Fianarantsoa

Pour un peu, on en viendrait à prendre cette charmante ville, surnommée Fianar par les initiés, pour une copie quasi conforme d’Antananarivo. Du moins si la vie n’y était pas plus douce et plus sereine que dans la capitale. A l’instar de Tana, le rova qui la dominait a aujourd’hui disparu, remplacé par une école primaire. « La ville où l’on apprend le bien », véritable capitale culturelle du pays, a été bâtie aux alentours de 1830 sur ordre de la reine merina Ranavalona Ire, qui voulait instruire les populations. D’ailleurs, de nos jours, la population locale est encore réputée pour son goût du travail et sa soif d’érudition. Cela n’empêche pourtant pas les habitants d’exceller aussi dans les travaux de tissage et de vannerie. Autre ressemblance avec sa grande sœur : la ville est divisée en plusieurs quartiers. 

Suivez le guide ! 
Au départ de la jolie gare de Fianar, un train permet de rejoindre en 8 h la cité de Manakara, sur la côte est, à travers un paysage de forêts primaires. Superbe !

La ville basse et la nouvelle ville 
Articulée autour de la gare, des stations de taxis-brousse et de la poste, la ville basse offre moins d’intérêt. Sauf le dimanche, autour du stade où s’affrontent les équipes de football locales. Sur le terrain et dans les gradins, l’ambiance festive est garantie ; de quoi justifier le prix du billet d’entrée, même si l’on n’est pas un adepte de football. A découvrir aussi, rue Rakotozafy, un musée Faniahy, consacré au Betsileo et aux coutumes locales. La nouvelle ville regroupe les meilleurs hôtels de la région.

La ville haute 
C’est elle (« Tanana Ambony ») qui mérite la visite : au fil des ruelles pavées bordées de vieilles maisons construites en bois et en brique, on découvre un quartier pittoresque et plein d’ambiance. Comme il domine toute la ville, on s’aperçoit que celle-ci regroupe un grand nombre d’églises, notamment la cathédrale Ambozantany. Elles témoignent de la forte présence de jésuites et de missionnaires européens, qui profitèrent de la liberté religieuse accordée aux Betsileo par la reine Ranavalona II.
On découvre également une pierre sur laquelle la reine Ranavalona Ire faisait exécuter les condamnés à mort.

Les meilleurs vins malgaches 
Atout pour la région : la production viticole y est considérée comme la meilleure du pays. Dans les années 1970, des Suisses ont donné l’impact nécessaire à la relance de la production, la poussant jusqu’à deux millions de litres. Suivirent des Français, des Chinois et des Malgaches. Plusieurs grands vignobles s’étendent quasiment jusqu’aux portes de la ville, le plus réputé d’entre eux étant le domaine Lazan’i Betsileo (à 15 km au nord de Fianar), qu’il est possible de visiter (ouvert toute l’année. Entrée libre). La région est également connue pour d’autres produits alcoolisés : de l’eau-de-vie et même du champagne ! Sans oublier le toaka gasy, véritable tord-boyaux à base de canne à sucre ou de riz qui convient généralement aux organismes les plus solides seulement et qui ne se vend que sous le manteau.

Les environs 

Iboaka-Alakamisy 
A 15 km environ au nord de Fianarantsoa.
Le village accueille tous les matins un petit marché qui vaut le déplacement.
Très animé et particulièrement haut en couleurs, il mêle avec harmonie les étals débordant de fruits ou légumes, les longs marchandages et le chargement parfois très audacieux des taxis-brousse.

Plantations de thé de Sahambavy 
A 22 km à l’est de Fianarantsoa, en bordure du village d’Ampaidranovato. Possibilité de se joindre à des excursions (payantes) organisées par des agences de voyages au départ de Fianarantsoa. Pour s’y rendre en individuel, renseignements à l’office du tourisme.
Le long de la ligne ferroviaire qui mène à Manakara, cette très réputée plantation produit essentiellement deux qualités de thé : la qualité courante, pour la consommation locale, et la qualité supérieure, réservée à l’exportation. Une dégustation s’impose après avoir visité le domaine.

Ambalavao

L’arrivée à Ambalavao, en provenance de Fianar, est grandiose ! Passé un décor de rizières et un col qui culmine à 1 500 m d’altitude, s’étend un paysage superbe au cœur duquel se niche la ville. Tout autour, les cultures de tabac et les vignobles semblent écrasés par la masse noire du massif de l’Andringitra.
Au fond de sa cuvette, Ambalavao (« la nouvelle vallée ») dévoile le charme de ses petites rues bordées de maisons décorées de balconnets en bois et peintes en tons pastel : du vert très clair, du bleu délavé… Dans les jardins, les roses, dahlias, figuiers de Barbarie jouent aussi de leurs nuances colorées. 

Le marché 
Au cœur de la ville, il est incontournable. Entre les fruits, épices, objets utilitaires et autres légumes se dressent de modestes tables de bois sur lesquelles s’étalent de mystérieuses graines et des petits bâtons de bois aux vertus incontestées : toute la pharmacopée traditionnelle se retrouve sur ces étals et est censée soigner bien des maux, de la simple toux à l’épilepsie. En insistant un peu, le voyageur pourra même repartir avec un précieux petit flacon rempli d’un mélange à base de miel : le célèbre philtre d’amour !
Tout aussi pittoresque : le marché aux zébus, qui se déroule tous les mercredis. Venus parfois de régions éloignées, des troupeaux entiers convergent vers la ville. Le spectacle est parfois assez hallucinant.

Les environs 

Pics Ambondrombe et Ifandana 
A 42 km à l’est d’Ambalavao.

La région d’Ambalavao est au cœur de la civilisation malgache.
Tous les massifs qui entourent sa cuvette (la « vallée des morts ») sont réputés être le domaine des esprits des ancêtres.
Dominant le village d’Ambohimahamasina, le pic Ambondrombe (1 936 m) est un lieu sacré : c’est le refuge privilégié des esprits des morts.
Il est entouré de nombreux fady. Par moments, on y entend des chants, des roulements de tambour ou des lamentations. Pour les plus croyants, ce sont les « compagnons des esprits » qui se manifestent. Pour les autres, il ne s’agit que du bruit du vent et des orages.
Un peu moins haut que le précédent, le pic Ifandana (1 052 m) est surnommé « bonnet de l’évêque » en raison de sa forme. Il remet en mémoire un moment tragique de l’histoire locale : plutôt que de se soumettre à la suprématie merina et au roi Radama Ier, les populations betsileo ont préféré le suicide collectif en se jetant en masse du haut de ce rocher. Aujourd’hui, il est toujours fady de montrer la montagne du doigt.

Réserve naturelle de l’Andringitra 
A 80 km environ au sud de Fianarantsoa. Ouvert toute l’année. Entrée soumise à l’autorisation du service des Eaux et Forêts.
S’il est auréolé de mystères et abrite les esprits des défunts, le massif de l’Andringitra (le « domaine des esprits ») est aussi le dernier vestige de la forêt primaire de l’est. La réserve naturelle est dominée par le pic Boby. Avec 2 658 m, c’est le deuxième sommet du pays, et son ascension est fort difficile. La réserve regorge d’essences végétales rares qu’il est interdit de cueillir. Avant de pénétrer au cœur de la réserve, il est utile de se renseigner sur les nombreux tabous en vigueur et il est conseillé de les respecter en cours de visite.

Le papier antaimoro 
Il a largement contribué à faire la réputation d’Ambalavao. Son origine remonte aux premières immigrations de musulmans, les Antaimoro, qui s’échouèrent dans cette région au VIIIe siècle. Les astrologues y inscrivaient des versets du Coran ou leurs prophéties. Ce papier est fabriqué à partir de l’écorce pilée et ramollie à l’eau du havoha, un arbuste originaire des forêts de l’est. La pâte obtenue est étalée sur une toile baignant dans un bassin que l’on vide peu à peu. Pendant que la couche de havoha devient compacte, on y dépose quelques pétales de fleurs avant de la faire sécher au soleil. Aujourd’hui, ce papier sert à la confection des abat-jour ou de papier à lettres. L’atelier artisanal où on le fabrique se situe dans la ville haute, près de l’église catholique et de la station des taxis-brousse pour Fianarantsoa.

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