
Egypte, Assouan, la rive ouest, village nubien
Pour diverses raisons, il n’est pas possible pour l’instant d’emprunter l’excellente route qui relie Assouan à Abou Simbel. À ce jour il n’y a que deux moyens pour se rendre à Abou Simbel : soit par avion, soit par bateau (croisières de 4 jours sur le lac Nasser).
Le barrage d’Assouan est de dimensions colossales : long de 4 000 m, son épaisseur atteint 40 m et sa hauteur 110 m. La pyramide de Khéops représente 1/7e de la masse de cet édifice étonnant. En plein fonctionnement, le barrage a un débit de 80 milliards de m3 d’eau par an, permettant d’augmenter sensiblement la superficie cultivable du pays. Douze turbines développent une force de 10 milliards de kWh, base d’un vaste plan d’industrialisation du pays. Le réservoir (le lac Nasser) a une longueur de 500 km pénétrant de 150 km dans le territoire du Soudan.
Chellal est le terminus de la voie ferrée à 10 km d’Assouan. On peut continuer au sud par le lac Nasser vers Abou Simbel et le Soudan. Les distances ci-dessous sont données à partir d’Assouan.
Près de Chellal, sur la rive ouest, on visite le temple de Beit el-Wali de Ramsès II, transporté ici grâce aux efforts déployés par l’Unesco pour le sauver des eaux du barrage, de même que le petit kiosque de Kertassi.
Le monument le plus important est le temple de Kalabshah, le deuxième en importance des sanctuaires de Nubie à avoir été transféré. Le temple était dédié au dieu nubien Mandoulis (Horus) et à Isis. De dimensions impressionnantes, le pylône, la cour à portiques, l’hypostyle, les sanctuaires sont ouverts au public
La Nubie n’existe plus, du moins la basse Nubie, depuis l’achèvement du grand barrage d’Assouan. Les Nubiens d’Égypte ont été réinstallés dans la région de Kôm Ombo. Quant aux temples et, d’une manière générale, aux témoignages de l’Antiquité, ils ont été sauvés dans la mesure du possible, mais parfois aussi abandonnés à leur sort. La plupart des grands temples ont été remontés plus loin, sur des hauteurs près d’Assouan, ou encore à l’étranger.
Bab el-Kalabshah, 49 km. Les falaises escarpées des deux rives forment une sorte de porte (en arabe : bab) montagneuse.
Abou Hor, 57 km. On franchit le tropique du Cancer ; on pourra bientôt apercevoir dans le ciel nocturne des constellations qui n’apparaissaient pas plus au nord.
Wadi es-Seboua, 163 km. Ce nouveau temple rupestre de Ramsès II qui se dressait à proximité du Nil a été remonté à un niveau supérieur. Le roi l’a consacré à Amon et Rê-Horakhty. Le temple de Seboua se divise en plusieurs parties : deux cours, temple bâti et temple rupestre. Les lions de l’allée de sphinx qui formaient le dromos lui ont donné son nom (Wadi es-Seboua, « Vallée des Lions »). Tout de suite après le grand pylône de briques (presque détruit), à gauche, s’ouvre ici une petite construction (chapelles dédiées à Amon et à Rê-Horakhty suivies de plusieurs magasins). On parvient ensuite à un escalier qui permet d’accéder à la terrasse du temple. Devant le temple extérieur se dresse le puissant pylône d’entrée. La cour du temple proprement dit mesure environ 20 m sur 20 m ; ses côtés sont marqués par deux rangées de piliers où s’adosse chaque fois une statue représentant le roi. À gauche de cette cour à piliers s’ouvre un accès à un espace réservé à l’abattage des bêtes et aux offrandes. Le temple rupestre est avant tout constitué par la grande salle à douze piliers. Son plafond est supporté chaque fois par trois piliers à figure royale derrière lesquels se trouvent trois autres piliers simples.
Le temple de Daqqa, autrefois plus au nord, a été remonté dans les environs. La chapelle qui précède le sanctuaire est la plus ancienne et la plus significative partie de ce temple commencé par l’Éthiopien Ergamène. Le temple possède de beaux reliefs et représentations murales.
Le temple de Maharraqa a également été remonté. Ce petit sanctuaire date de l’Époque romaine et il est dédié à Isis et à Sérapis.
Korosko, 195 km, était situé sur l’extrémité sud d’une grande boucle du Nil (maintenant disparue).
Le temple d’Amada, 206 km. Le temple date de la XVIIIe dynastie. Cette petite construction comprend une cour ou salle à piliers, un vestibule et un sanctuaire ; le pylône qui précédait jadis l’ensemble est détruit. Sur le portail, à gauche, Rê-Horakhty embrasse Aménophis II ; à droite, on voit Thoutmôsis III et également le vice-roi de Kouch agenouillé devant le cartouche royal de Merenptah. Dans le passage de la porte, à droite, un autre vice-roi et, en face, le rapport de la campagne de Merenptah durant la guerre contre les Éthiopiens. Les parois de la salle transversale portent les représentations les plus réussies : Horus et Thot versent l’eau, source de vie, sur Aménophis II ; Aménophis devant les dieux ; accolade et offrande. Le sanctuaire est situé dans la salle centrale qui suit. Les reliefs dépeignent des cérémonies du culte accomplies devant les divinités du temple, Amon et Rê-Horakhty dans sa barque. Une inscription sur le mur du fond du sanctuaire traite de l’achèvement de ce temple et de la campagne syrienne du roi : il a capturé sept princes syriens et a fait pendre six d’entre eux aux murailles de Thèbes et un autre sur l’enceinte d’une autre ville. Dans la chambre à droite du sanctuaire, les reliefs traitent de la fondation et de la dédicace du temple. Les représentations de l’autre chambre (magasin) montrent les scènes habituelles de prières devant les dieux et d’offrandes cultuelles.

Egypte, Assouan, felouques sur le Nil et mausolee de l’Agha Khan sur la rive ouest
Le temple d’El-Derr a été construit par Ramsès II et il est dédié à Amon-Rê. C’est ainsi qu’il a été nommé « le temple de Ramsès dans la maison de Rê ». C’est un temple entièrement rupestre. Le plan est simple avec ses deux salles à piliers et ses trois chambres dont le sanctuaire. Le pylône et l’avant-cour ont disparu. Dans la première salle, douze piliers dont les quatre derniers étaient ornés d’une statue royale (en partie conservés) supportent le plafond. Les reliefs des parois traitent avant tout d’une campagne du roi en Nubie. La scène la plus animée se trouve sur le mur du fond : le roi abat de sa massue un groupe de Nubiens, tandis qu’un lion appartenant au roi s’est précipité dans les jambes d’un autre groupe.
Tombeau rupestre de Pennout. Il se trouvait à une quarantaine de kilomètres au sud, près d’Aniba, on peut désormais s’y rendre en quelques minutes à pied depuis le temple d’El-Derr. Cette tombe où se trouvent des inscriptions et des reliefs particulièrement bien conservés appartenait à Pennout, un haut fonctionnaire qui vivait sous Ramsès VI ; celui-ci s’était fait construire cette tombe selon un schéma très simple (salle et niche), mais en portant une attention spéciale à sa décoration. Dans la salle, toutes les parois traitent de thèmes relatifs à la vie et aux activités du défunt sur le côté droit tandis que le côté gauche est consacré à l’au-delà.
Qasr Ibrim, à 232 km. Restes d’une forteresse plusieurs fois millénaire située sur la route fluviale qui mène vers l’intérieur de l’Afrique, au sommet d’un promontoire rocheux sur la rive orientale du Nil. Les Égyptiens, les Nubiens et le royaume de Méroé, les Romains, les Byzantins, des soldats de Bosnie et les Mamelouks ont tenu garnison ici. Aussi trouve-t-on à l’intérieur de cette ville fortifiée des temples égyptiens, des églises coptes, des mosquées et les nécropoles correspondantes. Sous les ruines d’une grande église copte, on a trouvé en 1961, dans un caveau, des habits d’évêque, des textes relatifs à l’installation de l’évêque au XIVe siècle et des manuscrits (rouleaux de papyrus de cinq mètres de long, écriture copte et arabe, ainsi que des parchemins). Jusqu’au XVe siècle, le site est resté chrétien, jusqu’à ce qu’il fut conquis par l’islam. Sur la pente de la falaise, au-dessus des eaux, on pouvait voir dans cinq grottes servant de chapelles d’intéressants reliefs (maintenant perdus) avec le gouverneur du sud, Nehi, apportant des tributs au roi ; le gouverneur de Nubie, Setaou, devant Ramsès II. Sur la rive opposée se trouvait, à l’époque pharaonique, une des principales villes de basse Nubie, Maam.