Contrastée, éclectique, la trépidante capitale s’étend entre un fleuve, le río de la Plata, gigantesque estuaire qui sépare l’Argentine de l’Uruguay, et la vaste plaine de la pampa. Celle-ci, grenier de l’Argentine, s’étend à perte de vue, sur une distance de 650 km depuis la capitale.

Buenos Aires s’étire sur près de 100 km de long et 30 km de large, à l’intérieur des terres, et compte plus de 13 millions d’habitants. Ses beaux quartiers côtoient des banlieues pauvres, qui rappellent une réalité toute latino-américaine.
« Bienvenidos a la República Argentina ! » Le survol de la capitale permet d’apprécier l’étendue impressionnante de cette populeuse métropole. En arrivant, on survole une « ville dressée », c’est le centre, avec ses gratte-ciel et ses gigantesques avenues, puis apparaît une « ville couchée »: banlieues industrielles et ouvrières, et bidonvilles qui s’étendent à l’infini.

Une ville européenne 
Buenos Aires a grandi au rythme de l’immigration. La plupart des Argentins descendent de ces millions d’Européens débarqués sur les rives du río de la Plata entre 1860 et 1940. Pourtant, cette métropole, l’une des plus grandes du monde, garde encore, dans plusieurs de ses quartiers, une atmosphère de « gran aldea » (grand village), avec la vie intense de ses quartiers périphériques. Buenos Aires offre le visage d’une Europe réinventée, refaçonnée par ses habitants, que l’on appelle les Portègnes. On y trouve, tant dans l’atmosphère que dans l’architecture, un peu de Paris, de Madrid, de Barcelone ou de Milan.

Le « Centro »: reflets d’une lointaine Europe 
Le centre-ville s’étend sur une zone allant de la gare de Retiro (au nord) à celle de Constitución (au sud). Il surprend par le gigantisme de ses avenues et la beauté de ses parcs. Il abrite quelques magnifiques monuments.

Teatro Colón 
Avenida 9 de Julio entre Viamonte y Tucumán. Attention : fermé jusqu’en 2010 pour travaux, mais sa programmation est proposée dans d’autres théâtres (il faut se renseigner sur place).
Inauguré en 1908, et pouvant accueillir 3 500 personnes, c’est l’un des cinq plus beaux opéras du monde. Magnifique alliance de Renaissance italienne et de classicisme français, il est doté d’une acoustique presque parfaite, comparable à celle de la Scala de Milan.

Congreso 
Plaza del Congreso.
A quelques cuadras (pâtés de maisons) de là, se dresse cet autre symbole de la ville. Ce bâtiment italianisant, surmonté d’un dôme cuivré de 85 m de haut, abrite le Sénat dans son aile sud et la Chambre des députés dans son aile nord.
A l’ouest de la place du Congrès, le quartier de Once, vaste supermarché, peu touristique, surprendra le visiteur : c’est l’un des lieux les moins chers de la capitale, où cohabitent les communautés chinoise, coréenne, libanaise et juive.

Buenos Aires et ses arbres 
Du jacaranda – avec ses fleurs violacées – au palmier, en passant par l’ombu au tronc imposant, Buenos Aires se caractérise par les nombreuses variétés d’arbres qui ornent ses parcs. Les gomeros (arbres à caoutchouc) s’étirent littéralement à l’horizontale, tandis que les palos borrachos, « arbres ivres »(nom dû à la forme de leur tronc, qui évoque une bouteille) peuvent atteindre près de 20 m de haut. Provenant du nord de l’Argentine, il en existe deux variétés : la première a des fleurs blanches et la deuxième des fleurs roses, rouges ou violettes. Toutes deux possèdent des feuilles palmées et un tronc vert, qui tend vers le gris avec l’âge. Ces arbres sont de vieux témoins de l’histoire de Buenos Aires. En effet, ils atteignent les cent ans ! A l’automne, les allées des parcs sont jonchées de fleurs roses. Inoubliable !

Suivez le guide ! 
Allez boire un verre au Florida Garden à l’angle des rues Florida et Paraguay. C’est un des cafés les plus typiques du quartier.

Calle Florida 
Située au cœur du centre-ville, elle est parallèle à la gigantesque avenida 9 de Julio et débute près de la gare de Retiro. C’est sans nul doute l’artère piétonnière la plus animée, où se cotoient librairies, boutiques et galeries marchandes du dernier chic, pour le plus grand plaisir du passant. On retiendra notamment les galerías Pacifico(reliant la calle Viamonte à l’avenida Córdoba), ornées de fresques d’artistes renommés, comme celles d’Antonio Berni. Cette galerie, impressionnante réalisation de style parisien début du siècle, fut laissée à l’abandon pendant plusieurs années, avant d’être réhabilitée en 1992. Elle abrite le Centro Cultural Borges, qui comporte un théâtre et des expositions (Ouverture du lundi au vendredi de 10 h à 20 h 30, les samedis et dimanches de 12 h à 20 h).La plaza San Martín, où finit la rue Florida, regroupe de magnifiques arbres centenaires. Elle est entourée de palais du XIXe siècle mais aussi d’immeubles les plus modernes, tels que le Kavanagh, construit en 1935 et qui fut le plus haut d’Amérique latine pendant de nombreuses années.

Avenida Corrientes 
L’animation semble redoubler la nuit à Buenos Aires. Dans quelle autre capitale peut-on trouver des bars, des librairies et des théâtres ouverts jusqu’à 3 ou 4 h du matin ? Pour cela, rendez-vous avenida Corrientes, l’une des artères les plus fréquentées. Coupant l’avenida 9 de Julio au niveau de l’obélisque, c’est l’un des lieux de rendez-vous des noctambules. Sur cette avenue se trouvent une grande quantité de théâtres ainsi que des librairies traditionnelles.

Le Microcentro : la « City » portègne 
Quartier des affaires et des banques, il est délimité par les rues 25 de Mayo et Florida. On y trouve la Bourse du commerce, construite en 1916 mais que l’on ne peut malheureusement pas visiter. Si l’on s’y rend à l’heure du déjeuner, les ruelles étroites regorgent d’hommes affairés et pressés.
Les immeubles les plus hauts et modernes du quartier, tours en verre appelées les Catalinas Norte, réunissent les entreprises les plus importantes.

Suivez le guide ! 
Arrêtez-vous au café Tortoni (au niveau du 825, avenida de Mayo), l’un des seuls à avoir conservé sa somptueuse décoration d’origine, en bois. Ses murs portent de nombreux témoignages des visites d’illustres poètes et artistes. Lieu mythique du tango, une soirée lui est dédiée chaque vendredi soir.

Plaza de Mayo 
Face au palais du gouvernement, la « Casa Rosada », dont la couleur rose symbolise l’union nationale (résultat du mélange des couleurs des partis opposés à l’époque: le rouge pour les fédéraux et le blanc pour les unitaires), s’étend la plaza de Mayo. Elle fut baptisée ainsi en souvenir du 25 mai 1810, date du soulèvement qui marqua le glas de la domination espagnole. C’est là que se tient, chaque jeudi, le défilé des « Mères de la place de Mai »(Madres de la plaza de Mayo), qui réclament, fûtce symboliquement, le retour de leurs enfants disparus lors de la dictature militaire (1976-1983).
Sur le côté ouest de la place se trouve le Cabildo (siège du gouvernement au XIXe siècle et aujourd’hui musée), (se visite du mardi au vendredi de 10 h 30 à 17 h et de 11 h 30 à 18 h le dimanche. Entrée payante), haut lieu de l’histoire argentine. Depuis 1580, les autorités municipales y ont toujours siégé mais, en 1810, après le renversement du vice-roi, il devint le symbole de l’indépendance argentine.
Construite à la fin du XIXe siècle pour relier le palais présidentiel et le Congrès, l’avenida de Mayo, artère récemment rénovée aux larges trottoirs, est une succession d’immeubles où les façades françaises et italiennes côtoient aussi bien des représentants du style néoclassique que de l’Art nouveau. Au numéro 575 se trouve le palacio de la Prensa, qui abritait les locaux de l’un des plus anciens journaux du pays.
La Manzana de las Luces, un pâté de maisons « des lumières » compris entre les rues Perú, Alsina, Bolivar et Moreno, fut légué par les Jésuites en 1616 et baptisé ainsi car il était le centre intellectuel et spirituel du pays au XVIIIe et XIXe siècle. Là se trouve l’église San Ignacio, la plus ancienne de la ville et le Colegio nacional Buenos Aires, une école très réputée de la ville. Au croisement des rues Defensa et Santo Domingo, l’église Santo Domingo conserve les drapeaux récupérés lors des invasions anglaises et le mausolée de Manuel Belgrano.

Catedral Metropolitana 
Plaza de Mayo. Visites guidées les samedi et dimanche à 16 h, entrée payante.
Y repose le général José de San Martín, qui, entre 1810 et 1816, libéra l’Argentine de la domination espagnole. Construite en grande partie au XIXe siècle, sa façade s’inspire… de celle du Palais-Bourbon, à Paris ! 

Puerto Madero - Buenos Aires Argentina © Luis Argerish

Puerto Madero – Buenos Aires Argentina © Luis Argerish

San Telmo : un air d’autrefois 
Situé au sud de la plaza de Mayo, San Telmo constitue l’un des quartiers les plus anciens de Buenos Aires. Délaissé par les classes aisées à la suite de l’épidémie de fièvre jaune de 1871, c’est aujourd’hui le quartier favori des artistes et des antiquaires.
Sur la plaza Dorrego se tient, chaque dimanche, un marché aux puces (ouvert de 8 h à 17 h) où l’on vend toutes sortes d’objets des années 1900. Les restaurants alentour proposent, dans une ambiance tout à fait authentique, une cuisine criolla (des Sud-Américains d’origine européenne). Autre attraction du plus haut intérêt : les spectacles de tango improvisés en pleine rue le dimanche.
Près de la place Dorrego s’étend lle parque Lezama(accès par la calle Defensa), pittoresque bien que mal entretenu. Là, les plus nostalgiques pourront s’imaginer ce qu’était Buenos Aires autrefois, à l’ombre de ses grands arbres. C’est là que se trouve le museo de Arte moderno, grand lieu de la vie culturelle portègne : ce musée étant actuellement fermé, les œuvres sont désormais exposées au Correo central, Sarmiento 151.

Suivez le guide ! 
Restaurée en 1981, le pasaje de los Ezeiza, une ancienne maison « chorizo »(tout en longueur) qui a abrité jusqu’à 32 familles, réunit aujourd’hui des magasins d’antiquités. Defensa 1018. (Ouvert du lundi au dimanche de 11 h à 20 h).

Suivez le guide ! 
Si vous vous promenez dans le quartier de la Recoleta aux alentours de 20 h, ne manquez surtout pas de vous rendre à l’église Notre-Dame d’El Pilar, pour assister à un mariage religieux. Ceux-ci se célèbrent en effet à cette heure-là en Argentine.

Avenida 9 de Julio 
L’avenue la plus large du monde pourrait contenir plus de quatre fois les Champs-Élysées. En son milieu se dresse l’obélisque, symbole de la ville et fréquent point de ralliement des manifestations politiques. Il commémore l’indépendance de l’Argentine, au XIXe siècle. Avec ses vieux bus brinquebalants, Buenos Aires évoque le Paris des années 1950. De ces véhicules s’échappe souvent un tango nostalgique et des chanteurs ambulants viennent, de temps à autre, égayer le voyage. Au bout de l’avenue 9 de Julio, se trouve l’ambassade de France à Buenos Aires.

Recoleta et Palermo : au cœur des quartiers résidentiels 
Situé au nord de la capitale, La Recoleta, à l’intense animation nocturne, est l’un des quartiers les plus huppés de Buenos Aires. Paradoxalement, son animation trépidante y côtoie… l’univers des morts. En effet, les cafés les plus chic, comme La Biela, haut lieu de rencontre de l’intelligentsia, sont regroupés autour de la Recoleta, le cimetière le plus ancien de la ville. Les amateurs d’histoire ne manqueront pas d’y visiter la tombe d’Eva Perón (Ouvert tlj de 7 h à 17 h 45, entrée libre, visites guidées gratuites les mardi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche à 11 h et 15 h).
Le centro cultural Recoleta (Junín, 1930. Ouvert du mardi au vendredi de 14 h à 21 h et les samedi, dimanche et fériés de 10 h à 21 h. Entrée libre) occupe la place de l’ancien monastère, à côté de l’église du Pilar, et présente des expositions de jeunes artistes et d’art contemporain. Le Buenos Aires Design Center(Pueyrredón et Libertador), centre commercial spécialisé dans les meubles et la décoration, compte également une terrasse aux multiples restaurants et cafés.
Les avenues Quintana et Alvear sont des lieux traditionnels de la haute bourgeoisie argentine.

Museo nacional de Bellas Artes 
Avenida del Libertador, 1437. Ouvert tous les jours sauf lundi de 12 h 30 à 19 h 30, à partir de 9 h 30 samedi et dimanche. Fermé du 1er janvier au 15 février. Entrée libre.
Le Musée national des Beaux-Arts, le plus grand et le plus important du pays (près de 10 000 œuvres) abrite des peintures des artistes argentins ainsi que des toiles de peintres européens : Manet, Renoir, Picasso…

Palais de Glace 
Posadas 1725, ouvert du mardi au dimanche de 14 h à 20 h. Entrée payante. Il accueille des expositions temporaires de qualité.

Biblioteca nacional 
Avenida Agüero 2510.
Inaugurée en 1992, après deux décennies de retard et de problèmes de construction, c’est un immeuble moderne de 13 étages qui abrite aussi une galerie d’art. Seule une partie du fond – environ 10 000 manuscrits – est accessible à la consultation.

Museo de Arte latinoamericano (MALBA) 
Avenida Figueroa Alcorta 3415. Ouvert les lundi, jeudi et vendredi de 12 h à 20 h, fermé le mardi, ouvert le mercredi de 12 h à 21 h, samedi et dimanche de 10 h à 19 h. Renseignements sur les visites au 4808 65 00. Entrée payante sauf le mercredi.
Récemment inauguré, ce musée est le projet d’un grand entrepreneur argentin, Eduardo Costantini. La collection comprend près de 228 pièces de dessins, peintures, sculptures de plus de 78 artistes latino-américains, tels que Antonio Berni, Fernando Botero, Antonio Segui et Frida Khalo.

Un cimetière historique 
Les mausolées du cimetière de la Recoleta, surprenants par leur richesse et leur élégance, accueillent les familles les plus célèbres de Buenos Aires. Dans cette « ville miniature », la place est coûteuse : selon un proverbe populaire, « il est moins cher de vivre de manière extravagante toute sa vie que d’être enterré à la Recoleta ». Les mausolées construits dans des styles et des matériaux variés – certains sont en marbre et granit, d’autres sont ornés de statues – abritent les dépouilles tant du premier président d’Argentine, Domingo Sarmiento, fondateur du système d’enseignement public, que d’Evita Perón, épouse du président Perón devenue emblème et idole des ouvriers argentins.

Museo de Arte Decorativo 
Av. del Libertador, 1902. Ouverture du mardi au dimanche de 14 h à 19 h. Entrée payante. Fermé de la dernière semaine de décembre à la première semaine de janvier. 
Installé dans une magnifique résidence de style français construite au début du XXe siècle, ce musée présente de nombreuses peintures et pièces décoratives ayant notamment appartenu à la famille Errazuri Alvear.

Museo Evita 
Lafinur, 2988. Ouvert du mardi au dimanche de 14 h à 19 h 30. 
Inauguré en 2002, ce musée retrace les différentes époques de la vie d’Eva Duarte, épouse de Juan Domingo Peron. Sont exposées de nombreuses robes et objets personnels de cette figure emblématique de l’histoire argentine.

Parque de Palermo 
En continuant vers le nord, on arrive à ce parc qui constitue le « poumon »de la capitale argentine. Créé au XIXe siècle sur le modèle du bois de Boulogne, c’est un ensemble somptueux de jardins, de lacs artificiels et de complexes sportifs, comprenant notamment un hippodrome, un terrain de polo ainsi qu’un très beau jardin zoologique. Le jardin japonais, havre de paix orné de petits ponts de bois et de bassins de poissons exotiques, et le Rosedal, roseraie au centre du jardin de Palermo, confèrent à ce lieu une atmosphère de tranquillité et d’harmonie.
Non loin se trouve l’aeroparque Jorge Newberry, l’aéroport d’où partent et où arrivent les vols intérieurs. En face, la Costanera, l’avenue qui longe le río de la Plata, était un lieu privilégié de promenades dominicales. Aujourd’hui elle n’existe pratiquement plus et est en plein travaux d’aménagement.
Les piétons les plus entourés de Buenos Aires 
Dans les nombreux parcs de la capitale, on croise souvent des personnes qui tiennent des hordes de chiens en laisse. Ce sont des paseadores (« promeneurs de chiens »). Ces personnes prennent en charge jusqu’à 25 chiens, qu’elles promènent quotidiennement pendant 4 h ! Les Porteños (habitants de Buenos Aires) débordés ou nonchalants sont heureux de pouvoir confier ainsi leurs animaux en toute tranquillité. Pour faire face aux problèmes d’hygiène et protéger la ville des tonnes de déjections canines auxquelles elle est confrontée, les autorités ont envisagé plusieurs solutions, de la limitation du nombre de pensionnaires par paseador à l’amende pure et simple.

Suivez le guide ! 
Au 2390 de la rue O’Higgins, la maison du sculpteur Rogelio Yrurtia est devenue un musée (ouvert du mardi au vendredi de 15 h à 19 h, samedi à partir de 16 h. Entrée payante).

Palermo Viejo : le « Palermo Hollywood » 
Ancien quartier populaire, Palermo Viejo est aujourd’hui un lieu prisé par les célébrités argentines. On peut y côtoyer aussi bien des stylistes que des stars de la télévision et des artistes. Nombreux sont ceux qui ont choisi de s’installer dans ce quartier résidentiel et de rénover les casas chorizos, maisons très étroites datant du début du siècle. Autour de la plaza Cortázar ou de la plaza Serrano, des bars pittoresques et des restaurants à la mode offrent une ambiance éclectique et des menus de toute sorte.
Palermo est devenu, en quelque sorte, le Soho de Buenos Aires. C’est un quartier qui suit de très près les modes. On y trouve des restaurants « fashion »ainsi que des magasins de vêtements ou de décoration dernier chic. Les prix, on s’en doutera, sont élevés. Ce n’est plus le Palermo décrit par Borges, mais un quartier branché, très dynamique et « tendance »…