Les civilisations précolombienne et inca ont donné à l’histoire du Pérou et de la Bolivie un visage fascinant. Malgré le joug de la colonisation espagnole et les tourmentes politiques contemporaines, ces deux pays continuent de lutter pour préserver leur richesse et leur force.

Premières civilisations 

A l’image du Pérou, les terres andines boliviennes ont été peuplées par de brillantes civilisations ; celle de Tiahuanaco reste très mal connue, bien qu’elle ait eu une diffusion géographique extrêmement vaste, pratiquement comparable à celle des Incas. L’art de Tiahuanaco se caractérise par un développement exceptionnel de l’architecture et de la sculpture en pierre. Les avis s’opposent quant aux débuts de cette culture, peut-être vers 100 av. J.-C., qui s’éteint vers 1200, supplantée par la civilisation inca. Les principaux groupes ethniques de cette époque, aymara et quechua, subsistent aujourd’hui.

La période coloniale 
Au début du XVIe siècle, les conquistadors espagnols, qui ont vaincu les Incas à Cuzco, étendent leur domination. En 1538, Gonzalo Pizarro, le frère de Francisco, part à la conquête du Haut-Pérou, l’actuelle Bolivie. Peu après, cette zone est rattachée à la vice-royauté de Lima. En 1544, lorsqu’un Indien découvre les mines d’argent de Potosí, les Espagnols ont déjà imposé leur langue, leur religion et leurs coutumes. L’exploitation des mines, au XVIIe siècle, fait de Potosí, avec ses 160 000 habitants, la plus grande ville des Amériques. La Paz, fondée en 1548, n’est qu’une ville de moindre importance. C’est La Plata, l’actuelle capitale, Sucre, qui détient les pouvoirs administratifs.

L’indépendance 
Après des années de domination coloniale et d’exploitation des Indiens, les premières révoltes ébranlent le pouvoir en 1780. Mais ce n’est qu’au début du XIXe siècle que la population, portée par le courant d’indépendance qui règne en Amérique du Sud, se mobilise contre le pouvoir espagnol. Entre 1810 et 1820, la guérilla sévit et plusieurs zones sont peu à peu libérées, donnant lieu à la création de multiples républiques. Les victoires de Simón Bolívar et du maréchal Sucre, à Junin et Ayacucho en 1824, signent l’indépendance du Haut-Pérou. Un an plus tard, la république de Bolivie voit le jour. Bolívar et Sucre deviennent les premiers présidents de Bolivie.

Les guerres 
A son indépendance, la Bolivie est un vaste territoire, ce qui ne manque pas de susciter la convoitise de ses voisins limitrophes. En 1879-1883, la guerre du Pacifique contre le Chili, qui souhaite exploiter les zones littorales boliviennes riches en salpêtre, lui fait perdre son accès à la mer. La guerre contre le Brésil de 1901 à 1903 l’ampute de l’Acre et de la partie occidentale du Mato Grosso. Enfin la guerre du Chaco contre le Paraguay, en 1932-1935, pour un pétrole qui n’existait pas dans cette région, se traduit par la perte de 200 000 km2. En quelques décennies, le territoire de la Bolivie a été réduit de moitié.

Instabilités politiques 
Juntes militaires et dictatures jalonnent la vie politique du pays. De 1850 à 1950, on compte un coup d’Etat par an. L’exploitation au XIXe siècle de la quinine, du salpêtre, du latex et de l’étain apporte, cependant, un souffle de prospérité. Les intérêts agricoles et miniers de la Bolivie restent sous le contrôle de riches industriels et propriétaires terriens, laissant la majorité de la population dans la misère. Très vite, le pays contracte des dettes importantes.
En avril 1952, une insurrection populaire conduit au pouvoir le mouvement nationaliste révolutionnaire. Nationalisations des mines, réformes agraires et adoption du suffrage universel seront lancées. Mais ces temps plus démocratiques ne durent guère. Des querelles intestines divisent le MNR. En 1964, une junte militaire reprend le pouvoir et réprime durement les manifestations populaires de révolte. En 1967, le leader marxiste « Che » Guevara est assassiné par l’armée, sur l’ordre de la CIA, alors qu’il était en train d’organiser une révolte paysanne dans le sud-est de la Bolivie. En 1971, le général Banzer au pouvoir marque son passage par un extrémisme réactionnaire et des violations des droits de l’homme. Crises politiques et économiques s’enchaînent, malgré un retour au pouvoir des civils en 1982.

Des années 1980 à nos jours 
Les années 1980 connaissent une profonde dépression : chute du prix de l’étain, inflation galopante (jusqu’à 35 000 % par an en 1982), trafic de drogue et paupérisation. Le président Victor Paz Estenssoro engage le pays sur la voie du libéralisme économique. La Bolivie renoue avec la croissance, mais au prix de sacrifices drastiques de la part de la population. Après plusieurs présidences plus ou moins engagées dans cette voie, le dictateur des années 1970 Hugo Banzer Suárez revient par les urnes en 1997. Il démissionne durant l’été 2001 pour raisons de santé et meurt en mai 2002. Gonzalo Sànchez de Lozada, élu président en août 2002, quitte le pouvoir en octobre 2003 sous la pression du peuple, remplacé par le vice-président Carlos Mesa Gisbert. Mais les manifestations syndicales et paysannes contre l’exportation de gaz naturel vers l’Amérique du Nord continuent, sous la houlette d’Evo Morales, qui sera finalement élu président fin 2005. Morales, qui ne cache pas ses affinités avec Fidel Castro ou Hugo Chavez, est le premier président indigène de l’histoire de la Bolivie.

Lire la suite du guide