Une culture empreinte de très vieilles croyances 

L’implantation très ancienne (XIe siècle) de l’islam au Sénégal n’a pas entièrement supplanté certaines croyances et pratiques animistes. Il est ainsi très courant, même chez un bon musulman, de porter des gris-gris et autres amulettes ou de consulter devins et guérisseurs-féticheurs traditionnels. 

La médecine traditionnelle

La médecine et la pharmacie occidentales étant très chères en Afrique, il est tout à fait habituel de se faire soigner chez un guérisseur, que les Européens appelaient autrefois « sorcier » et les Africains « marabout », et qui a de plus en plus aujourd’hui le nom de « tradipraticien ». Ces praticiens vivent en ville ou en brousse dans un sanctuaire encombré de statuettes votives (les « fétiches ») et autres objets rituels ainsi que d’un bric-à-brac de fioles, paquets, calebasses pleines de poudres, feuilles, plumes, cornes de chèvre ou de bœuf, mains de singes… Ils ne se déplacent jamais et, même installés dans un coin perdu, restent assaillis par une importante clientèle attirée par leurs cures miraculeuses et qui transmet leurs adresses par le bouche-à-oreille. D’après leurs patients, les « tradipraticiens » peuvent tout traiter : cancer, lèpre, fièvre jaune, asthme, tuberculose, ainsi que la stérilité féminine et l’impuissance des hommes. 
Ils confectionnent aussi des amulettes protégeant contre le mauvais sort, les coups de couteau, les blessures par balle ou par coups de bouteille. Ils peuvent encore garantir la réussite aux examens scolaires ou professionnels et attirer l’argent. 
Certains viennent les voir également pour des aphrodisiaques ou pour guérir les petits désagréments de la vie quotidienne : dérangements intestinaux, migraines, maladies de peau. Puisant dans leur abondante pharmacopée traditionnelle, ils confectionnent en un tournemain le médicament recherché en pilant des écorces, des feuilles ou des racines. 
Certains n’hésitent pas à utiliser les grandes religions révélées – notamment l’islam – à des fins thérapeutiques ; ainsi écriront-ils sur une planchette avec une encre « spéciale » des sourates du Coran, puis ils la lessiveront à l’eau pour que le liquide recueilli serve à guérir les ulcères et les maladies du foie ! Les plantes et les produits bénéfiques Si certaines pratiques font sourire le visiteur européen, il ne faut pas, pour autant, rejeter en bloc toute la médecine et la pharmacopée traditionnelles africaines sur lesquelles chercheurs, chimistes et médecins occidentaux se penchent de plus en plus. A Dakar, un saut aux marchés Sandaga et Tilène est l’occasion d’acheter quelques plantes et produits médicinaux aux vertus éprouvées comme : 
– Le kinkéliba dont les feuilles infusées ont une action bénéfique sur le foie et les reins (il se trouve en pharmacie au Sénégal et même aussi, parfois, à Paris). 
– La farine de feuilles de baobab (lalo) est un antidiarrhéique tonique et riche en calcium, vitamines A et B. Le fruit du même arbre, le « pain de singe », est riche en phosphore et en vitamines B1 et C. 
– Le bissap, ou oseille de Guinée, a des propriétés digestives et toniques (bissap vert), anti-spasmodiques, anti-parasitaires et anti-microbiennes (bissap rouge). 
– Le dakhar, fruit du tamarinier, est un laxatif. 
– La noix de cajou constitue une bonne source de vitamine C alors que la pomme-cajou sert à faire des onguents pour traiter les verrues, les mauvaises plaies et les rages de dents. 
– La cola, ou kola, est largement utilisée dans toute l’Afrique noire pour ses vertus toniques. Elle aurait les mêmes effets que le café. De plus, elle permet de supporter la faim et la soif pendant des heures. 
– Les galettes et cylindres d’argile contiennent beaucoup plus de sels et d’oligo-éléments que la plupart des eaux minérales en Europe. Elles sont recommandées pour combattre la diarrhée, les vers intestinaux et l’anémie de la femme enceinte. 
– La papaye est un fruit savoureux riche en papavérine, très bonne pour les hépatiques. 
– Le gingembre jouit d’une réputation de tonique voire d’aphrodisiaque ! Il est aussi recommandé pour la digestion. 
– Le khat, en tisane, a des vertus pour soigner les hépatiques et les rhumatismes. 
– L’écorce de jujubier vainc les rages de dents. 
– La pâte de noix de néré est riche en vitamine C. 
– La mangue, fruit très savoureux riche en vitamine A et C, détient des propriétés diurétiques et veinotoniques. 

Traitements et guérisons

Pour les guérisseurs africains en général, les maux dont souffrent leurs patients ont une cause surnaturelle : les esprits des ancêtres qui ont été délaissés, les génies dont le repos et les interdits n’ont pas été respectés, ou encore les sorciers « mangeurs d’âmes », qui se vengent des mortels en leur provoquant toutes sortes d’affection. Sans parler du voisin acariâtre, ou jaloux, qui fait appel aux forces du mal pour empoisonner ou tuer à petit feu (envoûtement). C’est pour cela que toute cure préconisée par un guérisseur comporte une grande partie de cérémonies religieuses, toutes aussi importantes que l’absorption de potions. Pour certains des tradipraticiens, la cure se réduit à des rites magiques : les esprits des ancêtres sont appelés à la rescousse grâce à des sacrifices d’animaux. L’imposition des mains ou les attouchements d’objets sacrés figurent parmi les autres pratiques pour guérir. 
Un des rites les plus spectaculaires est le n’depp des Lébous de la presqu’île du Cap-Vert (Yoff) et de Rufisque. Il intéresse beaucoup les psychiatres (notamment ceux de l’hôpital de Fann) car il semblerait avoir guéri de nombreux malades mentaux. Pour les guérisseurs et guérisseuses lébous, les maladies mentales sont provoquées par les « rabs » (esprits) dont les interdits n’ont pas été respectés. 
Le n’depp dure une semaine et réunit famille, guérisseur et diverses aides. Il se pratique dans les cas graves seulement. Fumigations multiples, chants, danses, transes collectives et sacrifices d’animaux ponctuent toute la cure. 

Divination

Très cotés aussi bien auprès des Africains qu’auprès d’un nombre croissant d’Européens, les devins sénégalais lisent l’avenir au cours de courtes séances pendant lesquelles ils se servent d’une poignée de cauris (petits coquillages qui servaient autrefois de monnaie) qu’ils jettent sur le sol comme des dés. L’initiation Les peuples animistes du Sénégal – Diolas, Bassaris, Koniaguis – pratiquent toujours l’initiation des jeunes gens. Durant une période plus ou moins longue, des adolescents, reclus dans le bois sacré, vont apprendre de leurs aînés tous les mythes, rites et interdits dont la connaissance est indispensable pour mener à bien leur vie d’adulte, assurer la prospérité du village et la survie du groupe. 
Ces rites demeurent secrets et il est impossible d’y assister. En revanche, le retour des adolescents au village, attendus par leurs parents, fait l’objet de grandes fêtes ou l’étranger peut être convié à condition d’être introduit par un des responsables du village. 
En règle générale, le visiteur qui a cette chance doit se montrer le plus discret possible, éviter absolument de pénétrer dans le bois sacré et ne prendre aucune photo sans autorisation des responsables (chefs des villages). D’une manière générale, les fêtes diolas ou bassaris représentent des moments très forts d’un voyage au Sénégal. 

La coiffure des Sénégalaises

La femme sénégalaise est à elle seule un spectacle permanent dans la rue. Nul ne se lasse d’admirer les formes élancées de ces déesses à la peau noire, drapées dans leurs grands boubous unis ou multicolores, un « sothiou » au coin des lèvres. Ce petit morceau de bois dévoile le secret de la blancheur éclatante du sourire. Sous leur foulard, ou « mousor », elles dérobent au regard des chefs-d’œuvre d’art et de patience… qui peuvent toutefois se contempler à loisir sur la tête des plus jeunes. 
La coiffure exprime les tendances d’une époque tout en représentant le souvenir d’une autre. Elle symbolise le style et la personnalité de chaque Sénégalaise. Il est difficile d’établir une distinction entre les « petites queues » et les « lakhasse ». 
Dans la première de ces deux coiffures, le fil noir est tressé avec les cheveux. Dans la seconde, ce même fil enroule les cheveux pour former de véritables antennes. Les cheveux tressés à même le crâne forment les « lettes ». 
La terminaison de celles-ci constitue une touffe de cheveux tressés, soit sur le sommet du crâne, soit dans la nuque. La coiffure dite du « tali panier » fait pour sa part penser aux quartiers d’une orange.

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