avec un toit plat et des angles arrondis.

Les masaï prennent parfois des épouses bantoues qui cultivent quelques champs non loin du village. Eux-mêmes sont exclusivement éleveurs de bovins, symboles de richesse, dont ils ne consomment que rarement la viande. Ils se nourrissent de lait, frais ou caillé auquel ils mêlent du sang prélevé sur la veine jugulaire. Les hommes sont divisés en classes d’âge passant successivement de l’état de jeune guerrier, à l’état de guerrier adulte pouvant se marier, et d’anciens. Le jeune masaï intronisé morane était soumis à un entraînement intensif de guerrier et de chasseur de lion. Aujourd’hui, il est avec les autres membres de sa classe d’âge, gardien du troupeau. Une grande solidarité unit entre eux les membres d’une même classe d’âge.

Les Samburu

Les Samburu sont proches des Masaï avec lesquels ils partagent une langue et une culture communes. Au nombre de 75 000, ils sont pasteurs et élèvent des vaches, chèvres et chameaux. Ils se nourrissent essentiellement de lait, transformé en yaourt au goût fumé, auquel ils mélangent du sang prélevé sur les bêtes vivantes. A la saison sèche, ils tuent chèvres et moutons pour en consommer la viande. Ils viennent progressivement à l’agriculture en cultivant du maïs, du sorgho et quelques légumes pour apporter un complément alimentaire.

Leurs villages regroupent quelques familles et sont constitués de huttes basses construites en boue et peau sur une structure de bois. Une palissade d’épineux entoure la hutte et l’enclos à bétail de chaque famille. Chaque femme dispose de sa hutte pour elle et ses enfants, les hommes, qui sont polygames, dorment auprès de l’une ou l’autre de leurs épouses. Les jeunes garçons ont la charge des moutons et des chèvres, les vaches laitières demeurent à proximité du village et le reste du troupeau de bovins est conduit vers les pâturages alentours par les jeunes gens. Ils couvrent parfois des distances importantes en compagnie de leurs troupeaux qu’ils gardent la lance à la main.

La vie des hommes Samburu est divisée en classes d’âges. A la puberté, le jeune garçon est circoncis et initié, ce qui lui permet d’intégrer la classe des moranes. Il porte alors un arc et des flèches et orne son corps et ses cheveux (à la coiffure compliquée) d’ocre rouge, symboles de son nouveau statut. Après cinq ans, une cérémonie lui permet d’accéder au statut de morane aîné. Six ans après, sa classe d’âge rejoint celle des hommes mariés et chacun a le droit de prendre femme. Le pouvoir est détenu par les anciens qui prennent toutes les décisions concernant la communauté villageoise.

Les filles sont excisées et mariées très jeunes, entre 12 et 15 ans. Le jour du mariage, la mise à mort d’un taureau signifie que le contrat est définitif. La jeune fille rejoint alors la hutte de son époux.

Les Luo

Majoritaires dans les districts de Central et South Nyanza, autour du golfe de Kavirondo sur le lac Victoria, ils représentent le plus grand groupe ethnique non bantou du Kenya.

A l’origine pasteurs, sans cesse à la recherche de nouveaux pâturages, ils se sont sédentarisés et adaptés à l’agriculture et la pêche sur le lac Victoria. Ils cultivent du sorgho, du sim-sim et du millet et participent aussi aux cultures industrielles plus rentables que sont l’arachide, le café, la canne à sucre. Sur le lac Victoria, ils pêchent de préférence le Tilapia dont ils sont très friands. Ils ont adopté les bateaux de type boutre (dhow en anglais), introduits sur le lac par les Indiens et les canots Baganda.

Bien que beaucoup d’entre eux se soient convertis au christianisme, les Luos ont conservé un sens de la communauté très développé et le respect de leurs valeurs traditionnelles. Ils ont joué un rôle important dans l’accession du Kenya à l’indépendance. Tom Mboya, assassiné en 1969, et Oginga Odinga, l’ancien vice-président du Kenya étaient tous les deux Luos.

Les Swahili

On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une ethnie puisque les swahilis sont nés du métissage entre les Arabes et les Africains. « Swahil » vient de l’arabe sahel qui signifie « rivage ». Pour preuve, leur langue est bantoue par sa structure et arabe par son vocabulaire. Aujourd’hui, le swahili est la langue vernaculaire parlée dans toute l’Afrique orientale jusqu’au Zaïre. Mais un Swahili de la côte vous dira que les habitants de l’intérieur parlent quasiment « le petit nègre » et que « leur swahili » est plus raffiné. Il s’écrivait autrefois en caractères arabes mais des missionnaires zélés l’ont transcrit avec l’alphabet latin.

Les Swahilis sont musulmans. Les femmes sont voilées de la tête aux pieds dans un grand tissu noir, le bui-bui, les hommes sont la plupart du temps vêtus d’une longue djellaba blanche à la manière des Omanais. Les pêcheurs s’habillent de la fouta, un rectangle de coton rayé ou écossais attaché autour des reins et commune à tous les habitants des rivages de l’océan Indien.

Dans toutes les villes de la côte, les maisons swahilies sont bâties en pierre de corail, crépie à la chaux. Les façades sur la rue sont aveugles et s’ouvrent par une porte monumentale en bois sculpté. Une cour intérieure distribue les différentes pièces et des toits en terrasses permettent aux femmes de prendre l’air sans être vues. Si les Swahilis du Kenya continuent de cultiver leur différence et leur culture, ils n’en ont pas moins rompu tout lien avec l’Arabie et sont, à part entière, des citoyens africains.

Les différentes tribus du nord

Les Rendille

Ils vivent dans le district de Marsabit et sont éleveurs de chameaux. La tradition veut que leur peuple soit issu de l’union d’hommes Somali ayant renoncé à l’Islam, avec des femmes Samburu. Ce sont des pasteurs semi-nomades. Ils installent des campements permanents où résident les hommes mariés, les femmes et les enfants et où ne sont gardées que quelques chamelles et des chèvres, sous la responsabilité des jeunes filles. Les jeunes hommes célibataires emmènent l’ensemble du troupeau, se déplaçant de pâturage en pâturage. Leur alimentation se compose essentiellement de lait de chamelle mêlé de sang frais. Les huttes sont faites de nattes en fibres tressées et de peaux. Les femmes sont chargées d’aller chercher l’eau. Les garçons sont circoncis à la puberté, c’est l’occasion d’une importante cérémonie pour toute une classe d’âge. L’initiation vient un an après. Les jeunes filles sont excisées dès qu’elles sont nubiles et se marient tout de suite après.

Les Boran

Venus d’Ethiopie au Kenya au début du XXe siècle, ils se sont installés dans les régions arides, aux environs de Moyale, Marsabit, le long de la rivière Uaso Nyiro et vers Isiolo. Ces éleveurs de bétail se déplacent au gré des pâturages. Durant la saison sèche, ils sont plus nombreux sur les bords de la rivière Uaso Nyiro, mais quand arrive la saison des pluies, ils s’éparpillent là où la pluie a fait verdir la savane. La vie d’un jeune Boran se divise en quatre cycles d’initiation de huit ans. Après quoi, il est accepté dans la génération des pères de famille. Les jeunes filles sont excisées mais sans cérémonies particulières.

Les El Molo

Ils comptent moins de 500 membres et demeurent sur deux petites îles du lac Turkana et à Loiyangalani sur la rive. Vivant exclusivement de la pêche, ils se nourrissent de poisson frais ou séché et de viande de crocodile. Ils construisent des radeaux de palmier doum et pêchent au harpon, au filet, à l’hameçon et à la nasse. Le harpon est surtout utilisé pour attraper la perche du Nil. Les villages sont faits de huttes circulaires en branches d’acacias entrecroisées et recouvertes de feuilles de palmier.

Les Turkana

Ils peuplent toute la partie nord-ouest du Kenya entre le lac Turkana et la frontière avec l’Ouganda. Un peu plus de 200 000, ces pasteurs-nomades sont restés dans un relatif isolement en raison des difficiles conditions d’accès à leur territoire. Ils élèvent des ânes, des chameaux, des moutons et des vaches. Ils préfèrent le lait de vache, frais ou aigri, mêlé de sang prélevé par incision de la veine jugulaire. Ils consomment rarement de la viande mais utilisent le cuir pour faire leurs vêtements, leurs sandales, leurs récipients et le toit des huttes. Avec les cornes, ils font des tabatières et des boites à poudre. Ils utilisent les bouses séchées comme combustibles. Les femmes récoltent fruits et graines à l’état sauvage et avant les pluies, chacune défriche un champ en bordure d’un oued. Aux premières averses, elles sèment du millet. Un homme ne s’abaissera jamais à pratiquer l’agriculture et une famille peut se séparer en fonction des besoins du bétail. En principe, les Turkana nomadisent dans les plaines en saison humide et dans la montagne en saison sèche. L’installation du campement est très complexe. Il faut d’abord dresser un enclos fait de branches et d’épineux pour empêcher les bêtes sauvages de s’approcher du bétail. Au centre du campement, un second enclos protège les vaches et les chèvres. Autour, se trouvent les huttes. Chaque épouse dispose de la sienne pour elle-même et ses enfants. Le chef de famille a sa hutte. Il faut changer de campement deux fois par an et ne jamais revenir dans le même. Anes et chameaux transportent les biens et la famille se déplace de quelques centaines de kilomètres. Le campement nécessite deux à trois jours pour être monté et ne se trouve jamais très près du point d’eau. Ce serait une indélicatesse dans ce pays désertique que de monopoliser un point d’eau, chacun doit pouvoir y accéder librement.

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