Touristiquement parlant, la Casamance, et en particulier la Basse Casamance, constitue certainement le joyau du Sénégal. Elle possède tous les ingrédients d’un tourisme réussi : belles plages sans barre, climat agréable en toutes saisons, grandes forêts où poussent fromagers, manguiers, cocotiers et palmiers à huile, innombrables bras du fleuve Casamance et les bolons qui évoquent les bayous de la Louisiane et offrent un sanctuaire à une faune très riche. 

De surcroît sa mosaïque de populations ayant réussi à sauvegarder l’authenticité de leurs traditions contre les assauts de la modernité a été et demeure un champ d’investigations privilégié pour sociologues, philosophes, historiens, etc. 
Des survivances du régime matriarcal dans de petits royaumes dirigés avec autorité et sagesse et organisés avec compétence par des reines, dont la reine Sibet et celle des Floup, sont réputées. 

Pour accéder à la Casamance, il faut traverser la Gambie soit par le bac de Banjul, soit par celui de Médina-Sabak. Deux itinéraires sont possibles au départ de Dakar jusqu’au carrefour de Kaolack : 

– par la N5, bitumée, menant à Banjul, capitale de la Gambie (bac de Barra), via Sokone et Toubakouta. Continuer par la N5, de l’autre côté du fleuve Gambie et au sud de Banjul, par Brikama et Séléti (poste frontière). Descendre sur Bignona jusqu’à Ziguinchor, capitale de la Casamance. De Kaolack à Bignona, la route est en mauvais état et le passage du bac et de la frontière gambienne peuvent s’avérer un peu long ;

– par la N4, « Transgambienne », également bitumée, en passant par Nioro du Rip et Médina Sabak(poste frontière), puis par le bac de Farafeni qui traverse la Casamance par l’est. Cette route, qui n’est guère meilleure que la précédente, atteint Bignona puis Ziguinchor. Ziguinchor comprend un marché appelé Saint-Maur-des-Fossés (Ziguinchor est jumelé avec cette ville) et redevenu très actif après avoir brûlé, et un centre artisanal, près du marché, rassemblant deux cents artisans dont la qualité et le prix des productions sont contrôlés (sculpture sur bois, tisserands, couturiers et brodeurs, maroquiniers, bijoutiers, luthiers, etc.). 

Au centre artisanal se trouve également la coordination du tourisme intégré, expérience originale qui permet à des petits groupes de touristes d’être hébergés dans d’authentiques cases diolas construites en brousse près des villages et dans des sites particulièrement beaux : grandes forêts, bords de mer ou de fleuves, etc. Les chambres, dans des cases à impluvium ou à étages typiques, sont louées pour des sommes très modiques. Elles offrent aussi des repas et proposent des promenades en pirogue sur les bolons… ou d’aider les Diolas au travail dans les rizières. 
A la différence des gîtes ruraux d’Europe, ces campements n’appartiennent pas à un seul propriétaire mais à tous les villageois regroupés en coopérative. Grâce aux recettes, ces derniers achètent des machines agricoles ou des engrais et montent petites écoles, dispensaires ou épiceries de brousse. 
La ville coloniale, qui s’étire paresseusement près du fleuve, possède de beaux bâtiments comme le palais de justice et la trésorerie générale. En 1992, Jean-Paul II célébra la messe dans la cathédrale. 
A 3,5 km de Ziguinchor, se trouve la ferme écologique de Djibelor. En 1988 un Français, Gérard Wartraux, a installé sur 15 hectares une ferme avec des arbres fruitiers, des cultures horticoles et un élevage de crocodiles. La ferme accueille divers animaux (genettes, chimpanzés, hyènes tachetées et lions qui se reproduisent si bien qu’ils deviennent trop nombreux). Au-delà de la ferme s’étendent de vastes rizières. Le riz est, avec l’élevage des bœufs, la principale ressource économique des Diolas, peuple agricole, fier de ses traditions et farouchement attaché à son indépendance (de nombreux heurts se sont produits aussi bien autrefois avec les colonisateurs portugais et français qu’avec les autorités sénégalaises d’aujourd’hui, un peu trop souvent jacobines). 

Animistes pour la plupart, les Diolas vivent dans de petits villages souvent très isolés dans les marais et la forêt, ce qui leur a toujours donné l’idée et le goût d’être autonomes et souverains sur leur territoire. Pratiquant le culte des ancêtres et des « békins » (forces surnaturelles), les Diolas organisent de nombreuses fêtes. 
Lors de leur initiation, les jeunes gens font retraite dans le bois sacré puis sont attendus par la foule en liesse des parents et amis, habillés de tenues chatoyantes, au milieu d’un extraordinaire charivari de détonations produites par les antiques fusils de traite. L’itinéraire se poursuit par la route d’Oussouye puis sur une piste dans les forêts avant de longer des rizières jusqu’au beau village d’Enampok dont les cases sont construites avec des impluviums. Ces cratères pratiqués dans les toits servent à recueillir la pluie et à ménager un peu d’air et de lumière. 
Construites en terre-banco et coiffées de chaume, les cases diolas mélangent à la fois l’habitat collectif et individuel. Elles sont divisées en appartements tous dotés de leur entrée et de leur cuisine personnelles, mais chaque ménage, qui appartient du reste à la même famille, peut aussi rencontrer les autres dans la cour intérieure éclairée par l’impluvium et s’adonner alors à des tâches collectives (artisanat, etc.). 

En revenant par la R20, peu avant Oussouye, une piste sur la gauche s’enfonce dans les bois et mène à Siganar, village des Floups qui s’est rendu célèbre grâce à sa reine, Sébeth, décédée en 1976. Oussouye (44 km de Ziguinchor, station-service, campement villageois, bar, dispensaire) possède pour sa part un roi local. 
La nouvelle route descend vers le sud et mène à la côte, mais l’itinéraire ira d’abord vers l’ouest en empruntant la piste d’Elinkine via Loudia-Oualof. Au nord de ce dernier village, Mlomp offre un campement villageois et de pittoresques cases à étages. En continuant vers l’ouest, Elinkine, village de pêcheurs au bord d’un bolon, dispose également d’un campement villageois. 
En face d’Elinkine se trouve l’île de Karabane, bordée au nord par le fleuve Casamance. Utilisée comme comptoir par les Portugais puis par les Français à partir de 1836, l’île n’est plus qu’un débarcadère pour les bateaux de croisière et les pirogues des pêcheurs de l’île. Le bateau reliant Dakar à Ziguinchor y fait escale. 

Sipo, près de Toubakouta © Macu Cristafol y Sel

Sipo, près de Toubakouta © Macu Cristafol y Sel

L’île possède une mission catholique tenue par des sœurs et une vieille église bretonne en ruine (1892). Dans le cimetière, le fils de l’amiral Brotet, mort d’une flèche empoisonnée lors d’une escarmouche avec les Diolas, se fit enterrer debout. D’Oussouye, l’ancienne route de Cap Skirring passe à côté du parc national de Basse-Casamance. 
Depuis plusieurs années, ce parc est fermé aux visiteurs à cause des rebelles qui y ont trouvé refuge. Il est absolument déconseillé de s’aventurer dans cette forêt tropicale où les routes ont disparu. Il s’étendait sur 5.000 hectares, à la frontière de la Guinée-Bissau, dans un paysage de forêts et de mangrove (forêt de palétuviers). 
Il abritait des hippopotames et des buffles, des léopards, des hyènes, des potamochères (sangliers), des guibs harnachés, plusieurs espèces de singes (moines de Campbell, colobes, singes verts et singes rouges) mais peu probablement des lamantins et des pangolins. 200 espèces d’oiseaux, dont le calao à casque jaune, l’aigle couronné et des touracos, ainsi que des varans et des crocodiles y ont été recensés. 
Depuis Oussouye part également une très bonne route goudronnée menant à Cap Skirring. Dans un très beau site de falaises s’ouvrent cinq baies avec leurs plages de sable blanc bordées de palmiers. Le climat y est excellent et la mer chaude et sans barre, ce qui permet une baignade sans danger. Plusieurs hôtels et villages-clubs y sont installés. Au nord de Cap Skiring, une route mène à Diembering, grand village de pêcheurs (campement avec restaurant). 

Tout proche, Bouyouye est un joli village enfoui dans une forêt de fromagers. L’itinéraire revient à Ziguinchor par la grande route et traverse le fleuve jusqu’à Bignona. Sur cette grande route, la Transgambienne, ou N4, est installé le Relais fleuri, à Badiouré, qui constitue un excellent tremplin pour pratiquer la moyenne et petite chasse en Basse-Casamance. 
Ouverte de décembre à avril, la chasse permet de tirer des phacochères, des lièvres d’Afrique et du gibier à plumes (francolins, gangas, tourterelles, pintades, pigeons verts, etc.). 

Bignona (10.000 hab., 27 km de Ziguinchor, poste, dispensaire, garages, hôtel, restaurant) est une ville carrefour sur la N4 menant à Kaolack et Dakar, et sur la N5 montant à Banjul, puis Kaolack et Dakar. Prendre la route de Banjul qui passe à Baïla et Diouloulou. A Diouloulou, une piste mène vers l’ouest à la côte atlantique. Belle plage et campement villageois d’Abene. Plus au sud se trouve un campement à Kafountine, au bord de la mer. Il est possible de pratiquer la pêche sportive en mer ou d’aller en pirogue depuis Saloulou, plus au sud, à la presqu’île de Kalisseye (campement sur le bolon). Au bout de la pointe de Kalisseye a été aménagée une réserve ornithologique sur 200 hectares qui englobe également deux îlots. 

Outre les tortues marines, y habitent des dauphins et des crocodiles. A terre vivent des singes, des varans et des guibs harnachés ainsi que de nombreuses colonies d’oiseaux de mer (pélicans blancs, sternes royales, caspiennes et pierres-garins, aigrettes dimorphes, etc.). En revenant sur Diouloulou, reprendre la N5 pour gagner Banjul et la Gambie (poste frontière à Brikama) et, au-delà, Dakar. 

Les fêtes traditionnelles en Casamance : 

A Ziguinchor 
– Ufulung Dyendena, au mois de mai, 2 jours : fête de la chefferie d’Essyl qui a lieu avant et après la culture du riz. Rituel propitiatoire (chute des pluies) ; 
– Beweng, en novembre ou décembre, 2 jours : au moment de la mise en grenier de la récolte, un génie doit autoriser le transport des gerbes jusqu’au grenier. Chaque chef de village offre une gerbe au génie ; 
– Fityay, en mars ou avril : rituel qui demande au génie Beliba de protéger les habitants de la chefferie d’Essyl ; 
– durant les mois de juin ou juillet (début d’hivernage) : séance de lutte des hommes dans la chefferie d’Essyl. 

A Oussouye 
– Zumebel, début juillet : lutte des jeunes filles du village ; 
– Zulane, mai-juin : fête du roi d’Oussouye ; 
– Ekonkon, juin : danse d’hommes et de femmes ; 
– Futampaf, fin mai, début juin, durant 2 ou 3 semaines : initiation qui marque l’intégration des adolescents dans le groupe des hommes. Le début et la fin du rite sont marqués par des réjouissances populaires ; 
– Ebunaay, tous les deux ans durant une semaine : rite de femmes. Toutes les femmes natives du village organisateur doivent y assister. Le début du rite est marqué par des danses de femmes, la fin par le couronnement d’une reine ; 
– Synaaka, mai, durant une semaine : rituel d’excision marqué par une retraite permettant aux jeunes filles de s’intégrer au groupe des femmes. Il donne lieu à des réjouissances populaires ; – Kunyalen, fin mai, début juin, 3 jours : rite de protection des nouveaux-nés et de la fécondité des femmes marqué par des rituels de dévotion à des fétiches.

Lire la suite du guide