Le Nord-Est

Le Nordeste est sans aucun doute la région la plus authentique du Brésil, celle où se manifeste avec le plus de vigueur la culture africaine importée par les esclaves noirs au cours de leur douloureuse histoire. Mais la préservation des traditions reflète, en elle-même, une victoire sur l’adversité. Aussi les Nordestins conservent-ils jalousement leur patrimoine culturel, réussissant même à le faire accepter par leurs oppresseurs d’autrefois, les Blancs. L’ancienne culture africaine est devenue, au fil du temps, afro-brésilienne, formant du coup, une composante fondamentale de l’identité du pays. Beaucoup de ce qui est considéré comme typiquement brésilien (musique, folklore, cuisine et habitudes sociales) trouve son origine dans cette région. 
Le Nordeste comprend neuf Etats : Maranhéao, Piaui, Ceará, Rio Grande do Norte, Paraíba, Pernambuco, Alagoas, Sergipe et Bahia, et compte 44 millions d’habitants, soit 29 % de la population brésilienne. Trois fois plus grande que la France, cette région de vastes étendues, ne représente qu’un peu plus de 18 % de la surface du Brésil. Géographiquement, il peut être divisé en deux parties bien distinctes. D’un côté, le littoral, avec 3 500 kilomètres de plages et des belles villes comme Salvador, Recife, Maceió et Séao Luis qui gardent le charme intact de l’époque coloniale, ainsi que les traces des tentatives avortées des Hollandais et des Français pour s’emparer du pays. Et de l’autre côté, l’intérieur de la région, dominé par la « Zona da Mata », ancienne zone recouverte de forêts et le « Sertao », connu comme le « quadrilatère de la faim et de la soif », un plateau semi-aride soumis parfois, à d’épouvantables sécheresses qui poussent les habitants vers des horizons meilleurs, plus accueillants, les terres du sud par exemple. Le Sertao, c’est aussi la terre des révoltes, des anciens mouvements messianiques des paysans sans terre, des cangaceiros de la fin du XIXe siècle et les jagunços. Une terre fascinante, célébrée tour à tour par la littérature et le Cinema Novo, le cinéma brésilien d’avant-garde des années 60, dont l’un des instigateurs fut le célèbre Glauber Rocha. Les Nordestinos sont des gens naturellement ouverts, nonchalants, parfois mystiques. Ils savent préserver le mystère de leurs traditions ancestrales, c’est pourquoi, par exemple, les Carnavals de Salvador-da-Bahia et Recife sont beaucoup plus populaires, moins touristiques certes mais tout aussi prenants que celui de Rio de Janeiro. 
Le mélange de races est ici plus fort qu’ailleurs. La population y est extrêmement métissée, de même que la musique ou encore la cuisine. Les plats les plus typiques – xinxim, vatapa, acarajé – y sont particulièrement épicés. Enfin, le candomblé est partout présent, ainsi que des centaines d’églises baroques, construites par les colonisateurs dans un élan de foi qui n’a pas son pendant ailleurs. 

Salvador, porte d’entrée du Nordeste 
« Você ja foi à Bahia, nega? Nao. Entao va » « Es-tu déjà allée à Bahia, petite? Non. Alors, il faut y aller ».Ce refrain d’une des chansons les plus populaires du Brésil, résume l’état d’esprit qui règne à Bahia, où le soleil, la lumière et la couleur des gens sont toujours au rendez-vous. De l’harmonieuse architecture coloniale des églises et des maisons, à l’extraordinaire beauté de la nature avec la baie et les plages de rêve, en passant par la cuisine très épicée et savoureuse, la Bahia est un des principaux centres touristiques du pays. 
La culture bahianaise est riche et variée, avec des manifestations folkloriques remplies de mysticisme et un artisanat original. De même pour la littérature, dont le célèbre Jorge Amado, et la musique de Dorival Caymmi, Caetano Veloso, Gilberto Gil, et plus récemment le groupe Olodum, pour ne citer que les plus connus, complètent la richesse de la région. Sur le plan économique, l’Etat de Bahia connaît, depuis quelques années, un renouveau. La vallée de la rivière Rio Sao Francisco, est devenue le centre de la culture de la vigne d’origine européenne, faisant de Juazeiro une zone vinicole riche, en plein milieu du « Sertao », ces terres arides, sèches et, encore récemment, pauvres. Salvador est la capitale de l’Etat. Avec ses 2,2 millions d’habitants, elle est le plus important pôle agricole (cacao et canne à sucre) et industriel (pétrochimie et minerais) de la région nordestine, et résolument l’une des villes les plus attrayantes du Brésil, considérée comme « un lieu magique », qui séduit les touristes du monde entier. 

Une histoire riche 
La légende veut que cet endroit magique ait été découvert par le navigateur italien Américo Vespucci, le 1er novembre 1501, période de la Toussaint, d’où son nom pompeux et long: São Salvador da Bahia de Todos os Santos, Saint Sauveur de Bahia de tous les Saints. En fait, ce n’est qu’en 1549, que Tomé de Souza, gouverneur portugais, accompagné par 800 personnes dont 400 soldats, fonda l’agglomération qui deviendra la ville de Salvador. La présence portugaise dans cette région avait pour but d’expulser les envahisseurs hollandais et français et de défendre les possessions territoriales portugaises. C’est pour cette raison que la ville, première capitale du pays, fut bâtie selon un plan stratégique : une falaise, protégée par la mer et par des fortifications tout autour. Aujourd’hui encore, quelques-unes de ces forteresses sont en parfait état, éternelles sentinelles de la baie, comme celles de Rio Vermelho, São Diogo, Monte Serrat et Gamboa. Mais Tomé de Souza souhaitait également coloniser la région. Pour cela, il fit venir les premiers plants de canne à sucre du Brésil et développa l’agriculture. Le produit séduisit les Européens et fit la richesse de la colonie. Le succès de cette entreprise fut tel que l’on fit appel aux esclaves africains pour combler le manque de main-d’œuvre. De ce fait, un intense commerce avec l’Europe et l’Afrique s’établit, et Salvador devint le port le plus actif et le plus important du Brésil colonial. 
C’était l’âge d’or de la ville: les palais, les façades des maisons et les rues pavées de Salvador gardent l’empreinte de cette richesse, une période qui a duré presque deux siècles, et qui fait partie du patrimoine historique du Brésil. 
La découverte de l’or dans le Minas Gerais, au XVIIIe siècle, va éclipser l’importance des plantations de canne à sucre. La concurrence des Antilles met un point final à la puissance de la ville. Ainsi, en 1763, Salvador da Bahia perd son statut privilégié de capitale au profit de Rio de Janeiro. L’abolition de l’esclavage et la crise de la canne à sucre au XIXe siècle accentuent le déclin de la ville. Mais, depuis 1980, Salvador retrouve un nouveau souffle économique avec la création d’une des zones industrielles les plus dynamiques du Nordeste. 

Visiter Salvador do Bahia
Salvador vit en fait sur deux niveaux: la ville haute et la ville basse. Des ascenseurs ou funiculaires permettent d’aller de l’une à l’autre. 

La cidade alta, la ville haute 
Dans la partie historique de la ville, l’art se mêle au plaisir de la promenade. Toutes les petites maisons de ce quartier plein de charme ouvrent leurs volets. Les terrasses donnent sur des trésors d’orfèvrerie, d’objets d’art et de souvenirs. Les ruelles et allées cachent une beauté sans égale au Brésil. Le point de départ est une grande place appelée Praça da Sé et qui mène au Terreiro de Jesus. Sur cette place, au bord de la falaise de la ville haute, se trouve la Cathédrale da Sé (tél 321-4573). Construite en 1604, elle est, avec ses lignes sobres, un bel exemple des constructions des Jésuites au XVIIe siècle. Elle fut longtemps une sorte de prototype de l’architecture religieuse brésilienne : les murs sont recouverts de marbre du Portugal, le plafond de la nef en bois imitant une voûte en anse est unique; la sacristie avec ses murs revêtus d’azulejos est superbe. Le Terreiro de Jesus fait face à l’église de São Domingos, construite au XVIIe siècle dont l’autel fut sculpté en bois doré. Mais le joyau de cette place demeure l’ensemble formé par l’église et le couvent de São Francisco de Assis. Cette église fut érigée entre 1708 et 1720, en plein milieu des petites ruelles pavées et obscures, qui montent et descendent au rythme nonchalant des habitants. L’église de Saint François d’Assise représente le sommet de l’art baroque et des constructions des Franciscains au Brésil. Ces sculptures de bois recouvertes d’or, et reprenant la flore, la faune des tropiques, lui ont valu le surnom d’Igrela de Ouro, l’église de l’or. Le monastère (Praça Padre Anchieta, tél 243-3367) date de 1587. Son intérieur est comparable à celui du monastère São Bento à Rio de Janeiro. Tous deux rivalisent d’or, d’acanthes, d’anges … 
Son cloître est orné de splendides azulejos. De l’autre côté du Terreiro, à l’extrémité de la rua Alfredo Brito, se trouve la place du pilori, Largo do Pelourinho, autrefois lieu de châtiment publique des esclaves. Le sang des esclaves, dit-on, a taché à jamais les pierres de la place. Entièrement restaurée, elle est un des plus beaux exemples d’architecture coloniale. Les 27 « Sobradões », anciennes résidences des riches familles bahianaises, abritent aujourd’hui des restaurants, musées, bars, galeries d’art et boutiques. C’est aux côtés des sobradões que se trouve l’église de Nossa Senhora do Rosàrio dos Pretos, Notre Dame des Noirs, tél 321-6280. Elle fut construite par les esclaves au XVIIIe siècle. 
Au centre de la place, on peut visiter la Casa de Jorge Amado, un musée-bibliothèque qui regroupe la totalité de l’œuvre du célèbre écrivain. Derrière le Pelourinho, dans le Largo do Carmo, se trouve l’église et le Couvent da Ordem Terceira do Carmo. Le couvent, construit en 1578, a été incendié puis reconstruit (1828). C’est dans cette église qu’a été signée en 1625 la reddition des Hollandais, qui occupaient la ville depuis un an. Le couvent, aujourd’hui transformé en hôtel, possède un intéressant musée (tél : 242-2042, ouvert de 9h à 12h et de 14h à 18h). En sortant du Convento do Carmo, à la rua Joaquim Távora, nous sommes devant la Cruz de Pascoal, croix érigée à la suite d’un vœu, où tous les soirs, au siècle dernier, on venait prier la Vierge. Les mystiques affirment que « la même foi anime les Bahianais aujourd’hui ». En revenant au point de départ, face à la Catedral da Basílica, on trouve l’office de tourisme puis l’Igreja da Misericórdia, une église-hôpital, la Santa Casa, datant du XVIe siècle et décorée de céramiques portugaises. 
Face à l’église, nous sommes au Paço Municipal, où se trouvent deux beaux édifices de l’architecture coloniale, l’hôtel de ville et le bâtiment du Conseil Municipal, C’est à cet endroit que l’on prend le célèbre Ascenseur Lacerda, une véritable tour construite au XIXe siècle et agrandie d’une autre en 1930 en style art déco et haute de 80 mètres. Toute la journée, l’ascenseur transporte les gens qui vont d’un quartier à l’autre. L’Elevador Lacerda nous révèle de magnifiques points de vue sur la ville, sur la baie avec des bananiers, des fleurs tropicales qui ornent une terrasse, et un balcon de la période coloniale. Pour aller de la ville haute à la ville basse, prenez l’ascenseur Lacerda, vous ne le regretterez pas. 

La cidade baixa, la ville basse 
La Cidade Baixa est, avec le port et ses marchés, le quartier du commerce. Elle est constituée d’une bande côtière étroite protégée, dans sa partie sud, par deux brise-lames de 1 000 m de long, qui la rend accessible aux bateaux de haute mer. Au nord, le vieux port de pêche est animé par la foule bahianaise et par les étrangers. Lieu des forts, des docks et des entrepôts sur les plages, elle est le symbole d’une certaine modernité bahianaise, puisqu’elle concentre les gratte-ciels, au milieu d’une circulation intense de voitures et camions. Les marchés populaires sont très typiques; on y voit des montagnes de fruits tropicaux, dans des immenses paniers, riches en couleurs. Le Mercado Modelo, le marché modèle, Praça Cairu, est installé dans l’ancienne Casa da Alfândega, la maison de douanes, construite en 1861 et reconstruite après un incendie, en 1983. Ce bâtiment de trois étages est le paradis des touristes, séduits à la fois par les magnifiques robes en dentelle, plissées et brodées par les femmes des pêcheurs, et par des peintures naïves, des hamacs, des colliers, des instruments de musique, et des sculptures. Un conseil à ceux qui ne peuvent pas résister à la diversité des produits proposés : le marchandage est une tradition dans ce marché, en général, il fait baisser les prix annoncés d’au moins 25 %. 
Les samedis matin, les danseurs de capoeira se retrouvent devant le Mercado. Près de la Place Cairu, à gauche du marché, il y a l’église Nossa Senhora da Conceição da Praia, Largo da Conceição da Praia. Conçue au Portugal entre 1739 et 1773, les pierres recouvertes de marbre de cette église ont été transportées au Brésil, pièce par pièce. Elle est le point de départ de la fête de Nossa Senhora da Conceição, célébrée le 8 décembre. C’est également dans la ville basse, vers le nord, qu’on trouve la plus originale des églises de Salvador, celle de Nosso Senhor do Bonfim, (Largo do Bonfim, tél 312-0196). Située sur une petite élévation de la presqu’île d’Itapagipe, cette église en style classique très original, et dont la première pierre fut posée en 1754, est connue surtout pour la grande fête de lavage de ses marches. Chaque année, le 8 décembre, les catholiques et les candomblistes, dont la plus importante divinité, Oxalá, est représentée par Bonfim, rendent hommage, côte à cote, à Nosso Senhor do Bonfim. Au 1er étage, dans la Sala dos Milagres, salle des ex-votos, sont exposés les offrandes, en général des parties de corps en cire réputées guéries par miracle : des pieds, bras, têtes, cœurs, qui donnent une démonstration de la ferveur bahianaise. 
Non loin de là, sur la même rue, la toute petite église de Monte Serrat (Ponta de Humaitá – Boa Viagem – tél 226-3051) construite en 1592, concentre son charme dans sa décoration en céramique portugaise. Autre église, également proche, Boa Viagem (Largo da Boa Viagem, tél 226-1800) fut construite par les franciscains, en 1646. Elle est connue pour ses carreaux portugais du XVIIIe siècle, les azulejos et pour la messe célébrée le 1er janvier en l’honneur de Nosso Senhor dos Navegantes. 

Les plages 
Salvador est bordée par 71 kilomètres de plages : depuis la plage de Barra, le long de l’avenue 7 de setembro, jusqu’à celles du nord de la ville, se trouvent plusieurs plages très fréquentées, entrecoupées de phares, de forts et de baies bordées de roches. Près du centre ville, dans le quartier du Farol, la plage Farol da Barra, dominée par le Forte Santo Antonio, le phare, les restaurants et les bars, est très animée surtout en fin de semaine. La plage d’Ondina, plus distante du centre, abrite quelques hôtels et est plus propice à la baignade. Ensuite, vient Rio Vermelho, bordée de rochers et située dans un élégant quartier. A voir aussi, les belles plages de Mariquita, Amarilina et Jardim Ala, avec leurs cocotiers. A côté, la praia Armação est la plage où la pêche au filet est tirée à la fin de la journée par les pêcheurs eux-mêmes, et dont les photos ont fait le tour du monde. Boca do Rio et Corçario sont très appréciées par les surfeurs. Et Itapoã, vit au rythme idyllique de la mer calme, de l’eau tiède et de ses cocotiers. Elle fut immortalisée par le poète et parolier de Vinicius de Moraes. Enfin, il faut aller absolument voir l’inoubliable Lagoa do Abaeté, chantée par Caymmi : c’est une lagune dont les eaux noires sont entourées de dunes blanches, un vrai plaisir pour les yeux. 

Le Carnaval
Dans cette ville, la fête est toujours au rendez-vous. Plus populaire que celui de Rio, le Carnaval de Salvador est aussi très spontané. Pendant toute la durée des festivités, la foule envahit les rues de la ville, pour y danser et chanter derrière les « Trios elétricos », ces camions pleins de couleurs et de lumières, dans lesquels les groupes de musique jouent à fond la samba, le frevo et les lambadas. Février est littéralement la période du délire populaire, loin des défilés officiels des« Cariocas ». Et comme dit le renommé musicien Caetano Veloso, pendant les carnavals, « la praça Castro Alves est au peuple comme le ciel est à l’avion ». 

Excursion depuis Salvador do Bahia

Le Recôncavo baiano 
Autour de la Baia des Todos os Santos, se trouve un ensemble d’îles et de villes que l’on appelle Recôncavo Baiano. Le littoral comprend 200 km de longues plages de sable et d’eau transparente (les plus belles plages du Brésil, dit-on). Le Recôncavo est une riche région agricole : canne à sucre, noix de coco et cacao en sont les principaux produits. Dans la baie, pendant toute la journée, l’on voit les grands bateaux, les cargos, croiser les saveiros, embarcations typiques de Bahia, et les jangadas, radeaux de pêcheurs à une seule voile. 

Ilha de Itaparica
Très fréquentée par les Bahianais, elle est située à l’entrée de la baie de Tous les Saints. Pour y accéder, il faut prendre le bateau direction Bom Despacho, au Terminal Touristique de Sâo Joaquim, Avenida Oscar Pontes, 1051 (Enseada de Sâo Joaquim/Agua de Meninos ; tél, 242-9411). En quittant Salvador, il faut compter 1 heure pour arriver à l’île Itaparica, qui en tupiguarani signifie « entourée de pierres ». Celle-ci est un paradis tropical à la végétation abondante et aux eaux transparentes et calmes, encerclées par une barrière de récifs coralliens. Avec 26 km de long sur 20 km de large, l’île vit essentiellement de la pêche. A la pointe nord de l’île se trouve la ville d’Itaparica, qui fut fondée par les Hollandais au milieu du XVIIe siècle. A voir l’intéressant fort de Sâo Lourenço et les églises do Sacramento et Sâo Lourenco, qui datent du XVIIe siècle. Les plages les plus agréables se trouvent du côté sud de l’île : Praia Mar Grande, Barra do Gil, Barra do Pote, Coroa, Conceição et Barra Grande. 

Cachoeira
Située à 120 km de Salvador et à 68 km de Feira de Santana, Cachoeira est une de villes les plus intéressantes du Recôncavo Bahiano. Au bord du fleuve Paraguaçu, ancien grand port commercial de la région, Cachoeira servit aux XVIIe et XVIIIe siècles, de point de liaison entre l’intérieur de l’Etat et la capitale. Voici les sites historiques les plus importants de la ville : L’église Nossa Senhora da Conceição do Monte (rua Conceiçâo do Monte) est une gracieuse église du XVIIIe siècle, d’où on a une belle vue sur le fleuve Paraguaçu et le village de Sâo Félix, sur l’autre rive. L’église da Ordem Terceira do Carmo (Praça da Aclamaçâo), construite au début du XVIIe siècle, regroupe un couvent avec des images en bois, et une chapelle où l’on peut admirer le très bel autel recouvert d’or et les panneaux en azulejos portugais. L’église Nossa Senhora da Ajuda (Praça da Ajuda) est la première église de la ville, construite entre 1595 et 1606. Elle abrite un petit musée. 

Feira de Santana
A 116 km à l’ouest de Salvador, et à 68 km de Cachoeira, la principale ville de l’intérieur de Bahia est un grand centre d’élevage bovin. Outre la traditionnelle Feira do gado, la foire aux bestiaux, où on vend, les lundis le bétail et les accessoires de « vaqueiro », Santana est également connue par son Marché d’art populaire, Praça Joâo Pedreira, ouvert du lundi au samedi de 7h à 18h. Une bonne option pour mieux connaître l’artisanat local ! Les amoureux du Carnaval vont aussi apprécier un autre genre de fête, la célébration de la Micareta, qui a lieu deux semaines après Pâques, e qui réunit pendant 5 jours les meilleurs trios elétricos de Salvador, les blocos locaux, les écoles de Samba et groupes folkloriques. 

Ilhéus
Situé au sud, à 462 km de Salvador, la ville d’Ilhéus est la capitale du cacao et l’un de principaux ports exportateurs du Brésil. C’est à IIhéus que l’on goûte le meilleur chocolat du Brésil. La ville d’adoption de l’écrivain Jorge Amado a servi de décor à plusieurs des ses romans, dont Gabrielle, girofle et cannelle. Fondée en 1534, elle est aujourd’hui une ville moderne qui préserve quelques bâtiments de l’époque coloniale. Une promenade dans la Rua dos Coronéis permet de voir quelques maisons de cette époque. Dans la Praça Rui Barbosa, l’église de São Jorge, datant de 1556, est la plus ancienne et abrite un musée d’art sacré. Plus récente, et exemple de l’exubérance de la richesse du cacao, la Cathédrale São Sebastião, Praça Dom Eduardo, en style néoclassique construite entre 1931 et 1967. Mais le vrai charme de IIhéus est constitué par ses plages magnifiques: Avenida, dans le centre ville, et celles du Jardin Atlântico, des Milionários, à 5 km, et Cururupe à 8 km. 

Porto Seguro 
A 730 km au sud de Salvador, et à 230 km de Ilhéus, on découvre Porto Seguro. C’est ici qu’en 1500, les navigateurs portugais ont débarqué pour la première fois en terre brésilienne. Ancien joli village de pêcheurs, Porto Seguro est devenu aujourd’hui une station balnéaire très « branchée ». Pour assurer l’affluence des touristes venus de partout, un important réseau hôtelier s’y est installé; les anciennes maisons de pêcheurs ont été transformées en boutiques et restaurants, tandis que d’autres plus modernes ont été érigées ainsi que de nombreuses résidences secondaires. L’atmosphère pendant l’été, et surtout en période de carnaval, est réputée « chaude ». Malgré cette invasion touristique, la ville a su conserver quelques monuments de l’époque coloniale, notamment les églises Nossa Senhora da Misericórdia construite en 1526 et Nossa Senhora da Penha datant de 1535 et reconstruite entre 1718 et 1722. Plus éloigné du centre ville, se trouve le Marco da Descoberta, une colonne de marbre élevée en 1503, pour marquer la découverte du Brésil. Les plages sont splendides, notamment celles des villages environnants: Arraial d’Ajuda, à 4 km, et Trancoso, à 13 km à pied de Porto Seguro. 

Le Cânion do Rio São Francisco, à Paulo Afonso 
La nouvelle attraction touristique du Nordeste est le Cânion do Rio São Francisco, entre les villes de Paulo Afonso, 471 km de Salvador (Bahia), et le village de Piranhas dans l’état d’Alagoas, entrecoupées par le Rio São Francisco et un labyrinthe de petites îles, canaux et énormes roches rougeâtres. Pendant des millions d’années, cette partie du Rio Sao Francisco fut inaccessible à la navigation. Néanmoins, depuis 1995, les écluses de l’usine hydroélectrique de la rivière de Xingó ont été fermées, et les courants, jadis incontrôlables, ont donné naissance à un immense lac aux eaux tranquilles. Le canyon est alors devenu navigable. Dans le canyon de Sao Francisco se trouve la plus grande concentration d’usines hydroélectriques du pays : neuf dans un périmètre de 70 km. Elles approvisionnent tout le Nordeste du pays. Dans cette région, se trouve la superbe Cachoeira de Paulo Afonso. Disparues pendant vingt ans, à cause de la construction de l’usine Paulo Afonso, ces cascades ont été rouvertes en 1996 pour le bonheur des amoureux de la nature. D’une beauté inouïe, la Cachoeira est composée de plus de vingt chutes d’eau de 80 m de haut. Les visites sont programmées et organisées par la Compagnie Hydroélectrique de Sao Francisco. Naviguer dans le canyon est une aventure inoubliable. Entre les tours de haute tension s’étend un décor merveilleux. L’usine la plus ancienne, celle de Delmiro Gouveia, est creusée dans une roche, à 100 mètres au-dessus de la rivière. Un téléphérique haut de 80 m assure le trajet des touristes d’un côté à l’autre de la rivière. Une promenade en bateau à travers le Riacho Talhado, nous amène à une grande roche qui encercle la rivière, et forme une piscine naturelle de 25 mètres de long. Ici, poussent les cactus, les bromélies et les orchidées, tandis que les espèces les plus variées d’oiseaux volent au-dessus de nos têtes : un spectacle à couper le souffle. 

Recife, la « Venise du Brésil » 
La capitale du Pernambuco est située à l’embouchure des fleuves Capibaribe et Beberibe, sur la côte atlantique. Elle s’étale sur plusieurs îles et presqu’îles du Nordeste. Baignée par des canaux et les bras des deux rivières, celle qu’on appelle la « Venise brésilienne » doit son nom, Recife, aux récifs naturels qui protègent son port. D’immenses plages de sable blanc parsemées de cocotiers font de la capitale du Pernambuco un lieu idéal pour les vacanciers. Les 1,3 millions d’habitants de Recife ont la réputation méritée d’être très accueillants. De plus, ils ont une façon de parler toute particulière, très douce. Sur le plan économique, Recife est aujourd’hui un grand producteur de canne à sucre et le deuxième pôle industriel du Nordeste, derrière la Bahia. 
Ses immeubles modernes côtoient une architecture baroque. Mais le point fort de la vie culturelle de Recife est constitué par ses racines populaires, fusion des meilleures traditions indiennes, africaines et portugaises. D’où un certain mysticisme chez les Recifenses. La beauté du xangô, l’équivalent du candomblé bahianais, constitue le plus bel exemple de cette culture, de même que le maracatú et la ciranda. Le maracatú représente une procession profane mettant en scène le roi du Congo et son entou¬rage, qui dansent sur un rythme à base de percussions. La ciranda, quant à elle, se danse dans la rue, au son des rythmes et des chansons coordonnés par le curandeiro, le guérisseur. On y danse en rond et il y a de la place pour tout le monde. Une autre danse, le fandango, fait également partie des traditions locales. Mais la plus populaire et la plus typique du folklore pernambucain, c’est le frevo, qu’on danse surtout pendant le Carnaval. Il est cadencé par une musique très rythmique, dont les différents passistas, les danseurs qui font les pas, évoluent seuls; chacun inventant sa propre chorégraphie. Les passistes dansent et sautent avec des parapluies multicolores qu’ils font tournoyer. 

Un peu d’histoire 
Fondée par les Hollandais en 1535, Recife n’était à l’origine qu’un port sans importance, vivant à l’ombre de sa riche voisine Olinda, alors capitale de l’Etat du Pernambuco. C’est l’invasion hollandaise, au XVIIe siècle, qui la propulsa au rang de grande ville. En 1630, les Hollandais, s’emparèrent de Recife, qui devint la « capitale du Brésil hollandais ». Pendant le quart de siècle de domination hollandaise, son gouverneur, le comte Maurice de Nassau, doté d’un esprit novateur, mit en place plusieurs projets économiques, architecturaux et culturels, qui marquèrent profondément les habitants. Contrairement aux Portugais, il développa l’économie en diversifiant la production agricole. Intéressé par la faune et la flore brésilienne, il créa un jardin botanique et un parc zoologique avec un grand nombre d’oiseaux et d’animaux typiquement brésiliens. Sur le plan artistique, Maurice de Nassau fit venir peintres et artistes, qui traitèrent pour la première fois des scènes de la vie brésilienne. En 1654, les Portugais et les Indiens, après une série de révoltes, finirent par expulser les envahisseurs. 
Au XVIIe siècle, la ville portuaire de Recife bénéficia de la riche économie de la canne à sucre. Mais elle ne devint capitale de l’Etat qu’en 1825. Vingt années plus tard, la ville fut le théâtre de sanglantes batailles entre mouvements indépendantistes, libéraux et conservateurs, la plus connue étant celle de la « Revolução Praieira », survenue entre 1848 et 1852. A la fin du XIXe siècle, la vie des Recifenses fut marquée par la figure illustre de Joaquim Nabuco, juriste, écrivain, poète, politicien et surtout, fervent défenseur de l’abolition de l’esclavage. Avec la fin du cycle du sucre, la région connut une période de décadence provoquée par le manque d’action du pouvoir central. 
Faute de travail et de proposition de développement économique pour la région, la population se déplaça massivement vers le sud-est du pays, ce qui provoqua une concentration urbaine sans précédent dans des villes comme São Paulo et Rio. Toutefois, depuis plus de vingt ans, la « Venise brésilienne » a retrouvé un nouveau souffle : l’économie de Recife et des villes avoisinantes est en plein essor ; on assiste même au retour d’une bonne partie de ses migrants. 

Visiter Recife 
Vaste et moderne, Recife paraît plus difficile à saisir que les autres villes du Nordeste. Le centre-ville est un mélange d’immeubles de bureaux, d’églises coloniales et de marchés très animés. La vieille ville, où se trouve le cœur de la capitale, longe la côte dans le quartier de Boa Vista, et traverse le Rio Capibaribe vers Santo Antonio, puis vers l’ilha do Recife. Trente-neuf ponts enjambent les rivières et les canaux, reliant ainsi les îles principales de la ville et ses quartiers: Santo Antonio et São José, dans la vieille ville, Boa Viagem, Derby, Casa Amarela, do Poço et Boa Viagem, au bord de la mer. Héritage de son riche passé historique, Recife abrite une grande variété d’églises et de musées. 

Recife antigo, la vieille ville 
Pour bien connaître le quartier historique, il faut aller d’abord vers la Praça da República, où se situe le Teatro Santa Isabel, un théâtre construit en 1850 dans le style néo-classique. L’un des plus beaux édifices de la ville, ouvert au public du lundi au vendredi, de 14h à 17h. La place abrite aussi quelques bâtiments du XIXe siècle, comme le Palais do Governo (1841), le Palais da Justiça et le Tribunal qui accueille également la plus ancienne faculté de droit du Brésil. Sur la rua do Imperador, 206, se trouvent la Ordem Terceira de S. Francisco et le couvent Franciscano de Santo Antonio, ensemble religieux construit en 1606, et restauré en 1859, dans le style baroque, avec un plafond peint au XVIIIe siècle. A côté, la belle Capela Dourada, la chapelle dorée, contiendrait, selon la légende, plus d’or que toutes les autres églises du pays, exceptée l’église de São Francisco à Salvador da Bahia. Cette chapelle fut construite en 1697 par des moines franciscains, dans le style baroque, et est un des plus beaux exemples d’architecture religieuse de tout le Brésil. Les fresques du plafond représentent la Vie de Saint François. A voir aussi, le Museu Franciscano de Arte Sacra, musée d’art sacré, ouvert du lundi au samedi de 8h à 17h, et le dimanche matin. Sur la Praça da Independência, l’église du Santíssimo Sacramento-Matriz de Santo Antonio fut érigée en 1791 et possède de très beaux autels dans le style baroque et néo-classique. 
Rua Estreita do Rosário, on peut s’arrêter à l’Eglise Nossa Senhora do Rosario dos Homens Pretos, construite par des esclaves en 1667. Place du Carmo, il faut visiter la Basilique et le Couvent Nossa Senhora do Carmo, érigés en 1663 sur les ruines du palais du gouvernement hollandais de Maurice de Nassau. Au Patio de São Pedro, la Catedral de São Pedro dos Clérigos est l’exemple même de l’art baroque. Construite en 1782, cette elle fut restaurée en 1858. A noter son très beau plafond en trompe-l’œil réalisé au XVIIIe siècle. Ces boiseries sont d’une très belle exécution ; les spécialistes affirment que São Pedro est l’une des « plus belles églises du Nordeste du Brésil ». Sur le même Patio de São Pedro, il faut visiter également la Maison do Carnaval et do Frevo, avec une exposition d’artisanat régional (ouverte en semaine de 8h à 16h) et des spectacles folkloriques les week-ends. 
Lorsque l’on passe par le Largo das Cinco Pontas, on tombe sur le Fort das Cinco Pontas, érigé par les Hollandais en 1630, et reconstruit un demi-siècle plus tar. C’est là que furent exécutés plusieurs leaders indépendantistes et religieux, qui s’étaient révoltés contre la Couronne portugaise. Ce fort abrite le Musée da Cidade, avec ses expositions de cartes et de photos de Recife. Ouvert du mardi au vendredi de 9h à 18h et le week-end de 14h à 18h. Non loin de là, Praça Dom Vital, le Mercado de São José s’étale tous les jours dans un endroit jadis très connu, pour avoir été le centre d’alimentation et des produits artisanaux du Pernambuco. Aujourd’hui, ce marché n’offre que des produits manufacturés. Devant, vous pouvez apprécier la Basilique de Nossa Senhora da Penha et son musée construits en 1882. Dans la rua Floriano Peixoto, la Maison de Cultura, ancienne Casa da Detenção, est un bâtiment de trois étages, style colonial, construit en 1867, qui a été utilisé comme prison pendant plus d’un siècle. En 1975, la Casa a été rénovée et redécorée. Aujourd’hui, elle abrite un centre artisanal et folklorique avec de nombreuses boutiques d’art et de petits bars. Dans les trois ailes du bâtiment sont réparties les cellules sur deux étages, les beaux escaliers et leurs balcons en fer forgé ont été conservés. De très bons spectacles de musique et de danse traditionnelles se déroulent souvent à l’extérieur du bâtiment. 
La Casa est ouverte du lundi au samedi, de 9h à 19h, et le dimanche de 14h à 19h. Côté musées, il faut absolument visiter le Musée do Homem do Nordeste (Avenida 17 de Agosto, 2187) qui fut fondé par le défunt Gilberto Freyre, le plus célèbre sociologue brésilien (1900-1987). Il s’agit du musée le plus intéressant et le plus riche en documents sur l’histoire de la civilisation brésilienne. Le Museu do Homem regroupe deux départements : le musée d’Anthropologie et d’Art populaire et le musée du Sucre. Le premier, le Musée de Antropologia, présente par thèmes la vie quotidienne, rurale, culturelle et artistique du « Nordestino » ; celui d’Arte Popular, abrite une section d’artisanat populaire, avec de superbes figurines en céramique et une étude complète de l’histoire artisanale et folklorique du Nordeste. Le Musée do Açúcar reflète l’importance du cycle du sucre au Brésil et particulièrement dans l’Etat de Pernambuco ; il est présenté à travers différents éléments historiques, sociaux, techniques et artistiques. Ici, est abordée l’histoire du sucre et de l’homme attaché à cette culture.
Dans le parc, avant de quitter le Museu do Homem do Nordeste, on peut s’arrêter au Memorial Joaquim Nabuco, composé d’archives et des photos sur la vie du célèbre juriste, qui s’est battu fermement pour l’abolition de l’esclavage. 

Les plages de Recife 
Les plages sont reines à Recife. La Praia de Boa Viagem, qui s’étend sur plusieurs kilomètres est bordée d’immeubles luxueux. Il s’agit, sans doute, du meilleur endroit pour se baigner. Là se pressent de nombreuses Jangadas, ces radeaux à voile qui se multiplient sur le littoral de Pernambuco et de tout le Nordeste. Un éclairage spécial permet les baignades de nuit, à une température très agréable (en moyenne 25°C). Les cocotiers, plantés directement sur le sable blanc et les piscines naturelles créées par les récifs, complètent ce très beau paysage. La Praça Boa Viagem accueille tous les week-ends une foire artisanale. Les plages de Pina, Piedade et Candeias sont également très animées le jour comme la nuit. Les belles plages de Gaibu, Calhetas et Cabo de Santo Agostinho, situées à environ 30 km de Recife, méritent aussi le détour. 

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