Tinos, Délos, Amargos, Sikinos, Santorin, Ios.
Tinos (Eolia), sac à vents
Bateau depuis Le Pirée, Thessalonique, Volos, Andros, Paros, Skiathos et Syros.
Avec ses vendeurs de cierges et de photos d’icônes perfidement vernies, Tinos est le Lourdes grec. Elle bat son plein le 15 août, fête de la Vierge, quand les foules rampent jusqu’à l’icône chargée d’offrandes de la Panagia Evangelistria (Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle). Plus laïquement, on visite l’île pour ses mille pigeonniers de lauzes, dont les niches triangulaires tracent des motifs qui les distinguent les uns des autres.
Chaque village, typiquement cycladique, a son charme, et l’on peut randonner un peu au hasard en se ménageant de nombreuses pauses agréables : à la plage de Stavros, au sanctuaire de Poséidon et d’Amphitrite à Kionia (les statues qui y furent mises au jour sont au musée archéologique de Tinos-Ville), au château vénitien de Santa Elena ou au riche monastère de Kehrovouniou. Tinos est également connue pour son école de sculpture de marbre, dont on découvrira l’inspiration décorative au village de Purgos, à commencer par son cimetière !

Lions of Delos © santanartist
Délos (Dilos), la sainte
Bateau depuis Mykonos, Paros et Naxos. Séjour interdit.
Un « stop » de trois heures, c’est généralement ce que la navette vous accorde pour visiter le troisième grand site de la Grèce antique. Car Délos n’est rien moins que le lieu de naissance d’Apollon. Dans l’Antiquité, cela donne à l’île une influence considérable, d’autant que son caractère sacré la protège contre toute attaque. Athènes pousse le tabou jusqu’à l’absurde : elle décrète qu’il est interdit de souiller Délos en y accouchant ou en y rendant l’âme (aujourd’hui, on ne peut même pas y dormir !). C’est le début de la décadence. Une parenthèse commerciale, puis les guerres entre la Grèce et Rome lui donnent le coup de grâce : elle est pillée. Laissée à l’abandon, elle mérite quelque peu le sobriquet désarmant dont on l’affuble aujourd’hui : l’ »entrepôt de pièces détachées »…
Le sanctuaire
Ouvert de 8 h 30 à 15 h. Entrée payante.
Passées les colonnes de la voie sacrée, on longe, à droite, trois temples consacrés à Apollon. Le dernier est le plus ancien (vers 550 avant notre ère). A gauche, un quatrième est dédié à sa sœur jumelle, Artémis. Derrière le sanctuaire gisent les pauvres restes d’une colossale statue du Dieu, dont un pied a été expédié à Londres.Tournant à droite, on longe d’autres propylées, jusqu’aux vestiges d’une fontaine, dans laquelle s’enfoncent les marches d’un escalier.
L’esplanade des Lions
On atteint la fameuse terrasse des Lions, posés sur des socles comme des canons au rebut. Sur les dix fauves de marbre, il n’en reste que cinq. L’un d’eux rugit tristement à l’arsenal de Venise. Pour tout dire, c’est le seul qui soit désormais à l’air libre : face aux atteintes du temps et aux élans graphiques des visiteurs, ceux de l’esplanade ne sont que des copies ; mais l’on retrouvera les originaux… au musée ! A l’origine, ils veillaient sur un étang sacré où nageaient les cygnes – qui, à sa naissance, tiraient le berceau d’Apollon. Au centre de l’étendue asséchée en 1930 (par crainte de la malaria !), le palmier rappelle celui sous lequel Léto mit au monde ses deux jumeaux.
L’Agora des Italiques
Ce vaste quadrilatère jalonné de comptoirs commerciaux (certains ont conservé leurs mosaïques), réunissait les marchands des cités de la péninsule italienne : un héritage de la période commerciale de Délos, avant la chute du sanctuaire. Non loin de là se trouve l’agora des Déliens, réservée aux autochtones.
Le quartier du Théâtre
Un des monuments majeurs de Délos est son théâtre, du IVe siècle avant notre ère, dont les gradins ne sont plus qu’un puzzle rebutant. Il a cependant donné son nom au quartier résidentiel de l’île. Perdue dans un dédale de rues arasées, on y remarquera la maison de Cléopâtre, qui ne doit rien à la reine d’Egypte, mais simplement à sa propriétaire homonyme. Sa statue décapitée se dresse encore dans l’atrium de la maison, ainsi que celle de son mari, Dioscoride – qui n’a pas plus à voir avec le savant grec ! Non loin de là, la maison de Dionysos est pavée par une superbe mosaïque. Elle représente le dieu du Vin à cheval sur un léopard. Rien que l’œil a nécessité l’emploi de 30 tessères de formes diverses. On verra une autre mosaïque de Dionysos sur son fauve dans la maison des Masques ; quant à celle des Dauphins, elle est également décorée de mosaïques, où sont représentés les fameux mammifères marins.
Le musée
Mêmes horaires que le sanctuaire. Entrée payante.
Il gardent à l’abri les fragiles peintures, quelques objets des nombreux « trésors » des différentes cités grecques, et les statues relevées sur le site, dont les inévitables lions. Les trouvailles les plus précieuses sont à Athènes.
Le mont Cynthe (Kunthos)
Egyptiens ou syriens, les dieux trop cosmopolites étaient refusés dans le sanctuaire même, mais admis sur une esplanade à flanc de mont, où l’on distingue clairement leurs temples circulaires ou carrés. Celui placé au sommet du Cynthe était, comme il se doit, réservé à Zeus. Une série d’escaliers mène à ce point culminant, avec vue flatteuse sur le sanctuaire, feu le lac sacré et l’île voisine de Rhénée, où les habitants allaient accoucher et mourir pour respecter l’interdit.
L’amour grec
Des amours d’Achille et de Patrocle aux chants du rebetiko, l’homosexualité a conquis en Grèce ses lettres de noblesse. Elle a son origine dans les plus vieilles valeurs de la culture hellénique : la camaraderie de combat, le culte des héros, l’amour sans préjugés de la beauté masculine… Si ces mœurs ont été tempérées par l’Eglise et le législateur (qui tarde à envisager le mariage homosexuel), elles ont cependant laissé une certaine ouverture qui explique la tolérance dont se pare la gay friendly Mykonos.
Dans les griffes du Lion
En 1202, les chevaliers champenois projettent une croisade contre Alexandrie. Mais les fonds manquent, et il faut en appeler à Venise, ne serait-ce que pour le transport des troupes. Or le doge a des intérêts en Egypte, et il détourne la croisade vers Constantinople, siège du pouvoir byzantin. En 1204, la ville tombe aux mains des Latins, qui se partagent l’empire. Tandis que les Champenois s’attaquent au Péloponnèse, les Vénitiens – au pied plus marin – prennent le contrôle des Cyclades, rebaptisées duché de Naxos. Pour se maintenir (parfois jusqu’au XVIe siècle), ils dotent chaque île d’un château, le fameux kastro qui trône encore sur chacune d’elle, pour la plus grande joie des amateurs d’architecture militaire. Autre souvenir du passage des Vénitiens : les Cyclades comptent la plus forte proportion de catholiques de Grèce.
Amorgos
Bateau depuis Naxos.
Avec sa forme de chien de fusil, c’est la plus orientale des îles Cyclades.Avant de l’être par le Grand Bleu, Amorgos était déjà médiatisée par les clichés du monastère de Panagia Hozoviotisa, sorte de cascade de lait figée à flanc de falaise où quelques moines veillent sur l’icône de la Vierge, évadée de la Palestine musulmane pour flotter jusqu’aux rives rouges de l’île.
Mais c’est toute l’île qui a été touchée par l’art : de nombreuses petites chapelles, riches en fresques, parsèment ses 120 km2, et c’est sur son site archéologique de Minoa qu’ont été trouvées les plus belles statues aux formes épurées typiques des îles, qu’on détaillera au musée d’Art cycladique d’Athènes.Amorgos est aussi célèbre pour ses chants aux accents orientaux. Enfin, les plages du sud de l’île offrent une grande tranquillité, tant elles sont isolées par le seul accès par des chemins non carrossables.
Sikinos
Peu ouverte au tourisme, cette île découpée dissimule un ancien temple antique, devenu église, et les richesses apaisantes des lieux peu fréquentés. On jouera la carte culturelle dans son musée d’art et traditions populaires, avant d’aller se détendre dans les tavernes discrètes de Skala.
Santorin (Thira), la chaudière
Bateau depuis Le Pirée, Héraklion et Paros. Avion depuis Athènes. Charters depuis l’Europe.
Les habitants l’appellent Thira, le nom d’un général spartiate, car Santorin, c’est vénitien : cela veut dire Sainte-Irène. Depuis le quai d’accostage, le bus zigzague vers Thira-ville, sur la crête de la falaise. A la vitesse d’un lever de rideau, le jeu de la perspective fait varier un univers bleu de mer, blanc de chaux et rouge noirâtre. La lourde mâchoire du cratère égueulé apparaît soudain, prête à gober les deux îlots au centre.
La partie occidentale de Santorin est toute escarpement, tandis que la partie orientale descend en pente douce jusqu’aux plages. Santorin n’est qu’un volcan suicidaire. Il y a 2500 ans, sa lave lécha de si près le fond de la mer, que tout s’effondra, précipitant des tonnes d’eau salée dans la fournaise. Instantanément transformée en vapeur, elle occupa un tel volume que le cratère, incapable d’évacuer la pression, explosa comme une chaudière. Un tsunami se produisit, si puissant qu’il ravagea la Crète, mettant fin à la civilisation minoenne. Certains y voient l’origine de la légende de l’Atlantide – que Platon place pourtant sans conteste à l’ouest de Gibraltar !
Thira-Ville
C’est à la morte saison que l’on goûtera le plus le charme de l’île ; les marchands de souvenirs se font moins pesants. On peut alors, sans se presser ni se faire presser, découvrir plusieurs petits musées qu’accueille Thira-Ville : ceux du Folklore, de l’Artisanat et du Vin – qui vous apprendra tout sur le santorini, le nectar enivrant et réputé de l’île. Les plus assidus leur préfèreront deux très sérieux musées archéologiques, présentant peintures érotiques, statues belliqueuses et objets découverts à la Vieille Thira (Arhea Thira), sur le flanc oriental du volcan.
Akrotiri
Dans la péninsule sud-est de l’île. Réouverture projetée.
Santorin a son Pompéi, Akrotiri, que l’archéologue Spyridon Marinatos tira de 40 m de pierre ponce – avant de périr sous un éboulement. Le site, d’époque minoenne, est placé sous un immense toit de gymnase. On se perd dans un écheveau impressionnant de rues drainées, de logis à terrasses, avec leurs jarres à provision et leur design futuriste. Représentant seulement 5% du site, les ruines ont sur l’esprit un effet prodigieux, mais les fameuses peintures murales sont au musée d’Athènes. Dans le musée voisin, des reproductions sont présentées en consolation, notamment le pêcheur portant ses guirlandes de poissons et les singes bleus aux réminiscences chinoises.
La visite du cratère
Excursion maritime à acheter au départ de Skala. Prévoir une tenue de bain.
En prenant le bateau, on peut barboter dans les eaux bouillonnantes et rouillées avant de monter à l’assaut des 125 m du point culminant : l’aiguille au centre du lagon (Nea Kameni). Elle reste le meilleur panorama sur le cratère englouti et les îlots voisins, qui fument et crachent en cachette des odeurs diaboliques. Le périple s’achève à Oia, autre point de vue grandiose sur le site volcanique.
Oia (Ia)
A 11 km au nord de Thira.
Les ruelles épousent le moindre pli du cratère. La bourgade se protège encore un peu du modernisme ; ici, le transport ne peut guère s’effectuer qu’à dos d’âne ou de mulet, tant pour les hommes que pour les denrées, loin de surcharger les épiceries locales.
Ios
Bateau depuis Paros et Santorin.
On dit que c’est à Ios qu’est mort Homère. Aujourd’hui, elle s’inscrit moins dans la lignée de L’Iliade que dans celle de la techno : boîtes de nuit et surfers en font une modeste émule de Mykonos.