Berceau de la civilisation maya, le Guatemala a connu depuis son indépendance une histoire mouvementée, jalonnée de dictatures et d’une longue guerre civile dont le pays sort à peine. Entre inégalités et impunité, la route est encore longue vers la stabilité et la modernité.
La préhistoire
Comme pour l’ensemble du continent, les premiers peuplements de la région remontent à la migration d’ethnies venues d’Asie, via le détroit de Béring, pendant la période de glaciation (environ 25000 av. J.-C.). Elles se répandent rapidement sur ce nouveau territoire, jusqu’au détroit de Magellan. D’abord nomades, les tribus se sédentarisent progressivement et développent la culture de légumes et de céréales, en particulier le maïs, qui devient l’aliment de base de la population.
Le préclassique
Cette vaste période (2000 av. J.-C. – 250 apr. J.-C.) est marquée par l’invasion de la région par les Olmèquesvenus du golfe du Mexique. Ils vont influencer de façon conséquente la Méso-Amérique par leur culture, leur système politique, mais aussi par l’apport de leurs connaissances, telles que l’écriture en hiéroglyphes et des techniques artistiques et architecturales évoluées. Dès 600 av. J.-C., les prémices de la civilisation maya se forment à Iztapa et Kaminaljuyú (proche de l’actuelle Guatemala Ciudad).

inside the cathedral © Mario Bollini
Le classique récent
La civilisation maya connaît son apogée entre le IIIe et le IXe siècle, période où prospèrent des cités-Etats indépendantes, au rayonnement régional. Chacune d’entre elles est dirigée par un roi, également chef militaire. C’est l’époque de l’âge d’or, qui voit se développer l’écriture, les arts, les sciences, l’astronomie, etc. Au Guatemala, les basses terres du Petén sont le foyer de cette civilisation maya classique, en particulier à Tikal.
Le postclassique récent
De 900 à 1520, l’effondrement de la civilisation maya est rapide, sous l’influence d’une conjonction de facteurs : déforestation, sécheresse, surpopulation, famine. Le centre de gravité de la culture maya se déplace alors au nord, vers la péninsule du Yucatán au Mexique. Une cité, qui deviendra la célèbre Chichén Itzá, se développe avec l’arrivée des Toltèques, peuple venu de l’ouest du Mexique. Cette région ne tarde cependant pas à s’affaiblir du fait des luttes de pouvoir entre cités, qui faciliteront plus tard la conquête espagnole.
La conquête et l’époque coloniale
La conquête du Guatemala incombe à Pedro de Alvarado, lieutenant de Hernán Cortés. En 1524, ses armées envahissent la région des Hauts Plateaux, massacrant les populations, et pillant tous les biens sur leur passage. Les terres indiennes sont divisées en vastes exploitations, les « encomiendas », où les Indiens sont forcés de travailler dans les pires conditions pour le compte des colons. Santiago de los Caballeros, la première capitale, est fondée en 1527.
La naissance de la nation guatémaltèque
Les criollos, descendants des Conquistadores, contestent peu à peu la mainmise des Espagnols sur le pouvoir. Il faudra attendre l’affaiblissement de l’empire espagnol par les conquêtes napoléoniennes en Europe pour que les révoltes aboutissent à la déclaration d’indépendance du Guatemala, le 15 septembre 1821. En 1823, le pays forme les Provinces-Unies d’Amérique centrale, constituées des actuels Guatemala, Honduras Salvador, Nicaragua et Costa Rica, qui se disloquent dès 1839, après une révolte menée par le Guatémaltèque Rafael Carrera, futur président du pays.
La naissance de « l’homme de maïs »
Le Popol Vuh, livre sacré des Mayas, raconte que l’homme maya fut créé en trois étapes. Au commencement, les dieux essayèrent de modeler l’homme avec de la boue, mais son corps ne se tenait pas et sa tête tombait. Les dieux détruisirent leur œuvre et essayèrent une nouvelle fois avec du bois, pour qu’il puisse marcher bien droit sur la terre. L’expérience ne fut pas plus convaincante : l’homme pouvait marcher, mais ne possédait pas d’âme et n’était capable d’aucune expression. Les dieux se réunirent donc à nouveau pour créer cette fois un être de chair et d’os, doué d’intelligence. Ils choisirent le maïs pour modeler l’homme et la femme, et cette tentative fut la bonne : ces êtres étaient à la fois capables de se mouvoir, dotés d’intelligence et reconnaissants envers leurs créateurs. C’est ainsi que le maïs devint source de toute chose pour les Mayas.
L’ère du développement économique et des dictatures
L’arrivée au pouvoir du libéral Justo Rufino Barrios (1873-1885) marque le début d’une période de développement et de modernisation du pays, qui s’accompagne d’une ouverture aux intérêts étrangers,poursuivie par son successeur Manuel Estrada Cabrera. C’est à cette époque que l’entreprise américaine, United Fruit Company, s’implante sur la côte Pacifique, et devient rapidement la première puissance économique du pays. Dans les années 1950, le président Jacobo Arbenz Guzman met en œuvre une nouvelle politique progressiste. Notamment une réforme agraire lésant un grand nombre d’intérêts nord-américains. Bientôt les Etats-Unis accusent Arbenz de sympathies communistes et son gouvernement est renversé en 1954 par une armée d’exilés politiques, avec l’aide de la CIA.
La guerre civile
Au cours de la décennie suivante, le pays s’enlise dans une période de troubles politiques, de plus en plus violents, opposant la guérilla rurale au pouvoir répressif et militaire. Alors que la paupérisation de la population s’accroît, les répressions violentes de manifestations populaires et les assassinats politiquessont légion, faisant plusieurs dizaines de milliers de victimes. Les régimes autoritaires se succèdent jusqu’en 1982 où un coup d’Etat militaire installe au pouvoir une junte dirigée par Efraín Ríos Montt, paroxysme de l’autoritarisme. Il faudra attendre 1996, date de l’élection du conservateur Álvaro Arzú Irigoyen, pour que les négociations engagées en 1990 avec l’URNG (Unité révolutionnaire nationale guatémaltèque) aboutissent à un accord de paix le 29 décembre 1996. Il prévoit la démobilisation des forces rebelles, la réduction des effectifs de l’armée et la reconnaissance des droits des Indiens. Ces accords mettent fin à 36 ans d’une guerre civile ayant fait plus de 100 000 morts, des milliers de disparus, et contraint plus de 100 000 personnes à l’exil.
Une paix fragile
Malgré les engagements des accords de paix, des exactions à l’encontre des opposants au pouvoir se poursuivent. En novembre 1999, les premières élections en temps de paix portent au pouvoir le conservateur Alfonso Portillo, qui ne tiendra aucune de ses promesses en faveur du respect des droits de l’Homme. En janvier 2004, les Guatémaltèques élisent à nouveau un conservateur, Oscar Berger, ancien maire de Guatemala Ciudad, qui entreprend rapidement des mesures encourageantes en faveur de l’application des accords de paix : réduction de l’insécurité, résorption de la crise budgétaire, réduction conséquente des effectifs et des budgets de l’armée, prise en compte des revendications des indigènes. Aux présidentielles du 4 novembre 2007, 13 candidats se sont présentés dans un climat de violence électorale marqué par plusieurs assassinats. Au premier tour, Álvaro Colom (Unión Nacional de la Esperanza) est arrivé premier avec 28,23 %. Au second tour, Álvaro Colom a été élu président avec 52% des voix devant Otto Pérez Molina.