Au sud d’Antananarivo, les Hauts Plateaux, domaine des Merina et des Betsileo, s’étendent vers Antsirabe, Fianarantsoa et les premiers paysages arides du sud de l’île. Véritable grenier de Madagascar, le Centre est une région agricole par excellence, où les rizières en terrasses et les vignes se côtoient harmonieusement.
Antsirabe
Un climat doux et serein, une flatteuse réputation de ville thermale, une richesse économique qui doit tout à l’agriculture : la coquette Antsirabe rayonne au cœur des rizières, des cultures vivrières et des plantations d’agrumes. Vivante et accueillante, cette ville forte d’environ 100 000 habitants vit au rythme des pousse-pousse introduits au début du siècle par les coolies chinois et du flottement du lamba, cette cape typique dont s’habillent hommes et femmes. Ville de charme et d’ambiance, celle dont le nom signifie « là où il y a du sel » ne peut que séduire le voyageur.
Rappel historique
Fondée en 1872 par un missionnaire norvégien, Antsirabe attire les reines malgaches du XIXe siècle, qui viennent s’y reposer. La ville se développe à l’époque coloniale : les colons profitent de son altitude et des vertus curatives de son eau pour transformer le bourg en cité thermale. Ils y installent également un centre de repos pour les soldats et une maison de retraite. Aujourd’hui, l’économie de la ville s’articule autour de son centre thermal, de sa brasserie et de ses possibilités de congrès.
La ville haute
S’étendant au nord de la cathédrale, voici le côté jardin de la ville. Un quartier qui illustre parfaitement la puissante influence urbanistique des colons qui voulaient faire d’Antsirabe une sorte de « Vichy malgache » : de larges avenues rectilignes, joliment fleuries en saison, sont bordées de villas cossues de style européen mais aussi de superbes vieilles maisons merina. L’ensemble est plaisant, paisible et incite à la promenade. Le tout donne peut-être une relative impression de gloire passée. Il ne faut pourtant pas s’y tromper : derrière quelques-unes de ces façades, l’aisance économique de certains Malgaches n’est pas qu’illusion…
Balade en « posy-posy »
Antsirabe est la seule ville des Hauts Plateaux où le pousse-pousse, introduit par les coolies chinois au début du XXe siècle, rivalise de succès avec le taxi traditionnel. Profitant du relief assez plat de la cité, les conducteurs de pousse-pousse arpentent inlassablement les grandes artères et les ruelles défoncées. Ils se livrent une véritable compétition pour séduire le client et le convaincre que les concurrents sont plus lents ou moins confortables. L’enjeu est important car ce travail est leur seul gagne-pain. Les « pousse », comme on les appelle familièrement, permettent au voyageur de découvrir la ville de manière calme et originale. Une promenade en posy-posy est toujours une expérience amusante et agréable. D’autant plus que le conducteur choisi écartera fermement ses concurrents, dont l’insistance est parfois envahissante et déplaisante…
La ville basse
Animée, bruyante, poussiéreuse et nettement plus populaire que la ville haute, la ville basse reste cependant la partie la plus vivante et la plus attrayante de la cité. C’est ici que se regroupent la plupart des bureaux et des commerces. C’est ici aussi que se tient le grand marché en plein air Asabotsy. Installé tous les jours, il est encore plus important le samedi, quand des centaines de petits producteurs viennent proposer leurs marchandises. Un marché ? Une véritable fourmilière humaine, plutôt ! La cohue est générale. Les pousse-pousse que l’on croit entremêlés à jamais ajoutent à l’encombrement. Les marchandages vont bon train. Mais l’ambiance reste conviviale et bon enfant.
Quartier industriel
A l’ouest du lac Ramonafana s’étend la partie industrielle de la ville. Seuls les hommes d’affaires pourront l’apprécier. Ils seront en mesure d’y nouer des relations d’affaires avec les managers d’une filature de coton, d’une manufacture de tabac et surtout de la brasserie Star, qui fournit la célèbre Three Horses Beer.
Le « Thermal »
Bien que son appellation officielle soit « Centre national de crénothérapie et de thermoclimatisme », tous les habitants de la cité et surtout tous les conducteurs de posy-posy l’appellent simplement le « Thermal ». L’établissement thermal d’Antsirabe n’a malheureusement plus le prestige qu’il avait à ses origines. La « Grande Source » d’Antsirabe fut découverte en 1878 par un missionnaire norvégien. Les missionnaires et la reine Ranavalona II furent les premiers à bénéficier des vertus de l’eau des sources chaudes, bien vite suivis par les dignitaires malgaches. Au début du XXe siècle, la station thermale était réputée dans tout l’océan Indien. Aujourd’hui, les thermes souffrent d’un laisser-aller flagrant et ne sont plus ouverts qu’en semaine. Ils méritent toutefois un petit détour : l’atmosphère y est agréable et le lac Ranomafana, créé pour empêcher la fuite des gaz des eaux de source, vaut le coup d’œil.
Les environs d’Antsirabe
Lacs Andraikiba et Tritiva
A 7 km et 18 km au sud-ouest d’Antsirabe.
D’origine volcanique, ces lacs constituent d’agréables buts de promenade. Assez vaste, le lac Andraikiba était jadis un endroit fort apprécié par la reine Ranavalona II, qui en fit son lieu de villégiature, mais aussi par les Français, qui y installèrent un centre nautique aujourd’hui abandonné. Le long de la berge de celui-ci, se succèdent les marchands de pierres semi-précieuses. De bonnes affaires à dénicher à condition de demander une facture.
Une légende locale veut qu’une jeune fille enceinte s’y soit noyée, alors qu’elle était en rivalité avec une autre jeune fille pour épouser un prince merina. Les habitants de la région affirmeront d’ailleurs au visiteur qu’on peut encore l’apercevoir, à l’aube, se reposant sur les rives du lac.
Enchâssé entre les montagnes, le lac Tritiva est plus intéressant et mystérieux. Vues du ciel, ses rives semblent dessiner le contour général de Madagascar. Les Malgaches raconteront aussi que, assez bizarrement, ses eaux montent pendant la période sèche et baissent à la saison des pluies. La couleur des eaux, variable selon les conditions climatiques, ajoute encore au mystère des lieux.
Deux fady se rattachent à ce lac : il est interdit d’y nager mais aussi d’y transporter de la viande de porc.
Mont Ibity
A 25 km au sud d’Antsirabe.
Le mont Ibity (ou Ibinty) culmine à 2 254 m d’altitude. A ses pieds s’étend la vallée de la Sahatany. Cette région est très appréciée par les amateurs de pierres : cristaux et pierres fossiles y sont légion. Les gemmes aussi, qui ont attiré quantité de prospecteurs et de tailleurs de pierre.
Les Roméo et Juliette malgaches
Illustrant le romantisme malgache, une légende locale veut que, à la fin du XIXe siècle, deux amoureux dont les familles refusaient l’union se soient jetés dans les eaux du lac Tritiva. Depuis, ils se seraient réincarnés dans les arbustes enlacés que l’on découvre aujourd’hui tout au long des berges. Poursuivi par la malédiction de ces amoureux et négligeant le fady, un voyageur chinois s’est noyé en voulant traverser le lac à la nage. Une stèle accrochée à la roche remet sa mésaventure en mémoire et rappelle qu’à Madagascar il ne faut jamais braver les interdits.
Betafo
A 22 km à l’ouest d’Antsirabe.
Betafo (« là où il y a plusieurs toits ») semble surgir des volcans de la région du Vakinankaratra. La ville est construite autour du lac de cratère Tatamarina, qui la sépare en deux quartiers : la vieille ville, qui trouve refuge sur son rocher, et le quartier du marché.
Culturellement, la ville est réputée pour ses nombreuses « vatolahy » joliment sculptées. Il s’agit de monuments sous forme de pierres levées, érigés à la mémoire des anciens chefs de guerre. Deux vatolahyméritent une attention plus particulière. Celle de Rainimandaniarivo, dressée en 1888, sur laquelle sont gravés des conseils donnés à ceux qui viennent au marché de la ville. Et celle dressée en 1880 à la mémoire du seigneur local Rainihasimbola. Superbe, elle est dressée sur un piédestal à trois étages, au cœur du marché.
Le quartier le plus vivant de la ville est celui du marché, autour duquel de nombreux édifices ont été construits, notamment une église catholique dont l’architecture, ensemble de brique rouge, de toits de tuile et de deux clochers blancs, fait penser aux édifices toscans. Elle ne dépare cependant pas l’ensemble. Le marché est divisé en plusieurs secteurs : celui des charretiers, des bouchers, des épiciers ou des marchands ambulants qui proposent, en un joyeux pêle-mêle, tissus, savons, bougies…
Iavoloha
Au milieu des arbres, entre les collines, un ensemble architectural moderne, immense et blanc, s’élève. Il s’agit du palais d’Etat d’Iavoloha, construit durant le premier mandat de Ratsiraka, qui en fit sa résidence principale en 1991. L’édifice a été inspiré par les formes classiques du palais de la Reine d’Antananarivo.
Behenjy
Il est agréable de traverser cette bourgade en taxi-brousse pour rejoindre Fianarantsoa et ses environs. En passant devant la charmante gare ferroviaire au style colonial, qui accueille parfois des trains de voyageurs, vous verrez des marchands se pressant pour vendre la spécialité du coin : les menakely(beignets de riz). L’importante production de foie gras garantit par ailleurs la prospérité du village.
Tsinjoarivo
Ancien fief de la reine Ranavalona Ire, qui y fit construire un palais, c’est aujourd’hui un site naturel magnifique, perché à 1 675 m d’altitude. La vue panoramique vaut le détour. Tsinjoarivo domine la grande forêt de l’Est, qui abrite des lémuriens endémiques menacés d’extinction, et surplombe les chutes de l’Onive. Ces cascades impressionnantes, Andriamamovoka et Ambavaloza, sont l’une des principales attractions de la région.
Antsampandrano
La visite de cette commune des Hautes Terres est l’occasion de découvrir la vie quotidienne locale dans un cadre naturel magnifique. Plus loin, le village de Nanohazona et celui d’Antanetitelo, avec son élevage de moutons et sa fabrique de fromage artisanal, permettent de découvrir quelques pratiques ancestrales. Le massif granitique de Vavavato, qui abrite les descendants des premières vagues de migration de Madagascar, surprend par ses couleurs et son authenticité.
Ambositra
C’est probablement aux bœufs qui étaient jadis parqués dans l’enceinte du rova que la ville doit son nom. Aujourd’hui paisible et très accueillante, Ambositra est la capitale malgache du travail du bois :ébénisterie et marqueterie y tiennent la vedette.
Dans la ville haute, la partie la plus vivante de la ville, les magasins d’artisanat se succèdent et offrent tout le savoir-faire des artisans locaux : statues sculptées, tables délicatement décorées, boîtes et objets décoratifs marquetés… Ces artisans perpétuent fidèlement la tradition séculaire du « zafimaniry », l’art du travail du bois appelé ainsi en hommage à une peuplade forestière vivant à l’est d’Ambositra et qui se transmet les secrets du travail du bois de génération en génération. Dans la ville, des guides proposent des randonnées et excursions au cœur des rizières et à la rencontre de ces sculpteurs de la brousse.
Palais royal
A 5 km d’Ambositra.
Sur la piste des introuvables Siona
A l’ouest de Betafo, après Ambohimanambola, on peut partir à la rencontre des Siona, les « gens de petite taille et au teint clair ». Derrière les montagnes, l’herbe s’étend à perte de vue. Ici vivraient les Siona. Invisibles. Introuvables. Pourtant, il se peut qu’ils existent vraiment, cachés dans ces régions inhospitalières. Jadis, ils auraient fui les volcans et les peuplades hostiles pour s’installer ici, à l’abri des regards, sur des terres fertiles. Appliquant l’adage qui veut que « pour vivre heureux, vivons cachés »…
Suivez le guide !
Après le lac de Tatamarina, qui borde la ville haute, suivez la piste qui mène aux chutes d’Antafofo (à 17 km environ d’Antsirabe). L’eau qui y dégringole en deux rebonds sur les roches de basalte noir offre un beau spectacle naturel.
Les environs
Antoetra et les villages zafimaniry
A 60 km environ au sud d’Ambositra.
C’est à 1 874 m d’altitude, au cœur des forêts, qu’est perché le village d’Antoetra. De loin, on n’aperçoit qu’un petit ensemble de cases de bois serrées les unes contre les autres. En approchant, on découvre un véritable musée en plein air. L’architecture est exceptionnelle, et le travail du palissandre d’une rare beauté. Ici, le bois est roi : les volets extérieurs des cases sont sculptés dans un bois gris ou noir, les toits de chaume sont supportés par des planches joliment gravées de motifs géométriques, les poutres et les cloisons intérieures sont délicatement sculptées. Chaque chef de famille zafimaniry est dépositaire d’un secret lié au travail du bois.
De tous les villages de la région – Ifasina, Sakarivo, Faliarivo… – Antoetra est certainement le plus accessible et peut-être le moins traditionnel. Il représente également une excellente occasion d’acquérir du véritable artisanat sur bois à des prix défiant toute concurrence.
Antoetra est relié aux autres villages zafimaniry par un réseau de sentiers forestiers. Il est prudent de s’offrir les services d’un guide local avant de s’y aventurer.
Tout à fait charmant également, Ifasina se découvre au bout d’une bonne heure de marche d’Antoetra. Entre les cultures de maïs ou de haricots, le village se compose seulement de quelques dizaines de cases en bois.
Mais elles sont de toute beauté ! Entre les très belles maisons traditionnelles et les greniers sur pilotis se nichent les ruines d’un ancien temple protestant et une église catholique qui témoignent encore de la présence des missionnaires.
Rites et célébrations
Le Hira Gasy, opéra traditionnel malagasy, mêle musiques et danses. Celles-ci sont entrecoupées par les discours du chef de troupe, qui déclame alors des contes et proverbes. Cet art populaire typique des Hautes Terres est pratiqué lors des étapes importantes de la vie des Malgaches. Le Famadihana ou « retournement des morts » est un rituel funéraire. Il fait entrer le défunt dans le monde des ancêtres et lui confère alors son pouvoir de protecteur vis-à-vis des vivants. Ces célébrations sont l’occasion pour les visiteurs d’assister à de véritables manifestations spectaculaires et lourdes de sens (renseignements sur le site de l’office de tourisme du Vakinankaratra : www.antsirabe-tourisme.com).
Ranomafana
A 60 km au nord-est de Fianarantsoa.
Ce paisible village ne semble s’animer que lors du passage des taxis-brousse et à l’arrivée des visiteurs en route vers les majestueuses forêts du parc national éponyme. D’ailleurs, il a été construit spécialement pour eux, aux abords d’une source thermale qui a donné son nom à la localité, « l’eau chaude ». Tout a été aménagé pour assurer le repos des voyageurs et faciliter leurs découvertes. Seul véritable centre d’intérêt propre au village, le centre de cures thermales soigne les rhumatismes, les troubles gastriques, l’asthme et, affirme-t-on ici, la stérilité.
Pour des questions d’hygiène, il est en tout cas préférable de profiter de ces installations plutôt que de se fier aux thermes d’Antsirabe, dont les horaires d’ouverture sont souvent fantaisistes.
Suivez le guide !
A Fandriana, une coopérative artisanale de tisseuses propose tapisseries, chapeaux, nattes en raphia. Ces tisseuses sont réputées pour la finesse et la précision de leur travail (A 55 km au nord d’Ambositra).
Parc national de Ranomafana
Entrée du parc à 7 km du village du même nom, sur la route de Fianarantsoa.
C’est un véritable paradis pour « écotouristes », qui y découvrent une végétation ravissante et une importante colonie de lémuriens. C’est à la saison sèche que le parc est le plus intéressant et agréable à visiter.
Sur près de 40 000 ha, il s’étage de 800 à 1 200 m d’altitude. Sillonné par de nombreuses rivières, il a pour but de favoriser, malgré la déforestation, une harmonieuse cohabitation entre les populations indigènes, la flore locale, les espèces animales et… les visiteurs.
Au total, ce parc totalise près de 30 espèces de mammifères (dont pas moins de 12 variétés de lémuriens : makis à front rouge, makis à ventre roux, hapalemur, etc.), 96 espèces d’oiseaux (dont 68 sont endémiques), ainsi que près de 300 espèces d’arbres et d’arbustes (dont beaucoup n’existent que dans cette région).
Cascades del Riana
Dans le parc national de Ranomafana.
Au départ, la rivière Namorona n’est qu’un petit ruisseau de forêt, calme et limpide. Assez vite cependant, son cours s’accélère et elle se transforme en une suite de chutes qui s’échelonnent sur une dizaine de kilomètres. Impressionnantes, les cascades del Riana sont les plus belles du parc : leur bruit est assez impressionnant, le spectacle qu’elles offrent est éblouissant.