
Rues de Tijuana – Mexique © Mito Covarrubias / Ami-md
Baja California
Habités par quelques tribus indiennes nomades, les déserts inhospitaliers de l’immense péninsule de Basse-Californie ont longtemps tenu en échec les conquistadors. Seules quelques missions jésuites, puis dominicaines, réussirent à s’y implanter durablement, au début du XVIIIe siècle. Les somptueuses plages, le soleil ardent et les eaux poissonneuses attirent désormais un nouveau type de colonisateurs. Les touristes, surtout Nord-Américains, séjournent en masse dans ses stations balnéaires ultramodernes. La plupart des îles de la mer de Cortés sont classées réserves écologiques, abritant de nombreuses espèces d’oiseaux et plus de 850 espèces de la faune marine : baleines grises ou à bosse, épaulards, dauphins, raies géantes, espadons, sans compter les milliers de poissons multicolores papillonnant dans les récifs coralliens.
Tijuana
Tijuana est une porte vers le paradis pour des centaines de milliers de Mexicains tentant de gagner l’opulente Californie pour échapper à la misère. Ils échouent, parfois pour toujours, dans cette ville infernale, au développement aussi rapide qu’anarchique. Les Américains traversent la frontière par millions pour des emplettes dans ses supermarchés ou pour s’encanailler. Combats de coqs, courses de lévriers, alcool, drogues, sex-shops et prostitution bon marché, Tijuana est, à la nuit tombée, une véritable cour des miracles, où l’insécurité est palpable.
Sierra de San Pedro Mártir
Environ 150 km après Ensenada, le premier port de pêche mexicain, une piste conduit au parc national de la Sierra de San Pedro Mártir, dominé par le pico del Diablo, point culminant (3 078 mètres) de la Basse-Californie. L’altitude aidant, le désert cède graduellement la place aux forêts de sapins. Après 100 km de route, le site de l’observatoire national d’astrophysique offre une vue magnifique sur la région.
Guerrero Negro
C’est à partir de cette petite ville, dont l’essor repose sur l’exploitation de salines industrielles, que l’on peut accéder aux différentes lagunes de la région, qui abritent, entre novembre et mars, des colonies de baleines grises. Meilleurs points d’observation : les lagunas Ojo de Liebre, Scammon ainsi que San Ignacio, une centaine de kilomètres plus au sud.
San Ignacio
Fondée à la fin du XVIIIe siècle par des moines jésuites, cette bourgade coloniale est une délicieuse oasis, contrastant avec les sierras désertiques des alentours. Au départ de San Ignacio, on parvient, à dos de mulet, aux peintures rupestres des nombreuses grottes environnantes, comme celles de la cuesta de la Higuerita, du cerro de Santa Marta ou de la cueva de la Natividad.
Loreto
Première implantation européenne en Baja California, l’ancienne misión Nuestra Señora de Loreto est devenue un agréable petit port sur la mer de Cortés, dont l’avenir dépend désormais du tourisme. Grâce à son aéroport international, Loreto est le meilleur point d’accès aux somptueuses plages immaculées de la bahía Concepción, aux stations balnéaires de Puerto Escondido et Nopoló, ainsi qu’à la bahía Magdalena et ses rassemblements de baleines grises, près de Villa Constitución.
La Paz
Ville blanche et plate accablée de chaleur, la capitale de la Baja California Sur offre à ses visiteurs des plaisirs simples : de superbes plages, notamment à la pointe de Pichilingue, des couchers de soleil sur un front de mer bordé de cocotiers, et un petit musée d’Anthropologie et d’Histoire régionale. Des ferries permettent de rejoindre Los Mochis et Matzatlán, de l’autre côté du golfe de Californie.
Los Cabos
A la pointe septentrionale de la Baja California, les deux stations balnéaires, San José del Cabo et Cabo San Lucas, ne sont pas étrangères à l’engouement touristique pour la péninsule. San José est plus typique et moins cher, avec son petit centre-ville colonial, son marché sous les portales et ses hôtels donnant sur une plage sans fin. Cabo San Lucas, plus luxueux et nettement plus américanisé, dispose d’hébergement onéreux. Le site du cap est superbe, dont la fameuse arche semble une porte ouverte vers le Pacifique. Ses rochers déchiquetés, dont la couleur ocre s’enflamme au crépuscule, est le refuge de nombreux lions de mer et otaries. Les fonds sousmarins combleront les plongeurs, et les amateurs de pêche au gros tenteront de ferrer marlins, thons ou espadons.
Etats-Unis/Mexique, le mur de la honte
En octobre 2006, le gouvernement américain décide, pour limiter l’immigration clandestine, de construire un mur de 1200 km de long et de 4,50 m de haut entre la Californie et le Texas. Chaque année ce sont plus d’un million de clandestins qui passent la frontière mais cette décision scandalise le monde entier. Constitué de barres d’acier, de caméras high tech et de miradors, le mur mesure aujourd’hui 615 km, soit la moitié du projet final. Les conséquences économiques sont désastreuses mais l’immigration a nettement diminué. En vue des prochaines élections présidentielles, la politique d’immigration est au cœur des débats. Du côté républicain, comme du côté démocrate, on soutient la construction de ce mur.
Le pélerinage des baleines

Baleine grise By: Patrick – CC BY-NC-SA 2.0
Chaque année, en novembre, des milliers de baleines grises atteignent les lagons de la côte pacifique de la Basse-Californie, après un périple de 8 000 km depuis les eaux canadiennes. Elles rejoignent ces baies, riches de plancton et protégées des grands prédateurs marins, pour mettre bas et s’accoupler, avant de repartir vers le nord, début mars. Ces placides mammifères, pouvant mesurer 15 mètres de long et peser 30 tonnes, s’approchent si près des embarcations que les touristes peuvent aisément leur caresser le museau. Un parc national, le Parque Natural de Ballena Gris, a été créé à Guerrero Negro, d’où œuvrent la plupart des équipes scientifiques qui étudient les cétacés. Un projet de salines industrielles devrait y être construit, mais la pression des écologistes et de l’opinion ont réussi à faire capoter le projet, un cas unique au Mexique.