Brasilia, paradoxe de la modernité 

La capitale du Brésil fut fondée le 21 avril 1960 au cœur du Planalto Central, le plateau central du pays. Créée de toutes pièces, elle est l’image même du rêve brésilien des années 50, celui du « pays de l’avenir ». Son architecture est le reflet de cette ambition officielle. Partout, Brasilia est considérée comme une capitale « futuristeé. Au Brésil, mais aussi à l’étranger. Elle est située à une altitude de 1171 mètres, là où naissent les trois grands bassins hydrographiques du pays : ceux de l’Amazone, du Sao Francisco et du Paraná. Au cœur de la région, au XVIIe siècle, les tribus indigènes des Goyace furent exterminées par les bandeirantes. Si la ville est récente, le projet de construction de cette capitale est ancien et était évoqué par les autorités brésiliennes dès le milieu du XVIIIe siècle. En 1891, la première constitution républicaine avait défini l’endroit où devrait se trouver le futur District fédéral, dans le centre du pays. Mais ce projet ne vit le jour qu’au cours des années 50, quand le président Juscelino Kubitschek choisit la région pauvre et dépeuplée de Goiás, comme lieu idéal pour y bâtir « la capitale la plus moderne du monde ». Il voulut ainsi rapprocher le sud, plus développé, des régions du nord, du Nordeste et du Centre-ouest, encore sous-développées. A l’époque, cette région était totalement isolée du reste du pays et l’infrastructure routière y était quasi-inexistante. Lorsqu’en 1956, Kubitschek posa la première pierre de la « nouvelle capitale » (« a Novacap »), il avait à ses côtés ses deux concepteurs : Lucio Costa, l’urbaniste, et Oscar Niemeyer, l’architecte; et pour les projets paysagistes, Roberto Burie Marx. 
Les travaux durèrent quatre ans, une vraie aventure ! Comme il n’y avait aucun moyen d’accès au site, les premiers ouvriers et les matériaux arrivèrent par avion et d’innombrables parachutes envahissaient les cieux du plateau. Puis, une piste d’atterrissage fut aménagée pour permettre aux avions cargos de transporter les matériaux de construction destinés au chantier. Ce n’est qu’après le début des travaux, que la première route reliant Belo Horizonte à la future capitale fut tracée. A cette époque, on a aussi édifié un barrage pour donner naissance au lac artificiel de Paranoá La structure de la ville prit la forme d’un avion: les deux ailes, au nord et au sud, sont séparées par un axe routier et de larges avenues bétonnées. Influencé par Le Corbusier, Oscar Niemeyer voulait ainsi « allier l’audace à la sagesse ». 
En 1987, Brasilia fut classée au Patrimoine culturel mondial par l’Unesco, comme « meilleur exemple du mouvement architectural et urbanistique du XXe siècle ». Paradoxe de la modernité, la plus grande ville planifiée au monde n’a pas été conçue pour l’homme mais pour la voiture : ici, les distances sont énormes, le soleil frappe fort toute la journée et il n’y a aucun arbre pour s’abriter. Elle est constituée d’immeubles ultramodernes disposés en énormes blocs, les « super quadras » : groupement de huit à dix immeubles, avec parkings, pelouses, bureaux de poste, infirmerie, crèche et école, commerce, boutiques, etc. Au centre-ville, d’immenses complexes commerciaux abritent les bureaux, les banques, les restaurants et les pharmacies. 
Deux millions d’habitants vivent dans cette ambiance, qui mélange fonctionnalité et froideur. Ces Brasilienses forment une population très particulière. D’abord, il y a les travailleurs (candangos), venus de tous les coins du Brésil pour bâtir la nouvelle capitale du pays. Aujourd’hui, ils travaillent dans le bâtiment ou dans le secteur des services, et habitent dans les cidades satelites, ces bidonvilles situés en banlieue, parfois à 30 km du centre-ville. Une fois que Brasilia a été finie, les fonctionnaires ont formé la deuxième vague de peuplement. A eux, s’ajoute une population mobile composée des politiciens, diplomates, ambassadeurs et cadres en mission temporaire. En fait, la capitale occupe, pour la plupart des gens, une fonction exclusivement administrative. 
Pendant la semaine, les parlementaires y séjournent, mais s’en vont vers leurs Etats d’origine, dès la fin des séances plénières, le jeudi. Le week-end Brasilia devient donc une ville déserte : ceux qui ont les moyens, se réfugient dans leurs résidences secondaires, à la campagne, les autres, retrouvent la tranquillité de leur ville. 

Brasilia from the TV tower

Brasilia from the TV tower By: ¡CarlitosCC BY-NC-SA 2.0

Visiter Brasilia 

La Cathédrale
(Eixo Monumental Esplanada dos Ministérios, tél 224-4073, de 8h à 19h) Construite par Nie¬meyer, cet édifice qui a la forme d’une coupole de 38 m de haut et 70 m de diamètre, est composée de seize arches de béton, posées sur une façade en verre neutre, représentant la couronne d’épines du Christ surmon¬tée d’une croix. Sur le seuil, les quatre évangélistes, sculptés par Alfredo Ceschiatti, accueillent le visiteur et l’invitent à descendre la rampe. A l’intérieur de la cathédrale, dans la par¬tie souterraine, l’architecture cède sa place à l’imagination : en présence des statues d’anges suspendues dans le vide, et sous les reflets de la lumière et des nuages, on a l’impres¬sion d’être littéralement dans le ciel. 
Praça dos Três Poderes

Compo¬sée de plusieurs bâtiments, cette place concentre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. C’est le centre décisionnel du pays au niveau poli¬tique et il comprend les plus belles réa¬lisations architecturales de la ville. Le premier est le Palácio do Planalto, palais où se trouvent les bureaux de la présidence ; les visites guidées sont organisées le dimanche de 9h à 12h30 (tél 211-1317). Le second est le Palácio do Congresso Nacional, où siège le pouvoir législatif, un immeuble central de 28 étages qui abrite l’administration du Sénat et de la Chambre des députés. A sa droite, un édifice en forme de coupole ouverte, accueille les séances des députés et à sa gauche, un autre bâti¬ment représentant une coupole retour¬née, est réservé aux sénateurs. Enfin, dans le même ensemble, se trouve le Palácio da Justiça, la Cour suprême (tél 312-7192, ouvert du lundi au ven¬dredi de 12h à 18h). 

Lagoa de Paranoá
Ce lac artificiel, long de 80 km et large de 5 km, conçu au moment de la construction de la ville, est entouré de clubs sportifs et de nombreuses résidences privées. La promenade en bateau est très agréable : départ Bosque dos euca¬liptos, tél 982-1161, du lundi au ven¬dredi, de 10h à 17h et le week-end, de 10h à 14h. 

Palácio do Itamaratí 
Itamaratí (tél 211-6640, visites guidées du lundi au vendredi à 16h) Située sur l’esplanade des Minis¬tères, cet élégant édifice, avec ses fon¬taines s’enchaînant en cascades et jets d’eau au milieu des arches, est devenu l’image symbole de Brasília. 

Palácio da Alvorada
Au bord du lac artificiel de Paranoá se trouve le Palais de l’Aurore, la résidence officielle du président de la République. Avec ses surprenants éléments porteurs, des losanges formant une colonnade, l’édifice, protégé par le lac, donne une impression légère et élégante. 

Torre de TV
Eixo Monumental (Setor Cultural Norte, tél 325-5363), est ouverte au public le lundi de 14h à 21h, et du mardi au dimanche de 9h à 21h. Cette tour de la télévision, la quatrième du monde pour sa hauteur (218 m), pos¬sède une terrasse panoramique au deuxième étage, à 75 mètres, qui donne un excellent aperçu de l’amé¬nagement de la ville. 

Parque nacional de Brasilia
Situé dans l’Estrada Parque Indústria e Abastecimento, à 8 km, (tél 233-4055 et ouvert tous les jours de 9h à 17h), le parc national de Brasília est une réserve écologique située dans une région de 28 000 ha avec une végéta¬tion originelle et des espèces natives, telles que le jacaranda et piqui. Sa faune est composée de plusieurs espèces en voie d’extinction, dont le loup à crinière, le daim, le tatou géant et le fourmilier à bandes. Avec ses pis¬cines naturelles, ce site est le lieu idéal pour une belle promenade. 

Excursions depuis Brasilia 

Goiânia
A 730 m d’altitude, située à 209 km de Brasília, Goiânia est la capitale de l’Etat de Goiás. Fondée en 1933, cette ville moderne est bien structurée avec ses rues circulaires et beaucoup d’espaces verts. Goiânia est divisée en trois zones principales : une pour l’industrie et le commerce au nord, une pour l’administration au centre et une zone résidentielle au sud. 

Musée Anthropologique
Praça Universitária (Setor Universitário), tél 261-6898. Collections d’archéologie et ethnographie de tribus indiennes du Centre-Ouest. 

Musée d’Ornithologie
, Avenida Para, 395 (Setor Campinas) tél 233¬5773. Regroupe une collection de 120 000 animaux empaillés dont 17 000 oiseaux représentant la faune de plusieurs pays. 

Centre de traditions et d’artisanat
au bout de l’Avenida Goiás et Praça do Trabalhador (Setor Central), téI212-7665. On y trouve plein d’objets issus de l’artisanat régional, des œuvres d’art et des instruments de musique. 

Goiás Velho 
Goiás Velho est une ville historique à 145 km de Goiânia et 335 km de Brasília. Avec 28 000 habi¬tants, cette petite cité coloniale, fon¬dée en 1727 au moment où l’exploita¬tion de l’or culminait, conserve encore ses vieilles demeures avec ses rues étroites et pavées de pierres irrégu¬lières. Jusqu’à 1936, Goiás Velho était la capitale de l’état de Goiás 

Musée des Bandeiras
Praça Bra¬sil Ramos Caiado, du mardi au samedi de 12h30 à 17h, et le dimanche de 8h à 12h. Dans les locaux de cette ancienne prison, se trouve un petit musée historique qui illustre la ruée vers l’or dans la région au XVIIIe siècle. Palais Conde dos Arcos, Praça Dr Tasso de Camargo, 1, tél 371-1200, du mardi au samedi de 8h à 17h, et le dimanche de 8h à 12h. Ancienne rési¬dence du gouverneur de l’Etat, datant de 1755. On peut admirer de belles pièces de mobilier et des tableaux de l’époque coloniale. 

Eglise São Francisco de Paula
, Praça Zaqueu Alves de Castro. La plus vieille église de la ville, érigée en 1761, est un bel exemple de l’architecture coloniale du XVIIIe siècle.

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