Corse du Sud : Ajaccio

Ajaccio

D’anciennes chroniques fantaisistes attribuent sa fondation à Ajax, à son retour de la guerre de Troie. C’était plus vraisemblablement un lieu de cantonnement des troupeaux jusqu’à ce que les Génois, en 1485, décident d’y établir une colonie.
Et, parmi les familles qui s’installent dans la nouvelle cité, celle des Bonaparte, ce qui fait dire aux Ajacciens que l’histoire de leur ville remonte immanquablement à Napoléon. La ville honore comme il se doit son enfant prodigue, car, grâce à lui, elle a détrôné Bastia comme capitale de la Corse, par décret impérial, en 1811.
Ainsi, une statue de Napoléon orne la place du Général-de-Gaulle, les vitrines des magasins débordent d’effigies, alors que son nom, ou ceux des membres de sa famille, s’entendent partout comme un écho : cours Napoléon, rue Napoléon, place Letizia, rue Cardinal-Fesch, boulevard du Roi-Jérôme.
Et, comme si cela n’était pas suffisant à la chute du Second Empire, la vie politique s’est organisée autour d’un parti bonapartiste qui tient la mairie presque sans interruption depuis la fin du XIXe siècle !
Contrairement à l’austère Bastia, tout en hauteur, Ajaccio est une ville horizontale, insouciante et gaie, parée de couleurs pastel. Vue de la mer, elle s’étale sur deux étages, au fond d’un golfe magnifique, le plus grand de Corse.
Dans la vieille ville, ses hautes maisons se resserrent autour de ruelles tortueuses et fraîches, avec des petites places ombragées de palmiers. Au-dessus, les quartiers modernes, construits dans les années 1970, dont les hauts immeubles ont irrémédiablement détruit l’harmonie des collines.

Vieille ville

Bon point de départ pour commencer la visite, la place Foch, reconnaissable à la statue de marbre de Bonaparte en Premier consul, s’ouvre sur le port et donne accès à l’hôtel de ville et au marché, qui déborde le long du boulevard du Roi-Jérôme.
Devant leurs échoppes, de joyeuses vendeuses proposent les fromages et les charcuteries du pays et de délicieux chaussons fourrés aux oignons, auxquels il est difficile de résister.
Par l’avenue Sérafini, puis les vieilles rues des Glacis et des Fossés, on arrive quai Napoléon jusqu’à la citadelle, actuellement occupée par l’armée (fermée à la visite). Elle fut construite en 1553, lorsque le maréchal de Termes, commandant militaire de l’île, décida de doter la ville d’une puissante citadelle avec tour et bastions fortifiés.
En revenant par la rue Forcioli-Conti, on aperçoit le dôme de la cathédrale et l’église Saint-Erasme, tout près du petit musée du Capitellu.
En suivant le boulevard Lantivy, le long de la mer, se trouve la place du Général-de-Gaulle, que tous les Ajacciens appellent encore par son ancien nom, la place du Diamant. Sur cette vaste esplanade, bordée de grands immeubles, aussi laids que pompeux, trône une autre statue de Napoléon à cheval, en costume d’empereur romain, entouré de ses frères. Ce monument mérite le surnom moqueur que les Ajacciens lui ont attribué : « l’Encrier »… De là, on peut alors se diriger vers le tout proche cours Napoléon, la principale artère de la ville, où les magasins rivalisent d’élégance et les cafés grouillent de monde.

Suivez le guide !

Dégustez, au marché, un beignet au brocciu ou une ambrucciata.

Salon napoléonien

Au 1er étage de la mairie, que les Ajacciens ont surnommé la Maison Carrée, le musée possède des tableaux et des documents de l’époque ainsi que des médailles ayant appartenu à la famille impériale.

Maison Bonaparte

Rue Saint-Charles, tél. : 04 95 21 43 89. Ouvert tlj sauf lundi de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h en été, de 10 h à 12 h et de 14 h à 16 h 45 en hiver. Entrée payante.

Face à la petite place Letizia, où trône sur une colonne un buste de l’Aiglon, la maison natale de Napoléon porte sur sa façade les armes des Bonaparte, qui en occupaient les deux premiers niveaux. La visite commence par le 2e étage, où est exposé l’arbre généalogique de la famille, puis, au 1er étage, la chambre de Letizia Bonaparte et celle où Napoléon serait venu au monde.

Cathédrale

Consacrée à l’Assomption de la Vierge, la cathédrale a la forme d’une croix grecque. De dimension et d’aspect modestes, elle renferme un retable offert par la sœur de Napoléon 1er, la princesse Elisa, et sept chapelles. Depuis le 18 mars 1657, les Ajacciens célèbrent solennellement chaque année, la Madunnuccia, la Vierge de la Miséricorde, qui les protégea de la peste.
C’est dans cette cathédrale qu’eut lieu le baptême du petit Napoléon.

Musée A Bandera

Ce petit musée d’histoire militaire, que l’on repère facilement grâce aux fresques peintes sur sa façade, possède une belle collection d’uniformes et d’armes, réparties sur cinq salles : la première retrace la carte de Corse des statues-menhirs, la deuxième évoque la marine, notamment la piraterie barbaresque, la troisième est réservée au XVIIIe siècle et retrace les étapes du soulèvement national de 1729. Enfin, la quatrième est consacrée à la fin de la période paolienne et la cinquième à une rétrospective intéressante de la dernière guerre mondiale.

Napoléon, génois ou français ?

Napoléon est né officiellement le 15 août 1769, à peine trois mois après que Gênes a cédé la Corse à la France. Or, lorsqu’il a épousé Joséphine, Napoléon s’est vieilli d’un an et a prétendu être né en 1768. Son geste n’était pas pure galanterie mais simplement dû au fait qu’à l’époque de son mariage la Corse était sous domination anglaise. Ne pouvant demander son acte de naissance, il a utilisé celui de son frère Joseph.

Musée du Capitellu

Un petit musée privé qui retrace l’histoire d’Ajaccio depuis sa fondation jusqu’à nos jours, à travers les souvenirs d’une famille, celle des Capitellu.

Palais Fesch-musée des Beaux-arts

50, rue Cardinal-Fesch, tél. : 04 95 21 48 17. Ouvert de 10 h à 18 h, le lundi de 14 h à 18 h et le vendredi jusqu’à 21 h 30 en août. D’avril à septembre, de mardi à dimanche de 9 h 15 à 12 h 15 et de 14 h 15 à 17 h 15, le lundi de 13 h à 17 h 15. Hiver : fermé dimanche et lundi.

Dans la cour d’honneur trône la statue du cardinal Joseph Fesch, oncle de Napoléon, qui fit construire ce joli palais pour en faire un institut des Arts et des Sciences. Cet amateur éclairé a légué à sa ville natale une grande partie de sa collection de plus de 16 000 tableaux rapportés d’Italie. Le musée d’Ajaccio possède ainsi la collection de primitifs italiens la plus importante après celle du Louvre, dont une magnifique Vierge à la guirlande de Botticelli et un des chefs-d’œuvre du musée, la Sainte Famille de Benedetto Gennari.
Les collections permanentes ont été fermées au public pour travaux. Le musée a réouvert en juin 2010 sous le nom de « Palais Fesch-musée des Beaux-arts ». Ses salles ont été totalement restructurées et climatisées pour présenter plus de 400 œuvres.

Chapelle impériale

Elle jouxte le musée et abrite un certain nombre de tombes de la famille Bonaparte. Fermée pour travaux, sa réouverture est prévue pour 2013.

Grotte Napoléon

Sur la grande place du Casone, appelée ainsi parce qu’une grande maison s’y trouvait autrefois, la statue de Napoléon trône 17 mètres au-dessus d’un plan incliné sur lequel sont inscrits les noms des victoires et des réalisations de l’Empereur.
Le monument, copie conforme de celui qui est installé dans la cour des Invalides, à Paris, est précédé de deux aigles de pierre. A proximité se trouve une petite grotte. La légende prétend que le jeune Bonaparte venait y méditer lorsqu’il était enfant.

Musée Marc Petit-Lazaret Ollandin

Route d’Aspretto, tél. : 04 95 10 85 15. Ouvert tous les samedis d’avril à septembre, de 16 h à 19 h, et pendant la même période les premiers samedis du mois, de 19 h à 21 h.

Cet édifice à ambiance de couvent était un lieu de quarantaine au XIXe siècle. Racheté par François Ollandini, grande figure du tourisme corse, qui l’a joliment restauré, il abrite désormais des sculptures de Marc Petit et un centre culturel qui organise en été un programme de rencontres avec des personnalités (l’astrophysicien Stephen Hawkings en 2008), des philosophes et des écrivains de renom.

Environs d’Ajaccio

Chapelle des Grecs

Dédiée à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, de 1731 à 1774, cette jolie petite chapelle baroque servit d’église aux familles grecques que les Corses avaient chassées de la région de Cargèse.
Sa terrasse ombragée de micocouliers est propice à la méditation et au recueillement. Sur le côté de la place, un sentier descend vers les rochers qui bordent la mer.

Cimetière

Les nostalgiques de O Catarinetta, bella Tchi, Tchi pourront y fleurir la tombe de Tino Rossi. Le cimetière regroupe, dans des allées bien alignées, des mausolées blancs. Il ressemble à une jolie ville miniature.
C’est d’ailleurs le bel ordonnancement des tombes qui valut aux Allemands une mémorable méprise en 1944 : trompés par les belles avenues et l’importance des tombeaux, ils bombardèrent la cité des morts et non celle des vivants…

Tour de la Parata

Construite en 1608, sur une presqu’île appelée autrefois « la chasse des Commissaires génois », elle ponctue la route des îles Sanguinaires. Depuis le petit sentier qui contourne la presqu’île, la vue est magnifique.

Château de la Punta

Le duc Pozzo di Borgo avait racheté les ruines du pavillon Bullant, aux Tuileries, qu’il fit reconstituer sur le domaine familial d’Alata, en 1891. Malheureusement, l’accès au site est interdit depuis qu’un incendie a détruit le châteauen 1976.
Le Conseil Général de Corse du Sud a acheté le château et son domaine de 40 hectares auprès de la famille Pozzo di Borgo en 1991. Faute de financements suffisants, les travaux entrepris en 1996 se sont limités à la réfection de la toiture. La vue est superbe depuis la terrasse qui domine tout le golfe d’Ajaccio et les vallées des alentours.

Porticcio

Au sud de l’aéroport, la tour génoise de Capitello marque l’arrivée dans la zone la plus touristique de la région. En effet, les plages de sable de Porticcio ont attiré hôtels et résidences de vacances, depuis lesquels on peut avoir des points de vue exceptionnels sur la rade d’Ajaccio et les îles Sanguinaires. Au bout de la plage, la punte di Sette-Nave : la tour de l’Isolella (1608) contemple sept îlots de granite rose. La légende prétend que ces rochers seraient les restes de sept galères barbaresques qui écumaient la région et qui furent pétrifiées par saint Roch.

La mesure de l’île

Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, la monarchie française entreprit, après la conquête de l’île, de dénombrer tous les habitants, tous les troupeaux, toutes les cultures de l’île, de recenser les fontaines, les cours d’eau et les édifices. « Le plan Terrier de la Corse » demandera 25 années d’études (1770-1795). Il débouchera sur l’édition de 17 volumes de textes et 39 rouleaux de cartes. Cet inventaire colossal a été présenté au nouveau musée de Corte lors de son inauguration, en 1997, et est conservé à la Bibliothèque nationale.