Les remparts entourent la vieille ville, blottie sur la presqu’île. Au fil des siècles, la ville s’est cependant étendue hors de ses murs. Le faubourg de Pile jouxte la muraille : de grands hôtels et d’élégantes villas du XIXe siècle entourées de jardins fleuris s’y pressent. Le quartier de Gruž s’est développé près du nouveau port de Dubrovnik. La baie de Lapad, entourée de bois de pins, et Babin Kuk sont en quelque sorte les extensions balnéaires de Dubrovnik. L’île de Lokrum tient lieu à la fois de plage et de jardin à la vieille ville.

Rappel historique
Au VIIe siècle, quand les tribus slaves déferlent sur Epidaure, à l’emplacement de l’actuelle Cavtat, les habitants se réfugient sur l’îlot de Ragusium, qui forme aujourd’hui une partie de la presqu’île de Dubrovnik. Les Slaves installés sur le littoral, à la lisière d’une forêt de chênes, Dubrava, nouent peu à peu des liens avec les pêcheurs de Ragusium. Le bras de mer entre l’îlot et le continent est comblé. Ragusium et Dubrava sont depuis le XIIe siècle reliés par le Stradun, large avenue qui traverse la ville de part en part. Au siècle suivant, des fortifications sont élevées. La puissante république de Venise s’empare pourtant en 1205 du port de Dubrovnik. En 1358, les habitants échappent à la domination des Vénitiens et reconnaissent la souveraineté des rois hungaro-croates. Ils obtiennent l’autorisation de poursuivre leur activité commerciale. Les échanges s’intensifient, et la cité marchande ne rend plus de comptes à quiconque. Par la suite, pour parer à la menace ottomane, Dubrovnik accepte de payer un tribut au sultan. La république de Dubrovnik, qui a calqué ses institutions politiques sur celles de Venise, prospère. Elle est la seule rivale dans l’Adriatique de la Sérénissime, qui tente à deux reprises, en 1485 puis en 1603, en vain, de lui imposer son autorité. Un tremblement de terre, en 1667, freine définitivement l’essor de la ville. En 1808, Napoléon dissout par décret le gouvernement de Dubrovnik. La cité intègre les provinces illyriennes. A l’issue du congrès de Vienne, Dubrovnik passe sous la tutelle de l’Autriche.

Vieille ville
On entend par vieille ville la partie de Dubrovnik intra-muros, avec les faubourgs de Pile à l’ouest et ceux de Ploče à l’est, qui conduisent aux portes par lesquelles on pénètre à l’intérieur des remparts.

Gradske Zidine
A côté de l’église Saint-Sauveur. Ouvert tlj de 9 h à 18 h 30. Entrée payante. Compter 1 h 30 pour en effectuer le tour.
Hauts de 25 m, larges parfois de 6 m, ils courent sur 2 km. Un chemin de ronde, auquel on accède près de la porte Pile par un portail Renaissance surmonté d’une statue de saint Blaise, permet d’en effectuer le tour complet. Quatre forteresses réparties à chacun des quatre angles viennent renforcer la muraille. Tvrđava Minćeta, la tour Minćeta, surmontée de deux poivrières, domine les fortifications côté terre. Elle offre un panorama très large sur les toits de la ville qui permet de découvrir le plan complet de la cité. Tvrđava Revelin (fort Revelin) défend la porte Ploče. Tvrđava Sveti Ivan (forteresse Saint-Jean) protège le port. Tvrdava Bokar (tour Bokar) surplombe la façade maritime des remparts.

Dubrovnik Old Town Harbour © Tony Hisgett

Dubrovnik Old Town Harbour © Tony Hisgett

Stradun
Appelée tantôt Placa, tantôt Stradun, c’est l’artère principale de la vieille ville. Elle traverse Dubrovnik d’ouest en est, de Gradska Vrata Pile (porte Pile) à Vrata od Ploča (porte Ploče). Pavée de larges dalles polies par les siècles, elle est bordée de chaque côté par des demeures aux façades baroques reconstruites après le tremblement de terre de 1667. L’été, les terrasses des cafés avancent jusqu’en son milieu. Le Stradun est le lieu de promenade favori des habitants de Dubrovnik à la tombée du jour. Une fontaine monumentale, surmontée d’un dôme et baptisée Onofrio, du nom de son architecte, se dresse à l’entrée du Stradun, devant le couvent Sainte-Claire (1290), rebâti lui aussi après le séisme.

Eglise Sveti Spas
Placa. Fermée actuellement au public.
Elle a été érigée après le séisme de 1520 pour conjurer la colère divine. Elle mêle des éléments d’architecture gothique sur sa façade Renaissance. L’escalier qui la jouxte donne accès au chemin de ronde des remparts.

Franjevački Samostan
Placa, 2. Ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 18 h. Entrée payante.
On remarque sur la place Milicević, à l’entrée du Stradun, le clocher de l’église du couvent des Franciscains, qui culmine à plus de 40 m. L’église, qui a souffert du tremblement de terre de 1667, a été rebâtie en style baroque. Seul son portail est d’origine. Il faut franchir un deuxième portail pour pénétrer dans le cloître du couvent, bâti dans la seconde moitié du XIVe siècle. Il est entouré de plusieurs galeries d’arcades soutenues par de fines colonnades. Il abrite un jardin au milieu duquel trône un magnifique puits gothique. Le couvent héberge dans ses murs une pharmacie (ljekarna), fondée en 1317 : il s’agit de l’une des plus anciennes d’Europe ; elle est toujours en activité.

Suivez le guide !
Le couvent Sainte-Claire (Samostan Sveti Klare), dont le cloître abrite aujourd’hui un restaurant, a été transformé en arsenal par Napoléon.

Luža
C’est la place sur laquelle se termine le Stradun et d’où une porte mène au vieux port de Dubrovnik. La colonne de Roland, symbole de l’indépendance de la ville, en haut de laquelle flotte un drapeau blanc frappé du mot Libertas, trône au centre de la Luža. La statue d’un guerrier surmonte la colonne.
Une légende laisse entendre qu’il s’agit du héros de Roncevaux, mais mieux vaut songer à un héros local qui aurait repoussé une attaque des Turcs. La Luža est aussi ornée d’une fontaine, dite Petite Onofrio, pendant de celle plus massive qui borde l’autre extrémité du Stradun. Elle est en partie logée dans une niche ménagée sur la façade du Grand Conseil, bâtiment qui a jadis abrité le conseil municipal de la ville et que l’on a transformé en café au début du XXe siècle. Le Gradska Kavana (café de la Ville) est davantage qu’un café. Il faut traverser sa vaste salle au décor Belle Epoque, prolongée par une véranda qui fait face au vieux port. La grande terrasse du Gradska Kavana, rendez-vous des habitants de Dubrovnik aux premières heures de la matinée, puis des visiteurs au fur et à mesure que le soleil monte, déborde sur la Luža.

Saint Blaise
Au Xe siècle, le saint est apparu une nuit en songe au recteur de Dubrovnik pour le prévenir de l’imminence d’une attaque de Venise. Le lendemain à l’aube, on distinguait en effet au loin des navires. Quand la flotte de la Sérénissime est arrivée à portée de tir des canons installés sur les remparts de Dubrovnik, tous les défenseurs de la cité étaient à leur poste. Les Vénitiens furent rapidement repoussés. Depuis cet épisode, saint Blaise est le protecteur de Dubrovnik. Il est souvent représenté tenant dans la main gauche une maquette de la cité, comme sur la statue qui repose sur l’autel de l’église Saint-Blaise.

Gradski Zvonik
La tour de l’Horloge s’élève à plus de 30 m de hauteur au bout du Stradun. Sur son clocher, des personnages de bronze, surnommés Zelenci (les Verts), d’après la couleur de leur patine, frappent les heures. De chaque côté de la tour de l’Horloge sont aménagés des passages, un vers la porte Ploče, l’autre vers le vieux port.

Sponza Palata
Sponza. Ouvert du lundi au samedi de 9 h à 13 h. Entrée payante.
Au temps de la république de Dubrovnik, on y frappait la monnaie. Le bâtiment a aussi abrité les douanes de Raguse. Sa façade combine les styles gothique et Renaissance, avec des fenêtres en ogive au premier étage et des arcades inspirées des temples antiques au rez-de-chaussée. Des concerts nocturnes y sont organisés l’été pendant le festival de Dubrovnik.

Eglise Sveti Vlaho
Placa. Visite sur rendez-vous, tél. : 020 411 715, ou pendant les messes, à 8 h et 17 h en semaine, à 8 h et 12 h le dimanche.
Elle fait face au palais Sponza. Elle a été reconstruite au XVIIIe siècle à l’emplacement d’une église du XIVe siècle ravagée par un grand incendie en 1706. Sa façade baroque est très chargée, comme le décor intérieur où angelots et dorures dominent. Seule la statue dorée de saint Blaise, patron de Dubrovnik, auquel l’église est dédiée et qui trône sur le maître-autel, échappe aux canons du ba-roque. Elle est l’œuvre d’un orfèvre local du XVe siècle.

Knežev Dvor
Pred Dvorom, 3. (…) Ouvert du lundi au samedi de 9 h à 13 h l’hiver, tlj de 9 h à 13 h l’été (prolongé en semaine de 16 h à 17 h). Entrée payante.
Détruit par un incendie au XVe siècle, le palais du Recteur est reconstruit vingt ans plus tard, pour être ensuite gravement endommagé par une explosion. Restauré, il est de nouveau dévasté par le tremblement de terre de 1667. D’où l’éclectisme de son architecture : l’édifice garde une apparence gothique, malgré les arcades Renaissance de son porche et l’escalier à balustrade baroque qui, dans la cour, conduit à l’étage. Il abrite aujourd’hui le musée d’Histoire de la ville, qui présente une collection de meubles, de tableaux et d’objets de décoration témoignant de l’art de vivre ragusan.

Suivez le guide !
L’avant-bras de la statue de Roland, long de 51,25 cm, a longtemps tenu lieu d’unité de mesure aux marchands de la cité : on parlait de la « coudée » de Dubrovnik.

Katedrala 
Kneza Damjana Jude 1. Ouvert tlj de 8 h à 20 h et le dimanche de 11 h à 17 h 30. Entrée payante.
La cathédrale de Dubrovnik a été rebâtie après le séisme de 1667 sur les ruines d’une église romane élevée, diton, grâce aux libéralités de Richard Cœur de Lion, reconnaissant d’avoir trouvé refuge sur l’île de Lokrum pendant une tempête. Sa façade baroque, plus sobre que celle de l’église Saint-Blaise, rappelle les églises de Rome. A l’intérieur, un tableau de Titien surmonte le maître-autel. Sous la nef, les vestiges de la basilique byzantine qui avaient précédé l’église romane sont encore visibles.

Archevêché
Le bâtiment, de style Renaissance, face à la cathédrale, a résisté au tremblement de terre de 1667, comme la plupart des maisons du quartier de Pustjerna, dont les ruelles sont d’ailleurs souvent voûtées.

Pomorski Muzej
Tvrđava Sv. Ivana. Ouvert du mardi au dimanche de 9 h à 13 h l’hiver, jusqu’à 16 h l’été. Entrée payante.
Il est abrité dans la forteresse Saint-Jean. Des maquettes de bateaux, dont celles de galions et de galéasses, bateaux à voile et à rames qui ont fait la renommée de la flotte de Raguse, sont exposées, ainsi que divers instruments de marine. On peut voir aussi des maquettes de bateaux à vapeur et de paquebots de la flotte austro-hongroise du XIXe siècle.

Suivez le guide !
L’aquarium de Dubrovnik (Akvarij), installé dans le fort Saint-Jean, présente dans 34 bassins toute la flore et la faune aquatiques de Dalmatie (Ouvert tlj sauf jours fériés de 10 h à 18 h. Entrée payante).

Pijaca
Le marché de Dubrovnik se tient chaque matin sur la place Gundulićeva, aux abords de la statue en bronze d’Ivan Gundulić, poète ragusan de la Renaissance. Les vieilles paysannes de la plaine des Konavle sont parfois encore vêtues du costume traditionnel. Sur leurs étals, on trouve tout au long de l’année des fioles d’essence de lavande, de l’huile d’olive, de l’eau-de-vie de fabrication artisanale, des pots de miel, des chapelets de figues séchées, des sachets d’herbes aromatiques… L’été, autochtones et visiteurs se coudoient sous les auvents pour faire provision de tomates et de pêches.

Eglise Sveti Ignacije
Uz Jesuite. Entrée libre.
Du marché, un bel escalier baroque conduit au collège des Jésuites, construit en 1738, et à l’église qui date de la fin du XVIIIe siècle. Elle est plutôt d’un style baroque dépouillé, mais le plafond et les murs de son abside sont ornés d’étonnantes fresques en trompe l’œil.

Musée ethnographique
Od Rupa, 3. Ouvert du lundi au samedi de 9 h à 13 h. Entrée payante.
Il est installé dans l’ancien grenier à blé de Dubrovnik, bâtiment du XVIe siècle surnommé Rupe (les Trous) à cause des 15 silos qui percent sa façade, ou encore cathédrale du Blé pour ses voûtes monumentales. Le musée présente une collection de costumes traditionnels de la région de Dubrovnik. Un autre espace est dédié aux techniques agricoles en vigueur autrefois. L’artisanat local est également évoqué.

Dominikanski Samostan
Sv. Dominika, 4. Ouvert tlj de 9 h à 18 h. Entrée payante.
C’est l’un des édifices les plus remarquables de Dubrovnik. Sa construction remonte au XIVe siècle. Une partie du bâtiment a d’ailleurs été intégrée aux remparts de la ville afin de les renforcer. L’église du couvent a subi des modifications au fil des siècles, mais a néanmoins gardé son allure romane. Son portail est d’origine, remanié selon une inspiration gothique. Un tableau de Titien repose au-dessus du maître-autel. Le cloître, qui associe des éléments gothiques et Renaissance, entoure un jardin planté de palmiers. La bibliothèque du monastère renferme de précieux incunables et des manuscrits enluminés. Son trésor rassemble des tableaux de l’école de Raguse, courant né à la Renaissance dans les ateliers où travaillaient les artistes de la ville.

Dubrovnik assiégée
Pendant huit mois, d’octobre 1991 à mai 1992, Dubrovnik a été assiégée. Les bombardements ont endommagé la vieille ville, notamment ses toits. Mais, grâce aux restaurations entreprises sous l’égide de l’Unesco dès la fin des combats, on ne voit plus guère leurs traces. En empruntant le chemin de guet au sommet des remparts, d’où la vue plonge sur les toits de Dubrovnik, on s’aperçoit qu’à maints endroits les tuiles rouges ont remplacé celles auxquelles la patine du temps avait conféré une couleur ocre. Ce sont aujourd’hui les seules marques visibles des souffrances endurées par les habitants de la Perle de l’Adriatique. Les touristes, qui entre 1991 et 1995 avaient abandonné Dubrovnik, reviennent à présent. Leur retour permet aux Ragusans d’oublier le plus sombre épisode de l’histoire de leur ville.

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