Ce circuit traverse la région de Diourbel et le Baol, terre d’islam et fief des mourides, et se termine dans le Ferlo, étendues désertiques traversées par les pasteurs nomades peuls.
De Dakar, gagner Thiès (70 km) par la N2 puis poursuivre vers l’est et Diourbel par la N3. L’itinéraire entre Linguere et Matam exige un 4×4.
Diourbel (146 km de Dakar, 60.000 hab., poste, essence, garage, hôtel, hôpital) est une ancienne capitale de l’arachide un peu assoupie depuis que les sécheresses cycliques ont profondément ralenti les cultures et la production. De nombreuses plantations se visitent, tout comme les « seccos » – silos ouverts – avec leurs pyramides d’arachides en coques triturés à l’usine de la SEIB (cette nouvelle unité peut, si l’arachide fait défaut, la remplacer par du tournesol et continuer ainsi à produire de l’huile alimentaire).
Diourbel s’enorgueillit d’être la ville natale du saint marabout mouride, le cheikh Amadou Bamba (né en 1850). Selon la légende, Amadou Bamba Mbacké, guidé par Dieu lui-même, aurait un jour quitté la ville et traversé la brousse pendant trente et un jours avant de s’arrêter devant un baobab. Tombant en prières, il vit une grande lueur dans le ciel et sut qu’il devait édifier sur ces lieux le centre religieux des mourides. C’est ainsi que Touba – qui signifie en wolof « revenir à Dieu par la pénitence » – fut fondée en 1895.
Ce baobab – « goui tékhé » – est devenue l’arbre de la béatitude. Une autre légende raconte que le compagnon du marabout, Ibra Fall, planta son bâton sur le lieu où Amadou Bamba s’était recueilli et sur l’emplacement du futur tombeau de son maître (qui mourut à 77 ans en 1927). Depuis, les disciples d’Ibra Fall, les Baye Fall, sont tous dotés d’un solide gourdin (dont ils ont tendance à abuser lorsqu’ils assurent le service d’ordre des pèlerins venant à Touba).
Touba (194 km de Dakar, poste, gare routière, marché, dispensaire), est considérée au Sénégal comme la troisième ville sainte de l’islam après la Mecque et Médine. C’est ici que le grand « magal », pèlerinage commémorant le départ en exil du cheikh Amadou Bamba au Gabon le 21 septembre 1895 sur ordre des autorités coloniales françaises, se déroule chaque année. Devenu une fête nationale, le magal attire près d’un million de pèlerins mourides chaque année.
Occupant le centre de la ville, la Grande Mosquée couvre plusieurs hectares et comprend trois minarets dont l’un de 87 m. Construite en 1925-1927, elle abrite le mausolée du cheikh Amadou Bamba et les tombeaux de quelques khalifes (successeurs). De la mosquée dépendent aussi une bibliothèque et une université coranique (à Touba, réside toujours aujourd’hui le khalife général des mourides,
Abdoul Ahad M’Backé).
La Grande Mosquée est richement décorée : carreaux de céramique, mosaïques, lustres de cristal, etc. D’autres mosquées, le puits de la Miséricorde, dispensant une eau sacrée, et le cimetière, véritable panthéon du mouridisme, figurent parmi les sites religieux de la ville. Prônant le travail, les chefs mourides sont devenus très puissants économiquement grâce à leurs fidèles, les talibés, principaux producteurs de l’arachide.
Touba, du fait du particularisme mouride, bénéficie d’avantages importants, ce qui explique sa croissance rapide. Edifiée sur un domaine privé, elle est exemptée d’impôts, de droits de douane et de taxes, ce qui en fait la capitale de la contrebande. Son marché, surnommé « marché de l’okaze », est alimenté en produits importés frauduleusement de Gambie. Il a néanmoins été mis un frein aux trafics les plus voyants.
Par ailleurs, un panneau à l’entrée de la ville invite à s’abstenir de fumer et de boire de l’alcool. Une recommandation à respecter !
De Touba, continuer vers le nord par la N3 jusqu’au carrefour de Dara (71 km de Touba). A gauche, la route mène sur Louga et l’itinéraire Dakar-Saint-Louis ; à droite la N3 file vers la haute vallée du fleuve Sénégal et Matam. Linguere (308 km de Dakar) est un gros village installé au bord de l’oued Ferlo, affluent du Sénégal qui se déverse dans le lac de Guiers. Toute cette région du Ferlo est désertique et parcourue par les pasteurs peuls nomades.