Entrée dans l’Histoire avec les Vikings, la Suède a longtemps guerroyé pour gagner sa propre identité au sein de la Scandinavie. Au fil des siècles, elle a posé les bases d’une civilisation humaniste et pacifique, dont les valeurs imprègnent la société actuelle.

Les premières civilisations (de 10 000 av. J.-C. au VIIIe siècle)

Il est difficile de dater précisément les premières présences humaines. Seule indication : des traces d’habitat, retrouvées dans le sud du pays. D’après les archéologues, elles remontent à environ 10 000 ans av. J.-C., soit 2 000 ans après le début de la fonte des glaces. Les premières tribus sédentarisées apparaissent 3 000 ans avant notre ère ; elles vivent de chasse, de pêche et de leurs cultures. Aujourd’hui encore, plusieurs sites, comme celui de Tanumshede, dans le sud-ouest du pays, permettent d’admirer leurs gravures sur pierre : les représentations de bateaux, d’outils agricoles et de rites témoignent du raffinement de cette civilisation. Pour trouver une confirmation de l’existence de ces tribus, il faut s’en référer à l’œuvre de l’historien Tacite, Germania, qui date de 98 et dans laquelle il évoque les Suions (Svear) qui peuplent la région du lac Mälaren. Au VIe siècle, le Grec Procope décrira également les puissants « Goths de l’Ouest », installés dans le Blekinge.

L’époque Viking (800-1150)

Le territoire de la Suède apparaît sur la carte du monde pendant l’ère des Varègues, les Vikings suédois. Alors que leurs voisins dano-norvégiens concentrent leur expansion vers le sud et l’ouest, les Varègues partent vers l’est, en naviguant le long des côtes et en remontant les fleuves. Première étape : la Russie, puis Kiev et Byzance-Constantinople, qu’ils appellent Miklagård. A défaut de la conquérir, certains se mettent au service de l’empereur. Des textes grecs de l’époque s’étonnent de ces « Barbares porteurs de hache », mercenaires d’un genre particulier. Les Varègues continuent leur avancée jusqu’à Samarcande, en passant par Bagdad et la mer Caspienne. Soldats redoutés, les Suédois étaient aussi des commerçants, échangeant fourrures et esclaves contre soieries et métaux précieux. Les villes actuelles de Sigtuna, Södertälje, Kalmar et Birka, sur l’île de Gotland, constituaient leurs places d’échanges. Les récits de leurs aventures nous sont parvenus grâce aux pierres runiques, sur lesquelles les Vikings commémoraient leurs disparus en racontant leurs expéditions.

Les Vikings, mythes et réalités

Au fil de l’histoire, « les fils du Nord » se sont vu prêter des caractéristiques plus ou moins vraies. Par exemple, on les a longtemps dits barbares et primitifs. Les témoignages de l’époque décrivent en effet leur cruauté, mais le pillage et la prise d’esclaves n’étaient pas alors l’apanage des seuls Vikings. Leurs armes, leurs arts et leur artisanat témoignent d’une civilisation complexe, régie par des lois, où la femme occupe une place prépondérante. Leur réputation de navigateurs n’est pas usurpée : leurs solides bateaux, équipés de voilure et de rames, pouvaient affronter tous les temps, et leurs méthodes d’orientation s’appuyaient sur l’observation du ciel et l’utilisation de « bâtons solaires » pour connaître la latitude.

Victory over Sweden © Bruno Girin

Victory over Sweden © Bruno Girin

Naissance d’un royaume (du XIe siècle à 1611)

Les premiers missionnaires chrétiens débarquent en Suède au IXe siècle, mais leur influence ne se concrétise que deux siècles plus tard, avec en 1008 le baptême du roi Olof Skötkonung, puis avec la création en 1164 du premier évêché à Uppsala, jusque-là lieu de vénération païenne. La christianisation se déroule pacifiquement : longtemps, la population continue de mêler christianisme et adoration de ses divinités anciennes comme Odin, dieu de la sagesse, Thor, protecteur contre les Géants, et Frej, dieu de la fertilité.

La marche vers l’Union
La stabilisation géographique se met en place : aux XIIe et XIIIe siècles, le territoire actuel se dessine, sans le Blekinge, le Bohuslän et la Scanie, mais avec la Finlande. Le pouvoir royal central s’impose : sous le règne de Magnus Ladulås (1275-1290), le pays s’organise sur le modèle féodal, avec une noblesse exemptée d’impôts en échange d’obligations militaires, et une fiscalité élargie pour assurer les revenus de la Couronne. Parallèlement, le développement du commerce place le pays sous domination étrangère : la ligue hanséatique, association commerciale et politique de villes allemandes, bénéficie d’un quasi-monopole sur les échanges avec la Suède. Les Allemands font alors de Visby, la capitale de l’île de Gotland, encore indépendante du reste de la Suède, une plaque tournante du commerce entre Orient et Occident. Cette suprématie allemande sur la Baltique est mal acceptée dans les pays nordiques, et fait naître l’idée d’une Union scandinave. En 1380, c’est chose faite pour le Danemark et la Norvège, qui se placent sous le pouvoir d’une même reine, Margrete. La Suède finit par se rallier à cette coalition et signe en 1397 l’Union de Kalmar.

Le réveil du nationalisme
Cette alliance de circonstance, instaurée pour lutter contre la domination allemande, connaît vite des tiraillements : Margrete et ses descendants prennent en main l’administration du royaume suédois, récupèrent des terres données à la noblesse et nomment fréquemment à la tête des évêchés ou des forteresses des Danois, et même des Allemands. La colère gronde dans le pays et les révoltes se multiplient. L’Union scandinave n’aura pas été très longue : la Suède la quitte en 1448.
Cette scission n’est pas appréciée par ses voisins. En 1520, le roi danois Christian II décide de rétablir l’Union par la force, et assiège Stockholm. La ville finit par ouvrir ses portes, en échange de l’assurance qu’il n’y aurait pas de représailles. A peine couronné, Christian II oublie ses promesses d’amnistie : il fait arrêter et décapiter 82 hauts personnages. En apparence, l’Union est rétablie mais, chez les Suédois, le « bain de sang de Stockholm » n’a fait que réveiller les sentiments nationalistes. Un jeune noble, Gustav Eriksson, prend la tête de la révolte et est élu roi, en 1523, sous le nom de Gustav Vasa (1523-1560).

Ebauche d’un Etat moderne
Dans un pays déstabilisé par les révoltes, le nouveau roi doit frapper vite et fort. Il assainit les finances, soumet les provinces contestataires de Dalécarlie et de Småland et confisque les biens de l’Eglise romaine. Profitant de la Réforme, il fait du luthéranisme une religion d’Etat en 1540. L’essor de l’agriculture et de l’industrie minière assure alors une relative prospérité au royaume. Aujourd’hui encore, Gustav Vasa est considéré comme l’inventeur de l’Etat suédois moderne. Sa descendance ne poursuit pas son effort : la royauté se déchire en complots entre héritiers, et la noblesse regagne des pouvoirs perdus, alors que le pays s’épuise en guerres contre la Pologne, la Russie et le grand rival, le Danemark. En 1613, le roi danois Christian IV parvient même à s’emparer de Kalmar et semble, une fois de plus, signaler la suprématie de son pays sur la région.

La « Grande Suède » (1611-1718)

L’avènement de Gustav II Adolf (1611-1632) va renverser la situation. Certes, le souverain n’a que 17 ans, mais il s’est battu contre les Danois, ce qui lui confère un statut de héros. Il réorganise l’Etat et établit le partage des pouvoirs entre la royauté, le Conseil et l’Assemblée des Etats. Le « Lion du Nord » est surtout un chef de guerre : il combat la Pologne et la Russie, et s’engage lors de la guerre de Trente Ans aux côtés des princes protestants d’Allemagne pour lutter contre les Habsbourg. Il meurt au combat en 1632, en Saxe, après un règne qui a vu la Suède accéder au statut de grande nation européenne.

Le temps des conquêtes
Cet élan guerrier se poursuit sous le règne de sa fille Kristina, la célèbre « reine Christine ». L’expansion géographique continue : après deux guerres contre le Danemark (1643-1645, puis 1657-1660), la Suède récupère la Scanie, l’île de Gotland, le Blekinge, le Bohuslän, le Jämtland et le Halland. De l’autre côté de la Baltique, elle s’empare de l’Estonie, de la Livonie, de la Poméranie et de ports polonais. Sur le plan intérieur, le pays s’engage sur la voie de la monarchie absolue. Profitant des antagonismes entre nobles et roturiers, le roi Karl XI (1672-1697) réduit les pouvoirs du Conseil, reprend la moitié des terres données à l’aristocratie, et utilise ces nouveaux fonds pour financer l’armée. Cette réforme a une conséquence indirecte : à partir de cette époque, la noblesse n’a plus les moyens de financer des constructions architecturales d’importance. Les châteaux bâtis par la suite sont essentiellement royaux, comme Drottningholm, demeure actuelle de la famille régnante.

La fin de l’expansionnisme
A la mort de Karl XI, son fils, Karl XII (1697-1718), lui succède, et tente de s’opposer à une alliance entre le Danemark, la Russie et la Saxe-Pologne, désireuses de reprendre leurs terres. Après une victoire contre la Russie en 1700, à Narva, le souverain enchaîne les défaites. A la fin de cette « grande guerre du Nord » (1700-1721), le royaume a perdu tous les territoires précédemment conquis, à l’exception de la Finlande et de la Poméranie. En effet, toute à son expansion étrangère, la Suède avait négligé l’exploitation de ses ressources minières et métallurgiques et ne pouvait pas soutenir un long effort de guerre.

La monarchie et le Parlement (1718-1792)

Rendue à ses préoccupations de politique intérieure, la Suède transforme radicalement son fonctionnement. Le roi Fredrik Ier (1720-1751) voit son rôle restreint, avec l’instauration d’un régime parlementaire.

La guerre des partis
Deux partis, les « Bonnets »(Mössor) et les « Chapeaux »(Hattar), s’affrontent à l’Assemblée. Le gouvernement des Chapeaux (1739-1764) mise sur une expansion extérieure, sans grand succès. La Finlande est annexée par la Russie en 1741, et ne sera reprise que dix ans plus tard. La campagne de Poméranie contre la Prusse (1757-1762) est un fiasco, qui laisse les finances du pays exsangues : les prix doublent entre 1755 et 1764. Les Bonnets remportent les élections, et leur gouvernement (1764-1769) se veut moins interventionniste, en instaurant par exemple la liberté de la presse en 1766. La situation financière du pays reste néanmoins très délicate, et les affrontements internes de l’Assemblée encouragent la royauté à relever la tête.

La période gustavienne
En 1772, Gustav III (1771-1792) orchestre un coup d’Etat en s’appuyant sur l’armée : profitant de l’anarchie qui règne à l’Assemblée, il se présente en sauveur et fait voter une nouvelle Constitution qui rétablit le pouvoir royal. Très influencé par la monarchie française, qu’il connaît bien, et par les idées des Lumières, le nouveau roi se veut despote éclairé. Sa passion pour les arts encourage un véritable élan culturel en matière de peinture, de littérature et de théâtre. La France est alors à la mode : on parle français à la Cour, et les peintres de Stockholm vont faire leurs classes à Paris. C’est à cette époque que des mots français entrent dans la langue suédoise : fauteuil devient fåtölj, bureau byrå… Si certaines réformes décidées par Gustav III, comme le remembrement des terres et les concessions aux roturiers, sont populaires, le fastueux train de vie de la Cour l’est moins. Critiqué, détesté par la noblesse, Gustav III refuse d’infléchir sa politique. Il est assassiné en 1792, au cours d’un bal masqué à l’Opéra royal.

Vers la monarchie parlementaire (1792-1872)

Quand le nouveau roi, Gustav IV Adolf, monte sur le trône après une période de régence, le pays est en paix : le royaume s’est proclamé neutre dans le conflit qui oppose l’Angleterre, l’Autriche et la Russie à Napoléon. Gustav IV Adolf, qui voue une haine féroce à la France depuis la Révolution de 1789, change de stratégie : il choisit de s’allier à l’Angleterre. Le royaume se trouve donc entraîné dans les guerres napoléoniennes. Quand la Russie change de camp et fait alliance avec Napoléon, après 1807, la Suède se retrouve très isolée. Vaincue, elle doit céder un tiers de son territoire, dont la Finlande, en 1809. Le peuple gronde, et Gustav IV Adolf est contraint à l’exil. Après son départ, le pays se réorganise et adopte une nouvelle Constitution, qui instaure la séparation des pouvoirs entre le souverain et le Parlement. Elle restera en vigueur jusqu’en 1975.

Le temps de la paix
Le nouveau régime instauré, le royaume doit faire face à une situation inédite : il n’a pas de prince héritier, le vieux roi Karl XIII étant sans enfant. Après un véritable « appel à candidature », le choix se porte sur un maréchal de Napoléon, Jean-Baptiste Bernadotte. La décision n’est pas sans arrière-pensée : un tel roi, pense-t-on, garantirait le soutien de la France en cas de reprise de la Finlande. Jean-Baptiste Bernadotte est élu en 1810 par l’Assemblée, et devient le fils adoptif du roi, avant d’être couronné Karl XIV Johan en 1818, à la mort de Karl XIII. A la surprise générale, il se désintéresse de la reconquête de la Finlande, et préfère annexer la Norvège, grâce au traité de Kiel (1814). L’Union durera jusqu’en 1905. A l’intérieur du pays, Karl XIV Johan mène une politique de « conservatisme éclairé » et réprime férocement l’opposition libérale. Il instaure l’école obligatoire en 1842. Son fils Oscar Ier (1844-1859) et son petit-fils Karl XV (1859-1872) suivront une ligne plus libérale : abolition de la Guilde, libreéchange et ébauche de décentralisation. Le système de l’Assemblée des quatre Etats est remplacé par un Parlement à deux Chambres élues, qui survivra jusqu’en 1971.

Un roi inattendu
L’histoire de Jean-Baptiste Bernadotte, devenu Karl XIV Johan de Suède, est surprenante et savoureuse. Outre les considérations stratégiques, il semble que ce Béarnais ait été choisi sur trois critères : ses faits de guerre, son charisme et sa courtoisie envers des officiers suédois faits prisonniers par l’armée napoléonienne à Lübeck. Elu prince, il se convertit au luthéranisme mais refuse obstinément d’apprendre la langue de sa nouvelle patrie. Il prend néanmoins son rôle à cœur, et le couple qu’il forme avec sa femme Désirée, un temps fiancée à Napoléon, est adopté par le peuple suédois. Aujourd’hui encore, la famille royale a pour « nom de famille » Bernadotte.

L’entrée dans le XXe siècle (1890-1945)

Jusqu’au tout début du XIXe siècle, l’économie suédoise reste traditionnelle et peu industrialisée : malgré la construction des chemins de fer et les échanges commerciaux, 90 % de la population vit encore de l’agriculture. Chaque mauvaise saison pousse les paysans à émigrer en masse, surtout vers les Etats-Unis : entre la moitié du XVIIIe siècle et 1930, 1,5 million de Suédois quittent le pays.

Le temps des réformes
Dès 1890, l’industrialisation du pays commence avec des conséquences immédiates en politique : la nouvelle classe ouvrière, qui s’organise en syndicats, s’indigne de ne pas être représentée au Parlement, où le suffrage, indirect ou censitaire, favorise les partis dits bourgeois. Le Parti social-démocrate, fondé en 1889, et la Confédération générale du travail (LO), issue du regroupement des syndicats en 1898, réclament le suffrage universel, et organisent une grève générale en 1902 pour l’obtenir : ce sera chose faite en 1909 pour les hommes et en 1921 pour les femmes. La Suède ne s’engage pas dans la Première Guerre mondiale : elle proclame sa neutralité et obtient en échange des belligérants qu’ils s’engagent à respecter son indépendance et l’intégrité de son territoire.

Naissance du « modèle suédois »
En 1917, les sociaux-démocrates entrent pour la première fois au gouvernement. En 1932, le parti accède au pouvoir et commence à poser les fondations d’un « Etat providence ». Pour lutter contre le chômage, le gouvernement se lance dans une politique de grands travaux d’utilité publique, de constructions de routes et de logements sociaux. En 1934 est instauré un système d’assurance-chômage volontaire, subventionné par l’Etat. Quatre ans plus tard, la loi accorde deux semaines de congés payés aux salariés, et les « accords de Saltsjöbaden », signés entre l’organisation patronale et LO, instaurent l’idée du consensus social : le marché du travail sera régulé par des négociations entre syndicats, patrons et salariés, indépendamment des pouvoirs publics.
La Seconde Guerre mondiale met à mal la fameuse neutralité suédoise. Le pays ne participe pas militairement au conflit, mais cède par deux fois aux pressions de l’Allemagne nazie, en laissant des soldats traverser son territoire. A l’étranger, le royaume parvient, grâce à ses diplomates en Europe centrale et à l’Est, à sauver des milliers de juifs de la déportation.

La Suède de la « troisième voie » (de 1945 à nos jours)

La paix revenue, le gouvernement se remet à la tâche pour achever la construction de ce qui deviendra le « modèle suédois », compromis entre socialisme et libéralisme. Dès 1947, les allocations familiales sont mises en place, ainsi que des pensions vieillesse conférant une réelle autonomie aux retraités. La fiscalité est réformée et devient progressive, pour favoriser les ménages pauvres. Le système d’assurance maladie est élargi à l’ensemble de la population en 1950. Les sociaux-démocrates se maintiendront au pouvoir jusqu’à nos jours, à l’exception de deux périodes, entre 1976 et 1982, puis entre 1991 et 1994, où la droite s’installe au gouvernement.

Modernisation du régime
L’année 1971 voit l’instauration d’une Chambre unique de 349 députés, et la réduction des pouvoirs royaux. Le souverain actuel, Carl XVI Gustaf, couronné en 1973, « inaugure » cette nouvelle Constitution. Sur le plan économique, après une période extrêmement prospère dans les années 1950 et 1960, la Suède prend de plein fouet la crise pétrolière de 1973. Le chômage explose, et le niveau de vie, en augmentation constante depuis vingt ans, ne progresse plus. En 1982, le Premier ministre Olof Palme met en place une politique économique radicale, avec pour objectif une combinaison de basse inflation et de plein-emploi. La couronne est dévaluée de 16 % pour soutenir la production et les exportations, et le déficit stabilisé.

La question européenne
Les années 1990 voient le royaume vivre une petite révolution : son entrée dans l’Union européenne, en 1995, après le référendum du 13 novembre 1994, où le « oui » l’avait emporté à 52,3 %. Il s’agit d’un véritable revirement : les Suédois, fiers de leur modèle, ont longtemps craint qu’une entrée dans l’Europe ne les menace, et sont d’ailleurs parvenus à conserver certaines de leurs particularités, comme le monopole d’Etat sur la vente d’alcool. Parallèlement, comme dans l’ensemble de l’Europe, la situation économique se dégrade à nouveau, avec à la clé chômage et stagnation de la croissance. Le gouvernement social-démocrate de Göran Persson, Premier ministre depuis 1996, lutte grâce à une politique économique inédite : d’un côté, baisse de l’impôt sur les sociétés, instauration des fonds de pension et flexibilité de l’emploi ; de l’autre, un Etat providence fort, une fiscalité lourde et un investissement massif dans la formation professionnelle. Le Parti social-démocrate se maintient au gouvernement lors des élections de 1998, puis lors de celles de 2002, mais ses scores fléchissent.
Le 14 septembre 2003, les Suédois disent « non » à l’adoption de l’euro, lors d’un référendum dont la campagne fut marquée par l’assassinat de la ministre des Affaires étrangères, Anna Lindh, poignardée dans un magasin de Stockholm. La question européenne n’en finit pas de dominer la vie politique : en juin 2004, le parti de la « Liste de juin » (Junilistan), qui réclame que la Suède quitte l’Union, emporte près de 15 % des voix lors des élections européennes.

Une neutralité revendiquée
Si la Suède n’a pas connu de conflit armé depuis 1814, ce n’est que lors de la Première Guerre mondiale qu’elle en fait une doctrine officielle. Le pays n’a jamais rejoint l’OTAN, mais l’ONU est en revanche une institution respectée, particulièrement depuis le succès de Dag Hammarskjöld, qui y fut, entre 1953 et 1961, un secrétaire général très actif. L’adhésion à l’Union européenne a quelque peu changé la donne : si un pays de l’Union se trouvait attaqué, la Suède serait obligée de s’engager. On parle donc aujourd’hui de « non alignement militaire ». Parallèlement, le royaume a toujours maintenu une politique de défense et la conscription y est encore en vigueur.

 

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