Grâce au roi Radama Ier, Antananarivo devient la capitale de Madagascar au début du XIXe siècle. Siège des instances officielles du pays, la ville n’est pas banale. Pauvre et lumineuse, bruyante et attachante, elle possède un charme atypique.
Antananarivo déconcerte ! Notamment grâce à son architecture et à son plan d’urbanisme : les hautes et étroites maisons de brique rouge montent à l’assaut des collines dans un désordre qui reste un défi aux règles urbanistiques modernes. Typiques, ces bâtisses ressemblent à des maisons de poupée. Serrées le long d’escaliers abrupts ou de ruelles parfois défoncées qui grimpent ou dégringolent des collines. Parfois, une rizière profite d’un terrain qui a échappé à la construction. Partout, la gentillesse des habitants ajoute encore au charme de la ville.
Rappel historique
Connue à l’origine sous le nom d’Analamanga (la « forêt bleue »), la ville reçoit son appellation actuelle vers 1610, sur l’initiative du roi merina Andrianjaka. Ce dernier y installe une garnison militaire et son palais et la rebaptise Antananarivo (la « ville des mille villages »).
A partir de la fin du XVIIIe siècle, les histoires de la cité et du pays sont associées. Dès 1885, les Français y délèguent un diplomate avant d’installer des troupes chargées d’assurer la prise de contrôle totale de l’île. La ville s’appellera Tananarive jusqu’à l’indépendance. Les Français laissent d’autres traces de leur passage : chemin de fer, plan géométrique « à l’européenne », création de quartiers…
C’est à Tananarive qu’en mai 1929 apparaissent les premiers mouvements de libération nationale, qui mèneront à l’indépendance. A ce moment, la ville retrouve son nom malgache. Surnommée « Vohitsara » (la « cité de beauté ») par ceux qui en sont tombés amoureux, elle est plus simplement connue sous le nom de Tana.
La ville haute
Quartier Andohalo
Lien entre le centre de Tana et le Rova, il abrite de superbes maisons anciennes aux vérandas débordant de fleurs : Andohalo se donne des allures de ville à la campagne.
Au cœur du quartier, la place de la République Malgache était jadis réservée aux kabari et aux cérémonies officielles. C’est ici que fut intronisé Radama Ier et que fut proclamée la République de Madagascar. Sur la place se dressent un temple protestant (1892) et une église anglicane (1883). Il est agréable d’y assister aux offices du dimanche matin.
Sur le côté est de la place, de vieux escaliers tortueux mènent au chemin Ambavahadimitafo, qui, entre bananiers et vieilles demeures, aboutit à un antique portail : l’une des anciennes portes de la ville. D’ici, la vue sur les collines et les rizières est superbe.
Les beautés du métissage
Les Tananariviens veulent avant tout être malgaches tout en étant différents des autres habitants du pays. Volontiers frondeurs, toujours flegmatiques et dotés d’un réel sens de l’humour, ils restent heureux de vivre malgré les difficultés économiques. Parmi leurs principales qualités, il faut souligner la beauté des différents types humains, fruit d’un heureux métissage entre les races extérieures et les peuples indigènes. D’ailleurs, avec une autosatisfaction qui ne froisse pas leur modestie toute relative, les habitants de la capitale n’affirment-ils pas que « les Tananariviennes sont les plus belles filles du monde » ?
Quartier du lac Anosy
Depuis l’indépendance, la ville s’est étendue vers les rives du lac Anosy, vestige des anciens marais. Plantée de jacarandas, la cuvette du lac offre une belle vue panoramique. Sur un petit îlot, un monument aux morts, dédié aux soldats tombés pour la France au cours de la Première Guerre mondiale a remplacé la poudrière placée sur ordre de Radama Ier. Non loin de là, le quartier Ampefiloha abrite la plupart des ministères.
Au sud-ouest, la plaine de Mahamasina accueille le stade municipal, à l’emplacement de l’ancien champ de manœuvre des armées royales.
Avenue de l’Indépendance
Une promenade sur l’avenue de l’Indépendance permettra de croiser les statues représentant les personnalités importantes de l’histoire malgache, comme celle de Jean Ralaimongo, l’une des figures dominantes du mouvement national malgache.
Rue Ratsimilhao
Située à mi-chemin entre le lac Anosy et le marché couvert d’Analakely, cette rue passe à juste titre pour être l’une des plus commerçantes de la ville haute. Les amateurs d’or et de bijoux feront halte dans les nombreuses boutiques tenues par des négociants indo-pakistanais, les Karanes, comme on les appelle ici. Le marchandage est de rigueur.
Musée d’Andafiavaratra
Rue Ravelojaona. Ouvert tlj de 9 h à 12 h et de 14 h à 16 h 30. Entrée payante.
Egalement connu sous le nom de palais du Premier ministre, ce musée à la belle façade baroque est censé réunir toutes les pièces sauvées lors de l’incendie du Rova en 1995. Beaucoup d’anciens cadeaux offerts par les puissances française et britannique qui jouaient ici une guerre d’influence. L’une des pièces maîtresses du musée est la très jolie couronne offerte au roi merina Radama Ier par Napoléon III en 1862.
Rova
Ancienne résidence des rois merina, le Rova n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut. Surplombant la ville, il fut détruit par un incendie en 1995. Il reste pourtant le plus important site historique du pays. Il était jadis constitué d’une série de palais et pavillons qui apportaient un éclairage intéressant sur les modes de vie traditionnels et les influences européennes. Bâtiment le plus connu, le palais de la Reine dominait le site.C’est une imposante construction de pierre à arcades mélangeant les courants architecturaux locaux, anglais et français. A l’origine, le palais était en bois : la pierre était interdite et le bois était un matériau noble. L’ensemble reposait sur un pilier de palissandre haut de 39 m qui, selon la légende, avait été transporté depuis les forêts de l’est sur le dos de 10 000 esclaves. La ville de Paris s’est engagée à aider la capitale malgache à restaurer ce palais, trésor historique et culturel du pays.
D’autres constructions entouraient ce palais : la maison royale d’Andrianampoinimerina, la maison d’argent de Radama Ier, le palais du Manampisoa.
En attendant que les travaux de rénovation, entamés en 1999, soient terminés, il est agréable de se rendre sur le belvédère d’Ambohibotsy, d’où la vue sur Antananarivo, les collines et la plaine est magnifique.
Musée des pirates
103, rue de Liège. Ouvert du lundi au vendredi de 8 h à 17 h.
Il retrace l’histoire des pirates, des Caraïbes à l’océan Indien. Dans deux salles sont exposés des panneaux explicatifs et des dessins qui raviront les passionnés d’histoire maritime. On y apprend que l’océan Indien, et notamment les eaux aux alentours de Madagascar, étaient autrefois un haut lieu de la piraterie. On découvre qu’il existait des femmes pirates ou encore que les condamnations pouvaient aller jusqu’à la peine de mort.
Le plus grand marché du monde
Bien que le mot zoma signifie « vendredi », il reste dans le cœur de tous les Malgaches synonyme d’un extraordinaire marché en plein air qui se tenait jusqu’à il y a peu le long de l’avenue de l’Indépendance, en plein Tana. Jusqu’en 1997, date de son démantèlement, il représentait une carte postale typique de la ville et du pays. Sous une véritable forêt de grands parasols blancs illuminés par le soleil, on y trouvait tout et plus encore : fruits, soubiques, chapeaux, épices, fleurs, vêtements, piments, plantes médicinales, meubles, viande et volailles… Chaque vendredi, le plus grand marché à ciel ouvert du pays, et l’un des plus importants au monde, semblait être le rendez-vous de tous les Malgaches. Les couleurs et les parfums, l’ambiance et l’animation, faisaient de ce superbe rendez-vous l’un des musts de la capitale. Il reste en tout cas dans la mémoire collective malgache.
Suivez le guide !
Montez au Rova en fin d’après-midi, quand le soleil commence à se coucher. Les jeux de lumière et d’ombre sur Tana sont exceptionnels.
La ville basse
Quartier Analakely
Au cœur de la ville basse, Analakely (la « petite forêt ») a été bâti sur des marécages et des rizières. Ayant bénéficié d’un ambitieux plan de développement au début du XXe siècle, il s’articule autour de l’avenue du 26-Juin et de l’avenue de l’Indépendance (également appelée avenue de la Libération ou « araben’ny Fahaleovantena »), au bout de laquelle se dresse la gare ferroviaire. Cette avenue est l’attrait principal du quartier : autrefois plantée de rangées d’arbres, elle conserve un relent de prestige renforcé par la présence de beaux immeubles à arcades et terrasses. Malheureusement, on n’y voit plus l’hôtel de ville construit en 1936 et ravagé lors des émeutes de 1972.
C’est la construction de la gare et l’aménagement d’Analakely pour y transférer le zoma qui furent les moteurs du développement de la ville basse.
Quartier du Zoma
Jusqu’à il y a peu, le « zoma » était l’un des plus vastes marchés en plein air du monde. Il a été déplacé au camp Pochard avant l’ouverture des Jeux de la francophonie, en 1997. Un nouveau zoma s’est installé à Petite Vitesse, le long de la gare. Ce marché est une profusion de légumes, fleurs, vaisselle, viande, épices, tissus, plantes médicinales, meubles… La foule est dense, mais l’atmosphère reste bon enfant.
Le marché de Camp Pochard, de l’autre côté de la gare, est aussi intéressant, enrichi par la présence d’artisans qui y proposent leur production.
Quartier Andravoahangy
Au nord-est du centre-ville, le marché d’Andravoahangy vaut le détour. Les meilleurs artisans brodeurs, tailleurs de pierre, ébénistes s’y trouvent. Surtout fréquenté par les Malgaches, il conserve toute son authenticité.
Parc botanique et zoologique de Tsimbazaza
Ouvert tlj de 9 h à 17 h.
Récemment rénové, il propose un aperçu de la faune et la flore du pays, tout en restant au cœur de la capitale. De nombreuses variétés de plantes endémiques ainsi que des palmiers y sont présentées. Parmi les animaux, on pourra observer des crocodiles, tortues, lémuriens, autruches ou papillons. A l’intérieur du zoo, un musée de paléontologie expose d’impressionnants squelettes de dinosaures.