Corse du Sud : vallées de la Gravona et du Prunelli, Vizzavona, vallée du Taravo, d’Ajaccio à Bonifacio
Vallées de la Gravona et du Prunelli
Entre les deux rivières parallèles de la Gravona et du Prunelli, qui se rejoignent au fond de la baie d’Ajaccio, une plaine fertile déroule ses vignobles et ses vergers. La région est très fréquentée car elle se situe le long de la grande route nationale qui traverse la Corse en deux.
Etroite et encaissée en montagne, la vallée de la Gravone perd de son charme en aval de Bocognano et s’élargit au fur et à mesure que l’on se rapproche d’Ajaccio.
Tavera
Cerné par les forêts de châtaigniers et de hêtres, sur les pentes de la punta d’Isa, le village est éclaté en plusieurs hameaux. Dans celui de Canapale se dresse une impressionnante statue-menhir de 2,40 m de hauteur, datant du IIe millénaire av. J.-C.
Bastelica
Ce gros bourg de montagne, au bout d’une route tortueuse, est réputé pour son excellente charcuterie. Il eut jusqu’à 3 000 habitants, lorsque les bergers transhumaient en montagne, l’été, dans la plaine, l’hiver. A présent, la transhumance ne se pratique plus, mais l’élevage occupe encore une place importante dans l’activité économique du village. Au centre, la statue de Sampiero Corso rappelle que le célèbre condottiere est né ici en 1498.
Gorges de Prunelli
En continuant vers Cauro, la route surplombe le beau pont génois de Zipitoli avant d’arriver au barrage de Tolla. On approche alors du florissant village de Bastelicaccia.
Un belvédère, situé à l’ouest du barrage de Tolla, offre une vue magnifique sur les gorges et la rivière.
Venaco et Vivario
Dans la direction d’Ajaccio, la route grimpe au col de Bellagranajo, d’où le panorama s’étend sur le village montagnard de Venaco, dont les vieilles maisons de pierre se nichent au creux des châtaigniers. Le lieu est réputé pour la qualité de ses fromages et de sa charcuterie. Le paysage devient alpin en approchant de la petite station climatique de Vivario, installée au-dessus des gorges du Vecchio, à quelques kilomètres de Venaco.
On s’arrêtera à l’impressionnant pont métallique du Vecchio, construit par Gustave Eiffel, et au col de Sorba, un des plus hauts de l’île, d’où l’on peut voir les défilés de Strette et de l’Inzecca, creusés par le fleuve Fium’Orbo.
Vizzavona © Robert Padovani
Vizzavona
Les hauts sommets sont légion, le paysage alpin, et la route serpente dans la montagne, au milieu de la forêt, jusqu’à un petit vallon où s’est installée une gare miniature.
La station s’étend le long de la route, égrenant des fontaines de pierre qui laissent couler l’eau des torrents. Au col (1 163 m), le panorama est superbe sur les montagnes. Etape cruciale du GR20, Vizzavona est aussi le point de départ d’excursions plus tranquilles vers la cascade des Anglais, dans les gorges de l’Agnone, la Madonuccia, ou le col de Palmente.
E Corsica andrà di male in peggio !
Après Bastelicaccia, juste avant le hameau de Palmente, le pont de la Pierre enjambe le Prunelli. Le pont s’appela longtemps il ponte dei Sette-Pulcini (le pont des Sept-Poussins). La légende raconte que le comte Forte assassina Arrigo Bel Messere, un gentilhomme très pieux, qui était comte de Corse et administrait sagement le pays. Forte noya, ensuite, les sept fils d’Arrigo « comme des poulets ».
Une voix proclama alors dans toute l’île : « E morto il conte Arrigo Bel Messere, e Corsica andrà di male in peggio. » (« le comte Arrigo Bel Messere est mort et la Corse ira de mal en pis »).
Bocognano
Au milieu des châtaigniers, d’où émergent les cimes du monte d’Oro et du monte Renoso, c’est le village des fontaines, où l’on récolte des noisettes et des châtaignes. Au-dessus du village, un sentier mène par les bergeries de Capiajia au sommet du monte Renoso.
Vallée du Taravo
Depuis le monte Grosso, le Taravo dévale dans une large vallée jusqu’à la baie de Propriano, L’agriculture et l’élevage constituent l’activité principale de cette vallée riche et fertile, où abondent les châtaignes, les pommiers, la vigne et les oliviers.
Santa Maria Sicchè
Le village est formé de trois hameaux : Santa-Maria, Sicchè et Vico. Dans celui de Santa-Maria est née Vannina d’Ornano, femme de Sampiero Corso, qui mourut étranglée par son mari. Le couple habitait une tourforteresse, aujourd’hui fort délabrée.
En montant vers le village de Zevaco,on a une vue superbe, depuis la bocca di Granaccia (865 m), sur toute la vallée et les sommets du Coscione
Zicavo
Au pied du plateau du Coscione, sur un versant ombragé de hêtres, un ensemble de hameaux se regroupe autour de l’église San-Risorio. Ses maisons, construites avec du granite, ont des murs très épais ; ainsi, elles gardent la chaleur l’hiver et restent fraîches l’été.
Point de départ de belles excursions vers le mont Incudine (2 128 m), le village était entouré, avant les années 1950, d’une épaisse forêt de hêtres. Exploitée pour reconstruire les voies du chemin de fer du continent, elle n’a plus jamais repoussé avec la même vigueur qu’autrefois…
Au sommet du mont Incudine (5 à 6 h de marche), on ne manquera pas le panorama sur la mer et les aiguilles de Bavella.
Vannina d’Ornano
Le grand condottiere Sampiero Corso avait choisi de s’engager contre les Génois, aux côtés de la France, et s’était couvert de gloire. A 50 ans, il épouse Vannina d’Ornano, une riche héritière corse, de 35 ans sa cadette. Vannina se laisse influencer par sa famille et décide de rejoindre Gênes.
Sampiero l’apprend et l’étrangle de ses propres mains. Shakespeare se serait inspiré de son histoire pour écrire Othello.
La vengeance du comte Arrigo Bel Messere
La légende de la mort d’Arrigo Bel Messere marque la naissance dans l’île d’une féodalité originale.
La comtesse Ginepra, veuve d’Arrigo, convoqua tous les vassaux et avec leur aide assiégea les deux châteaux dans lesquels s’étaient réfugiés les assassins du comte. Leur devoir accompli, les vassaux rentrèrent dans leur pays et se firent seigneurs.
Chacun administrait ses terres et personne ne s’alliait à personne. Dans beaucoup d’endroits, les habitants refusèrent de se soumettre et établirent un gouvernement populaire. Des guerres terribles éclatèrent et la plupart des familles furent ruinées.
D’Ajaccio à Bonifacio
Capo Nero, capo Senetosa, capo di Feno… La côte n’est que plages dorées, échancrures, golfes profonds, étonnants rochers torturés et lande rugueuse. Le tourisme y dispute le terrain à l’archéologie depuis la découverte d’étranges guerriers de pierre veillant sur la campagne, au milieu des oliveraies.
A l’extrême sud, campée sur son socle de calcaire, Bonifacio semble naviguer dans les airs.
Coti-Chiavari
Aujourd’hui constitué de plusieurs hameaux, Coti-Chiavari a une histoire sinistre.
La région était autrefois infestée par la malaria. En 1855, l’Etat fit construire un pénitencier à vocation agricole, qui détenait des prisonniers condamnés à de lourdes peines sur un terrain de plus de 2 000 ha. De cet énorme bâtiment, il ne reste que des ruines.
Au début du siècle, l’Etat décida de transférer les prisonniers à Cayenne.
Site de Filitosa
Tél. : 04 95 74 00 91. Ouvert tlj de 8 h au coucher du soleil. Entrée payante.
Ce site, devenu un des hauts lieux de la préhistoire corse, est classé par l’Unesco comme l’un des plus importants du monde. Il fut découvert fortuitement par le propriétaire du terrain, dans les années 1950. A l’entrée du site, un petit musée présente des objets qui ont été retrouvés au cours des fouilles.
Un chemin d’accès ombragé de pins mène jusqu’au monument central, sur le sommet de la butte, puis au monument ouest. A gauche, on aperçoit les restes du village torréen, sur un emplacement occupé depuis des millénaires.
Après la butte, un sentier raide descend vers le torrent Barcajolo et conduit à une prairie, où ont été rassemblées et redressées les statues-menhirs découvertes sur le site : quinze guerriers immobiles taillés dans le granite.
Leurs visages sont énigmatiques ; un a la mine sévère, d’autres sont armés. Ce sont les témoins silencieux de la civilisation mégalithique qui s’est développée il y a 5 000 ans en Corse… Un olivier, vieux de 1 200 ans, ombrage ce lieu où chantent, infatigables, les cigales.
Suggestion d’itinéraire
Empruntez le circuit des menhirs au départ de Filitosa. Première étape, le Paladinu au hameau de Suara (D 757), puis le dolmen de Stazzona (D 355), le site préhistorique de Basi et le menhir U Cantonu, à la sortie nord du village de Pila Canale.
Propriano
Des collines surplombent la marine qui s’est développée à l’embouchure d’une vallée, au fond d’un très joli golfe.
Un maire, un rien mégalo, y a fait construire un port superbement aménagé. A l’occasion de la construction d’un lotissement, les archéologues de l’INRAP y ont fait, en novembre 2009, une découverte majeure avec la mise au jour, dans un état de conservation exceptionnel, d’un ensemble d’églises paléochrétiennes et d’une nécropole de 72 sépultures datée du IVe siècle av. J.-C. Les fouilles continuent toujours actuellement.
Colomba
En 1839, Prosper Mérimée était venu en Corse pour une mission d’inspection des sites historiques. Pendant son séjour en Corse, il rencontrera, à Fozzano, madame Colomba, dont il s’inspirera pour camper Colomba Della Rebbia, héroïne d’une vendetta entre deux familles ennemies. Orso Della Rebbia, lieutenant dans l’armée napoléonienne, revient en Corse après une longue absence. Son père a été lâchement assassiné par une famille ennemie, et sa jeune sœur Colomba réclame vengeance…
Malheureusement, dans ses romans, Colomba et Matteo Falcone, Mérimée a diffusé une image très violente et réductrice de l’île.
Campomoro et sa tour génoise
Au pont de la Rena Bianca sur le Rizzanese, entre Propriano et Sartène, emprunter la D121 en direction de Campomoro jusqu’à la magnifique tour génoise qui domine la baie. On suit le sentier parfumé – et ombragé – qui grimpe depuis le parking jusqu’au mur d’enceinte : le point de vue sublime vaut bien ce petit effort!
Sainte-Lucie-de-Tallano
Le village regroupe ses hautes et austères maisons de granit au milieu d’innombrables vergers, au-dessus de la vallée du Rizzanese. Il doit sa célébrité à un gisement de petra oghjata (la pierre aux yeux), cette diorite orbiculaire dont un échantillon sert de socle à la statue du monument aux morts.
Derrière l’église romane Saint-Jean-Baptiste, une casa forte (maison fortifiée) accueillait autrefois les habitants lorsqu’un danger les menaçait.
Fozzano
Un rien mélancolique, malgré ses maisons sévères en pierre, le village semble ne pas pouvoir oublier les histoires sanglantes qui ont secoué son histoire au siècle dernier. Dominant les venelles étriquées de leurs hautes murailles de granit, deux case forte.
C’étaient les maisons des Carabelli et des Durazzo, les familles ennemies qui se livrèrent à une horrible vendetta dont Mérimée s’inspirera lorsqu’il écrira Colomba.