Encore peu touristique parce qu’aucune grande station balnéaire n’a été édifiée sur la Grande Côte, en raison d’une mer dangereuse, cet itinéraire Dakar-Saint-Louis revêt cependant une grande importance historique et politique : il relie l’ancienne à la nouvelle capitale du Sénégal et traverse l’ancien royaume du Cayor, un temps vassal du grand empire Djolof. Une bonne route bitumée de 266 km et une ligne de chemin de fer de 263 km rendent l’accès facile aux régions de Thiès, Louga et Saint-Louis. Air Sénégal propose également la liaison aérienne. 

De Saint-Louis, il est possible de continuer sur Nouakchott, capitale de la Mauritanie, par la nouvelle route bitumée qui traverse le fleuve Sénégal en passant sur le barrage de Diama. 

Sortir de Dakar en descendant l’avenue Lamine-Gueye puis prendre la direction de Rufisque soit par la route de Hann, soit par l’autoroute. 
A Rufisque, suivre tout droit la route de Thiès distante de 42 km (70 km de Dakar). Le paysage est caractéristique de la savane sénégalaise : vastes plaines plantées d’énormes baobabs et d’épineux (acacias) qui abritent des groupes de singes rouges. L’ensemble reste assez monotone et ne change guère jusqu’à Saint-Louis. 

Thiès

Cette ville vaut pour son marché et surtout sa célèbre manufacture des arts décoratifs, dont les ateliers où les artisans tissent des chefs-d’œuvre se visitent sur rendez-vous. La manufacture est spécialisée dans la tapisserie et ses premiers liciers, au début des années 1960, furent formés par Aubusson. 
Aujourd’hui, la manufacture comprend plusieurs ateliers de haute et de basse lice où sont exécutées de grandes tapisseries destinées à des édifices publics ou à quelques collectionneurs fortunés. Les cartons ont été dessinés par des peintres sénégalais contemporains : Boubacar Goudiaby, Papa Ibra Tall, Ansoumana Diedhou, Modou, Niang, Ousmane Faye, Ibou Diouf, Boubacar Diallo, Bocar Diong, Daouda Diouck, etc. Ils puisent leur inspiration dans le patrimoine traditionnel sénégalais et mettent en scène les anciens rois du Djojof, du Cayor ou du Walo, ainsi que tout le bestiaire africain. Certaines de ces tapisseries sont également d’inspiration moderne. 
En face du musée, l’ancien fort Faidherbe abrite un atelier de peintres sur verre. Dans Thiès, laisser à droite la route de Diourbel et poursuivre en direction de Lam-Lam (81 km de Dakar) et de Tivaouane (20.000 hab.), centre religieux de la plus importante confrérie musulmane sénégalaise, la tidjaniya, fondée par le marabout d’origine toucouleur El Hadj Malick Sy (1855-1922). Chaque année une foule considérable de fidèles musulmans se rend au pèlerinage de Tivaouane, appelé « gamou », dont la date correspond à l’anniversaire de la naissance du prophète Mahomet (fixée selon le calendrier lunaire). 
Après Tivaouane, l’itinéraire traverse une importante plantation de palmiers-rôniers (en forme d’éventails) puis le village de Pir-Gourèeye avant d’arriver à Mekhé (118 km de Dakar, plus de 10.000 hab.). La route est toute droite jusqu’à Kébémer et Louga, et parallèle au chemin de fer Dakar-Saint-Louis. 

Louga (32.000 hab.), en cours d’urbanisation, présente peu d’intérêt sur le plan touristique, mais c’est la ville natale du président Abdou Diouf. Après Louga, la route présente quelques ondulations, entame un grand virage vers l’ouest après Sakal, puis traverse le Diambour, région de marécages, avant d’atteindre Saint-Louis (75 km de Louga, 266 km de Dakar). Saint-Louis Saint-Louis communique avec la terre ferme et le quartier de Sor (cimetière historique) par le pont Faidherbe, immense ouvrage d’art de 506 m de long, tout en poutrelles métalliques, contemporain de la Tour Eiffel. 
Commandé à l’origine par les Autrichiens pour enjamber le Danube, il finit ici après le refus de Vienne d’en prendre livraison. Deux autres ponts, les ponts Servatius et de la Gêole, relient la ville à la flèche de sable littorale de la Langue de Barbarie. Sur cette Langue de Barbarie s’étendent les quartiers de Guet Ndar et de Ndar Tout. 
Cœur de la cité, l’île Saint-Louis constitue un long banc de sable de plus de deux kilomètres sur trois à quatre cents mètres de large, dans le faux estuaire du fleuve. En effet, le Sénégal, qui cherche à déboucher sur l’océan Atlantique, bute sur un cordon de dunes et doit couler encore sur une quarantaine de kilomètres, parallèlement à la côte et à la Langue de Barbarie avant d’arriver enfin à se frayer un minuscule accès à la mer. Le manque de vigueur de son cours permet à l’océan de remonter très en amont et de créer d’innombrables marigots d’eau saumâtre (le barrage de Diama permet aujourd’hui d’empêcher ce phénomène). 
La place Faidherbe est le centre de l’île : au milieu se tient toujours la statue de l’ancien gouverneur. Elle est bordée par l’ancien hôtel du gouverneur, bâti à l’emplacement d’un fort du XVIIIe siècle, et par le lycée Faidherbe, qui fut en 1919 le premier d’Afrique occidentale française. Sur cette place, deux maisons à étages construites sur arcades en 1837 valent le coup d’oeil. A l’ouest de la place, le pont Servatius mène à la Langue de Barbarie. En sens inverse, vers les quais bordant le grand bras du fleuve, l’itinéraire emprunte la rue Schoelcher. Sur le quai Henry-Jay se trouve la maison des frères de Ploërmel, de 1817, année où les frères arrivèrent puis fondèrent la première école française au Sénégal ainsi que le premier centre météorologique d’Afrique. Ils périrent lors de l’épidémie de fièvre jaune de 1876. De nombreuses maisons sur ces quais sont typiques de l’architecture de Saint-Louis : maisons à étages et balcons, vérandas, galeries et cours intérieures. 

A la pointe méridionale de l’île, se tiennent la bibliothèque et le musée, ancien centre Michel-Adanson, du nom du grand naturaliste français qui vécut ici de 1749 à 1753. 
Le musée est consacré à l’histoire, à l’archéologie et aux peuples du Sénégal et de la Mauritanie. L’île se remonte par le quai ouest qui longe le petit bras du Sénégal et fait face à la Langue de Barbarie. Après la rue Bancal, une maison fortifiée de signares a été transformée en mosquée. Après l’hôpital, voici de nouveau la place Faidherbe. De là, il est possible de partir à la découverte du nord de l’île en empruntant la rue Brière-de-l’Isle, bordée de vieilles maisons typiques. 
Puis vient la rue Pierre-Loti, du nom de l’écrivain français qui vécut là de 1873 à 1874, alors qu’il était enseigne de vaisseau et portait son vrai nom, Julien Viaud. De ce séjour et de ses amours, il tira un livre célèbre « Le Roman d’un spahi ». Autre rue portant un nom célèbre : la rue Mage, du nom de l’explorateur qui effectua un grand périple depuis Saint-Louis jusqu’au fleuve Niger en 1863-66. 
Quelques années plus tôt, un autre voyageur célèbre vécut également à Saint-Louis : René Caillié, qui s’y rendit une première fois en 1816, puis en 1818, et enfin en 1824 pour entreprendre son harassante odyssée qui dura jusqu’en 1828 et lui permit, au prix de mille souffrances, d’atteindre Tombouctou, ville interdite aux Européens, déguisé en Arabe. Après la rue Mage vient la Grande Mosquée, construite en briques pleines au siècle dernier (1847). 

Retour au centre de l’île par la rue de France, en passant par la mairie et le palais de justice qui détient des registres d’état civil depuis 1732. Tournant à gauche et prenant la rue Blanchot, à droite, se trouvent une ancienne « esclaverie » (aujourd’hui occupée par un établissement commercial) et une tour de garde crénelée avec des fenêtres en ogives. Par le quai Roume, l’itinéraire rejoint la place du Gouvernement. La promenade sur la Langue de Barbarie peut s’effectuer en calèche depuis l’île. L’accès se fait par les ponts de la Geôle, au nord, ou Servatius, qui part de la place Faidherbe. 
Après le petit bras du Sénégal, voici la place de la République (monument aux morts de 1914-18). Le quartier de Ndar Tout, peuplé de Wolofs, Peuls et Maures, commence à droite. Il comprend un marché très animé réputé pour ses superbes pagnes indigo et à motifs géométriques que les teinturières wolofs confectionnent sur place et vendent dans tout le Sénégal. 
Le marché propose aussi des nattes peules, des bijoux d’or wolofs ou des bijoux d’argent maures. Quand à Guet Ndar, qui commence à gauche de la place de la République, c’est un pittoresque quartier de pêcheurs aux cases carrées surmontées d’un toit conique. Il faut le traverser pour parvenir au cimetière des pêcheurs, dont les tombes creusées dans le sable sont plantées de piquets et tendues de filets de pêche. 
Sur les rives du Sénégal à Saint-Louis, Bernard Giraudeau tourna les principales scènes de bateau de son film « Les Caprices d’un fleuve ». 

Le parc national de la Langue de Barbarie, à 25 km au sud de Saint-Louis, couvre une superficie de 2.000 ha à l’embouchure du fleuve et protège une bonne partie du cordon dunaire littoral. Grâce à une pirogue, il est possible d’y aller voir des oiseaux de mer (goélands railleurs, diverses espèces de sternes, pélicans, mouettes, cormorans, flamants roses…) ainsi que des tortues de mer, des varans, des chacals dorés, des lièvres, des gerbilles. 

Quitter Saint-Louis vers Dakar, suivre la piste à droite de l’hôtel Coumba Bang pendant une dizaine de kilomètres jusqu’à Gandiole. 
Pour revenir place de la République à Ndar Tout, prendre soit par la plage (nombreuses pirogues de pêcheurs), soit par l’avenue Lamothe. Dès l’entrée de Ndar Tout, au coin de la place de la République et de l’avenue Dodds bordée de cocotiers, passer les anciens bâtiments du gouvernement de la Mauritanie et prendre à droite le pont Servatius pour regagner l’île. 

Les environs de Saint-Louis 

Situé à une soixantaine de kilomètres au nord de Saint-Louis, le parc national des oiseaux du Djoudj, vraisemblablement le plus beau sanctuaire ornithologique de toute l’Afrique de l’ouest, s’étend sur 16.000 ha dans le delta du fleuve, entre le Sénégal et un de ses bras, le Gorom. 
L’accès se fait soit par la route de Richard-Toll, soit par la nouvelle route de la Mauritanie passant par le barrage de Diama. 
A l’entrée du parc se trouve un bon campement doté de bungalows (30 lits au total) et d’un bar-restaurant. Pour y séjourner, il est prudent de faire ses réservations depuis Dakar, au service tourisme de l’agence d’Air Afrique, place de l’Indépendance. Le parc, en principe ouvert de la mi-octobre à la mi-mars, est très bien aménagé. 
Il possède plusieurs pistes de vision pour les automobilistes, des miradors et un embarcadère pour les pirogues à moteur. Pilotées par des guides sénégalais connaissant parfaitement les oiseaux, ces embarcations emmènent les visiteurs dans les méandres du marigot du Djoudj et au Grand Lac. 
Une extraordinaire promenade qui commence à l’aube (prévoir un pull-over, des jumelles et un appareil photo équipé d’un téléobjectif) et se termine en fin de matinée. 
La visite permet d’admirer de très importantes colonies de pélicans, des cormorans, des marabouts, des anhingas, des hérons cendrés, des cigognes noires, des flamants roses, des spatules, toutes sortes de canards, des martins-pêcheurs, etc. En empruntant les routes de terre en voiture, il n’est pas rare d’apercevoir des couples de phacochères avec leurs petits, des varans, des chacals et de nombreuses antilopes. 

Le Barrage de Diama 

Construit en amont de Saint-Louis (26 km au nord) sur le fleuve Sénégal, le barrage fait partie d’un vaste projet d’aménagement de tout le fleuve décidé en commun par le Sénégal, la Mauritanie et le Mali, pays riverains membres de l’OMVS (Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal). 
Commencés fin 1981, les travaux ont abouti à la réalisation d’un barrage mobile, d’une écluse de navigation, d’une digue de bouchure du lit mineur et de deux digues de fermeture du lit majeur. Il s’agit essentiellement d’un barrage anti-sel construit pour empêcher la remontée de la mer et d’une langue salée jusqu’à 200 km en amont de l’embouchure du Sénégal. 
Ce phénomène, qui nuisait gravement aux agriculteurs, se produisait lors de l’étiage du fleuve, en mai-juin, ses eaux atteignant presque le niveau zéro. 
Ainsi, Diama va-t-il permettre d’accroître les possibilités d’irrigation sur 42.000 ha et remplir les bassins régulateurs du fleuve constitués par les lacs de Guiers, au Sénégal, et de Rkiz, en Mauritanie. Par ailleurs, Diama jouera un rôle non négligeable dans le domaine des transports : le cours du Sénégal régularisé va rendre plus facile la navigation en toute saison sur une bonne partie du fleuve. 

Enfin, une voie routière internationale de 80 km, passant par la crête du barrage, relie plus directement Saint-Louis à Nouakchott, capitale de la Mauritanie, sans faire le crochet par Rosso. Au sud de Saint-Louis, sur la côte de l’ancien royaume du Cayor, les salines de Gandiole se visitent. Au siècle dernier, Gandiole était un petit port de commerce florissant et fournissait à Saint-Louis du sel, des arachides, du mil, et des peaux. Le sel, en particulier, constituait une des grandes ressources des rois (damce) du Cayor. 

Après Gandiole, Ndiébène est joli village de pêcheurs au bord de l’océan. Une autre excursion classique depuis Saint-Louis permet de se rendre au lac de Guiers (120 km, il est préférable d’avoir un 4×4). Entre décembre et avril, les pêcheurs y lancent leurs filets, ramenant de délicieux capitaines.

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