Vers l’est

Spili 
Au beau milieu de collines verdoyantes où l’eau coule en abondance, ce village semble bâti autour de sa fontaine.Un édifice tout en longueur, où l’eau jaillit en 25 points, dont 19 représentent une tête de lion. Paisible et bon enfant, Spili offre quelques belles places avec leur traditionnel kafeneio. Et dans un petit jardin, où les enfants adorent se retrouver, une dizaine de chèvres sont élevées dans un enclos. Ce sont les fameuses krikri, ces chèvres sauvages que l’on ne trouve qu’en Crète.

Moni Arkadi 
A 23 km au sud-est de Réthymnon. Musée ouvert tlj (sauf lundi), horaires variables. Entrée payante.
Au fil d’une magnifique promenade, la route monte à travers les oliviers pour atteindre le monastère d’Arkadi, fief de la résistance et symbole du patriotisme crétois. En 1866, c’est là qu’un millier de personnes, femmes et enfants, se retranchèrent pour échapper à l’armée turque. Après deux jours de combat, ils préférèrent mourir en faisant sauter leur propre dépôt de munitions plutôt que de se rendre. En leur mémoire, le 9 novembre est désormais décrété journée nationale dans toute l’île. Froide et impressionnante, la silhouette du monastère tranche avec l’élégance de sa façade, mi-baroque, mi-Renaissance. Quelques moines y demeurent seulement l’été et font alors visiter l’ancien réfectoire, les cuisines. A deux pas de l’église, un petit musée retrace les combats qui se sont déroulés dans les lieux. Instructif et émouvant !

Ruines d’Eleftherna 
En 1855, l’archéologue anglais Spratt mit au jour cette antique cité dorienne, sans doute fondée au IXe siècle av. J.-C. De nos jours, on peut y découvrir quelques fondations de maisons, les ruines de deux églises byzantines, la plate-forme d’un temple et deux ponts dont l’un est encore debout. Un site très agréable, en pleine campagne, au milieu des rocailles et des cyprès.

Margaritès 
A 27 km de Réthymnon.
Juché sur une colline, ce village absolument charmant est surtout célèbre pour ses potiers. Avant la guerre, ils étaient encore une cinquantaine à fabriquer de grandes jarres, les pithoi, tout comme à l’époque minoenne. Aujourd’hui, la tradition demeure et les potiers ont été rejoints par de nombreux céramistes, offrant un artisanat plus novateur.

Grotte de Melidoni 
A 3 km du village de Melidoni.
Cette grotte recèle de magnifiques stalactites et stalagmites, qui forment une véritable cathédrale de pierre souterraine. Mais le lieu demeure surtout célèbre pour les sanglants combats qui s’y déroulèrent. En 1823, alors que les Ottomans, sous le commandement de Hüseyin Pacha, dévastaient la région, 370 personnes trouvèrent refuge dans la grotte, essentiellement des femmes, des enfants et des vieillards. Les Turcs firent le siège de la grotte mais les rebelles refusèrent de se rendre, faisant même un certain nombre de victimes dans les rangs ennemis. Pour en finir, les Turcs placèrent des broussailles devant l’entrée et asphyxièrent les réfugiés. En leur mémoire, la plus grande salle de la grotte porte le nom de « salle des Héros » et une chapelle leur est également dédiée.

La terrible bataille de Crète 
En avril 1941, la guerre qui fait rage en Grèce continentale semble favorable aux nazis. Les Anglais et leurs alliés sont obligés de fuir et de se réfugier en Egypte et en Crète. C’est ainsi que 40 000 Britanniques, Néo-Zélandais, Chypriotes et Grecs du continent débarquent dans l’île. Face à eux, les Allemands concentrent leurs troupes : 22 000 soldats munis de 400 bombardiers et 500 avions de transport. Le 20 mai 1941 débute l’opération Merkur : la Wehrmacht attaque en même temps les villes de Souda, Réthymnon et Héraklion. Les combats sont terribles et, malgré l’aide de la population crétoise, les Alliés affichent de lourdes pertes en hommes et en matériel. Ils seront obligés de quitter l’île : entre le 28 et le 31 mai, 7 000 soldats alliés embarquent à Chora Sfakion. La Crète est désormais occupée par les Allemands et subira de sanglantes représailles…

Suivez le guide ! 
A Panormos, goûtez les beignets au fromage, sucrés et parfumés à la cannelle, de la taverne Parasiraki. Un régal !

Panormos 
On vient ici pour les vestiges du port de la cité antique et surtout pour les très belles ruines d’une basilique dédiée à Agia Sophia et datant du Ve siècle. Une fois sur place, on découvre un village oublié cachant de belles maisons de l’époque vénitienne et une petite plage protégée du vent par une digue.

Kreta 2007 © Wolfgang Staudt

Kreta 2007 © Wolfgang Staudt

Bali 
Cette station balnéaire occupe l’emplacement du port de l’antique Axos, niché au fond d’une jolie baie. De nombreux hôtels ont été construits en bord de mer. Pour trouver un peu plus de calme, il faut sortir du village en direction du nord. A quelques centaines de mètres se cache une ravissante crique rocheuse. Absolument oubliée.

Axos 
Ville importante durant l’époque minoenne, Axos n’a pourtant conservé que peu de traces de cette période. Le village abrite deux belles églises byzantines mais il est surtout célèbre pour son artisanat, notamment la fabrication de tapis de laine. Les amateurs de spéléologie rejoindront le site de Zoniana, à 1 kilomètre environ du village. Là s’ouvre la plus grande et la plus belle grotte de Crète, Sentoniou Zonianon, avec ses 55 m de long et ses 3 000 m2 de superficie.

Plateau de l’Ida 
Ce plateau domine le paysage de Réthymnon à Héraklion avec son sommet, le Timios Stavros, enneigé une bonne partie de l’année et le plus souvent coiffé de nuages. Au départ d’Anogia, il faut filer plein sud et rejoindre le pavillon touristique, d’où part un sentier. Vingt minutes de marche permettent de rejoindre l’Idéon Antron,l’antre d’Ida. Surplombant le paysage à 1 450 m, la grotte mesure 9 m de haut et 27 m de large. Découverte par un berger en 1884, son entrée est surmontée d’une inscription romaine qui la désigne comme un sanctuaire de Zeus. A l’intérieur, un véritable labyrinthe conduit à une caverne de 35 m sur 40 m avec une hauteur allant jusqu’à 60 m ! Cette cathédrale souterraine devait abriter l’ancien sanctuaire. En réalité, les dernières fouilles ont montré qu’elle servit de lieu de culte depuis l’époque minoenne jusqu’à la période romaine.

Kamarès 
Ce village de montagne, bâti à 600 m d’altitude sur le versant sud du mont Ida, constitue le point de départ d’une randonnée de trois heures environ jusqu’aux grottes de Kamarès, situées à 1 525 m d’altitude. En 1896, on y découvrit de magnifiques poteries, dont la fameuse céramique de Kamarès, aux motifs polychromes sur fond sombre, exposée au musée d’Héraklion. Ces objets étaient des offrandes que les rois de Phaïstos faisaient à la déesse Eileithyia.

Vers le sud-est

Agia Galini 
Au bord de la mer de Libye, blotti entre deux montagnes, ce village de pêcheurs occupe un beau site. Il s’est récemment métamorphosé en une station balnéaire à la mode, et les bateaux de plaisance sont désormais bien plus nombreux que les barques de pêche. Il est pourtant facile de se baigner dans des endroits moins visités, en partant vers l’ouest. On y trouve très vite des plages de sable charmantes et solitaires.

Agia Triada 
Dans un site sauvage surplombant la vallée de la Messara avec, à perte de vue, la mer de Libye, se dressent tout à coup les vestiges d’une cité minoenne. En suivant une voie dallée qui reliait le site à la ville de Phaïstos, on découvre les ruines d’un village entier, les restes d’un petit palais, dont on aperçoit les salles d’apparat et les appartements jadis décorés de fresques. Sur le même site, les archéologues ont également retrouvé un autel de l’époque hellénistique et un temple de l’époque mycénienne.
A l’écart de ces ruines s’élève Agios Georgos, une église byzantine construite durant l’époque vénitienne et encore décorée de quelques fresques. Pour la visiter, il suffit de s’adresser au gardien du site, qui possède la clé et se révèle, d’ailleurs, un excellent guide.

Phaïstos 
Ouvert tlj en été de 8 h à 20 h, en hiver de 8 h 30 à 15 h. Entrée payante.
Deuxième site minoen par son importance, Phaïstos est juché sur une colline au-dessus de la vallée de la Messara. L’antique Phaïstos fut une puissante et riche cité. Evoquant sa participation à la guerre de Troie, Homère la présente comme une « ville au grand nombre d’habitants ». Construits sur le modèle de Knossos, ses deux palais ont subi le même sort : détruits une première fois vers 1700 av. J.-C., reconstruits avec davantage de faste, et détruits à nouveau – et cette fois à jamais – au cours d’un second séisme, en 1450 av. J.-C. Découvert en 1900 par l’archéologue italien Halbherr, Phaïstos n’a pas profité du même travail de reconstitution que Knossos, aussi sa visite est-elle un peu moins spectaculaire. Des bâtiments de l’ancien palais, il ne reste que les parties ouest et nord, les deux autres ayant été totalement détruites. Parmi les ruines, on peut toutefois reconnaître des magasins, un bassin destiné aux ablutions rituelles et les appartements de la famille royale, dotés de toilettes. Remarquablement conservée en revanche, l’entrée principale ouvrait sur un escalier monumental de 20 m de long et 14 m de large. Ses huit marches servaient jadis de sièges aux spectateurs venus assister à des cérémonies religieuses et à des spectacles donnés dans la cour pavée, toute proche. De nombreux objets retrouvés sur le disque (vases, jarres, bijoux et le fameux disque de Phaïstos) sont désormais exposés au musée d’Héraklion.

Xénophilie, l’amour de l’étranger… 
Depuis toujours, en Grèce, l’étranger est sacré. En effet, la croyance veut que derrière cet inconnu peut toujours se cacher un dieu qui souhaite voyager de façon anonyme. A cette image traditionnelle se mêle aussi une grande curiosité des Grecs pour l’Ailleurs, sans doute liée à la longue tradition d’émigration de la Grèce. N’oublions pas qu’aujourd’hui encore la moitié de la population grecque vit à l’étranger. Même dans le village le plus reculé, on rencontre une personne parlant français ou anglais et ayant habité Paris ou New York. Plus encore, cette personne montrera la plus grande curiosité : La ville a-t-elle changé ? « Que devient tel personnage politique ? » Très grec, ce côté cosmopolite facilite largement les échanges lorsque l’on visite le pays. Reste maintenant aux visiteurs de se montrer à la hauteur de cette curiosité bienveillante et de ce sens profond de l’hospitalité.

Plage de Kalamaki 
Encore peu visitée, cette plage est idéale pour s’offrir un bon repas face à la mer, dans le restaurant avec terrasse qui se trouve au bout de la plage.

Platanos 
Ce village est réputé notamment pour les tombeaux en rotonde antérieurs à l’époque minoenne qui furent découverts à proximité. Un grand nombre de morts y furent enterrés avec leurs objets funéraires : bijoux, amulettes, outils, armes… La robustesse de ces constructions surprend encore les archéologues : le tombeau le plus important présentait un diamètre de 18 mètres et des murs épais de… 2 mètres !

Matala 
Accès à l’ancien cimetière romain et aux grottes tlj en été de 8 h à 20 h et de 8 h 30 à 15 h en hiver. Entrée payante.
Petit port de pêcheurs, Matala fait partie de la légende. Ici, Zeus, toujours déguisé en taureau, accosta avec la belle Europe, qu’il avait enlevée… Dans les années 1960, Matala est devenue le rendez-vous de tous les jeunes hippies d’Europe, venus là profiter de ses eaux cristallines et de ses grottes aménagées dans les falaises. Largement construite depuis vingt ans, Matala a beaucoup perdu de son charme. Cependant, la station constitue le point de départ idéal pour rejoindre, en une heure de marche environ, la belle plage de Kokkino, au sud. Les amoureux de solitude regagneront également le tout proche village de Kamilari :quelques maisons, trois tavernes, une épicerie…

Suivez le guide ! 
Ne manquez pas la seule taverne de Komo, à l’ombre d’un arbre rare, le Kendraki, vieux de 700 ans. Une table excellente, face à la mer.

Kali Liménès 
Face à la mer de Libye, cette merveilleuse baie reste curieusement à l’écart du tourisme. Quelques tavernes, un petit port… La vie est ici calme et tranquille. Depuis le village, on peut atteindre en bateau la plage isolée d’Agio Farago. Les grottes en surplomb du village sont très impressionnantes.

Lentas 
On accède à Lentas par une route qui traverse des paysages de rocaille avec d’impressionnantes plongées sur la mer. Ce minuscule village de pêcheurs offre plusieurs belles plages qui se déroulent en chapelet le long d’un petit sentier. On y découvre aussi les ruines de l’ancienne Lebena, l’un des ports de Gortyne, et celles du sanctuaire d’Asclépios, dieu de la Médecine. Deux colonnes encadrant un autel, un escalier de marbre, des arcades, le tout dans ce paysage fait de rocaille et d’oliviers qui regarde infatigablement la mer de Libye.

Komo 
Au pied de la colline d’Agia Triada, le bord de mer mène au site de Komo. Une plage encore peu connue borde des ruines en cours d’excavation. Il s’agit en fait d’un site minoen d’une grande importance, le principal port de la plaine de Messara, directement relié à Phaïstos. Des ancres, des poteries provenant de Chypre, d’Egypte et d’Italie ont été retrouvées, témoignant de la richesse et de la diversité du commerce de l’époque.

Gortyne (Gortis) 
Ouvert tlj sauf lundi, de 8 h à 17 h (15 h en hiver). Entrée payante.
Au milieu d’une végétation faite d’oliviers et de cyprès se dressent les vestiges de la capitale romaine. Fondée par des habitants du Péloponnèse, au début du deuxième millénaire av. J.-C., la ville est surtout célèbre pour ses lois, qui furent regroupées dans le « Code de Gortyne ». Elles constituent le premier système législatif connu et le plus complet qui nous reste de la Grèce antique.
En 67 av. J.-C., avec l’occupation romaine, Gortyne devient la capitale de la province de Crète. La venue de l’apôtre Paul en l’an 59 dans la cité et la nomination de son second, Tite, comme évêque en feront ensuite un centre chrétien important. Durant l’époque byzantine, Gortyne gardera tout son prestige, mais elle sera pillée par les Sarrasins en 824 et perdra alors sa puissance. Pour visiter l’ancienne Gortyne, il faut désormais suivre un sentier qui file à travers les oliviers. A 100 mètres environ, on reconnaît facilement les ruines de la basilique Saint-Tite, qui fut la principale église chrétienne de Crète. Le sentier passe ensuite devant l’agora grecque (la place du marché). Derrière s’étagent les gradins en hémicycle de l’odéon romain, qui abrite encore les tables verticales où ont été gravées les lois de Gortyne. On rejoint alors l’acropole, qui domine toute la ville. Après cette visite officielle, les amoureux des lieux partiront vers le sud pour se perdre dans un dédale de ruines datant de l’époque romaine. Ils y découvriront tour à tour le temple des dieux égyptiens puis celui dédié à Apollon, avant de deviner les contours de l’ancien théâtre.

Agioi Deka 
Une route part du site de Gortyne vers l’est et rejoint tout d’abord le village d’Agioi Deka, qui abrite une église byzantine bâtie à l’endroit où dix Crétois chrétiens furent martyrisés. A l’intérieur de l’église, une très belle icône représentant ces dix martyrs.

Les lois de Gortyne 
Cet ensemble de lois, le plus complet du monde grec, a été retrouvé ici, sur le site de l’antique Gortyne. Ce code a été écrit en 500 av. J.-C. environ. Chaque bloc de pierre présente 12 colonnes d’inscriptions en dialecte crétois dorien, qui se lit de droite à gauche. Cette écriture est appelée boustrophèdon, ce qui signifie « comme la charrue tourne ». Les lois, accessibles à tous, régissaient les affaires privées, comme le mariage et le divorce, les héritages et l’adoption, mais également les droits et les devoirs des esclaves, ainsi que les règles de vente et d’achat des biens.

Suivez le guide ! 
Derrière l’odéon, remarquez un platane très particulier : il ne perd jamais ses feuilles. Selon la légende, il abrita les amours de Zeus et d’Europe.

Zaros 
Au nord de Gortyne, une route traverse des oliveraies pour rejoindre le village montagnard de Zaros, réputé pour ses sources aux eaux transparentes. De là, un sentier bien balisé mène au monastère Moni Vrontisiou, célèbre durant l’époque vénitienne pour son école de peinture. Ici vécut le peintre Mikaïl Damaskinos, dont les plus belles œuvres, six icônes, sont désormais exposées au musée d’Héraklion. A l’entrée du monastère se trouve la plus belle fontaine vénitienne de toute la Crète, ornée des sculptures d’Adam et Eve.

Moni Valsamonero 
Accessible depuis le petit village de Vorizia, l’église Agios Fanourios faisait jadis partie du monastère Moni Valsamonero. Ses fresques, parmi les plus belles de toute la Crète, sont parfaitement conservées. Dans la pénombre de l’église, on peut encore admirer les anges auréolés de lumière.